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nion de Schèele eft de regarder l'air du feu
ou air vital » comme une efpèce d’acide dulci-
n e , forme par l’air fixe uni au phlogifiique , &
d admettre dans le premier compolé des additions
fucceflives de phlogifiique pour confiituer
Ja chaleur , 1 ardeur rayonnante, la lumière &
lair inflammab.e , faps y comprendre même encore
1 air corrompu , le gaz nitreux , l'acidè nitreux
lui-ineme, que Bergman, en adoptant &
etendant la doftrine de Schèele, compte encore
aw n°!?bre des compofés d’air du feu & de
phlogiltique ; en forte qu’en dernier réfultat
deux matières primitives forment par les différentes
proportions feulement fept compofés dif-
rerens. Mais dans fon mémoire fur la plombagine,
Schèele ' regardoit déjà ce corps comme
u" f ®5îèce d® foiifre formé par l’air fixe 8e le
phlogifiique, tandis qu’ici la même combinaifon
devient de l’air du feu.
Malgré ces défauts , on ne peut cependant
s empecher d admirer dans l ’ouvrage de Schèele
que nous examinons , les defcriptions exaéles &
es obferyations ingénieufes que. les expériences
nu fourmllent, telles particulièrement que celles
qui ombrait a la diflillation du nitre , de fou
acide , de la manganèfe , à la chaleur rayonnante
ou ardeurfortant en ligne droite, par la porte d’un
poete, comparée a la chaleur quj s’élève par-fon
furalU ^ i-JV'0“ 1^ux effets variés de la lumière
iur les diffolutions d argent 8c d 'o r , fur les
chaux de ces métaux 8c du mercur - , fur l’acide
nitreux, fur la lune cornée , 8cc. enfin
celles qui font relatives à for fulminant & fur
le gaz qui s en dégage , 8co. Toutes ces defcrip-
uons font pleines d’apperçus précieux, de ger-
mesde decouvertes, qui font naître une foule
idees a ceux qui les lifent avec l’intérêt 8c 1 attention convenables. Audi l’on ne fauroit trop
enrecommander laleélure aucunes gens qui veulent
etudier a fond la chimie, 8c te livre, ides
recherches deftïnées à la perfeâionner.
Schèele après avoir donné fes idées fur la nature
8c la compofition de la chaleur, deftinées
comme on l a vu à expliquer les phénomènes
de la combuftion & de la néceffité ainfi que de
la dilpantion de 1 air , examine encore les comc
cT Les' air r Chal£alcalis caufnt-irq u3eVs8 C ScJ iflfeésr ecnhtaesu xf umbféttaanl-
liques , lui paroiffent etre des efpèces de fels
neutres dans lefquels la chaleur fait fonüion d’acides.
Lorfqu on calcine le fpath .'calcaire la
chaleur ayant plus d’affinité avec la matière cal-
caire quenen al air fixe, dégage celui-ci, en prend
la place, 8c forme avec la bâfe une fubftance
cauftique ou la chaux ; il en eft de même des
alcalis cauftiques faits par le feu de la
cité donnée I ces fels pg la chauVqut kur communique
fa chaleur ; plus la matière du feu ou
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la chaleur eft abondante au fein de ces corps
j J ; ont.çatiftxques. On teconnoît ici lefvftp!
me de Meyer dont Vacidum pingue ou le ùxw/icm
eft devenu la chaleur, 8c auquel Scheèle réunit b
prefence de ! air fixe dans les cas oppofés à la cauf-
ticite. Lechauffementdela chaux , traitée pa?
les acides ne provient que de la chaleur dé-l
gagee , 8e qui a moins d'affinité avec ce J
terre quenen ont les fubftances acides. Quoique
cette théorie ait de l’analogie avec celle de
Meyer^, il y a cependant une différence, 1 1
fait meme une contradiâion manifefte dans le
idees 8c que Lavoifier a relevée avec beaucoup
1rmairr " 'a - 'Vjn tr Scheèle I h c,«leur eft un
compofe d air du feiy 8c du phlogillique , c’eft.
