tomplette , 15 gros & demi de cendres d'un gris
jaune, qui avaient une faveur très-âcre : ainfi,
les conserves donnent plus d’un tiers de leur
poids de cendre.
Cette cendre leffivée répandott par l’évaporation
une odeur fulfureufe j on a précipité d'abord
de cette leffive , par i’acide carbonique ,
la chaux qu’elle contenoit; enfuite , mettant
une portion à part pour qu'elle pût criftaîlifer
fponranément, ona obtenu des criftaux blancs,
opaques & parfaitement cubiques, & d’autres
qui étoient des lolides à 6 pans avec des pyramides
à 6 faces, & enfin de petites lames rom-
boïdales ; les premiers étoient du muriate de
potaffe, & les autres du fulfate de potaffe, car
ils ne s’effieuriffaient point à l’air.
288 grains de ces mêmes cendres ont donné :
l°. 200 grains de chaux vive ; 29 . 5 6 grains
d'alumine ; 5*. 3 1 grains d'oxide de fer. Le
fulfate de potaffe était le fel le plus abondant
, enfuite le muriate de potaffe , 8c enfin
un alcali dont la quantité étoit trop petite pour
en déterminer la nature.
Avec l’acide muriatique il y a eu dégagement
d’acide carbonique & de gaz hydrogène ful-
fuié.
Nous pourrions ajouter ici un expofé des expériences
microfco.piques qui ont été répétées à
çette occafton ; leur analogie avec celles du docteur
Ingenhousz, qui a fait penfer à MM. Chan-
tran 8ç Lacroix que ces fubftances , en partie
^nimaüfées, formoient un paffage immédiat entre
les deux règnes, ainfi qu’Ingenhousz l’avoit
annoncé, n’a pas été confirmée par les commif-
faires de la fociété ; ils^difen: n’avoir pas vu la
transformation des filattiens en animalcules qui
fonde cette théorie, & que les animalcules mi-
crôfcopiques que Ton voit dans la liqueur qui
contient les çonferyes , ne femblent pas leur
appartenir.
Le pnzième titre de la philofophie chimique
qui a poqr objet la formation et la nature
DES SUBSTANCES ANIMALES , ET LA
théorie de l' animalisation , offre ‘prefque
autant de progrès que la plupart des précédent,
depuis l’année 1787 jufqu’en 1795 , & même
jufqu’à l'époque aétuelle ( 2 janvier 1796 ).
Le cours de ces huit années contient une
Alite de découvertes ifolées , & une férié de travaux
plus ou moins importans fur la chimie animale.
On n'y trouye cependant ni des faits auffi
frappans que ceux qui ont précédé cette époque
, ni des recherches qui aient pu nous conduire
àdes données auffi remarquables que celles
dont il a été fait mention dans les périodes précédentes.
Après la nature des os ü bien analy-
fés par Gahn 8 c Scheèle, celle des urines &
des matières animales en général fi perfectionnée
par Bertholiet, après les découvertes fi remarquables
de Crawford & de Lavoifier fur la
refpiration & la différence du fang artériel &
veineux} après les idées neuves autant que précises
que la découverte de l’azote dans ces matières
a fait naître fur leur différence d'avec les
fubftances végétales fur leur formation , fur
leurs propriétés caraCtériftiques de donner de
l’ammoniaque par le feu 8 c par la putréfaction,
de contribuer à la compofition de l’acide du ni-
tre , il eft difficile en effet que l’on trouve dans
les tems qui ont fuivi les époques de ces premières
decouvertes , des faits auffi faillans, des
travaux auffi neufs par leur c.bjet 8c par leur
influence fur la phyuq ie animale. Cependant les
huit dernieres années , fans préfenter des découv
e rts éclatantes, offriront à i’hiftorien de la
fcience beaucoup de faits confirmatifs de ces
premiers réfultats, quelques faits neufs 8 c faillans,
- 8c furtout nne fucceffion non interrompue de recherches
qui ont confolidé les premières idées.
