
t i r , il n’en avoit jamais, là quantité precife>
puifque la plupart de Tes expériences à la cornue
Ui feurnifloient un gaz diffolubîe dans l’eau ,
dont elle abforboic une quantité plus ou moins
grande.
Le fécond appareil de Haies étoit deftiné à mefu-
rer les quantités d’air produit ou abforbépar la fermentation
, caufée par les différens mélanges des
fubftances fluides & foi ides, lis font mis, dit-
il j en eut de bien juger des effets furprenans
de la fermentation fur raie. Il 'mettoit les matières
dans un matrras pyriforme & à long col ; il cou-
yroit le col d’un verre cylindrique, femblable
a nos récipiens pneumatiques à fond plat ; il les
inclinoit tous deux prefque horifonta'ement dans
lin grand vaiffeau plein d eau,en forte qu’elle pouvoir
couler dans le verre cylindrique ; lorfqu’elle
étoit arrivée prefque au-deffus du cou du ma-
tras, il enfonçoit le fond avec la partie, inférieure
du verre cylindrique dans Peau, en élevant
en même temps l’extrémité fupérieure hors
de l’eau ; en fui té , avant de les tirer de Peau , il
mettoit la partie inférieure du matras 8c du
verre cylinduque qui le recouvroit, dans un vaif-
feati de^terre qui fe rempliiToit d’eau, & qui une
fois retiré du grand vaiffeau , retenoit la portion
d’eau élevée dans le verre cylindrique au-dehors
du matras, & un peu au-deffus de l’extrémité
de fon col. Si les matières mifes dans le matras
produisent de l’air , il le mefuroit par l’efpace
occupé ou augmenté", depuis le lieu" où Peau
avoit été élevée dans fa difpofition préparatoire
jùfqu’à celui où elle étoit defeendue; &
s il s’en abfdrboit, 1 efpaçe diminué par Paicen-
fion de Peau au-deffus de fon premier niveau,
en donnoit la mefure. S’il s’appercevoit que la
quantité d’air produit ou abforbé, étoit fort
grande , il employoit un gros ballon au lieu de
verre allongé & cylindrique ; fi au contraire
elle étoit fort petite , une fimple phiole & un
verre à boire , placé par-deffus, dont il retiroit
l’air pour y élever l’eau à l’aide d’un iyphon,
fuffifoit pour remplir fes vues.
Haies fe fervoit d’un troifième genre d’appareil
, lorfqu’il voulait connoître la quantité aair
abforbé ou produit par une chandelle allumée,
par du foufre ou du nitre brûlant, par la refpira-
tion d’un animal vivant; pour cela il plaçoit
d’abord dans un vaiffeau extérieur plein d’eau,
femblable à celui qui recevoit le métras percé à
fon fond dans fes expériences diftillatoires., une
efpèce de petit guéridon ou piédeftal qui s’éle-
voit au-demis de l ’eau ; après avoir mis la chandelle
, le mélange brûlant ou l’animal vivant fur
le guéridon, il recouvroit le tout d’un grand verre
cylindrique renverfé, c’eft-à-dire fon fond placé
en haut, fufpendu par une ficelle , & dont l ’orifice
plongeoit de trois ou quatre pouces fous
l’eau 5 fl entiroit enfuite (l’air , 8c y éîevoit
l ’eau un peu au-deffous du guéridon à l’aide d’un
fyphon. S’il y avoit des matières nuifiblés, au-
lieu de faire cette dernière opération avec fa
bouche , il appliquoit au fyphon un foufflet donc
il bouchoit la foupape. La quantité d’air produit
ou abforbé , étoit indiquée par le volume
d’eau defeendue ou remontée au - deffus du
niveau où elle avoit été élevée par le fyphon.
Quelquefois Haies allumoit un corps com-
buftible comme le phofphore & le papier gris
imprégné d’une forte diffolution de nitre 8c
•féché, placé' fur le guéridon & recouvert du
verre cylindrique au moyen d’un verre ardent.
