noir , dis^je, doit cependant fournir plus o u f
moins dé .gaz oxigène r & fi dans votre expe- 1
rience vous n'en avez, point retiré, c ’eft qu’il a
été employé à la formation des 8 grains d’oxide
de métal étranger qui vous font refiés pour ré- •
ftdu après la réduâion. »
• .»J’ai été étonné, à l’occafion de ces expérien- }
ces , que vous ayez négligé une circonftance dans j
votre expérience: favorite, qui devoir fortement j
contribuer à en affurer le fuccès en faveur de j
vos principes , celle de calciner & de réduire |
votre oxide dans une même cornue ; car , outre 1
que l’oxide foutient beaucoup mieux le feu de
l’incandefcence à l’air libre, où il eft continuel- j
lement refroidi, & par-là mis dans le cas de re- |
prendre' de l’oxigène , que dans des vaiflfeaux
fermés , le tranlport de l’oxide du creufet dans
la cornue, avec quelque habileté qu’il foit exécuté
, refroidit toujours affez l’oxide pour lui
permettre de fe recharger d’une plus ou moins
grande portioq d’oxigène-, & le mettre par là en ;
état d’en fournir. Il eft vrai qu’en opérant ainfi | [
& avec un appareil propre àr recueillir les produits
gazeux,- au lieu d’eau, dont on n’avoit
en vue que de délivrer l’oxide, on auroit obtenu
du bon gaz oxigène , & que de cette maniéré
Y opération de la calcination de Voxide auroit
été réduite aux vrais termes du but de Ton
inftitution , ceux de défoxider l'oxide , pour pouvoir
y démontrer tabfence de Vexigent» » -
» Les partifans de votre théorie, pour fortifier
la preuve démonftrative,de la préfence de l’eau
dans l’oxide, n’ auroient dû recevoir leur gaz i
que fur du mercure. Par cette précaution ils fe I
feroient fouftraits à T objection que l’eau obtenue
provenoit de leur cuve. Mais cette objection
eft auffi bien détruite par le réfultat de mes
expériences, dans lefqudles , malgré que je tra- j
vaillois fur du mercure, je n’ai jamais manqué
d’obtenir de l ’eau , & qui n’ étoit point une va- j
peur mercurielle , des oxides qui n’avoient point I
été calcinés.7« f j
» Je dois vous obferver encore ', mon eftimahle j
ami, que les contradictions entre les réfultats j
de leurs expériences , dans lesquelles les chi- j
miftes de Toppofition tombent prefaue à chaque
f>as, forment au moins un fort préjugé contre <
a vérité de vos principes. Par exemple , ceux
ui ne pouvoient, au commencement de notre !
ifférend , retirer aucune bulle d’air d’un oxide
nouvellement préparé , en obtiennent à pxéfent ;
18 pouces par iop grains. Que peut-on en con- 8
dure, finon que dans les premières expériences
on a dans plufieurs laboratoires en même terns
exactement opéré, en commettant la faute de
laiffer échapper le gaz dégagé , ou bien qu’on a
été d’une foi tout au moins fufpeCtè. »
» Comment pouvez-vous douter que la lumière
décompofe l’oxide de mercure , tandis qu'aucun
phénomène- n’eft mieux conu en chimie que la
défoxidation des oxides métalliques par leur ex-
pofition aux rayons folaires ? Voulez-vous être
convaincu de |a réalité de ce fait-, & être en
même tems sûr que c’eft en leur enlevant de
l’oxigène que la lumière noircit les oxides des
métaux. L’expérience eft fimpîe expofez à l’action
du foleil, fous une cloche , de l’oxide rouge
de mercure, d’or ou d’argent , pour que l’effet
foit frappant , & vous verrez bieiftôt l’oxide
pafler a un commencement de réduction , en
exhalant du gaz oxigène. Vous objeCtez que fi
l’oxide de mercure étoit défoxidabie par la lumière
, on ne pourroit point conferver cet oxide
dans des bouteilles de verre. Mais lesieas eft différent
, & la çonféquence inapplicable. Dans mon
expérience il étoit queftion a’expofer l’oxide à
la lumière à l'air libre} & dans le fait que vous
réclamez , l’oxide eft tenu dans jpne bouteille
bouchée, où la preflion d’une àtmofphère comprimée
par un obftacle à Ton iffue , s'oppofe au
paffage de Toxigèné , comme de toute autre .liqueur
, à l’état éiaftique , & par là à fon dégagements
»
« Je ne peux finir cettè lettre Tans vous faire
connoître un procédé qui abrège de beaucoup
l’opération de la calcination du mercure , auquel
m’a conduit la connoiffance que j’avois de la dif-
pofition du mercure amené à un premier degré
d’oxidation pour attirer puiffamment Tbxigène.
