
fèrent même que par un plus grand nombre,
d'impuretés qu'elles peuvent contenir , en rai-
fon des corps étrangers > des pépins, des portions
de grappes des pellicules , &c. qui fe
précipitent dans les tonneaux avec le tartre fin
qui s’y dépofe. Ainfi elles' doivent contenir les
'Cendres ou les réfidus fixes de toutes ces matières
, mêlés avec l’alçai.i cauitique , Sé
bonate de potaffe, que le tartre brûlé 1 Æ plus
ou^ moins calciné , a coutume de donner», On
voit donc qu'on doit encore moins les
employer comme médicament, que; l’alcali du
tartre ; aufli ne lés faifoit- on ,en général fervir
dans la pharmacie que pour la préparation, de
quelques médicamens compofés, & ne les pref-
crivoit-on que rarement dans les formules} encore
n’étoit-ce que pour la prelcrïption de quelques
remèdes extérieurs.
V I. De rhuile dé tartre par défaillance.
L’huile de tartre par défaillance folcurh tahari
per delifruiUm , eft l'alcali1 du tartre qui a attiré
l'humidité de l ’air , & comme cette diflblüuofi
Ipontanée'eft épaiffè comme une ’ëfpèce d’huile ,
on lui a donné le nom qu’elle porte: Les médecins
ont fouvent ordonné de faire entrer dans leurs
formules officinales, magiftrales | l’huijé'de tartre
par défaillance, mais’ils n’ontpas, à beaucoup près,
fü‘ : exactement ce qu’ils employèrent fo.us cette
dénomination. Il n*y aèu que lès décduVertes dues
à l’état aCtuel' de là' chimi equi ont pu faire
connoître exactement ce quel t ’eft (J'ûéll’huiFè
de tartre par défaillance.. -
Quand on expofe à l’air l’ alcali-du tartre-, la
portion de potalFe pure ou cauitique quë 'Contient
cet alcali .eft; la .’feule de fes parties qui
attire l’ humidité de> ratmofphère, & ;qui devient;
peu-à-peu liquida5 quand on décan-te.^e.qte ppy-;
tion deliquefcente , on trouve, au fopd j T qus
la forme de poudre hiimidè;, .le carbonate de
Îiotaffe St -les Tels neutres qui exaltent natuueî-
ement dans l’alcali du tartre ; ainfi la déliquef—
cence due à la forte attraction pour l’eau, tend
à féparer cet alcali pur d’avec le carbonate de
potaffe & les Tels, neutres qui s’y trouvent mélangés
'dans le réfidu du tartre, brujé ; & fous
t ce point de vue la, dél.iquefçence- feroit un allez
bon moyen d’avoir de la. potaffe. pure ^ fi à me-
fure que l’eau atmofphériqûe fe précipite dans
cet alcali, l’acide carbonique contenu dans l’at-
mofphère ne s’y précipitoit pas en même temps ,
& ne venoit faturer peu-à peu cet alcali, en
jelle forte.qu’en gardant iqng-temps ;• l’air l’fiuile
de tartre , on obtient;, au bout d e . quelques
mois des çryftaux de c irbonatç de, potalTe.Ori
voit donc qu’e-n, employant l’huijp de tartrç
par défaillance , , les médecins : dopqen.t aux
malades un mélange, varié St inconnu dans, les
proportions de potafle pure ou cauitique, & de
1 carbonate de potaffe, & qu’il leur eft. impoflîble
d’apprécier exactement l ’effet médicamenteux
d’un pareil-mélange. Si l’huile de tartre elt ré-
i cerné, elle contient aflëz de potaffe pure ou cauf-
' tique pour être très-âcreaufii ronge-t-elle la
peau & les' excroiffances quand on l’applique
; concentrée, fur quelques parties extérieures , &
| né peut-on l’èmployer à l’intérieur qu’en la mê-
| lant -avec"des liquides aqueux , muqueux , St en
I plus, ou moins grande quantité. Si l'huile de
, tartre eft ancienne , & a long-temps relié ex-
•: pofée à l’air, la potaffe y eft fàtü'véë- d’acide car-
; b o nique , elle-a perdu fon âcreté cauftique , &
I elle a beaucoup moins d’énergie =à l'intérieur,
f Èntre ces deux conditions elle varie1 conftdéra-
l bîement deJ force, & c’eft en ràifoh de-fes dif-
fëreheés quon ne doit pas l’employer comme
médicament.
