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D’après cet expofé fur !a nature des cendrés
animales, on voit que leur analyie doit prefenter
de grandes difficultés , à raifon de la fixité & de
l3 adhérence réciproque des diffère ns principes qui
les compofinr. On conçoit comment, ces cendres
chauffées très-fortement éprouvent une efpèce
de fufion, comment après cette fufion, elles pré-
fententfouvent l'apparence de molécules grenues,
rougeâtres ou .brunâtres , qui vues & ob.fervées
à .la loupe offrent des fignts de cryftillifation &
des, efpèces de polyèdres analogues â ceux que
forment quelques Tels métalliques fondus, qui
ne font dus qu'à l'oxide de ièr fendu & refroidi
fubicernent, il eft encore facile de concevoir
pourquoi les cendres animales verdiffent le fyrop
de violettes, fi elles n'ont point étéa fiez chauffées
, car il faut remarquer qu’au grand feu né-
ceffaïre pour les calciner 8c les brûler complet-
tement , la foudeque contiennent prefque toujours
ces cendres fe ftiblime & fe voîatilife , ce
dont je me fuis affuré par des expériences exaéles.
Pour faire Fanai y fe des cendres animales , on
commence ordinairement par les lefliver avec de
l’eâu diftillée qui enlève le carbonate de (oude 8c
le phofphate de fo.udé, on les fait enfuite bouillir
avec foixante ou quatre-vingt fois leur poids
d’eau diftillée, 8c dans cette opération , le ful-
fate de chaux eft diffous, fi les cendres en contienne
ht. On traite enfuite ces cendres avec de l’a-
çide nitrique qui dilfout le phofphate de chaux ,
8c laifle l’oxide de fer } on dilfout enfin cet
oxide par l’acide muriatique. Les quantités ref-
peétives de ces diverfes fubftances fe mefurent
par l’examen de chaque diflolution, & par l’évaporation
ainfi que l’analyfe des fubftances
diffoutes.
Les cendres animales font rarement employées
à des ufagés économiques. On a fauffement regarde
piüfieurs d’entr’elles comme des médica-
méns précieux.
Les chimiftes doivent examiner avec beaucoup
de foin les diverfes efpëceS de c en d r e s animales :
il n’y en a prefque .pas une qui ne foit fufeep-
tible de leur offrir quelques découvertes utiles.
C endre bleue ou C endres bleues. -On
nomme ainfi une efpèce d’oxide de cuivre bleu que
les angîois préparent prefque exclusivement depuis
long-temps,mais dont nous connoiffbns aujourd’hui
la fabrication. Cette.efpèce der bleu eft employée
à la peinture des murs & fur-tout à celle des
papiers. Expofé à l’air long-temps, la nuance de
cette couleur s'affaiblit & paffe au vert. Je décrirai
au mot cuivre la manière de préparer ce
bleu.
'C endres de volcans. Le nom de cendres de'-
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volcans eft très-improprement donné aux pouf-
hères terreults & terrugineufes fines, qui font
rejette es - par les volcans à certaines époques de
leurs éruptions & qui couvrent quelquefois des
pays entiers de pluiieurs lieues ,d’étendue. C’eft
dans ce genre que quelques auteurs ont range le
lapillo & la pouzzolane. En général les cendres
de, volcans font des mélanges 8c même des com-
binaifons de terre argileufe avec du fable ou de
la filice, de la craie 8c du fer'en di fié rens états.
Ôn y trouve aufli des cryftaux de fchorl, de grenat
&c. Voyei les mots Pouzzolane, La pillo.
C endres gra veléës. C’eft ainfi qu’on appelle
une efpèce d’alcali fixe végétal ou de po-
taffe obtenue par la combuftion des lies de vins.
Cette dénomination lui vient de ce qu’elle imite
une forte de cendre , dont la fufion commencée
a difpofé les molécules en fragmens'irréguliers,
plus ou moins durs , 8c formant comme dés graviers.
Cet alcali eft compofé de potaffe caufti-
que, de carbonate de potaffe, d’un peu de fui-
fate de potaffe, & de terre. Il n’eft pas affez pur
pour fervir aux expériences de chimie j il ne
devroit pas non,plus être employé en pharmacie}
il l’eft fpécialement dans jûufieurs arts. Voyei
les mots Alcali , Potasse , C arbonate de
Po t a s se , A cide T ar ta r eu x , T artre.
C endre V erte. La cendre verte, employée
pour les peintures communes 8c fur-tout pour
les papiers, eft un oxide de cuivre précipité du
fulfate de ce métal par des alcalis & bien lavé.
Voye^ l ’article du Cuivre.
C endrée. On nomme cen&êe ou caffedans les
laboratoires d’effai, les coupelles Contenant l'oxide
de plomb vitrifié qui a fervi à la coupellation
dés-matières d’argent & d’or. Comme cet
oxide entraîne avec lui un peu d’argent, on les
réduit pour en retirer ce métal > c’eft ôrdinairé-
ment le profit des garçons de laboratoires.
Après avoir broyé les coupelles , on les réduit
à l’aide du flux noir ou d’un peu d’ alcali & de
charbon j on coupelle de plomb oui provient
de cette réduction & on obtient de 1 argent & un
atome'd’or. Voye^ les articles C oupellation 8c Essais.
C endres végétales*'Les réfidus des végétaux
brûlés à l’air libre de manière que toute
leur matière charbonneufe' foit bien confumée,
8c qu’ils foient réduits à l’état d’une pouffère
grife ou blanche d’apparence terreufe , font ce
qu’on connoit plus particulièrement feus le nom
de cendres, & ce qui mérite le mieux ce nom.
