
s’occupent de ces ftibfiances ne fiffent point
des progrès- correfpondans. Aüflî. prefque tout
ce qui tient ,à la docimafie à la métallurgie
a-t-il été perfectionné , 8c plüfîeurs procédés
nouveaux ont-Üs été inventés pendant l’époque
dont nous pavions. Cramer, Schluttèr , Sclïin-
dler , Lehman , Juftï, Gronftedt, Henckef,
Gellert y-,en Allemagne , en Suède ., en Saxe *
Réaumur , Heîlot, Tillét, Màcquer,. Jars , en
France , décrivirent' 8c h rn pli fièrent la plupart des
pratiques des mines. Un grand/nombre d’arts
métalliques , tels lut tout que ceux des Ton-
déries 8c des forges à fer, de t’a ci; r , du laiton,
de l’extraétion &' de l’emploi dii charbon dé
terre' , furent . décrits dans la belle collection
des arts que l’académie dès Tciences • entreprit
qu’elle a prefque pôuifëe à la fin. Les ma--
nufictures , les attéliers fur ces arts fe multiplièrent
dans l’Europe , 3c il en fut établi dans
bèaucoup dé lieux où il n'y en avoir point
eu jufqucs-là. En Angleterre on écrivit peu ,
mais on mit en pratique un grand nombre dé
procédés induftrieux , emprunrés de la chimie,
pour tirer parti dés métaux fondus, laminé s ,
étirés', allies, plaqués , &c, Eh général le ça-
ràCière de cette nation par rapport aux fciences
eft" remarquable 8? peut fervir d'exemple à c .Iles
qtii veulent accroître leur profpérité ,. leurs
joui fiances 8c leur commerce; L’induftrie de fës
habitans eft depuis long-,ter ps portée lur les arts
chimiques > ils les ont mis en pratique dans
une- foule d’établi (Tè me ns } ils ont imaginé un
grand nombre de procédés ; on n’en trouve que
peu oü point de description , fil même quelquefois
a indication dans les ouvrages de leurs
lavans , dans leurs collections academiques ou
périodiques 5 ils fe réfërvent le fecret de leurs
manipula'ions , de leurs pratiques, de leurs
machines., & c’eft en vendant les produits
de cette induftrie dans tous les genres & fur-
tout dans leurs ouvrages de fonte, de fer,
d’acier, de cuivre' plaqué d’argent, de verrerie,
de poteries 8c de porcelaines q de laine 8c de
coton, aux nations voifines 8c même aux peuples
éloignés , qu’ils font connoîrre beaucoup plus
que par des descriptions l'avancement de leurs
arts 8c l’étendue de leurs découvertes dans les
fciences. Le meme efprit règne encore 8c régnera
probablement très-long-temps' en Angleterre ;
non-feulement les”fciences y font plus parties
librement appliquées aux arts , ce qui eft un
grand bien} mais les applications nouvelles qu'on
en fait, 8c les nouveaux produits ’ ou les nouveaux
procédés auxquels ces applications donnent
naiffance , reftent feçretsdans les laboratoires ou
dans les attéliers , de manière à ce qu iVpaiflent
feuls en tirèîrparti 8c rendre les autres nations ;
tributaires de leur induftrie. Les françois pré- |
foncent un çôntraftè frappant à cet égard, Le
plus petit comme le. plus important fecret dans
les arts n’eft prefque jamais réfervé à fes auteurs
j il eft ordinairement divulgué avec promptitude
} et les anglois eux-mêmes chez lelquels
il fé‘ répand les premiers, le mettent en pratique'&
ont grand foin de cacher les améliorations
, les" pertèéBonnemens qu’ils y font-
C’eft ce. qu’on a vu encore depuis quelques
années , par rapport au blanchiment des toiles
par- l’ac-ide muriatique oxigèné, d’après l’invention
du- chimifte françois Bertholet, 8c ce qu’en
voit encore en ce moment pour le tannage nouveau
, imaginé par Armand Séguin , & dont la
-généroficé françoife a rendu les procédés publics.