Ce moyen a bien mieux fervi aux phyficiens qui
lui ont fuccédé dans fes recherches qu’ il ne lui
a fervi à lui-même. Quelquefois il allumoit la
chandelle ou de longues mèches de foufre, avant
de les couvrir du verre allongé ; dans ce cas ,
il tiroit, à l’aide du fyphon , l’air du cylindre en
élevant l’eau au-deffus du niveau extérieur ;
d’abord elle baiffoit un peu par la dilatation de
l’air échauffé , mais elle montoit, dit-il, uninf-
tanf après , quoique la flamme continuât d’échauffer
& de raréfier l’air pendant deux ou
trois minutes que la chandelle demeuroit enflammée
; après qu’elle s’étoit éteinte , l’eau con-
tinuoit de s’élever pendant vingt *ou trente heures
j mais il avoit foin d’en marquer le niveau
au moment même de l’extin&ion.
^ Si Haies vouloit verfer un acide fur des matières
avec lesquelles il devoit produire une
effervefc ence vioiente , & conféquemment un dégagement
d’air, il mettoit l’eau forte dans une
phiole fufpenddë au fommet du verre cylindrique,
& au moyen d’un cordon dont lé bout penaoit
dans le vaiffeaü extérieur & au-dehors du verre
cylindrique renverfé , il pouvoir , dit - i! ,
incliner la phiole, & verfer l’eau forte fur les
matières contenues dans le vaiffeau placé fur
le piédeftal Cet -appareil, qui annonce un moyen
de fufpenfion & de bafcule dans la phiole fou-*
tenue au-deffus du guéridon, a été enfuite
perfectionné par Boerhaave qui l’a employé dans
le vide.
Haies s’eft encore fervi le premier d’un canon
de fufil au lieu de cornue pour recueillir l’air
qu’il obtenoit dans fes diftillations. On voit par
la figure 38 qu’il employoit le canon de fufil
recourbé; il y aj ou toit un fyphon ou tube de
plomb qui plongeoit -à travers l’eau d’une jarre
& pénétroit dans le goulot d’un récipient ou
ballon plein d’eau , renverfé & foutenu vers
fon bouton par: une corde. Excepté i’ufage d’une
cloche égale Bc cylindrique dans cette manière
de procéder , excepté la tablette d’un cube
dont la jarre lui tenoit lieu , on voit que Haies
avoit imaginé un appareil prefque femblable
à celui de Prieftley. Il avoir fubftitué ce dernier
appareil, à celui du récipient luté avec la
cornue , 8c où l’air étoit reçu fur )’eau fans la tra-
verfer, dans l’intention, comme il nous l’apprend
dans le récit de fes expériences 76 & 77, de laver
l’air dans l’eau , & de le féparer d’avec les ef-
prits acides , 8c des vapeurs fulfureufes & diffo-
lubles qui l’accompagnoient. « Aufli, dit-il, l’air
» nouvellement produit, étoit après cette.lo-
»» tion bien moins fujet à perdre fonélafticité ; fur
» la quantité totale, il ne s’en perdoit que
» ïy ou yg partie , 8c principalement les ving't-
» quatre premières, heures ; après quoi le refte
»» demeuroit élaftique pour toujours, excepté
» l’air du tartre 6c du calcul humain , dont
» un tiers perdoit ccnftamment fon élafticité en
» fix ou huit jours ; mais après ce temps , il
»à demeuroit auffi élaftique pour toujours. Je
» garde de l’air de calcul humain depuis trois
» ans , fans y avoir remarqué aucune altération ».
Il eft bien évident d’aprçs les, expreflioos de
Haies, qu’il ne croyoit pas avoir affaire à
une autre matière que l’air, & qu’il attribuoit
les propriétés d’éteindre les corps enflammés,
de s’allumer , ou de rougir <k faire effervescence
avec l’air, à une fubûance étrangère dont il
croyoit toujours pofîible de le débarraffer par
le lavage dans l’eau. On a déjà vu que la meme
idée a long-temps fubjugué les phyficiens; que
Prieftley lui-même , malgré toutes les découvertes
, y a tenu pendant plufieurs années, 8c
que le petit nombre des phyficiens & des chi-
miftes, actuellement vivans , qui méconnoif-
fent encore la doctrine des modernes , ne peuvent
ni la bien comprendre, ni par conféquent
l’admettre , parce que le préjuge , fembiable à
celui de Haies & bien pardonnable au temps,
où cet habile homme faifoit fes expériences, les
tient encore alfervis & enchaînés fous fon empire.
