
6 io Ç H I
la faculté de faire criftallifer en un moment les
diffolutions dans le vinaigre, & de former avec
économie un beau fel de faturne. C ’eft à fart
de furoxigéner l’acide acéteux que je dois la
poffib.ilité de diffoudre le cuivre & d'obtenir en
peu de tems de beau verdet & de beaux criftaux
de Vénus. »
Outre cette marche générale & aflurée de la
fcience dans-la connoiffance de l’oxidation 8c de
la diflolution des métaux , fon hiftoire par rapport
à la doétrine pneumatique , offre depuis
1788 quelques découvertes particulières fur cette
brandie principale de la chimie. Le citoyen Ber-
thollet a lu , le 19 décembre 1788, à l'académie
des fciences une fuite d’obfervations aufli
neuves qu'importantes fur la combinaifon des
oxides métalliques avec les alcalis 8c la chaux.
Il avoit pour but d'établir que fi les métaux oxi-
génés fe comportent comme des alcalis avec les
acides, ils agiffent eux-mêmes comme acides
avec les alcalis, en forte qu'il étoit porté à les
confidérer comme un terme donnant naiffance à
deux progrefiions oppofées. Lee faits qu'il a
réunis dans le mémoire font autant de preuves
certaines de cette alfertion. De l'eau de chaux
bouillie avec de l'oxide rouge de plomb ou du
minium 9 8c mieux encore avec fon oxide vitreux
j ou la litkarge , en diffout une portion 5
évaporée dans une cornue., la liqueur donne de
petits criftaux tranfparens 8c irifés, décompo-
ftbles >par les fulfures alcalins, par le gaz hydrogène
fulfuré , les acides fulfurique 8c muriatique
} noirciffant la laine , les ongles > les
cheveux , le blanc d'oeuf 8c non la foie , la
peau, les huiles animales; c’eft ainfi qu’un fim-
ple mélange de chaux 8c d’oxide de plomb teint
je s cheveux en noir. L’oxide de mer.cùre rouge
bouilli dans l’eau de chaux forme de petits crifr
taux jaunes 8c tranfparens par l'évaporation.
La voilier avoit remarqué que l'ammoniaque dif- h
folvoit l'oxide de mercure rouge, & rormoit j
avec lui un feî criftallifable. L’ammoniaque diffout
aufli l'oxide; de cuivre , 8c cette combinaifon
fournit un fel criftallifable , décrit il y a
long-tems par le citoyen Sage , 8c décorepo-
fable par l'eau de chaux qui le précipite. La
potafle & l’eau de chaux diflolvent aufli un peu
d’oxide de zinc fublimé. L'oxide d’antimoine eft
connu pour avoir la propriété de former des fels
triples avec des fels alcalins. Rouelle le jeune
avoit remarqué que l’oxide d'antimoine par Je
nitre étoit difloluble dans l’eau ; un peu d’acide
précipite cet oxide , qui d’ailleurs conftitue des
fels criftallifables avec les alcalis. Les oxides
métalliques peuvent encor s'unir entr’eux , &
former des efpèces de fels dont la combinaifon 1
repréfente en quelque forte celle d'un acide &
d'un- a cali 5 c’eft ainfi qu’il faut confidérer le '
C H I
précipité pourpre produit par le mélange des
diffolutions nitro- muriatiques d’or 8c d’étain.
M. Erxltben a fait remarquer que l’affinité de ces
deux métaux l’un pour l’autre les forçoit de
quitter réciproquement leur dilfolyant pour fe
combiner l’un avec l’autre. Il faut-, à la vérité,
y ajouter que ces oxides changent tout-à-coup
la proportion réciproque d'oxigène qu’ils contiennent
, & ne peuvent plus conféquemment
relier unis aux acides qui les tenoient en diflolution.
Un des faits Us plus importans contenus
dans le mémoire du citoyen Berthollet, tient
à fa célèbre découverte de l'argent fulminant.
C ’efl à cette époque, & comme faifant partie du
travail annonce i c i , que cette découverte z été
décrite de la manière fuivante.