V I I . Des fels fixes des plantes. .. ■
Otto-Tachênius- i beaucoup vanté Tufage des
fels fixes qu’on retire des plantes, 8t. tous les’mé*
decins .qui les ont employés : depuis lui }é]ès ont
regardés comme des alcalis. Pour "préparer cës
fels, on met les plantes fèthés *dahy une* fparmite
de fe r , on y met le feu , & quand elles commencent
à être bien émbfa,lees , ’bn couvre le
vafë afin d’étouffer la fl mime I & de lai fier lentement
confirmer les plantes-, pour y retenir une
partie des vapeurs'qui'fe aifîipèrbient dans l’air.
Quand la combu'ftiëri eft finie ,■ il réfte des Cendres
carbonneufès qui Retiennent Encore la forme des
| plantes’, on les 'agite quelque’1 temps" en les fai-
Tant encore chauffer pour les rapprocher de l’état
de cendres véritables : alors on les leflive avec
de l’eau; on fait évaporer la lefiîve jufqu’à ficcité
, & on. obvient ainfi les fels fixes; ils font
d’un jaune plus’ou moins brun ou fauve.
On" y trouve, par Tanalÿfë ; de la potaffe , du
'carbon de potaffe , du füifàte de potafle , du iul-
fate de chauXj du carborütte de chaux , du muriate
de potaffe , du phofphate de chaux, mêlés d’un
extrait en plus ou moins grande quantité. La
proportion de céS matières varie fuivant la nature
4es plantes, & fuiyànt la combuftion plus ou
moins avancée qu’on leur fait fubir. Ainfi , il
eft très-vrai de dire que les médecins en pref-
crivant les fels fixes des plantes , ne connoif-
fent pas ce qu’ils, emploient , > ne peuvent
pas appr ciër ëxaétemënt les effets que ces fels
peuvent produire. Plufieurs ordonnent cependant
affez fréquemment le, fel d’abfynthe , le fel de
genêt, & quelques autres, dans l’hydropifie ,
les, qbftruétions, &tc. St on eh voit qui font
beaucoup de cas de cès médicamens. Un homme
| ihfiruit de toutes les connoilfances qui conftituent
la matière 'médicale „ ne peut plu' fe permettre
j d adminiftrer de pareils médicamens , qui ne font
jamais les mêmes, & dont on ignore toujours la
véritable nature.
VIII. De la véritable manière £ avoir Valcali fixe
végétal dans un état identique , & de pouvoir
compter fur fes ejfets:
Il réfui te dé- tout ce qui a été.dit dans les articles
précédens, que l’alcali fixe que l’on emploie.,
comme mëdica nent , préparé par les .di vers procédés
qui ont été indiqués, eft une fubfiance
très - variée , très- - différente dans fa nature l,
prefque toujours inconnue ou au moins peu exactement
connue-, & par conféquent très-incertaine
dans fes propriétés & fes,'effets. Il n’y a 1
qu’une manière d’ayqir dans l ’alcali fixe un médicament
cohiiamment femblàble à lui-même dans
fa nature &' dans fon a6tion: médicamenteufe,
c ’eft de bien connoître ce fel pur , de bien fa voir
fa préparation, & fes propriétés. L’alcali fixé
végétai eft nommé aujourd hui potaffe dans fon
état de pureté ; on l’obtient- tel eu; traitant tous '
les alcalis provenant des végétaux; brûlés j du-,
tartre cakiné , du-nitre décompofé, par la chaux;
vive qui lui enleva l'acide,carbonique ( ancienne-,
ment l’ak fixe ) dont il eft .plus ou moins charge
après les CQinbufti.ons;. Si on évapore la potalie
ainfi rendueé-cauftique par la chaux., idaps d;s ;
vaiffeaux o.u-yef.ts^.elle reprend de l’acide carbq- ;
nique de r'atmofphère à St, pqiiffée j.ufqu’à ficcité
elle contient de.k chau^'^ de da filice. I?our l’avoir
bien pure ^ il faut dans cet état la diffbudre;
-dans 8 ou 10 fois, fon poids 'd’alcool reétiflé j &
évaporer cette diffolution à ficcité dans des vaif-
feaux fermés. -L’alcool ne .diffolvant abfolument
eue la-potaffe pure , laiffe les parties de carbonate
de potafle , de chaux %. de •filiçe',; fouvent contenues
dans ce fel traité par la chaux. La potaffe
ainfi obtenue , eft fous la forme d’une matière-
blanche ou grife, non cryftajlifée, très-âcre &
