
& des folides, à Ton dégagement ou à fon paffage f
e I état non-elaftique a Tétât élaftique. Ainfi,. I
pour lui, les idées de Vanhelmont, les expé- I
riences même de Haies, & les résultats qui! en
avort tires, etoient^ comme non avenus j Tin-
fluence de J air étoit nulle ou prefoue nulle j
aiilli n en a-t il rien dit dans la fameufe théorie,
du phlogiftique. Uniquement occupé de la terre,
inflammable de Beccher , de rechercher la preuve,
de fon exiftence , de faire concevoir la combi-
nadon du feu dans les corps, il femble avoir
oublie qu il exiftât de l'air dans la nature, ou cru
que ce principe n'entroit pour rien dans les
unions chimiques. Etrange aveuglement d'un,
nomme de génie, qui croyôic à la fixation du
reu, le plus rare, le plus mobile, le plus élaf-
tique , le plus léger , le plus éloigné de tous
fes Corps de 1 état concret ou folide j il y croyoit
avec une facilité extrême , il employoit toute
fa force de fon efprit, toutes les reffources de
j expérience pour y faire croire les autres j il eft
meme parvenu à'le perfuader, & d’un trait de.
P-ffiSPij? refufe , il repouffe, il annulle la fîxa-
bilite de 1 air , cent fois, que dis-je ? mille fois
peut-etre plus denfe, plus vifqueux, plus pefant,.
j Pa.r plus voifin de la concrétion,,
delà Joliurfication que le feu j rien ne Tembar-
rafle ppurj; concevoir & expliquer la converfîon
de celui - es en phlogiftique ou feu fixé., c’eft-à-
dire , eu corps folide dans les métaux , le foufre ,
Te charbon ; Sr 1 idee de Pair fixé & concret dans
lés corps lui répugné , & il l'annonce inspoffible.
On craindrait d offenfer la mémoire d'un homme
jtiftement célébré, fi l’on fë permettait de foup-
çonner que ce fût la crainte pour le fuccès de
fa th orie , plutôt qu'in.iifférence pour celle du
phyficien anglais qui lui fit puffer fous filence les
découvertes de Haies , & rejetter toute application
des propriétés de l’air aux phénomènes
chimiques. Peut être suffi que, fans celle occupé
du feu, & de fon phlogiftique, toute autre idee
lu etoit en quelque forte .étrangère.
Quoi qu'il en feit , on ne peut douter que 1 éclat dont la théorie de Stahl brilla tout-à-
coup parmi les chimsftes, & l’enthoufiafme avec
lequel elle fut reçue par les phyficiens, joint au
peu de cas que St.'hl fembloit faire de l’étude
de l’air pour la chimie, ont certainement empêché-,,
là doûrine de Haies, qui d’ailleurs l’a expofée
avec une fimplicté, une modeftie, une diferétion
peu faites pour la produire au grand jour, de
prendre cet afeendant, cet empire fur les efprits,
que piit le ph'iogiffique préfenté & reçu avec
toute' la faveur que l’ecole allemande devoit naturel!
ment s'attirer en chimie. C’eft là la prit]- !
cipale canfe qui produifit l'indifférente inertie !
avec laquelle le travail de Haies fut reçu de la
part des chimiftes , de l’intervalle d’inaélioii fur ■
ce genre de recherches qui s’eft écoulé ^ntre j
Haies & Venel, 8t Black, dont il va être queftion.
D e u x i è m e E p o q u e .
Véritable découverte de l ’air fixe (f des gaç ; dfiitte-
tion & caractères des principaux fluides élafiiques ;
elle s'étend pour les dates de ly ; o à 1774 , &
pour les hommes depuis Venel & Black jufiqua
Lavoifier. -
Après les.belles découvertes de Haies,- dont on
peut direavec Buffon, fon traduéleur, qu’il ne vira
pas tout le parti poffible, & qu’il jetra au milieu
des favans comme un fujet de méditations & de
recherches , on négligea de féconder ce germe ;
on femhla oublier qu’il exiftoit ; 5c ceux à qui
il étoit confié n’en cultivèrent pas convenablement
le premier jet. Dans la préface donc Buffon
accompagna en 17;p fa traduâion , ii eut raifon
de reprocher à Haies de n'avoir point fait affez
d'applications de fes découvertes, de n’en avoir
point allez relevé l’éclat, de n’en avoir pas affez
fait fenrir l’influence fur toute la phyfique ; trop
de modeftie, de diferétion , de défiance dans fes
propres lumières , retint le phyficien anglois,
l’empêcha de s’élancer dans la carrière qu 'il avoit
ouverte , &• fur-tout d’y entraîner les- autres phy-
ficiens avec lui. « li faut tout dire, s’écrie avec
” raifon Buffon, ces découvertes auraient en-
” core brillé davantage , fi M. Haies les eût
« autrementpréferitées; fon livre n’eft pas fait pour
» être lu , triais pour être étudié : c’ett un recueil
» d’une infinité de faits utiles & curieux , dont
» l’enchaînement ne le voit pas du premier coup.
