
que avec une grande' netteté la caufe de la chaleur
produire dans les combuftions par le dégageraient
opéré a i aide des corps combuftibles , à
niefure qu'ils abforbent la bâfe folide de l'air pur
la propr;eté de brûler , qui n’eft que celle dé
oeconipofer l'air vital, la formation & la décompofition
de l'eau poids pour poids, entre o .iç
de bafe de l’air inflammable & o , S; de la bâfe
de l’air vital, la réduétion des chaux métalliques
par 1 air inflammable qui fe combine avec la
bafe de l'air pur féparée. de ces chaux, & qui
forme de l’eau ; la formation des acides vit.no-
Jique .nitreux phofphorique, 8ic. par l’union
du foutre, de la mofette & du phofphore avec
la bafe de l’air pur ; phénomènes qui n’admettent
aucun arbitraire , aucune explication forcée
& qui ne font que de purs énoncés de faits fim-
pies autant que bien reconnus & bien répétés.
D aptès cela Lavpifier croit qu’en définilïant
Ja combultibihte , une propriété commune à beau-
coup, de corps de dégager la chaleur & la ’lumière
de l’air vital en abforbant (a bâfe ; il n’eft
pas néceffaire , & c’eft une véritable hypothèfe
fins aucune preuve, d’admettre- un principe
commun dans, toutes les fubftances combuflibles,
.ou qu au moins il faudrait prouver, avec précision
l’exiftence de la bâfe de l’air inflamrnabfe
dans tous ces corps , & que. c'eft ce qu’on n’a
pas fait. Quand même on auroit acquis cette
preuve, il ne ferait pas moins prouvé d'ail-
leurs que l’air fournit la chaleur & la lumière
qm fe dégagent pendant la combuftion & la
matière qui. augmente le poids des corps combuftibles
brûlés, des. métaux calcinés.
Après cette courte introduéf on, l’ouvrage de
M. Kiiwan eft divffé en douze feâions ; la première
traite des différentes efpèces d’airs/ elle
n’offre qu'une légère différence, entre les rêful-
tats de 1 a ut,; r & ceux des chimiftes français.
La fécondé Teélion a pour titre : De la compo-,
Jjtion des acides & des’' principes généraux de la
nouvelle théorie. En admettant la préfence de la
bâfe de l'air pur dans les acides , l'auteur penfe
qu’elle y eft unie au phlogiftique dans Jetât
d’air fixe, & cite l'opinion de M. Cavendish
qui y admet l’eau formée ; il préfente enfuite fa
table de Lavoifier fur les affinités de l’oxigyne
pour en faire une critique générale ; mais cette
critique ne prouve rien pour le phlogiftique, ni
contre la théorie pneumatique; auffi la réponfe
que Lavoifier y a faite par la note qui fuit cette
feélion dans l’édition françoife- de 178.8, ne contient
elle que des observations générales fur les
attraâions chimiques, & la difficulté de les exprimer
dans une table. 11 n’y a .dans cette réponfe
qu’une réflexion remarquable, & qui mérite
d’être inférée ici fur la marche de la critique
de M. Kirwan. Apiès avoir jà it voir qu'il
n’avoit donné cette table que cojtnme un apperçu j
& avec les defauts indique's par lui-même, clans
fon mémoire ; Lavoifier fe pla nt à M. KirwaJ
hn - même, qu'il fuppofe vrais les réfultats
qu il annonce cependant comme faux , pour argumenter
en faveur de la doctrine du phlogif-
ttque , & que. cette manière de raifonner n'elf
pas d'une conféquence jufte.