Tant que cette différence frappante exifiera
entre, ces deux peuples voifins &. rivaux, l’avantage
fera* toujours pour l'Angleterre , fon
commerce 8c fa profpérité int riéure remporteront
fnr celles de France , 8c cependant les
françois ont autant de moyens pour perfectionner
fies arcs chimiques que les angiois. C-eft au gouvernement
françois à pefer dans fa fagelTe ces
Importantes confidérations 8c à trouver les moyens
jafe favori fer les inventions chimiques utiles, Tiir.-
{portation même de celles qui font pratiquées
jen Angleterre ; 8c de rendre la jouinance des
découvertes plus profitable & plus exclufive aux
Jfrançais qu’elle ne fa .été jufqu’ici , malgré la.
ffupériorité bien connue de leur induftrie en
plus d’un genre.
L’époque qui nous çccupe en ce moment
a été également marquée 8c célèbre en Europe
par. le perfectionnement 8c la culture fuivie de
l’art pharmaceutique. Une grande quantité de
préparations médicamenteufes chimiques a ete
trouvée ; c’eft même aux travaux entrepris dans
ce genre de recherches , fur les métaux 8: les
préparations fulfureo 8c falino-métalliques , que •
la chimie a dû une grande partie de fon perfectionnement
, 8ç i’induftrie pharmaceutique a >
fuccédé très-heureufement en ce genre à fin*
duftrie alchimique. Oe-là cette-foule-de prëpa-,
rions astimoniées , mercurielles 8c martiales qui
fefont touc-à- coup répandues en médecine $.
de-là en même-temps ces querelles , ces difputes
d’écoles , qui ont fait tant de bruit 8c quelquefois
tant de fcandale entre les médecins , fur
l’emploi des métaux fubliitués tout-à-coup aux
plantes dans la pratique, cette réfiftance de l’habitude
, cette • oppofition des préjugés , que
ie temps feul, aide de l’expérience , a peu-à-peü
fait difparoître. C’eft aufli par une. fuite des.
travaux plus exaCts fur les préparations cbimlquf s
médicamenteufes, que l’alchiaiie 8c la folie des
panacées ou du remède univerfe?, ont été combattues
avec phis d’ardeur 8c plus, de fuccès.-
Kiick/rôt Comingius , les ennemis les plus formidables
de ces deux arts prétendus, de ces
deux
dent erreurs qui deshonoroient la chimie avoiettt
prefque remporté la viCtoife, Iorfque la foule
des bons efprits qui fe font appliqués à l’étude
8c à la culture de ce.tte fcience ont afl’uré le
fuccès de ce combat, 8c détruit à jamais les prétentions
infenfées des aiehimiftes 8c des adeptes.
Bientôt, les hommes qui avoient encore la fo i-
bieffe de croire à. ces chimères ont été obligés
de cacher leurs folies comme leurs fou rneau x
dans les réddits les plus obfcurs, 8c le refte
d’attachement de quelques enthoufiaftes ou de
quelques fanatiques pour les recherches alchimiques
a été noté comme une preuve non équivoque
de l’ignorance & de la foiblelfe ded’efprit.
C’eft aufli depuis cette. époque des travaux
exaCts, des expériences éclairées que l’alchimie
a perdu toute l’influence qu’elle avoit encore
vers le milieu 8c même la fin du dix-feptième
lîècle, 8c qu’elle a été., pour jamais reléguée
dans la clafle des erreurs 8c des folies humaines
; de forte qu’il eft bien reconnu depuis,
qu’il faut être vraiment malade ou fripon pour
s’y adonner encore, 8c entraîner les ancres dans
les malheurs qu’èlle ne manque pas de produire.
Comme tous les arts, la médecine a reçu
une influence marquée des travaux, des découvertes
faites en chimie pendant le fiècle des
travailleurs dont nous traçons ici l’efquifte 5 à
la vérités cette influence a d’abord manqué lui
être funefte par les erreurs-qu’elle a introduites
dans l’art de guérir. Les prétentions des chi-
niiftes au milieu du fiècle dernier ont été juf-
qu’à vouloir renverfer tou tes, les. idées reçues
dans l’art de guérir, 8c changer entièrement,
je ne dis pas Luîement la. théorie admife juf-
?U/e*‘ !a c^ns, Cêt^e ft-é^nce, car ce n’auroit pas
é t é 'U un très-grand malheur ; mais fur-tout la
pratique, 8c c’èft-là que les dangers les plus
imminens fe font faits fentir. En V o u lan t tout
expliquer par les théories chimiques qui n’étoient
encore elles-mêmes à cette époque que des
erreur pluss ou moins groflîères , on n’a vu
dans le corps humain 8c dans le jeu de fes
organes que des^ efLrvefcences & des fermentations}
lè$ vifeères 8c. les vaifieaux n’étoient
que des filtres, des vafes de chimie3 les fluides
du corps expient au gré des chimiftes des acides.