>» d'oeil : il a négligé certaines liaifor.s néceffaires
" pour certains efprits ; il n’eft point entré dans
” de certains détails ; enfin il n a fait fon livre
" que pour les amateurs de la vérité la plus nue ,
” 8e il fuppofe dans fes leéleurs -beaucoup de
” connoiffances, & encore plus de pénétration. »
Auffi la plupart des phyficiens ne furent-ils point
émus pat les découvertes de Haies ; les uns les
prirent pour un feul . fait général fur l’exifîence
de l’air fixé ou combiné dans les corps, 8e fur
fon dégagement pendant leur décompofition , 8e
ils ne fuivirent même pas ce genre de recherches
pour l’étendre à d’autres fubftances que,celles qui
avoient été traitées par Haies, 8e pour déterminer
au moins la quantité d’air contenue dans
chaque compofé. Cependant tous les chimiftes
ont dû s'apercevoir dans leurs expériences qu’il
fe dégageoit un fluide élaftique dans les. opérations
de décompofition 8e de combinai fon. On a
vu que Boerhaave croyant apparemment que ce
travail étoit fini entre les mains de Haies, &
comme s’il n’y avoit plus rien à y ajouter, -renvoya
aux expériences de ce phyficien. D’autres ,
& il faut ranger dans cette claffe le célèbre Stahl,
qui entraîna fans doute beaucoup de phyficiens
par fon opinion , ne firent que peu d'attention
aux recherches de Haies., femblèrent même nier
la pbffibilité de fes expériences, en niant que
l'air pût jamais perdre fa forme élaftique Sc Ce
fixer dans les corps: Enfin, plus de vingt années
s'écoulèrent avant que Ton revînt fur l’air combiné
, avant qu'on annonçât de nouvelles tentatives
, des expériences nouvelles, & même
quelques idées exaétes fur la cômbinaifon de 1 air
dans lès corps. La traduèfion françoife de la
Statique des végétaux de Haies parut à Paris en
j elle y fut reçue avec la chaleur & Tem-
preffement qu'on met. ordinairement à -toutes les
nouveautés , même dans les fciençes tic cependant.
le chapitre fixième n'appejla- point ^attention
des phyfîciens, comme il aurort dû le
faire.
Ce ne fut qu’en 1750 que Venel, profeffeur
de Montpellier , qui fortoit de l’école de «Rouelle,
& qui porta dan*s l’étude de la chimie des vues
nouvelles tic des idées toutes differentes de celles
qu’on avoit eues jufques- là, vint réveiller dans
Telprit des chimiftes celle de l’air combiné dans
les corps, tic leur offrit de nouveaux fujets de
méditation. Les (deux mémoires qu’il lut cette
année - là à l’académie des fçiences fur la diffo-
lution de l’air dans les. eaux acidulés, furent
comme les premiers rayons des découvertes fur
les gaz qui dévoient éclorre quelques « années
après. On y trouvoit le fluide élaftique produit
des effervefcences fe dilîolvant dans l’eau, leur
donnant du piquant & du pénétrant 5 c'étoit revenir
fur une des affertions, fur un des faits déjà
annoncés par Haies fur les eaux fpiritùeufes ce
n'étoit que confirmer fa découverte , niais c'étoit
en même-temps en ajouter une capitale, celle
d’imiter les eaux naturelles , d’unir un fluide
élaftique à l’eau, d'obferver & de décrire les
effets réfultans de cette union. Ce genre de découvertes
, tout nouveau & tout différent de
1 grande quantité d‘acide aérien ; c e font fes ppresro
celles de Haies , puifqu’il offroit un fait fingulier
& jufques-là inouï de fynthèfe à ceux d’analyfe
de l’air que le phyficien anglois avoit préfentés,
étoit digne de produire un grand mouvement ■ &
d’apporter des changemens notables en chimie.