Il confifte à criturer du vieil oxide de mercure,
avec partie égale de mercure coulant & un peu
d’eau. L’oxigèe de l’oxide fe répartit fur le mercure
métallique , & il en réfulte un oxide noir.
Lorfqu’ on manque d’oxide rouge , on fait la
même opération avec le mercure à moitié calciné
i on foumet l’oxide noir qui provient de ce
mélange à un degré de chaleur voifïn de l’incan-
defcence dans une capfule- ouverte qui prépare
une grandé furface à l’air. L’oxide abforbe l’oxigène
atmofphérique, & achevé de completter
fon oxidation en très-peu-de tems.»
La derniere phrafe de la lettre du citoyen
Van-Mons va nous fornir une réflexion qui ne
pourra qu’ajourer encore aux preuves déjà u multipliées
& fi fortes de la doctrine de l’oxigène. •
« Réduifez à préfent, dit ce chimifte à fon ami
M. Gren, votre oppofition à la fuppofitionque
le mercure en fe calcinant prend fon eau à l’air
pur , dont elle: forme la bâfe, en même tems
qu’il phlogiftique une partie de cet air , & nous
ne ferons plus partages que fur la nature de la
bâfe de l’air pur & fur l’exiftence de l’air pur. »
Il eft bien évident pour tout homme qui conçoit
bien la férié & les réfultats des expériences
pneumatiques, que la fuppofition laiffée ici/ par
le citoyen Van-Mons à la théorie de M. Gren ,
nê^peut en aucune maniéré être admife } car
lorfqu’il voudra, en expérimentant, chercher
uelque appui à cette fuppofition , la moin-
re trace de preuve lui échappera tout-à-coup , )
dès qu’il verra qne l’air vital eft abforbé en^en-'
tier par le mercure, comme par le phofphore }
& qu’il n’en reliera , s’il eft bien pur, aucune
portion dans laquelle il puilfè fuivre le paffage
de fon prétendu principe inflammable ou phlogiftique.
Auffi M.Grenn’a-t-il rien propofé depuis
fur cette queftion } auffi n’a-t-il pas balancé à admettre
, depuis les dernieres expériences du
citoyen Van-Mons, toutes les bâfes & tous les
faits de la doélrine pneumatique.,en affurant dans
fa réponfe qu’il s’ étoit fait un entier change-’
ment dans Tes opinions : il n’eft permis , a- t-il
ajouté , de défendre des opinions qu’autant
qu’èlles font d’accord-ou au moins qu’elles ne
font pas en contradiétion avec les faits. Auffi
long-tems, pmirfuit-il, que je n’ai pas pu me
convaincre delà totale disparition de l’air par là
combuftion, obtenant cenftamment un réfidu de
0,04 3 Ie n’ai pas cru devoir renoncer à ma théorie.
Au moins on ne m’objeèlera pas que je n'ai
point été conféquent dans toutes les parties de
mon dernier fyftême. Mais à préfent je fuis entièrement
convaincu de Tabforption compîette
du gaz oxigène pendant la combuftion du phofphore
, & ma théorie chimique ne peut plus Je fou-
tenir. Je ne balance donc pas pour adopter tous
les principes de la nouvelle chimie , quoique
pour cela je ne fois pas devenu anti-phlogifticien,
c’eft-à-dire que je ne nie pas Texiftence d’un principe
inflammable particulier.
