terminée ou à im froid donné , qui dans le corps
des animaux eft. fluide élaftique , dont faction
médicamentcufe carminative tient certainement
à cette propriété. L’efprit de vin , plongé
dans un bain chaud à 80 degrcs du thermomètre
, prend auili la forme 'à'ajf 'j mais l'expérience
eft plus difficile , à capfede la température
brûlante nécc flaire : l'air eft moins inflammable que
celui qui eft formé par l'éther. L’eau elle-même
renfermée à la dote de deux gros au - deffus
d’une cloche pleine de mercure , placée dans une
petite jarre qui la porte, & fufpsndue à l'aide
de fils de fer qui enveloppent tout l’appareil, le
tout étant plongé dans un bam d'eau falée ou
d'eau mère du nitre , portée à 95 degrés de
température , l'eau devient fluide élaftique, &
fait bailler le mercure en rempli flan t la cloche ;
elle refte fous cette forme tant qu'elle eft ex-
pofée à la température indiquée 5 dès qu'il y
a du iefroidiflement, elle fe condenfe & ne
peut plus conferveria forme de fluide élaftique :
de ces obfervarions & des expériences qui les
accompagnent , Lavoifier tire des inductions
générales très-importantes fur l'état de l'atmof-
phère. En iuppofant le globe de la terre échauffé
au - deffus de Veau bon. haute, l’atmofphère en
feroit compoiée d'une foule de matières actuellement
liquides , telles que i'écher, i'efprit de vin ,
l'eau; il s'y feroit des combinaifons inconnues;
la preifion augmentée arcèteroit bientôt la va-
.porifation des fluides ; mais beaucoup de folides
àCtuels y feroient liquides. Si , au contraire ,
on fuppofe ia terre très-éloignée du foleil &
fortement refroidie, l'eau & les liquides devenus
folides y formeroient des rochers tranfparens
d'abord & bientôt opaques , l'air deviendroit
un liquide inconnu. Laiblidité, la liquidité &
ia fluidité élaftique font dose trois états des
corps dépendans de la quantité de fluide igné
qu’ils contiennent. Notre atmofphère eft com-
pofée .de tout ce qui peut être fluide, élaftique
aux degrés de chaleur ik de preffion qui exiftent
fur notre globe ; s’il y avoir des métaux plus
fufibles & plus volatils que le mercure , ils y
feroient diffons & ïulptndus. Les fluides élafti-
ques doivent s'arranger entre eux dans l'ordre
de leur pefantenr fpécifique, comme ie font les ]
liquides ; l’air inflammable doit par confisquent
occuper le haut de l’atmolphèie , fè Lavoifier
foupconne, à cette occafion, qu'il habite la région
dés aurores boréales, des météores, du
fluide éleClrique : celui - ci lui parok eonftkuer |
une efpèce de combuftion , dans laquelle l'air
fournit le fluide éleCtrique , comme il fournit le
feu dans une combuftion ordinaire. On voit que
e e mémoire eft le complément de plu fleurs faits
tk de planeurs idées analogues , répandus ou
annoncés dans ceux qui précèdent.
pans le fuivant, qui a pour titre : Sur un
procédé particulier pour convertir le phofphore en
acide phofphorique fans combuftion, il confiime ce
qu'il a déjà avance fur la formation de cet acide
par le phofphore & la bafe de l’air pur , & il
fait un pas de plus dans i'hiftoire des affinités du
principe oxygine. Le phofphore , dit-il , peut
le combiner avec ce principe fans dégager de
flamme & fans offrir de combuftion fenfibie,
s'il enlève l’oxygine à un corps où il eft déjà
fixé : c'eil ce qui a lieu en le traitant par l'acide
nitreux non concentré. Deux livres de cet acide,
pefant un tiers plus que l'eau, ont été mis dans
une cornue de verre tubulée , placée fur un bain
de labié ; borique l'acide a eu acquis 45 degrés
de température , Lavoifier y a jece par ia tubulure
du phofphore qui s'y eft fou au, y a produit
une effervescence vive & en a dégagé du gaz
nitreux & de l'acide très-coloré > deux onces
fept gros de phofphore ont fuffi à la décompo-
fition des deux'livres de cet acide nitreux , & fe
font converties en huit onces d’acide phofphorique
épais comme de la térébenthine j ces huit
onces coiitenoieut, fuivant Lavoifier, les deux
onces & demie de phofphore , trois onces &
demie d’oxygine enlevé à l'acide nitreux & deux
onces d'eau : il obferve au refte que cette efti-
mation n’eft qu'approximative , mais que le phénomène
eft beaucoup plus facile.. & beaucoup
plus fimple à expliquer dans l'hypothèfe qu'il
a propvHee , non-feulement, que dans c/lle de
Stahl, qui feule étoit dès-lors généralement reconnue
ne pouvoir plus fufiïre , mais même dans
la théorie du phlogiftique aidée de celle de l'air,
que plufieurs chimiftes cherchoient-alors à lier
l'une à l'autre.