A cette fecon.de feâion eft jointe une ' fuitel
qui traite de la compofition & de la decooipo-
fition de l’eau. L'auteur ne doute, pas que U
gaz inflammable & l'air vital ne donnent de l'eau
-prefque poids pour poids, mais il penfe quel
ce résultat n'a lieu qu’à la chaleur rouge , &
il obje&e a la théorie des chimiftes* français
ftue. charbon ne décompofe pas l’eau à froid *
quoique le fer , qui a moins d’affinité que le
charbon avec la bâfe de l’air pur , opère ài
froid cetre décompofition , fuivanteux. On voit
que^cette objeaion ne porte pas fur le fond de
la théorie françoife, mais feulement fur quelques
phénomènes qui femblent y oppofer des
difficultés. L’auteur penfe d’ailleurs que l’union
du gaz inflammable avec l’air vital forme , fui-
vant les circonftances , tantôt de l’air fixe ^tantôt
de 1 air phlogiftiqué., tantôt de l’air nitreux j
c eft un rapprochement finguiier entre la théorie■
de M. Kirwan & celle de Schèele. Lavoifier
répond à cette difficulté de Kirwan par le réciti
d une expérience exade faire fur la décompofi-
tion de l’-eaupar le fer 5 il obferve que quand
on obtient de l’air fixe pendant la combuftion
di^ gaz inflammable par l’air pur, c’eft qu’il 7
a du charbon dans le mélange ; que fi le fer décompofe
1 eau a froid , & que le charbon ne
le fafle pas , c’eft que cette anomalie dépend
en généra] de ce que le charbon n’enlève qu’àl
chaud à tous les corps la bâfe de l’air pur.
La fection troisième eft deftinée à l’acide vi-
triolique. M. Kirwan y raffemble une fuite de
faits à laide delquels il veut prouver que le
foufre eft^ compofé d’un radical uni au phlogiftique
ou à la bâfe du gaz inflammable , & que
1 acide vitriolique contient le même radical combine
avec 1 air fixe, c’eft-à dire avec l’air viral I
I S“ * s'e? emparé de fon phlogiftique. Lavoifier
fait -voir que l’auteur eft d’accord avec les chi-
miftes françois fur l’union de la bâfe de l’air
vital au foufre, qu’il regarde comme nécefiaire
pour le convertir en acide vitriolique, puifque
dans fon opinion le phlogiftique ou la bafe de
l’air vital refte dans la combinaifon ; feulement
M. Kirwan ne-s’en tient pas, comme les chimiftes
françois, à la conféquence immédiate , mais il
admet l’union de la bâfe de l’air vital avec Ja bâfe
de l’air inflammable , formant l’air fixe qui fe
combine enfuite avec le radical du foufre. Mais
pour étayer cette opinion plus embarrafteè &
moins Ample que celle des chimiftes françois,
[quoiqu’elle foit fondée fur les mêmes faits , il
■ eut fallu démontrer dans le foufre la préfence
Ide la bâfe-du gaz inflammable ; il eut fallu prouver
que la combinaifon de l ’air pur avec la bâfe
Ide l’air inflammable, formoit l’air fixe, & ni
[l'un ni l’autre de ces réfultats n’eft donné par
[l’expérience. L’invention du phlogiftique n’a été
[faite que pour expliquer la chaleur & la lumière
5 & cette explication une fois tirée de
[réfultats plus fimples & plus clairs , il n’eft plus
[befoin de phlogiftique. Dans l’hypothèfe de M.
[Kiwan, la théorie de Stahl eft contredite , puif-
qu’il n’y eft plus queftion du dégagement du
principe inflammable pour la combuftion du fou-
Ifre, & c’étoit uniquement en cela que confif-
i toit cette théorie. La plupart de fes expériences
nouvelles fortifient la nouvelle doàrine ;
l'acide vitriolique formé par la diftillation de
la chaux de mercure rouge avec le foufre, eft
; du au paffage de la bâfe de l’air vital du premier
de ces corps dans le fécond. Le peu d’air fixe
! obtenu eft dû à l'atmofphère , où les chaux de
mercure le puifent conftamment quand on les y
laiffe expofees quelque tems ; ce dégagement
prouverait encore contre M. Kirwan, puifque
dans fon hypothèfe, l’air fixe devroit relier dans
‘l’acide- vitriolique. -L’expérience du foufre qui
décompofe la chaux de fer rouge, & qui la rend
difloluble dans l’acide du nitre , ne contrarie
pas les affinités du principe oxygine admifes par
Lavoifier ; car il n’y a ici qu’une portion de ce
principe, & non toute fa quantité enlevée , &
'l’on fait que les diverfes proportions d’oxygine
fixées dans les corps, y tiennent avec différens
degrés de force.
