
leur transformation ; il refte à favoir combien
d acide ^carbonique s'échappe , combien il le
foime d ammoniaque , fi c elt l oxigène contenu
dans l’oxide animal, ou celui de l'eau faifant partie
de cet oxide j qui commence & opère la
décompolîtion ; de nouvelles expériences, difoit
1 auteur en 1789 & 1790 , pourront feules ré-
foudre ces importantes queflions. Mais quoique,
pour réduire la théorie propofée en doétrine
bi-n prouvée , on doive encore attendre l’ é-
preu e du tems, il rélultera toujours, difoit-il
en finiffant, de nos obfervations & de nos expériences
fur le gras des cadavres enfouis en
mafTe dans la terre, que la nature fuit dans cette
converfion fbuterraine la marche fimple & uniforme
qu'on remarque dans toutes fes opérations,
qu’elle réduic peu à peu, 8c par la réaction
réciproque de leurs principes-, des compotes
très-compliqués à des, compofés plus iïmples , en
donnant naiflance à quelques compofitions binaires
»telles que l'acide carbonique & l’ammoniaque y
enfin, que les phénomènes de la putréfiàion
pourront être bientôt appréciés & expliqués par
1 influence des nouvelles découvertes.
Tel eft le précis exaét d‘un des travaux les
plus remarquables fur les matières animales , fait
depuis 1 etabliffement de la doctrine pneumatique.
On y voit d’une part la découverte d’une
fubflance graifleufe nouvelle , produite par la
décompofîtion putride de ces matières, & de
l’autre une analogie lingulière entre cette adipo-
c in des cadavres 8c la matière trouvée abondamment
par le même chimifte dans la fubflance
du foie & dans les calculs biliaires. Depuis cette
découverte , le gras des cadavres a été très-
fréquemment trouvé dans des fouilles de cimetières.
Le cit. Darcet a rapporté à. l’académie
qu’il fe fouvenoit qu'un pareil changement en
gras avoit été obfervé par Rouelle dans le
corps d un chien corrompu fous des pierres. Plu-
fieurs favans ont remarqué que la même altération
fe retrouvoit dans les matières animales
macérées à la maniéré Sc pour les préparations
des anatomiftes. Le cit. Vauquelin a trouvé dans
un tas de têtes de moutons amoncelées, dans un
terrain au-deffus de Paris, dans un lieu appelé-
la Garre , la peau , les mufcles , la langue, en-
tjéi ement & eomplettement convertis en matière
grade, femblable à celle des cadavres enfouis
du cimetière des Innocsns. Ainfi la- découverte
a été confirmée par un grand nombre
d obfervations fubféquentes ; on l’a même pouf-
fée peut-être un peu trop loin , en prétendant
enfuite que la matière adipo-cireufi exiftoit dans
beaucoup de fubflanoes animales naturelles &
fans décompofition, quelle faifoit la bâfe de la
fubflance du cerveau ; car cette dernière pulpe ,
quoique très-difpofée à paffer à cet état par
la décompofition putride, n’eft réeli-ment dans
fon état fain qu'une efpèce d’albumine épailîis
8c demi-concrète, nullement huileufe oufavon-
neufe , comme on- le fera voir plus bas.
Quoique la théorie de la formation de Y adipo~
c i r e par fe tiffu cutané , mufculaire ou- païen-
chymateux, que le cit. Fourcroy ne regardoit
encore en 1789 8c 1790 que comme un aperçu
probable , 8c fur laquelle il appelloit de plus amples
lumières „ n’ait point encore reçu depuis
cette epoque une confirmation qui en démontre
la certitude » il y a cependant parmi les expériences
modernes quelques faits propres à- en
etayer les principes 8c à en foutenir l’extrême
yrailemblance. Tels font ceux qui font relatifs.