8c des alcalisj les fon étions ne. s’èxerçoient que
par ces effets chimiques.-Bientôt, les maladies
n’ont été que des excès d’acides 'ou des fura •
bondances d’aîçalis , 8c les remèdes bernés
a ces deux claftls de fubftances, fuivant que l’imagination
voyoit dans Tes maladies la .prédominance
de l’un ou de l’autre de ces fêls. Telle
étoit la théorie d.e Tackenius adoptée ,par pref-
que tous les médecins chimiftes, 8c qui a fait.
*e plus giand mal, Coït en réduifant à des généralités
prefque toujours faufles & toujours iR-
fuffifantes lés faits de médecine les plus di.fL
Chimie, Tome 1IL
. elles à décider, foit en arrêtant les progrès de
l’qbfervation pure ». & indépendante , foit en
donnant aux ignorans 8c aux charlatans des moyens
aufli prompts que 'dangereux de traiter les maladies
} il eft réfulté de cette faiifie' application
de Lt chimie à l’art de guérir ,que les bons ef-*
pries fe font éloignés de la culture de la chimie
médicinale 8c ont rejetté prefqu entière ment
les applicatrans utiles- qu’ elle pouvoir avoir.»
C’eft airifi que Starfl , un des plus illuftres chimiftes
qui aient exjfté, un des- hommes qui 2
le plus avancé eetté fcience, 8c qui a le plus
perfeétionné fa théorie , voyant les maux qu’elle
venoit de faire à la médecine , a mieux aimé
la barmir prefqu’entièxement de l’art de guérir
que de, la laifife-r corrompre cet art,par une
taufife interprétation de fa doétrine. Aufli, a-t il
dit dans fes ouvrages que l ’ufage de la chimie
en médecine étoit nuji ou dangereux} ce mot
eft devenu pour les détracteurs dè la fcience
chimique une efpèce d’axiome,- dont ils fe font
.fervis avec obftination contre l ’ufage de la chimie
en médecine , 8c ils en ont profité pour an-
nuller même les fervices qu’elle pouvoit y rendre.
On peut dire que Sthai effrayé par les dangers
que la chimie mal appliquée au traitement des
maladies avoit produits , 8c frappé des reproches
mérités qu’on lui faifoit, a pouffé trop
loin l’efpèce d’arrêt magiftral qu’il a porté »
cet égard. Boerrhaave n’a pas eu la même répugnance
, 8c n’a pas repouffé avec autant de
force la chimie-de la médecine } il a fenti qu’elle
pouvoit lui rendre de véritables fervices, 8c ce
beau génie dont .quelques modernes n’ont peut-
être dit tant de mal que parce qu’ils ont fenti
fa fupériorité 8c parce qu’ils ont voulu atténuer
l’autorité qu’il avoir acquife dans les
écoles , a fait lubmême un ufage prudent 8c
ftge des connoiffances chimiques pour la phy>
fïque animale. Nous ferons voir dans le paragraphe
fuivant ce qu’on peut attendre de la
chimie-*renouvellée fur-tout, 8c .recrée en quelque
forte comme elle l’a été de, nos jours ,
pour le perfectionnement de la phyfique des
animaux. Nous pouvons conclure au court ex-
oofé précédent , que fi , dans le courant du dix-
feptième fiècle, la chimie a fait naître des erreurs
en médecine, 8c s’eft prefque oppofée à
des progrès , en refferrant fa théorie , 8c en
enchaînant fa pratique ; dans un Cercle de préjugés
, l’exaditude qu’on, a commencé à meure
dans les expériences chimiques, 8c le raifonne-
ment plus faia qu’on a'employé pour la théorie
naiffante , ont fait difp.aroitre affez promptement
ces.erreurs , 8c ont annullé les‘atteintes qu’elles
ayoîent portées, à cet art.
Si la minéralogie & tous les arts qui y ont
rapport ont beaucoup gagné pendant l’époque
de la fin du XVIIe 8e des deux tiers du XVliX*
V v