Au refte , il en eft de cetté partie de
la chimie dans l ’époque qui nous occupe , à
la période où nous fommes parvenus , comme
il ën étoit dans les époques précédentes j
l'hiftorien y trouve toujours une lifte bien courte
de travailleurs, en comparaifon de ceux qui fe
font appliqués aux diverfes branches de la minéralogie
, & même de l’analyfe végétale. Non-
feulemënt un trop petit nombre de favans s’occupe
de cette partie de la chimie, qui, à la vérité,
outre les dégoûts de tous les genres dont
elle eft accompagnée , eft de plus hériffée de difficultés
long-tems crues infurmontables , mais
encore ceux qui y jettent comme de tems à autre
un regard, ne font pas toujours en rapport
les uns avec les autres , diffèrent, autant entre
eux dans leur manière d’opérer que dans leur maniéré
de voir. On peut même dire qu’à cet égard,
encore plus qu’à celui des diverfes parties de la
chimie dont nous venons de tracer les progrès
dans les dernieres années, il y a une grande dif-
tance entre les chimiftes. françois & le plus
grand nombre de ceux des autres nations} les
premiers fe font ouverts une carrière nouvelle,
où les autres ne fe font prefque pas encore avancés
} auffi d’une parttrouvera-t-on une grande diffé«’
rence entre les travaux continués en France
le peu de faits recueillis dans les pays voifins;
8 c de l’autrç reçonnoîtra-»t-on une marche bien
diffemblable entre les uns 8 c les autres ? On fera
i même obligé d’en conclure que les recherches,
les opinions, les vues , en un mot la théorie
des François fur l'animalifation , font encore
. ♦ L, " " lV'' trop
trop peu connues 8 c trop inexa&ement entendues
par les chimiftes étrangers , pour qu’ils
aient pu participer au mouvement que cette
partie de la fcience; a reçu 8 c continue à recevoir
en France. Au refte , ce que nous aurons
à dire dans ce_ titre , fera néce'ffairement
moins étendu que plufieurs des articles précé-
dens, tant par les motifs qu’on vient d’ex-
pofër , que parce qüfe le mot a h a ly f e ‘ a n im a i t
en a déjà offert une affez grande partie. Nous ne
devons ici avoir en vue que de faire voir par une
notice très rapide, que la chimie animale, fans avoir
depuis huit ans une grande quantité de découvertes
capitales à offrir , n’a rien perdu de fon
premier état acquis avant l’époque qui nous occupe
actuellement, 8 c que les vérités nouvelles
qui avoient été trouvées quelques années auparavant,
ont reçu par des travaux fucceffifs une
confirmation & un accroiflement qui en affurent
la folidité , comme l’importante application à
l’art de guérir.
on v o it, peu exactes 8c peu prouvées, comme
peu propres à déterminer la véritable nature de
ces concrétions. L’acide carbonique, gazeux oa
liquide, n’attaque pas, fuivant lui , les calculs
de la veffie 5 l’eau de chaux ne les difiout qu’avec
peine, & pas tous également. L’eau feule eft le
moyen le plus sûr & le plus efficace que l’on
puiffe employer} il fuffit de FinjeCter dans la
veffie 5 il recommande de l’injeét r diftillée &
chaude; il efpère qu’une pierre de groffeur médiocre
fe diffbudroit ainfi en quelques femaines ou
même en quelques jours. Mais il eft bien reconnu,
comme on le verra par les expériences ultérieures
, que fi l'eau bouillante difiout jufqu’à un
cent quarante-quatrième de fon poids de l’acide
lithique, lorfqu'il eft divifé dans; la pierre de la
veffie urinaire en poudre, elle n’ en di(Tout pas
un miliieme dans celles qui font entières, &
n’atraque même pas fenfiblement celles qui font
très folides, dures, polies, criftallifées par couches
ferrées.