& d!ren.’ ll" aclde f urdulcifié , puifque l’air du
feu eft déjà un acide dulcifié par le phlogif
tique , la chaleur eft donc une forte de corps
neutre qui loin de fe combiner à la manière
des acides, devroit plutôt s’unir aux fubftances
alcalines a la maniéré des foufres.
Schèele, fuit la marche de la chaleur dans les
combinaifons où elle change de bâfe , & en fait
alors une férié de véritables hypothèfes ; c’eft
ainfi qu il explique la décompofition du favon
par les acides; ceux-ci en s'unifiant à l'alcali . fépa-
rent i huile qui s'empare de la chaleur dégagée
de f alcali , & qui par cette combinaifon avec
f e - f s a s .c^ange de nature , fe rapproche des
huiles efienuelles , & devient fufceptible de s’unir
a 1 efprit-de-vin.
Quant à l'air inflammable, il eft formé de
lumière 8c de phlogillique , c’eft-à-dire, d’air
u? ’ ■<îi,-ar®e d ah°r<l des 4 diverfes portions de
phlogiltique qui conftituent l’air du feu, la chaleur,
l'ardeur rayonante, la lumière, 8c de plus
d une cinquième 8c dernière dofe de cet'.élé-
ment, qiu l’amène à l’état d’air inflammable. Dans
la produétion de ce gaz par les diffolutions métalliques
1 acide fournit la chaleur 8c le métal
le phlogiltique j les alcalis cauftiques en don-
nent avec les métaux , effraifoh de la .chaleur
qu ils contiennent ; c’eft pour cela encore qu'on
obtient fuivant lui , des alcalis cauftiques traites
par le charbon dans des vaiffeaux clos ;'il
obferve qu alors les alcalis deviennent effervef-
cens. A cette occafion , Schèele obferve !q;üé
les charbons chauffés feuls, donnent de l’air
méphitique & un peu d’air fixe , quelquefois
meme de 1 air inflammable, qui tient de la ma-
tiere du charbon en diffoiution ; il expliqué ces
produirons du gaz par la préfence de l’alcali
fixe dans les charbons; fi ces explications font
embarraffees , vagues 8c fans preuves , au moins
faut-iJ convenir que les expériences font inté-
reffantes, 8c qu’elles ont devancé la théorie
8c les decouvertes françoifes, fur la décompofition
de 1 eau, qui feules, ont pu en donner la clef,
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en faire bien concevoir le rapport , la caufe
& les divers phénomènes.
Schèele termine fon ouvrage par des détails
très-intérefi'ans fur l'air puant du feufre, ou le
gaz hépatique de Bergman ; il retire le gaz des foies
de foufre faits avec des alcalis cauftiques, du charbon
Sc de l'huile chauffés avec le foufre, d’un
mélange fondu de limaille de fer & de foufre ,
traités par les acides qui Je dégagent avec une
vive efrervefcence ; ce gaz examiné avec, foin
par Schèele,’ lui a préfenté avec l'odeur fétide
qui le caraétérife , la propriété de fe di(foudre
dansl’eàuj d'éteindre les lumières , de s'enflammer
lorfqu'il eft mêlé avec une certaine
quantité d'air atmofphérique , de laiffer précipiter
du foufre fur lés parois du vafe où ôn le
brûle. Il lé regardoit comme un compofé de
foufre, de chaleur & de phlogifiique. Bergman
en adoptant cette théorie fur la nature du gaz
hépatique , a particulièrement infifté fur les
eaux naturelles qui en étoient chargées }
il en a étudié avec foin les propriétés j
il a donné des préceptes fur leur analyfe &
des procédés utiles fur leur imitation. C ’eft
encore aux chimiftes françois qu'eft due la con-
nôiffance exaéle de ce gaz. Gengembre a fait
voir en 1783 qu'il étoit formé de foufre diffous
dans lé gaz inflammable ; nous reviendrons plus
bas fur la nature & les propriétés de ce fluide
élaftique.