a 1 altération que les matières animales , 8c fur-
tout les chairs mnfculaires , font fufceptibles
d éprouver de la part de l’acide nitrique , 8c qui
ont été bien remarqués 8c bien décrits par les
cit. Bertholief, Fourcroy 8c Vauquelin. Lopfque
cet acide dégage l’azote en gaz des mufcles , 11
[ ^gtt peu a peu fur leur tiffu î il commence par
;fsJ.aun‘ r > bientôt, 8c furtout iorfqu’on aide
I action par la chaleur , il en diffout une portion
, il les dècompofe , il en brille une partie
du carbone qui s'exhale en acide carbonique»
& alors on voit fur la liqueur des gouttes d’hui-
. , ou il fe depofe au fond une matière épaiffe ,
jaunâtre huileufe, qni fe rapproche, fînguliére-
ment de Y a d ip o -c ir e décrite dans cet article. Voilà
bien ici un phénomène fort analogue à la décompofition
lente r le carbone fe fépare après
l’azote,. la matière animale , privée de ces deux
principes , doit être furchargée d’hydrogène,
8c elle prend alors le caraéière d’une fubflance
huileufe» le plus fouvent concrète, quelquefois
même lamelleufe 8c criftaliifée. Ces phénomènes
ont trop d’analogie entr’éux pour ne pas en indiquer
ici le rapprochement, 8c pour ne pas faire
voir que les analyfes des matières animales par
le moyen de l’acide nitrique , jetteront quelque
jour la- plus grande lumière fur tous les genres
d’altérations dont elles font fùfceptibles, comme
fur, leur nature propre , ainfi que fur leurs différences
refpeébves & leur formation.
Deux mémoires fur les propriétés de l’air
vital confidéré comme médicament par les cit.
Chaptal 8c Fourcroy , une anaiyfe du lait par
les cit. Parmentier 8c Déyeux , des expériences
fur plufieurs fubftances animales traitées au lycée
dans un cours qui étoit particuliérement confa-
cte a 1 examen de ces fubfîances par le citoyen
Fourcroy s d’autres expériences, fer la refpira-
tton , feites à-Edimbourg , 8c décrites dans une
thèfe par M: Menziès , voilà ce qui peut être
rapporté au titre dont nous nous occupons ici
pour l’année '
II réfulte des ■ deux mémoires fur les effets
jmêdicamentaux de l’air vital, que ce fluide élastique
dont on avoit tarît efpéré dans la phtifie
pulmonaire , produit une aétion remarquable
dans le commencement de fon application , qu’il
donne plus de force , de vivacité , de vie aux
malades , qu’il eft defiré \ par eux avec transport
; mais que malheureufement cette amélioration
n’eft que paffagère , que bientôt lès malades
s-’en trouvent plus mal, & que leur affection
marche plus rapidement vers fa fin, en accélérant
la ftippuration , la fonte des humeurs,
la fièvre qui l'accompagne & la produit. C ’eft
ce qui a d’ailleurs été vérifié depuis par le
doéteur Beddoes en Angleterre , puifqu’il a pro-
pofé & déjà vérifié en partie l’ utile emploi du
gaz azote, à caufe de fes effets oppofés dans
cette terrible maladie. Le doéteur Godwin a publié
auffi depuis une differtation aufli intéref-
fante que méthodique & précîeufe par la marche
des expériences & des idées qui y fontpré-
fentées fur laétion de l’air vital dans la refpi-
ration , dans laquelle il a bien conftaté fon changement
en acide carbonique d’une part & fa
propriété irritante pour les cavités gauches du
coeur. De - là 3 une théorie lumineufe fur les
effets de l’afphixie & de Peau dans les fuffoqnés
& les noyés 3 qu’il attribue au défaut du ftimulus
que le ïang aéré porte dans le coeur î de - là ,
une ingénieufe application dé l’emploi de l’air vital
dans cesaecidens. En rapprochant de ces données
ce qui a été fait en 1790 par M. Robert Mendiés
, pour mefurer la quantité d’air infpiré par
l'homme 3 celle de l’air vital qui entre dans fes
oumons en un t;ems donnée celle de l’acidecar-
qnique qui s’y forme & du calorique qui eft
mis en liberté par cette formation 3 on trouve
que les idées &: la théorie ingénieufe de Lavoi-
fier fur la refpiration , ont été confirmées par
tous ceux qui fe font occupés du même objet'
depuis lui | & qu’ils n’ont fait qu’ajouter de la
force & de la certitude à fes opinions 3 en vérifiant
les premiers réfultats qu’il avoit obtenus 3
& en mettant plus d’exaéHtude peut-être dans
leurs conclufions. Tout eft donc bien difpofé à cet
égard pour appliquer maintenant ces nouvelles
vérités à la phyfique animale & à l’art de gué-
tir , & l’on doit concevoir les plus grandes ef-
pétanees des effais dont le do&eur Beddoes eft
depuis peu chargé en Angleterre fur les effets-
des différens fluides éhftiques dans l’économie
animale, effais auxquels une fociété amie.des fcien-
ces vient de confacrer une fomme de 2, y00 liv.