On a vu dans le titre 3 de la phiîofophie chimique,
dont nous fuivons ici la marche pour
rendre compte des progrès de la théorie fran-
çaife depuis 1787 , quelle étoit l’opinion mixte
de M. Gren, & l’ on ne répétera pas ce qui en
a été dit à cette oecafion } il fera feulement utile
de faire obferver que fi cet habile chimifte
adopte entièrement les faits recueillis par les
chimiftes pneumatiftes , s’il en faifit la force , les
rapports oc i’enfemble auffi sûrement qu’il paroît
aujourd’hui en reconnoître & en proclamer l’évidence
, on doit préfumer qu’il ne défendra pas
long-tems l’exiftence d’un principe hypothétique
, dont l’admiffion arbitraire complique les
idées, embarraffe les explications , obfcurcit les
données les plus claires & les plus fimples par
elles -mêmes, & n’a plus enfin aucune des utilités
qu’elle a pu avoir avant, qu’on eût. introduit
dans la chimie la marché févère & rigoureufe
du nifonnement qui en fait une feience 'toute
mathématique. Au refté * les développemens donnés
dans cet_ article fur un des points les plus
importans de la chimie , l’oxidation des métaux
&la nature des oxides métalliques , ne feuioieitt
Cjdi S* Tome III,
être mieux terminés que par les fragmens d’une
lettre écrite dernièrement par M. Girtanner ,
profeffeur de Gottingue , au citoyen Van-Mons ,
ainfi que par une note du dernier ajoutée à cette
lettre , ayant pour objet l’état a&uel ( feptembre
179(5) de la cnimie en Allemagne, relativement
à la nouvelle dodrine. »Quant à notre Allemagne
, dit Girtanner , la révolution en chimie y
eft opérée. Il n’y a plus que Gren, favant diftingue,
mais opiniâtre , Weftrumb , Gmelin & Crell qui
défendent encore l’exiftence du phlog ftique. Ces
trois chimiftes ne fe rendront jamais} ils ont
déclaré fine guerre à mort à la doctrine anti-
phlogiftique. Tromrafdorf, qui cependant s’eft
rendu à la nouvelle doctrine, tient encore par
quelques chaînons à l’ancienne. Goètling defend
la nouvelle hypothèfe. (On a vu plus haut que
les faits la démentent. ) Parmi nos jeunes cni-
miftes, Scherer de Jéna promet de grandes cho-
fes} il eft zélé fe&ateurde la chimie françaife,
bon expérimenteur, & doué de beaucoup de con-
noiffances. Le profeffeur. Mayer , à Erlang , eft
une excellente tête , qui réunit des connoif-.
Tances profondes en mathématiques , phyfique
& chimie, comme Monge à Paris 5 quoique ,
félon moi, Monge ait plus de génie. Hermbftadt
fait tout ce qu’il peut, pour l’avancement de fa
nouvelle doélrine. » Cette lettre pourroit faire
croire , ajoute Van-Mons , que les quatre chimiftes
dont parle Girtanner, profeffent encore
les principes de la théorie dë Stahl. Je doi.s dé»
tromper à ce fujet mes compatriotes françois ,
auxquels la guerre n’a pas permis de fe mettre
au courant des progrès de la nouvelle doélrine
chimique en Allemagne. Ce pays ne compte plus
parmi fes chimiftes écrivains aucun partifan du
pur fyftême du phlogiftique , depuis ^que je les
ai convaincus de la préfence de l’oxigène dans
l’oxide de mercure rougë par le feu. Iis ont tous
adopté la nouvelle do&rine Tans reftriélion ou
avec des reftri<ftio»s de peu d’importance. Crell ,
Weftrumb ; Wiegleb, Trommfdorf , Gmelin ,
Richter , Léonhardi, &c. tout en tâchant de marier
la nouvelle théorie avec l’exiftence du phlo-
giftique dans les corps combuftibles, en admet-
- tent Tenfemble & les conféquences.
LA NATURE & LA FORMATION DES SUBSTANCES
végétales , qui font le fujet du dixième
titre de la phiîofophie chimique , & fur lef-
uellès les premiers traits d’un nouveau getir»-
’analyfe donnés par Lavoifîer dans fes mémoires
fur l’acide oxalique, fur la fermentation,
fur l’alcool} Ôcc. verioient d’ouvrir une brillant®
carrière aux recherches des chimiftes , n’ont
point autant fourni de matière à leurs travaux
qu’onx auroit pu l’efpérer depuis l’ établiffemens
de la nomenclature méthodique , c’eft-à-dire
depuis le milieu de Tannée 1787 jufqu’aujour-
d’nui. En coufidérant la fuite des faits préfenté
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