Pour s’affurer de l’élafticité de l’air, obtenu
dans, fes expériences , Haies fit une expérience,
& imagina un appareil propres à conftater d’une
manière très-certaine cette propriété. Il mit des
pois environ à moitié d’une forte bouteille de
verre , dans laquelle il verfa du mercure jufqu’à
un demi pouce de hauteur , & de i’eau pour
achever de, la remplir. Il fixa par une vis au col
de la bouteille un long tube de verre, dont l’extrémité
inférieure ouverte étoit enfoncée dans
le mercure *, ,8c touchoit prefque au fond de la
bouteille .Les pois abforberent toute l’eau en deux
ou trois jours , 8c fe dilatèrent beaucoup ; l’air
ui en fortit pouffa le mercure jufqu'à 80 pouces
e hauteur dans le tube ; de forte que l’air dégagé
dans la bouteille y étoit comprimé par une
force plus grande que celle de h prefîion de deux
sumofphères 8c demie. Un appareil analogue au
précédent, confirma encore cette expérience
d’une manière plus précife. Haies prit un pot de
fer très-épais de 2. pouces 3 quarts de diamètre
intérieur §§ y pouces de profondeur , il y verfa
du mercure jufqu’ à un demi-pouce de hauteur,
& il y mit un tube de verre ouvert par en bas ,
fermé par-en haut, chargé de miel coloré vers
fon extrémité inférieure qui plongeoit dans, le
mercure.; ce tube fut placé dans un tuyau de
fer pour l’empêcher d’être caffé par J.e renflement
des pois dont le pot fut rempli : y ayant
verfé de l’eau jufqu’à ce que le pot fût abfolu-
ment plein, il mit un collet de cuir entre la
bouche & le couvercle du pot qui étoit moulé
pour que la jointure fût plus exaéte ; il exerça
une forte prefîion fur ie couvercle avec unepreffe
.à cidre. Deux jours après, le pot ayant été
retiré de la preffe, l’eau avoit pénétré les pois,
le miel coloré avoit été élevé par le mercure
jufqu’à une hauteur du tube qui ’indiqua que
l’air étoit comprimé par un poids égal à celui de
deux atmofpheres 8c un. quart. C’eft par une
dilatation & une expanffon de 1 air qu’il explique
la rupture des tonneaux occafionnée par le vin
qui fermente, le faut des mines, le jet des
bombes , le bris des canons par l’inflammation de
la poudre. Il propofe aufli le dernier appareil
fort ingénieux pour mefurer la profondeur des
mers que l’on ne peut fonder , après avoir fait
des effais préliminaires à des profondeurs e Aimées
par la fonde, pour s’affurer de la vérité 8c de l’e-
xaêlitude des réfuitats.
Enfin Haies a imaginé une machine pour mefurer
l’air diminué par la refpiradon. Il plaçoit
dans une grande jarre pleine d’eau un long fy-
1 portant à une de fes extrémités ua
renverfé plein d’air & plongeant par
fon col dans l’eau de la jarre ; le fyphon étoit
muni d’une foupape qui permeftoit le paflage
de l’air dans le fyphon, & défendoit le retour
de cet air du fyphon dans le ballon. Un autre
récipient rempli d’eau, & plongeant également par
fon cou dans l’eau Æ U jarre, communiquoit avec
le premier fyphon par un fécond fyphon de plomb
garni d’une foupape, difpofée de 'manière que
l’air pouvoit bien paffer du premier fyphon
dans le fécond ballon, mais non revenir de ce
ballon dans le premier fyphon. L’appareil ainfî
arrangé 8c les deux ballons ou récipiens folide-
ment fufpendus ainfî que les fyphons bien ajuf-
tés, Haies appliquoit la bouche à l’extrémité
du grand ou premier fyphon élevé au-deffus
de l ’eau , & terminée par une efpèce d’ajutage
ropre à être ferré par les lèvres ; il bouchoit
jen fes narines, & infpiroit l’air du premier
ballon; lorfqu’il le faifoit fortir de fa poitrine
par l’expiration , cet air paffoit alors dans le
fécond ballon par la difpofition indiquée des
foupapes, 8c ce jeu de la machine continuoit,