
le titre d'obfervations di ver fes, contient plu-
fieurs faits que M. Prieftley n’a pas pu ranger
dans un des articles précédens, & qui en font
plus ou moins différens & détachés. Ce font
ceux que i on va citer ici. De la petite bierre
mife dans une phiole & placée fous un récipient
plongé dans l'eau, a augmenté le volume
de l’air pendant quelques jours , & fa diminué
enfuite > la bierre étoit aigre $ l ’air éteignoit
les chandelles. Tout air faéfcice eft, fuivant'M.
Prieftley, nuifible aux animaux } il n'y a que
celui qui fort du falpetre fondu $ celui-ci augmente
même la flamme avec une forte de pétillement
] comme s'il y avoit du falpêtre dedans j
la vapeur du camphre & de l'alcali volatil ne
lui parut pas tuer les animaux ; l'air eft ablôrbé
jufqu à f par l’eau bouillantes l'air commuB gardé
long-temps en ftagnacion dans une bouteille ne
contracte aucune mauvaife qualité.
Monfieur Hey a prouvé que l'eau imprégnée
d'air fixe ne tient rien de l'acide vitriolique,
ni de la craie qui ont fervi à le former ; elle
ne rougir point la couleur du fyrop de violette,
tandis qu'une feule goutte d'acide vitriolique
lut une chopine d eau lui donne la propriété
de tendre cette couleur fenfiblement pourprée.
L'eau faturée d'air fixé trouble un peu l'eau
de favon , ce qui vient, fuivant M. Hey , • à
qui eft due cette obfervatiod, de ce que. l'alcafi
en abforbant l’air fixe quitte une portion de
l'huile qui fe fépare. Enfin, le même phyficien
a communique a M. Prieftlev quelques expériences
fur les bons effets de l'air fixe employé
en lavemens dans les maladies putrides.
Telles font les recherches de M. Prieftley
faites avant la fin de 1792. Elles contiennent
une grande quantité de découvertes & de ie-
maroues neuves , & plus encore des termes
de découvertes ; mais il faut en convenir, ces
découvertes n'ont vraiment au.enne liaifon
aucune cohérence les unes .avec les autres ’
elles ne pouvoient encore former aucune'1-
théorie réelle, aucun corps de doélrine. Auffi,
M. Prieftley lui-même les regardoit-il comme
des obfervations détachées , comme des matériaux
propres à entrer quelques jours dans un
nouvel édifice ; & l'on verra en effet que la
plupart n’ont trouvé leurs places que plusieurs
années après, lorfque quelques découvertes capitales
qui manquoient à cette époque eurent
ecé faites. On ne doit pas-non plus difiimuler
que les premières expériences de M. Prieftley
contenoient plufieurs" erreurs, inévitables fans
doute à l'époque où il les a commifes, & q u i
n'ont été corrigées que fucceflivement & par
les travaux réunis de- tous les phyficiens qui
fe font occupés - de fuivre les propriétés des
gâx . & parmi lefquels il faut le compter ua
«es premiers.
Bucquet, profeffeur de chimie i Paris, lut
en-avril 1773 a 1 academie des fciences un mémoire
fur 1 air fixe. Il entreprenoit de déter-
miner par fes expériences particulières fi l'air
**! le “ eue fine l'air de l'atmofphère, &
s il elt le même de quelque corps qu'on l'ait
tirei Je dois faire remarquer ici que, quoique
pluheurs mois avant cette époque , M. Prieftley
eut fpecialement défigné par des épithètes particulières
plufieurs efpèces d'air réellement différentes
les unes des autres, fes expériences &
les reiultats qu'il en tiroir n'étoient-encore
Connus a Pans que de très-peu de phyficiens,
« que le nom d'air fixe ou d'air fixé étoit encore
pris dans la langue françaife, comme appartenant
à toute fubftance fluide élaftique de-
gagee pendant la décompofition des corps , ana-
logue par fa forme & fes propriétés phyfiques
a 1 air de latmofphère , qu’on - lupnofoit
avoir ete contenue, comme fixe & fqlide dans
les coiiipofes d ou il fe dégageoit .par la décompofition.