Telles font lés théories propofées dans le Nord
par deux hommes de génie , dont l'afcendant &
les* lumières auroient infailliblement entraîné
tous les efprits 3 fans la révolution qui s’opéroit
en même-temps en France, & qui attira bientôt
tous les efprits 3 d’abord pour la connoître 3
& enfuite pour la contredire ou la combattre ,
enfin pour l’adopter & en acroître la force par
la mafle des expériences qui y furent fucefifive-
ment ajoutées 3 autant que par la viteffe avec
laquelle les découvertes fe font fticcédées.
Parmi tous les changemens que la connoiffance
des fluides élaftiques exigea de la part des phyr.
ficiens, aucune théorie ne préfentoit un enfem-
ble plus complet, un afpeét plus féduifant que
celle de Bergman & de Schèele t & voilà pourquoi
elle a fervi dé modèle pendant plufieurs
années aux diverfes modifications que plufieurs
chimiftes proposèrent} car on devoit s’attendre
que dans l’incertitude où fl ott oient Tes fi vans ,
une foule d'idées différentes, de théories variées,
feroientpréfentées à la difcufiion, & au choix des
hommes inftruits jufqu'à l’époque où devoit fe faire
une réunion remarquable pour celle de Lavoifier.
Nous l'avons déjà dit plus hautj il feroit fu-
perflu & même faftidieux, d’offrir aux Ieéteurs
la fuite de toutes les opinions/de toutes les
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théories qui fe font tour à tour produites, combattues
oc détruites > il faudroit pour cela
entrer dans des détails qui éloigneroient du but
principal que nous voulons atteindre. Il eft
donc luffifant de rendre compte de celles qui
ont eu plus de fuccès , foit par le grand talent
de leurs auteurs, foit par la généralité de leurs
applications j il ne faut infifter que fur celles
qui ont balancé pendant quelque rems la
doctrine pneumatique, & dont toutes les théories
particulières , Sc en quelque forte individuelles
, ne doivent être confidérées que comme
des modifications , des développemens ou des
émanations. Parcourons donc rapidement les
faites de la fcience chimique depuis, le premier,
éclat répandu par les idées & les expériences
de Lavoifier , depuis l’attaque - décidée qu’il
porta à la théorie du phlogillique, jufqu’à l’époque
de la nomenclature chimique , où- la doctrine
pneumatique, aflîfe fur des bâfes devenues’inébranlables,
fut adoptée par un grand nombre
de favans, & marquons dans cet efpace de quelques
années les difeuflions les plus Taillantes,
Tes objections les plus fortes, les réfiftances les
plus notables , en un mot , les difficultés les
plus grandes qui font forties, contre l’établiffe-
ment de cette doétrine, du fein des travaux les
plus recommandables & des expériences les plus
décifives dont cette période a été l’époque.
De 1777 à 17S5:, malgré les grands efforts &
lès nombreux mémoires de Lavoifier , il étoit
bien véritablement feul dans fon opinion fur
T’exclufive influence de lVir dans les opérations
naturélles ; tout en admettant la bâfe de fes expériences
& la vérité de fes refultats, les chimiftes
, témoins de leur exactitude & de leur
mérite , ne renonçoient point encore à l’exif-
tence du phlogiltique ; & la théorie qu’ils fui-
voient dans leurs ouvrages , leurs , mémoires &
leurs démonftrations, n’étoit toujours qu’un accord
plus ou moins forcé entre celle de Stahl
& l’aCtion de l’air. C ’étoit pour les bons efprits ,
pour les têtes les plus froides Sc les plus èxer-
cées à la culture des fciences , une forte de
neutralité qui réfiftoit non aux découvertes ,
mais au renverfement total de l’ancien ordre
d’idées > ce parti fage attendok pour adopter un
changement total, une victoire encore plus dé-
cifive fur la marche de la nature , & il devoit
ne la trouver qu’à l’époque de la décompofition
& de la recompofition de l’eau.
Quoique cette dernière découverte , une 4es
plus brillantes qui puiffe honorer l’efprit humain
, ait du lever les doutes Sc diffiper les incertitudes
d’une grande partie des chimiftes, il
s’en eft cependant trouvé quelques-uns qui ne
fe font point encore rendus, qui ont même tiré
de cette étonnante expérience de nouveaux fu