très-cauftiquej qu’on donne difioute dans une quantité
plus ou moins grande avec quelque mucilage 5
elle elt toujours la même, cpnftamment énergique'
à un degré connu quand on la donne ayeç dès
quantités d’eau déterminées. Le nom d’alcali
cauitique qu’on lui donne fouyépt dans cet état,
ne doit point en impofer 5 & ex ci ter des craintes niai
fondées.-; on réduit cette catifticité , qui eft très-
forte fous la forme feçhe St folide de ce fel à
une faveur prefque nulle en la donnant dans une
grande quantité d’eauèQuand on, veut produire
un effet antaciae * abforSant, fondaîit r incifif,
prompt, on ne peut pas employer un plus puif-
fant, un plus Mr remède j c’eft celui qu’on
donne aujourd’hui avec quelques fuccès dans lies
m la 'ies calcul; ufes : il convient dans tous les
cas où le§ alcalis font indiqués, & au moins on
pi ut être très-fur de, fes effets , puifqu’on fait
exaélément ce qu’on emploie l’état précis du
médicament que prennent les malades. Il y a encore
trop peu d’hommes de l’art qui connoiffent
bien l’alcali dans cet état de pureté, & qui cou- ,
çoivent même toutes les reflqurçes que la niéde-
cine peut y puifer. A mefure que l’ art de guérir
fe perfectionnera par l’application févère des
foiencesacc.efloires,iOn tirera un parti plus grand
de Ce ’remède , je, fuis bien trompé fi cet art n’y
trouve pas- quelque' jour un des plus puiffans
moyens d’attaquer St de combattre viétorieufep
ment dés maux qu’on regarde aujourd’hui comme
incurables.
Le médecin veut-il àu contraire employer un
alcali très-doux St prefque favonneux, pour me
fervir de l’exprëllion adoptée, alors il doit prendre
,1e carbonate bien pur, c'eft-à-dire la potUfe bi^n
fat tirée ’ d’acide caibonique , St non pas dans tous
lés états variés de cômbinaifon avec cet acide,
qui exiftent dans les differentes préparations alcalines
, dont il a été queftion ci*deflus.
Tous les chiiYiiffes , tous les pharmaciens doivent
favoir préparer le carbonate de potaffe bien
fatuté : il ne s'agit que d’imprégner une difio-
lution de potaffe bien pure , de tout l ’acide carbonique
qu’elle pèut 'abforber ; d’évaporer en-
fuite lentement, la ; diffblutioh , d'en obtenir
le f,ël fous là lornie de; prifmes réguliers, non
déliquefeens , St pifftôt légèrement effioiefcens
à l’air. Ce fel eft beaucoup moins fondant &
beaucoup moins a’étif que la potafle pure : s’ il
-trencontre des aigres dans les premières voies
. il produit une effervefcence occafionnée par le
dégagement de fon- acide carbonique 5 mais fi ce.
ifteft que comme, fondant qu’on l’adminiftre, on
a au moins l’ avantage de donner un remède
confiant, toujours fembiable à lui-même, toujours
d’une égale :orce, St fur lequel confé-
.quemment.on peut compter.
Voila ce que des médecins emprefies d’avoir
des connoiffances exactes, & défilant de n'em-
plôyer pour remède que des fubftances qu’ils
conhoiflènt bie'n , doivent'favoir St avoir toujours
préfent à l'efprit, lorsqu’ils' veulent pref-
crirèjl’alçali fixe. La fcience chimique étant parvenue
à un haut point dé perfection dans la
connoifiance de ce f d , il n’eft plus permis aux
médecins de ne pas fuivre les progrès de cette
fcience, & de ne pas employer fes connoif-
. fan ces' au perfectionnement de la matière médicale,
& de la thérapeutique.
CARBONATE DE SOUDE. Le carbonate de fonde
eft une combinaifon fat urée d’acide carbonique
&r de. foude. Il en eft de ce fel neutre comme du
précédent On le regardoit autrefois comme un
alcali , c’eft cependant une combinaifon bien
faturée d’un acide,avec un alcali. 11 paroît que
c’eft c,e fel que les anciens avoient appellé
natrum. On le nomme communément dans les
arts & dans le commerce ,, fel de fonde, parce
qu'on le retire affez pur & affez bien tryitallifé s