Nous avons déjà remarqué qu’un des principaux
traits de I’hiftoire de la chimie moderne ,
& de ia révolution que Lavoifier y a produite
en Fiance , devoir être rapporté à la conquête
de i'etprir & de la méthode des géomètres
qu’elle fit à l’époque de la découverte &. de
l'examen des fluides élaftique* , Se que Meunier ,
Coufin, la Place & Monge avoient principalement
contribué à rapprocher ces deux lciences.
C'éft par ce genre de travail que Lavoifier fentit
la pénibilité de faire faire un grand pas à la
chimie , & particulièrement à la théorie de la
matière de la chaleur. Il s’étoit réuni pour
faire une fuite d’expériences importantes fur la
marche & les ioix de communication de paf-
fago & d’attraction de cette matière avec la
Place , &' pour ajouter aux travaux de Black,
Irwine, Wiike , Crawford, qui s’étoient déjà
occupés avec un grand fuccès de cette partie
de la phyfique. On reconnoît dans le mémoire
fur la chaleur , iu par Lavoifier & la Place à
l’académie le 18 juin 1783 3 & placé parmi les
mémoires de 1780 en retard d’impreffion à cette
époque, la marche géométrique^ & l’ utilité
* des applications des mathématiques , 5c de F analyse
a la théorie chimique. Nous ne donnerons
point ici un extrait détaillé de ce mémoire qui
n’eneftpas fufcepcible;, nous en ifolerons fut-tout
les calculs au-deffus de la portée des hommes qui
cultivent la phyfique & la chimie ; nous nous
contenterons d’en expofer les principales con-
clufions , & les points les plus neufs' de la théorie
qui y eft expofée. Ce mémoire , réfultat des
expériences' faites dans l’hiver de 1781 , comme;
nous 1 apprend la Place, qui en eft le rédacteur,
eft divife en 4 parties. La première eft deftinée à
l’expofition d’un nouveau moyen- pour mefurer
la chaleur, qui, comme tout ce qui eft fufeep-
tib’le d’augmentation ou de diminution , eft fou-
mife au calcul. Pour le faire çonnoître, les auteurs
commencent par définir les mots chaleur , chaleur
libre, chaleur combinée, chaleur fpécifique,
capacité de chaleur; ils fuppoferit la poffibilité
de l'une ou de l’autre,.ou même de la fimuîta-
néité dès deux hypothèfes admifes fur la nature
de ce phénomène par les phyficiens ; fa voir fon
exiftence cemme corps, ou fon aétion comme
modification du mouvement inteftin de leurs
molécules, ou réunion des deux ; l ’une ou l’autre
de ces théories n'influe point fur lès ré-
fultats 5c lés données de leurs expériences; ils
prefentent en effet un principe commun aux
deux hypothèfes , & également vrai dans toutes
deux. Si dans une combinai fon , difent-ils , ou dans
un changement d’état quelconque , V y a une diminution
de ckaleàr libre cette chaleur reparoîtra
tojite entière , lorfqüc les fuhfiances reviendront a
leur premier état ,* & réciproquement , ft dans la corn-
binaifon ou dans le changement d'état il y a une
augmentation de chaleur libre , cette nouvelle chaleur
dijparoitra dans le retour des f i ’ftcmces' a leur état
primitif, ils généralifent encore ce principe de la
maniéré fui vante. Toutes les variations de chaleur,
foit réelles , fait apparentes qa éprouve un fyftéme
de corps , en changeant 'd'etat , fe reproduifent dans
ordre inverfe, lorfque le fyftême repàfe afon premier
état. Ils examinent les procédés qu'on a fuivi*
avanr etix, pour connoître la quàntité de chaleur
contenue .dans les, corps, 8e fpécialemeBt
lùf mil rrin/îfl-(S > l ' J-.. ri.ClJ.i-...