C’eft dans ce fens-que Bucquet
prenoit le, mot a i r fille , & qu'il-fe propol'oit
ne prouver qu’il était différent de l'air atmo-
fpherique, & qn'il différoit en même temps de
lui-même , fuivant les diverfes fubftances qui
le faurniffoient. Pour obtenir les réfultats qu’il
cherchoit, il s'ei-oit fervi de l'appareil de Mac-
bride qu’il avpit perfe&ionné Si amélioré en
coupant un dès flacons dans fon milieu Si en M M xifler fes deux ferions l'une fur l’autre,
afin de pouvoir y introduire un baromètre d’épreuve
, en ajoutant à leur fond des robinets
pour pouvoir les adapter à la machine pneumatique,
y faire le vide & opérer ainfi fur
l air fixe pur & fans mélange d'air atmofphé-
rique. Bucquet nommoit l'un de ces vafes boutad
e d e m é l a n g e , & l'autre b o u t e i l l e d e r é c e p t
i o n . Il a vu que le fluide, élaflique dégagé p'ar
tous les acmés conioinés avec les alcalis effet"-
vefeens ou la craie étoit absolument identique *
celui, qui provenoit de l'alcali volatil concret’
eonlervoit une odeur de viande pourrie. L'air
fixe dégagé des fermentations lui a offert la
plus parfaite refTemblançe.avec celui qui étoit
produit par les effervefcences des alcalis : il *
a reconnu une odeur particulière qu’il a dé-
fignee par le nom d'odeur gazeufe i il y a trouvé
commç les phyficiens qui l'avoient précédé daa»
ces recherches , la propriété de précipiter la
chaux , de la rendre-effeivefcente , ainfi que
les alcalis qu'il fait en même-temps criftallifer.
Lait fixe ne retient rien des fubftances d'où
il a été tiré; il n'altère pas , fuivant lui le-
fyrop de violettes. Il n’a remarqué aucune dif-
Icience davec 1 air atmofp.bérique dans fon poids
©w la compre/bbilité.
Bticqaot
Bucquet ayant examiné de la même manière-
rair produit & dégagé pendant la diffolinion des
fubftances métalliques, y a reconnu de .grandes,
différences. Il ne fe cornbiaoic point avec l'eau
âYse la chaux de avec, les alcalis il ne leur
donnoit point la propriété de taire effervefcence.
L’air des diffolutiens métalliques eft fdïivent inflammable,
d'air fixe des eftervefcences & des .
fermentations, ne l'eft jamais ; celui-ci fe diftbut.
daos le vin, 6e fans le convertir .en acide, il lui
donne un goût acerbe. De ces expériences Buc-
quet-concluoit: que l'air fixe dégagé dans les dé-.
compofitions & les combinaisons chimiques, n'eft
pas de la même nature que celui de l'atmofphère,
oiqu’il fut prefque de la même pefimteur &
la même éhfticiie , puifqu'il différoit de lui-
même, fuivant les compofés d'ou il fe féparoit.
Sans doute on ne trouve rien de bien nouveau
ni dans les expériences de pucquet, ni dans les
réfultats qu'ri en a tirés; On peut même dire
quea lifant fon mémoire, on le trouve au-
deffous des découvertes qui avaient été faites ,
en Angle terre , des expériences de, Ma eb ri de
fur-tout, qu'il connoiiidi\-bien, j & on ne peut
le regarder que comme la première ébauche d'un
travail qu'il auroit fans doute continué, fi fa
fauté chancelante, & la pratique de là médecine
ne l'en avoient empechér Du moins, dans les
cours qu'il a faits avec tant de gloire , il a été.
depuis *774 jufqu'en août-1779, qu'il a celle dé
profefferi à eau Ce de la maladie qui l'a enlevé
aux fciences au commencement de 1780, un des
plus zélés , des plusardens, & des plus éloquens
promoteurs dé la doctrine pneumatique, qui com-
r«ïençoit à fe former en France, comme on le verra
bientôt.