En^ 1788, MM. Scopoli & Brugnatelli ont
donné des expériences fur les calculs biliaires &
urinaires. SCopoli 11’a parlé que des produits
huileux des premiers , & n’y a trouvé que les
principes de la bile ; il a vu & décrit les criftaux
dépotes par la diffolution alcoolique de ces
calculs fous la forme de parties fpongieufes ,
molles, friables 8c brillantes. Poulletier de la
Salle avoir découvert cette matière un grand
nombre d’années auparavant, fous celle de par:
ticules lamelleufes, huilantes , femblables au fel
de Benjoin ; Macquer avoit annoncé cette découverte
dans fon Dictionnaire de Chimie à la
fin de l’article f i e l d e s a n im a u x ; j’avais trouvé
depuis , que ces criftaux avaient la plus grande
analogie avec la fubftance connue fous le nom
de b la n c d e b a le in e . On verra bientôt combien
les notions fur l’exiftence de cette êfpece d'huile
concrète dans un grand nombre de matières animales
, fe font étendues. Quant aux pierres de
la veffie, M. Scopoli, en y trouvant la même
nature que Scheèle & Bergman, la même abfence
de chaux, ajoute que', diff’outes dans l’acide du
nitre , elles donnent de l’acide oxalique ainfi que
le dépôt des urines. Il les croit donc compofées
de cet acide , de gluten & d’une terre inconnue.
On voit que ce cKimifte étoit alors fort
•éloigné des connoiffances acquifes par les chimiftes
françois , 8c qu’i! n’avoit point de notions
fur i’aCtion de i’acide nitrique, ainfi que fur fa
puiflance de convertir en acides les matières végétales.
C’eft par fuite de cette interprétation
qu’il croit que les corps doux, fucrés , fermen-
tefcibles , fi chargés, dit-il, d’acide faccharin ou
oxalique, contribuent à la formation des calculs
urinaires, tandis que les favons & les amers
en font les meilleurs remedes.? M. Brugnatelli
ajoute quelques faits à ces aliénions, comme
C h i m i e T o m . 111.
j
L’analyfe du fuc gaftrique du boeuf, du veau
& du mouton , a prouvé à M. Macquart, médecin
de Paris , que ce fuc ne contenoit pas
d acide particulier, mais feulement un peu d’acide
phofphorique , du phofphate de chaux , du
muriate de fouae ; qu’il y avoit de plus dç l’acide
laétique dans celui du veau; que celui du mouton
etoit plus putrefcible que les deux premiers,
que la proportion de leurs principes va-
rioit fuivant une foule de circonftances particulières;
rien n'annonce donc que ce fuc, auquel
on a fait jouer un fi grand rôle dèpuis quelques
années , qui eft regardé par quelques auteurs
comme un diflolvant prefque universel ,
comme une forte d’alkaëft animal ,& auquel oa
attribue , outre la caufe de la digeftion, une propriété
antifeptique très - forte , foit un liquide
identique dans le même animal. Suivant une lettre
de M. Regnier, inférée quelques mois après
le travail de M. Macquart dans le J o u r n a l d e
P k y f i que , ( janvier 1789 ) M. le profeffeur Struvè
de Laufanne avoit trouvé les mêmes principes
dans le fuc gaftrique, & furtout l’acide phofphorique
8c. l’ammoniaque ; il avait de plus fait
une liqueur qui produifoit fur les alimens un
effet femblable. Il eft permis de croire que ce
dernier fait n’eft pas auffi bien prouvé que le
croyoit M. Regnier, puifqu’on ri’a rien appris
fur ce point très-important depuis cette époque.
Tout ce qu’on a fait depuis fur le fuc gaftrique
n’a eu pour but que de confirmer les propriétés
éminemment diffolvante & antifeptique de cette
liqueur , déjà annoncées par M.. Spallanzani , &
indiquées long-tems auparavant par les ingénieu-
fes expériences du célèbre phyficien françois
Réaumur, auquel on n’a peut-êtré pas rendu à, cet
égard toute la juftice qu’il mé ri toit.
È11 avril 1789 a commencé le journal français
O o o o