în%
.,......
fis font voir que cette méthode . ne peut
point avoir lieu pour des matières qui fe corn
binent ou fe décomp'ofent, & qu'ôn ne peut
j employer que pour celles qui ne font que fè me
ter , lahs exercer réciproquement d'aâions chimiques,
cedllui qui confifte à'mêler des fubffdnces inégale-
ont chauffées, & à calculer la capacité de chacune
~ après la température nïoyenne queTôn Obtient;
& en coredans le; dernier cas, ya-t-il un grand
nombre d’inconvénierts dans la pratiqué; lë rnë-
tange entre des matières d'une denfité trës-diffé-
rentè eft difficile à faire; la chaleur dérobéê pat les
vates 8c l’atmofphère exigent un calcul délicat,
iujet à erreur ; cette méthode ne peut s’appliquer
aux combinaifons ' ni à la combuftion.,-
Chimie. Tome III.
ni à la refpiration. Ils ont imaginé que fi Fos
pouvoir fe procurer une fphère de glace aiTez
épaifle pour que l’air extérieur d’uns température
•fupérieure n’agît que très-lentement fur quelques
couches légères de fa fur face, & lai fiat dans
fon état permanent la plus grande partie de
fon épàiffeur , puis pratiquer au centre de cette
fphère une cavité aflez grande pour pouvoir y
expofer dés corps échauffes ", des mélanges pro-
duifant ou dégageant de la chaleur, des corps
en combuftion , des animaux en refpiration ,
tous ces procédés agiflant parla chaleur libre
fur la furface intérieure, fondraient des quantités
de glace proportionnelles à celle de la cha-
leur dégagée, & qu’ainfi l’on auroi't un terme
de comparai fon entre les quantités de chaleur
contenue dans chaque corps, ou dégagée dans
chaque phénomène. Cette idée a été réaliféepar
l’execution d’une machine ingénieufe, formée
1*. d’une capacité intérieure, ou d’un grillage
de fil de fer , repréfentant une efpèce de laboratoire
, ou font expofés au vefroïciifièment les
corps & les mélanges dont on veut mefurer la
chaleur ; z° . d’une capacité moyenne placée au-
dehors & autour de la première , deftinée à contenir
la glace fondue par le corps mis en expérience
; cette capacité porte vers le bas une
grille & un tamis fe termine par un cône 8z un
tuyau , qui condûifc-nt l’eau fonduë dans un vafe
placé fous la machine ; 3 0. d’une capacité extérieure
, portant la glace deftinée à fervir de barrière
à la chalèur de l’air & des corps environ-
nans, te dont l'eau fondue eft foigneufem’ènt Tépa-.
rée de celle de la capacité moyenne. Un fceau
de tôle , un marras de verre , un cylindre creux
pour foutenir celui- ci font les appareils qui fervent
à expofer les c®rps à fe refroidir dans la cavité
moyenne; un couvercle qui termine bien et He-
ci par le haut, la (oumet au (fi par ce point à îa
glace de la cavité moyenne qui elle mémo eft
défendue de l’aéhon fondante de l’atmoiphère
par un autre couvercle', portant de la ghee ,
& fai fan t continuité de la capacité extéiieure.
On ne doit opérer ni avec de la glace plus froide
que o , pi dans une faifon ou un local dont la
température foit au-deflous de ce terme fixe.
Quand il'faut rënouveiler l'air dans cette machine,
comme cela a lieu pour les expériences
fur la combuftion & la refpiration , on l’introduit
par un petit tuyau pratiqué dans les deux couvercles
, & communiquant avec la capacité intérieure
ou le laboratoire. .
C ’eft avec cette ingénieufe machine , nommée
depuis ca lo r im è t r e la Place & Lavoifier ont fait
les expériences fur la chaleur qu’ils décrivent
dans lefecond article de leur mémoiVe. Pour rap- -
porter la chaleur fpécifique des corp à celle de
Feau, ils commencent dans le récit de ces expérien-,
ces par énoncer que la c h a le u r néceffaire p o u r f o n d e s :