fterl.
L’analyfe du lait par les oit. Parmentier &
Déyeux a été faite pour rempfir les rues de la
fociété de médecine qui avoit propofé un prix
fur cet objet: Le but étoit d’avoir une anaiyfe
comparée des différentes efpèces de lait que les
médecins emploient. Si l ’on ne peut pas dire que
ce but ait été eomplettement atteint par les chi-
miftes que nous citons , au moins eft-il vrai qu’ils
en ont approché beaucoup plus que ceux qui les
avoient précédés^ Ils ont commencé par l’examen
du lait de vache , le plus ufité, & en quelque
forte- le plus parfait de tous. Ce qu’ils ont vu
de nouveau fur cette liqueur , confifte, 1®. dans
la coloration du beurre par l’orcanette, la carotte
& plufieurs autres fubftances , au moment
où on le prépare j i ° . dans la réparation de la
matière caféeufe fous la forme de pellicules qui
fe forment à la furface du fait écrémé qu’orc
fait évaporer 5 30. dans l’examen détaillé de ces
pellicules & du lait privé de cette matière , de^
venu par là du ferum chargé feulement de fucre.
de lait & des Tels ; 40. dans la preuve que le
caille-lait ne jouit point de la propriété de coa-'
guler cette liqueur, malgré le nom qu’il porte,
tandis qu’une foule de fubftances en jouiffent ;
y°. dans la recherche de plufieurs propriétés de
la matière caféeufe féparée par la coagulation
fpontanée ytellès que fa forme filamenteufe , fon
ramoliffement & fa fufion , fa ductilité par la-.
chaleur , fa diffolubilité dans les acides foibîes
& les alcalis fixes eauftiques , la couleur rouge
u’elle prend par l’aétion de ces derniers , l’o-
eur d’hydrogene fulfu-ré qui s’en dégage lorf-
qu’on précipite fa diffolution alcaline par les-
acidesj 6°. la diffolubilité du fuere de lait dans-
le lait lui-même.
Après cette anaiyfe détaillée y les auteurs paf-
fent aux différences qu’ils ont '‘obfervées entre
les diverfes efpèces de lait les plus ufitées. Le
ptincipe volatil odorant diffère , fuivant eu x ,
dans chaque efpèce. La crème eft plus épaiffe
dans celui de chèvre & de hvebis qu-e dans le
lait de vache ; elle l'eft moins dans ceux de
femme , d’âneffe & de jument. Le beurre delair
de chèvre eft folide comme celui de vache ?
celui de brebis eft toujours mol j on ne peut
pas féparer celui des laits de femme, d’âne fie &
de jument ; leur crème qui en retient fortement
le beurre , fe mêle au lait lorfqu’on la fait chauffer.
La matière caféeufe du lait de brebis eft
vifqueufe 5 elle ne prend jamais de confiftance
dans celui de femme j celle des laits d’âneffe 8c
de jument tiennent le milieu entre le fromage
du lait de vache & celui des laits de femme 8i
de brebis. Le ferum varie également par fa proportion
& fa faveur dansces différens laits. Ceux
de femme, de jument & d’âncfîe en donnent une
grande quantité > ceux de chèvre & de vache
r^en fourniffent pas autant ; celui de brebis en
contient le moins. Le fucre de lait eft le même
dans tous les animaux, il ne varie dans leur lait
que par fa proportion ; celui de femme en donne
plus que les autres.
Les Tels varient fuivant les alimens 8c les