Au mois de mai de la même année' 1773 il.
parut, dans le journal de médecine de Paris , des
Obfervations de Rouelle le jeune 5 fur l’air fixe &
fur fes effets dans les eaux minérales. Ce mémoire
contient & la. confirmation du travail de Prieftley
fur l'eau imprégnée1 d'air fixe, feuf des ouvrages,
de Prieftley connu alors de Rouelle, à ce qu'il
pareït., & plufieurs faits particuliers qu'il eft
nécëffaire de connoitre pour bien faifir la marche
&.la naiffance fur-tout de la doélrine qui nous
occupe. Après avoir aéré de d'eau à la manière
de Prieftley , Rouelle y a ajouté un peu de mine
de fer de là nature de la pierre d'aigle en poudre
finé j il a laiffé cette eau dans une bouteille
bien bouchée pendant vingt-quatre heures. L’in-
fufion de noix-de-galle y a produit une teinte
violette-noirâtre , & l'alcali phlogiftiqué ? une
teinte verte-bleue. L'ébullition & Texpofition à
l'air ont .fait perdre les propriétés à l ’eau, & en
oftt fait dépofer de l’ochre. E.onelle a fait cette
ex-périsnce pour mieux imiter la nature, qui n’emploie.
pas du fer en nature, comme l’avoit fait
M. Lanè. L'addition du fel marin & d'alcali mi-
CiiiM iE. Tome 121,,
nér-aî r/ont-point empêché l'eau aérée de prendra
du fer. L'eau pure en coataét avec le fer n'en a
pas pris comme l'eau aérée. L'eau de Seine imprégnée
dans Tapareil ordinaire de la vapeur oui
fe;dégage de la précipitation de l’hépar par les
acides, a pris le goût & i’-edeur d'hepar j eHo
les a confervés afïèz long-temps , même à l’air i •
mais elle s’y-eft troublée, & eff devenue îquche
comme du petit-lait, non -clarifié, par U précipitation
du foufrç très-atténue. R.ouel!e a trouvé
eh 17/A que la vapeur dégagée d’un h épar, par
un acide., eft inflammable4 ce n'eft point feulement
au foufre, divifé. qu'il attribuoit , avec
Meyer, d'inflammabilité de cette vapeur, mais à
fa propre fubftance j en effet, dégagée de foufre,
elle ne lui a pa.s paru moins inflammable. L’eau (
hépatique ne s’eft point chargée de la mine de
fer, comme l'eau aérée , Quoique les fatrans de
mars bruns &- rouges noirctiiyit iqrfqu on les
mêle avec cette eau. L'eau n;a diflous que très-
peu dè cette vapeur i Rouelle remarque que
cette vapeur contient peu d'air fixe pur, quoique,
d it-il, il s'en dégage abondamment par l'efter-
vefeence des acides^ avec l'alcali de l'hépar i il
explique fa foible diffolution dans î'eau, en difvnt
que cette vapeur eft , ainfi que celle de la difto*
Ititton des métaux par les acides, dans un état
très - différent de celui de l'air fixe ordinaire.
L'eau chargée d’air fixe a !?. manière de Venel
n’a difibûs que très-peu fenfiblement la mine de
fer. La vapeur dégagée d'une diftohmoa de fer
par l’acide du fel reçu dans une velv.c, relieit
long-temps inflammable & ne fe dilîolvoit point
dans l’eau, mais elle, lui faifeit contracter une
odeur d'hépar ou d'oeuf pourri. Celle qui fe dégage
de la diffolution du fer par l'acide vitriolique
, ne- donnoit pas le même caractère à l'eau.
Ces vapeurs- inflammables n'ont point précipité
l’eau de chaux>. Rouelle a très-bien vu qu'il exif-
toit une égale différence dans la nature entre
l’air fixe des eaux acidulés de Seltz, de Buffang ,
& la vapeur des eaux fulfureufes d'Aix-la-Chapelle,
de Barêges, Gante rets, ,&c. La première
lui paroiffoit parfakement femblable à l’air fixe
obtenu par la méthode de Prieftley } mais la
fécondé avoit , fuivant lui, la plus grande analogie
avec celle quife dégage de la précipitation
des hépars. Il invoquoit à cet égard des expériences
de la part des chimiftes qui habitent près
de ces eaux. Rouelie applique enfuite le même
raifonnement, & établit la même comparaifon
entre la mofette de la Grotte - du - Chien , la
vapeur dés charbons & de la ' fermentation vi-
. neufe , l’air fixe dégagé par ï’effervescence , qui
fe reffemblent & qui ne font point inflammables,
ne colorent point l’argent . & les chaux métalliques
3 mais éteignent les flambeaux allumés , fe
diffolvent dans l’eau, & .y rendent le fer diffo-
luble. Rouelle foupçonne que l’air fixe pafle de
C c c