La feétion quatrième , qui traite de l’acide
nitreux,/eft la plus longue & la -plus détaillée
de tout l’ouvrage .; c’eft celle dans laquelle les
difficul tés & les objedions de M. Kirwan contre
la doûiine pneumatique font les plus nombreu-
fes & les plus fortes ; & cela devait être, parce
qu’en 1784 l’hiftoire de cet acide n’étoit ni auffi
complette , ni auffi clairement expofée dans cette
doélrine qu’elle L’a été depuis. On va voir qu’elle
ne l’étoit pas mieux dans l’hypothèfe du phlogiftique
, & que malgré la découverte de fa formation
par M. Cavendish, cette hypothèfe n’ é-
toit rien moins que propre à diffiper les obfcu-
tités & à lever tous les doutes qui exiftoient
encore par rapport à cet acide. M. Kirwan tire
principalement fes obje&ions dans cet article
fte l’analyfe énoncée par Lavoi f i er& de la
grande quantité d’air vital non fufceptible de fe
combiner avec la portion d’air nitreux que ce
chimifte avoir obtenu. Mais il faut remarquer
que le travail de Lavoifier ayant été fait plu-
feurs années avant la découverte de M. Cavendish
, il lui étoit impoffible de favoir d’où
provenoit l’air phlogiftiqué qu’il tiroir de la
décompofition d’ une partie du gaz nitreux, &
que telie é to it, fans qu’il pût s’en douter alors ,
la caufe de l’air vital furabondant qui fe trou-
voit dans fon analyfé. Au refte, ce n’étoit que
par tme multitude de fuppofiîions queM. Kirwan
pouvoit arranger fon hypothèfe avec les phé nomènes
que lui- préfentoit l ’acide du nitre : voilà
pourquoi ion article étoit plus embarràfte encore
que ce que les pneumatiftes avoient pu dire
jufque-là de la nature de cet acide. Il'lecroyoic
compofé d’air fixe , d’air déphlogiftiqué , d’air
phlogiftiqué & de gaz inflammable. On va voir
dans l’extrait des remarques ajoutées à cette
feètion par Berthollet , que cette manière~de
confidérer la nature de l’air nitreux & d’éx'pli-
quer ainfî les phénomènes qu’il préfente, n’étoit
qu’une hypothèfe infoutenable , en compa-
- raifon de la lïmplicité & de la facilité avec laquelle
on remplit l’un & l’autre objet dans la
doéh'ine pneumatique. Toutes les idées préfen-
tées par M. Kirwan font fondées , en dernière
analyfe, fut la fuppofîtion que l’air phlogiftiqué
contient du phlogiftique , puifque dans la
compofition artificielle de l'acide du nitre , M.
Cavendish l’a obtenu phlogiftiqué , c’eft-à-dire,
furchargé de gaz nitreux ; or , ce dernier gaz
eft chargé de phlogiftique , puifque l’acide nitreux
déphlogiftiqué le fouf.e & devient gaz
nitreux ; il faut donc recourir aux preuves de la
préfence du phlogiftique dans le foufre , & ici
M. Kirwan ne cite que fon traitement par l’acide
du nitre pour y prouver cette préfence 5
ainfi toutes fes preuves fé réduifent à dire
que le gaz nitreux contient du phlogiftique
parce qu’il eft produit par l’aèlion du foufre
fur l’acide nitreux, & que le foufre en contient
, parce qu’il change l’acide nitreux en gaz
nitreux , il eft évident qu’il n’a prouvé réellement
par aucun fait la préfence du phlogiftique
ni dans le foufre, ni dans l’air phlogiftiqué, ni
dans le gaz nitreux. La petite quantité d’air fixe
qu’on obtient dans le commencement de la décompofition
du nitre par le feu , eft un véritable
accident ; cette décompofition donne en dernière
analyfe de l ’air vital & de l’air phlogiftiqué ,
feuls élémens que M. Cavendish a employés avec
tant de fuccès pour le former ; les corps combuftibles,
en lui enlevant une portion de la bâfe
de l’air vital, le réduifent à l’état de gaz nitreux
; qui ne diffère Ade l’acide que par une
moindre proportion d’oxygine , & auquel on
peut l’enlever tout-à-fait par des métaux & du
foie de foufre , de forte à le réduire en air phlogiftiqué.
Le peu d’air fixe qu’on obtient de la
détonation du nitre avec les métaux , vient de
h plombagine , qui forme avec la bâfe de
l’air vital plus de trois fois fon poids d’air
fixe, au lieu du tiers de fon poids que M.
Kirwan fe contentoit, avec Scheèle , d’y admet-
j tre tout formé : en forte que la différence