Quoique-xés réfidus puiffent en général-être
regardés comme formés par les fubftances fixes
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qui entrent dans la composition des végétaux,
il ne faut pas croire qu’ils ne contiennent abfo-
lument que ces fubftances, ou qu’ils les contiennent
entièrement. ILpeut fe faire au contraire
, 8c il arrive même prefque toujours, foit
que les cendres retiennent quelques-unes des matières
volatiles qui appartenoient aux végétaux,
foit qu’elles ne recèlent pas complettement tout
ce qu’ il y avoit de fixe dans ces êtres. Le premier
de ces cas a lieu, lorfque les plantes ou leurs parties
n’ont point éprouvé dans la combuftion
qu’on leur a fait lubir , toute la chaleur 8c tout
le conta 61 de l’air né ce fiai res pour brûler entièrement
leur matière combuftible , volatile , 8c c’eft
la circonftance la plus ordinaire ; elle eft prefque
toujours annoncée para fa coloration de la
cendre en jeune, en brun, ou en gris noirâtre.
Le fécond cas fe rencontre lorfque par un feu
long & très-violent, par un renouvellement fréquent
des furfaces , par la forme plate des vafes .
où fe fait l ’opération & qui fworife le contaét
de l’air, les cendres éprouvent non-feulement
une combuftion cpmplette de tout ce què. les-
végétaux contenoient d’inflammable & de volatil,
mais encore une accumulation de calorique beaucoup
plus forte que celle qui étoit nécêffaire
pour cela, 8c telle qu’une partie plus ou moins
grande de, leur matière faline fixe eft comme
fôulevée &volatilifée par cette élévation de température
& par fa longue durée. L’une de ces
opérations eft ce qui fe paffe ordinairement dans
nos foyers ; la fécondé a lieu dans les fourneaux
d’un grand nombre d’arts & fur-tout dans ceux
de chimie. Les chimiftes n’ont meme pas porté
fur ce point toute l’attention qu’il mérite ; ils
n’ont pas affez vu qu’en chauffant & tenant rouge
très-long-temps dans des vaiffeaux plats , tels
que des cap fuies de terre & des coupelles, les
cendres végétales, . ils leur faifoient perdre une ■
partie de leur fubftance fixe. Cette obfervation
eft cependant importante , parce qu’elle peut .
éclairer les arts qui ont pour objet toutes les \
fubftances falines fixes préparées au feu. On fait
ue les alcalis fixes fi utiles à un grand nombre ;
’arts , fort obtenus par la combuftion & la calcination.
Il n’eft donc point indifférent de favoir
de plus qu’en tenant les cendres végétales à une
chaleur trop forte trop long-temps continuée^
on voîatilife & on perd une portion de l’alcali.?
Il eft encore dans ce procédé une autre fource?
d’erreur & de perte pour les arts; c’eft: qu’à
une -très-haute “température , l’alcali fe combine-
intimement avec les terres &r les autres principes'fixes
des cendres, & qu’il perd dans cette
-oombinaifon une grande partie de fa force & de 4dn énergie:; en forte qu’il devient moins utile
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pour les arts auxquels on le defttne. A imite ce
fait eft expofé avec le détail convenable , foit
à l’article des alcalis fixes , foit à celui de la
vitrification.
Il réftllre de ce qui a été dit jufqu’ici que
Suivant la manière dont on brûle les végétaux, lui-
vant le, traitement qu’on fait éprouver à leurs
cendre^, on obtient celles-ci de differentes natures,
plus-ou moins calcinées:,' ricnes en fils,
& que telle eft la raifon pour laquelle les réfidus
fixes des mêmes plantes examinées par differents
chimiftes, ont dû leur préfenter des différences,
fuivant la manière dont ils les ont pouffes plus
ou moins fortement au feu.
les cendres végétales doivent d’abord 8c d’après
les mêmes principes différer en quantité
non-feulement fuivant les divers végétaux dent
on les obtient, mais encore fuivant la manière,
diverfe dont en bruis -chaque végarai. Jl eft
fort aifé de concevoir eue lés cendres en général
étant formées de la matière’ fixe contenue dans
les plantes, plus celles-ci font folides & plus elle s
donneront de cendres. Ainfi toutes choies d’ailleurs
étant égales, les écorces, les racines li-
gneufes 8c les bois doive redonner plus de cendres
que les plantes te que les herbes molles & remplies
de.fucs. L’abondance des cendres fuit même
à cet egard le rapport primitif de la denfilé-des
végétaux dont 'elles proviennent. Cependant .il
ne faut pas trop s’attacher à ce principe 8c le
regarder comme confiant , puifque des expériences
foignées par les régiffeurs des poudres 8c
falpêtres leur ont, donné un .ré fuira t différent. En
faifant connoîtré ici çe rëfultat, on ne prétend
pas le faire fervir dé règle générales mais prouver
que fur une petite quantité de végétaux .comparés
on peut avoir fouveht des produits oppofés
à ceux qui font cependant d’accord avec la nature
des chofes. Pour prouver le contraire du principe
général expofe ci-deffus, il auroit fallu brûler
plufieurs centaines de bois & de plantes 8c
comparer les produits. O r , cela n’a point été
fait.avec la latitude convenable.
Dans les expériences de la régie des poudres *
les -bois ont été mefurés & pefés , les plantes
ont été feulement pefées ; Jes uns & les autres
Nétoient parfaitement fecs. On les a brûlés fépa-
rëment dans des foyers de cheminées parfaitement
nettoyés & dans des . fours bien-propres où
on a eu l’attention d’entretenir le feu jufqu’à l’entière
combuftion. Il eft réfu'té de cette expérience
que ce n’eft: point en raifon de leur dureté
que les bois ont .donné plusde.rc/îrf.'-« fcomoae
le ve'.ra^par'le tableau fuivant.