Lorfqu’on a déco.mpofé le nitrate d’argent par
la chaux ou les alcal.s fixes cauftiques , le précipité
brun fe diffout prefque entièrement dans
l’ammoniaque ; en le faifant fécher avant fur du
papier, il fe dépouille du nitrate calcai equ’il
contient. En mêlant cet oxide d’argent,avec
l’ammoniaque , il n’y en a qu’ une partie qui iè
diffout j ce mélange tenu en .repos pendant io à
12 heures., préfente à fa furface une‘ pellicule
brillante , à moins qu’on n’ait mis beaucoup
d’alcali volatil 5 aufli cette pellicule efl-elle dif-
foluble dans cet alcali j en décantant la liqueur,
& en dipofant fans fecoufle le précipité fur un
papier à filtre, ce précipité encore humide, preJfTé
avec un corps dur, fulmine avec violence , .8c
l'argent fe trouve enfuite réduit 5 lorfqu'il eft
fec, le plus léger frottement ; le feul contaét
même fuffit pour le faire détonner > à plus de
deux pouces de diftance la commotion produite
par cette détonation fe communique , 8c fait fulminer
une autre portion de ce précipité, La liqueur
décantée de deffus le précipité fulminant,
donne par l’ébullition dans Une cornue des bulles
de gaz azote , 8c il s'y forme de petits criftaux
briilans, opaques; 8c fulnaînans par le contact,
même au fond de l’eau , 8c qui occafîonnent une
fraéture bruyante & dangereufe dans le vafe qui
la contient. Dans cette diflolution d’argent par
l’ammoniaque, le métal eft trop oxidé pour être
détonant j mais à mefure qu’une portion d’alcali
le décompofe , l’oxide eft en pa: tie réduit,
comme le prouve le gaz azote dégagé ; 8c L'argent
fulminant, devenu iudiffbluble,. fe criftal-
life & fe dé.pofe.
Le citoyen Berthollet décrit enfuite les cir-
conftances qui empêchent la formation de ce
précipité fulminant ; ce font l ’argent trop réduit
, l’alliage du cuivre,.les nitrates qu’on n’a
pas bien féparés , l'ammoniaque.non privée d’acide
carbonique , la précipitation par les alcalis
fixes , qui réuffit beaucoup moins que celle
par la chaux. Il fait voir que cet oxide d’argent.
c h 1
ammoniacal fulminant diffère beaucoup par les
effets du précipité de nitrate d’argent par l’a-
cide'oxalique > dans lequel M. Klaproth a, découvert
la propriété de' fufer lorfqu’on le chauffe,
& qu’on a déji défigné fous le nom Ü argent
fulminant, ainfi que du précipité d’oxalate de
mercure, indiqué depuis long-tems par M. Arnei-
lon comme détonant moins fortement que l’argent.
Ces deux préparations ne préfentent. que
des propriétés bien éloignées de celles de l’argent
ammoniacal fulminant. Il recherche en-
fuite quelle peut être la caufe de cette détonation
terible produite par le plus léger frottement,
& même par le fimple contaél. C en ’eft
pas tou’ours par l’élévation de température que
les combinaisons ont lieu ; la compreflion , par
un moyen mécanique rapproche les molécules
des corps gazeux , 8c force leurs bâfes à s’unir ;
elle produit le même effet que le calorique ;
l’argent fulminant ne détone qu’à une températureSupérieure
à celle de l’eau bouillante. La
compreflion agit de deux manières : ou elle force
des molécules de nature différente à s’unir , en
chaflant le calorique qui fe trouvoit entr’elles,
ou elle force les principes qui conftituent un
corps à former une autre combinaifon ; &c tel
eft le cas du muriate oxigéné de potafle qui
pafle à l’état de muriate de potafle, en abandonnant
une grande partie du calorique , lequel
fe dégage en partie fous forme de lumière
& de chaleur, 8c rend à l’oxigène fon état de
fluide élaftique 5 il eft bien évident que le dernier
effet indiqué par Berthollet, elt celui qui
a lieu dans les détonations fi fortes du muriate
furoxigéné de potafle mêlé avec tous les corps
combuftibles dont on a fait mention au paragraphe
précédent.