Audi peut-on dater de cette époque les premières
idées un peu exactes qu’on commença de
prendre fur l’air fixe & fur fes combinaifons. Le
travail de Venel doit donc être regardé comme
une des premières fources de la doctrine moderne,
& comme tel, il faut le connoîtte avec exactitude
, & en offrir ici tous les traits intéreflàns. Il eft
bon de remarquer d’abord à cette .occafion , que_
Haies en admettant plus d’air dans l.es .eaux de
Bryftol que dans l'eau commune, n!attribue pas
leurs propriétés à cet air, & y admet toujours
un efprit particulier , comme on le fai foi t généralement
de fon temps pour les eaux ,fpiritu-ufes.
exprefiions. Ce phyficien a cherché à obtenir
l’acide aérien des eaux de Spa par la diftiilation ,
dans un vaiffeau d’étain exactement fermé > il a
vu un vaiffeau de verre où il faifoit une pareille
opération fur cette eau , fauter en éclat par le
dégagement de fon acide aérien, & c’eft à fon
développement qu il attribue les violences que
1 l’eau de Spa exerce fur les bouteilles qui la renferment,
Mais il eft fingulier qu'un médecin françôis,
nommé Çhrouet, ait fait en 1713 j dix aps avant j
les premières expériences de Haies, une analyfe |
des eaux de Spa j ait admis dans ces eaux : une *
c’eft-à-dire, la fraCture de ces bou-
‘ teilles. Ne diroit-on pas, d’après ces détails,
que Chrouet é >nnoiffoit l’air fixe mieux même
que Haies, qui ne Ta indiqué que feize ans après
lui, qu’il en avoir apperçu la qualité acide, la
propriété élaftique. Mais , en lifant tout fon ouvrage,
on reconnoitqueTexpreflion d3acide aérien9.
1 que Bergman a donnée en lui te à l'acide cafta.©-
nique, mais avec une cormtaifiance exaéte de fes
propriétés, eft un de ces mots vagues, une de ees^
dénominations indéterminées & générales , qui
ne tiennent qu'à des idées abftraites, & qui ne
font point tirées d'expériences immédiates.
Dans les deux mémoires qu’il lut à l’académie
des fciences le 2 mai tk le 5 août 17;o, fur Tann-
lyfe de l’eau de Seltz ou de Selters , Venel avoit
pour but de prouver que cëtte eau, non plus
que celles qu'on a coutume de nommer eaux
acidulés, ne font ni acides, si alcalines j mais
que la faveur piquante , le montant qui les dif-
tingue , lés bulles qui crevent à leur iurface &
qui imitent les effets des vins mouffeux, ne font
produites que par une .grande quanti té. de fluide
élaftique ou d'air combine dans ces eaux, & dans
un véritable état de diffolution. Les principales
expériences que Venel a faites pour prouver la
préfence .de l’air dans les eaux gazeufes , & pour
fafIre Voir que c’étoit à cet air qu'elles dévoient
leurs propriétés, i peuvent être rapportées à l’agitation
dans des bouteilles au goulot defqueilcs
il appliquait des velTies , à Texpofirion de Teau
fous le vide de la machine pneumatique & à la
diftiilation. Il eft parvenu, par chacun de ces
procédés,, à priver Teau de S-ltz de fon air , à
lui enlever toutes fes qualités d’eau gazeufe,
& à la rendre fembiable à Teau commune. De
quelque manière qu’il ait opéré, il a obtenu pour
réfultat identique & confiant le cinquième environ
du volume de l'eau.en fluide élaftique.
Après avoir été privée de ce fluide, Vend a
trouvé Teau de Seltz d'une faveur platte & fade 5
elle qe mouffoit plus par l’agitation., & elle
reffembloit à de l’eau commune , excepté qu'elle
contenoit un peu de fel marin. Il a fur-tout
cherché les moyens de faire de Teau de Seltz
artificielle, & après avoir effayé de fe rendre
compte par une longue fuite de raifonnemens tic
d’obfefvatiôns fur les prétendus corps aérés,
.tels que les vins mouffeux ,. la biarre., le
cidre, ticc^ comment l'air fe combinoit, com