En juillet 1788, le citoyen Adet a préfehté
à 1’; cadëmie des fciences un travail fur le muriate
fumant d’étain , ou la liqueur fumante de
Libavius , dans lequel il s’étoit propofé de déterminer
la caufe des vapeurs répandues par cette
combinaifon , de leur cefîation qui avoit lieu
lorfqu’on l’ uniflbit avec l’eau , la nature du fluide
élaftique dégagé pendant cette union , enfin ,
l’état de l’acide muriatique 8c de l’étain dans
ce fel. Un peu de cette liqueur mife dans un
très-petit flacon placé fous une cloche renver-
fée fur l’eau , s’ eft répandue toute en vapeur
qui s'eft condenfée 8c criftallifée fur les g \ulots
du flacon comme du fos ferri ; l’air bien fec fur
le mercure ne lut offrit pas la même criftallifa-
tion; en y faifant pafler de l’air humide , elle eut
lieu de nouveau , & il en conclut qu’ elle eft
dite à l'eau diffoute dans l'atmosphère. Quelquefois
le muriate d’étain fumant fe folidifie avec
l'eau ; il faut pour cela que l’eau foit enyiron
a la dofe de, j de la quantité de muriate, ou
comme 7 : 22. Une fois folide, il fe fond en ab-
C h 1 6 ir
forbant du calorique fans s'échauffer ; 8c jorf-
qu’ il eft devenu liquide', il ne repaffe à létar
folide par le refroidiiîement qu’en produifant
une chaleur fupérieure à la chaleur animale. En
ajoutant de l’eau au mélange de fublimé cor-
rofîf & d’étain avant de les diftiller , on n obtient
point de muriate d’étain fumant, preuve
que c’eft à l’état de fécherefife qu eft due cette
propriété de répandre de la Fumée , laquelle
n’eft elle-même que le muriate d’étain en vapeur
nageant dans l’air, y rencontrant de leau,
cependant trop éloigné dans fes molécules pour
qu’elles puiflent s'arranger & criftallifer , comme
elles le font dans un petit efpacé. Lorfqu on
unit du muriate d’étain liquide 8c fumant avec
un tiers de fon poids d'eau, il devient folide ,
8c il fe dégage des bulles qui viennent crever a
fa furface. Ces bulles ne font que de 1 air , 8c
paroiffent provenir de l’eau qui pafle a 1 état
concret , 8c abandonne l ’air qu’ elle contient.
Cela eft fi vrai, .cu’une plus grande quantité
d’eau ajoutée au muriate d’étain , ne donne aucune
bulle , & diffout ce fel. L’ étain plongé
dans du muriate d'étain fumant, s’y diffout fans
effervefcence 8c fans dégagement de gaz hydrogène
; 19 grains de ce métal ayant été ainfi dif-
fous par- le citoyen Adet, fans fourni une feula
bulle de fluide élaftiaue , il en con-lud que 1 a-
cide mariât que eft a l’état oxigéné dans le muriate
fumant d'étain. Le réfultat general de fon
mémoire prouve que le muriate d’étain fumant
eft au muriate d’étain ordinaire , ce qu’eft \e fublimé
corrofifou muriate oxigéné de mercure, a»
mercure doux ou muriate de mercure
Le citoyen Pelletier a lu , en février 17923 4
l’académie des fciences des obfervations fur plu-
fieurs propriétés du muriate d’étain 3 dans lef-
quelles il a eu pour but de diftinguer ce fel dans
fes deux états , 8c de faire connoître avec quelle
activité le muriate d’étain ordinaire abforboit
l’oxigène. Une fuite d’expériences aufli intéref-
fantes que dëcifives font employées à prouver
cette dernière propriété. La diflolution muriatique
d’étain faite avec quatre parties d’acide
muriatique concentré , 8c une part:e d’étain laminé
, coupé en morceaux très-petits, 8c à l’aide
de la chaleur pouflee jufqu’à l’ébullition de la
liqueur , abforbe près de fa moitié de fon poids
de gaz acide muriatique oxigéné , qu’on y introduit
à l’ aide de l’appareil de Woulfe 5 en la
chauffant enfuite , il s’en dégage une portion
d'acide muriatique libre. Cette liqueur fe comporte
comme le muriate fumant d’etiin ou la
liqueur de Libaviu’s étendue d’eau j 8c comme elle
a fou vent des effets plus beaux dans la teinture
que le 'muriate d’étain ordinaire ; on pourra la
préparer dans les arts fuivant le procédé indiqué
par Pelletier ; le muriate oxigéné d’étain
préparé par cette méthode, fe volatilife en en-
H'hhh 2