
nitreux , ou l'air nitreux., a befoin d'air pour redevenir
acide du nitre ; .-l'acide •fpnthiqûe eft
fuivant lui un acide particulier digèrent réellement
de tous les autres. En général c-étte fécondé
partie, prefqu'entièrement théorique , ne
paroît deftinée qu'à faire ’accorder lés nouveaux
faits connus à cette époque , & fur-tout ceux
découverts par Prieftley avec la fcience telle
qu'elle étoit profsffée alors & avec la doéirine
dé Sthal.
C ’étoit la même idée & le même deflfein ab-
folurnent qui gui doit aufii dans le même temps
l'efpvit & la plume de Guyton Morveau, pro-,
feffeur de.chimie à Dijon, lorfqu'il fit inférer,
en mai 1776 , dans le journal de phyfique un
mémoire fous le titre de Conciliation des principes
de Sthal avec les expériences modernes fur C air
fixe 3 dans lequel il vouloit en effet accorder
les découvertes récentes avec la doctrine du
phlogiftique, à laquelle Bayen venoit d'entrevoir
qu'elles dévoient porter atteinte, & que
La voilier fe propofoit dès-lors ■ d'attaquer & de
renverfer. Des rapports ingénieux entre des
faits oppofés, des réfultats. heureufement comparés
, des analogies habilement établies', une
grande finelfe de raifonnement, & une clarté
remarquable de ftyle & d'idéês , caraêlérifoient
cette production de Guyton» qui devoit, ainfî
que la differtation de Berthollet, & la nouvelle
édition, du dictionnaire de Macquer, retarder
la chute de la théorie du phlogiftique & l'ad-
miflion de la théorie pneumatique. Cependant
en lifant attentivement le mémoire de Guyton ,
on devoit dès-lors fentir la foibleffe réelle des
moyens qu’il employait, puifqu'ilconfondoit fous
le nom commun d'air fixe les divers fluides
élaftîques déjà connus & diftingués, puifqu'il
regard oit, par exemple, comme un feul & même
corps le principe fixé dans les chaux métalliques
& celui qui eft uni à la chaux & aux alcal is
dans leur état effervefeent. Au refte dans line
hiftoire ou l'on peut fuppôfer à fen auteur
un intérêt particulier, & ou l'on peut crGÎre
que le defir' de foutenir fôti opinion peut modifier
& altérer en quelque forte celle des autres,
l'intérêt plus cher de la vérité exigé qu'on ne
porte point atteinte aux idées des contradicteurs
für-tout) c'eft pour cela, & afin qu’on con-
noifleavéc certitude les oppofitions , les objec^-
tions qui ont été faites, même par les plus habiles
cnimiftes, a la théorie pneumatique du moment
où elle ne faifbit que de naître, qu'il eft b on,
qu'il eft néceffaire même de Configner ces objections
ou ces difficultés dans leur entier , & cela
fera d'autant plus utile par rapport au mémoire
de Guyton que cet habile phyficien , auteur dû
premier volume de ce diéiionnaire, dans la plus
grande partie duquel il adméttoit encore la doctrine
de Stahl a bientôt après-renoncé d'une
manière authentique, en annonçant que les découvertes
modernes accumulées ne lui permettaient
plus ni de foutenir déformais l'enfemble de deux
théories qui Te repouffoient .'mutuellement, ni
de refufer une entière confiance à celle des modernes
qui expliquoit tous les farts avec une
fimplicite. Sc une facilité qu'on cherehoir en-
vain dans l'ancienne. G?eftr rendre fa victoire de
la doCtrine pneumatique plus "'éclatante & plus
durable, que d'expofer dans toute leur force,
& de décrire dans toute leur vérité f les combats
qu'on lui a livrés. Voyons donc -comment
Guyton s'exprimoit au mois de mai 1776,
fur l'accord prétendu des faits nouveaux avec les
principes de Sthal.
« « L'exiftence d'un fluide élaftique dégagé de certains
corps, fes. propriétés. reconnues & déterminées
par les expériences de Black, Prieftley,
Lavoifier, $cc. ont paru démentir les principes
de Stahl fur quelques points effentiels ; & ces
contradictions apparentes ont laiffé une forte
d'incertitude & de défiance, qui ne peut que
nuire aux progrès de la fcience j’ai penfe, en
conféquence , que ce Teroit rendre fervice à la
chimie , de faire voir que la découverte de l'air
fixe , découverte qui' nous en promet tant d'autres,
n'eft qu'un pas de plus dans la carrière;
que les nouvèaux phénomènes fe concilient parfaitement
, foit avec la doétrine de Stahl fur la
compofition des métaux, foit avec la théorie
des affinités conféquentes à la loi de l'attraélion,
Sc qu'ainfi nous acquérons fans rien perdre de nos
anciennes poffeflions ».
, » Je pou rai, dans un autre temps, donner plus
d'étendue à cette conciliation,, lafuivre & la retrouver
jufque dans les moindres détails des expériences
qui ont été publiées ; mais je me bornerai
à la préfenter aujourd'hui avec les feu!s dé-
veloppemens néceffaires pour me faire entendre ».
;f Les métaux , fuivant Stahl, reçoivent leur
forme, leur folidité, leur duCliiité,, leur éclat,
de l'union de leur terre propre avec le phlogiftique
, qui eft un principe' fluide , très-fubril,
incoercible, & néanmoins capable 4e fe fixer
dans certains corps, qui fe trouve abondamment
dans le foufre, l'huile les charbons , que
la chimie- ôte Se rend prefque à volonté à différentes
fubftances , qu'elle fait paffer de l'une dans
1-autre, qui dans ces partages manifefte toujours
les mêmes propriétés, qui eft par-tout &c6nftam-
ment identique ». Y
» Toutes les expériences, toutes les obfervaticfis
faites depuis ce célèbre chimifte, û'ont fervfqu’à
confirmer ces principes ; tout ce qu'elles ont
appris de plus , c'eft que l'on devoit entendre fous 4e nom do phlogiftique, le feu lui-même ou la
matière pure de feu , telle qu’ elle ptiffe au travers !
des vaifieaux pour revivifier le mercure, telle
qu’elle eft nu foyer des verres, atdens, où le
mercure reprend de même la forme métallique ,
où les chaux de fer reprennent la propriété magnétique
, telle qu'eliq eft probablement,. dans
les effluves, occafionnés par les frotte,mens eleCtri-
qùes, & qui produifent les mêmes effets ; en
un mot, dégagée de tous les véhicules , de
tous les intermèdes groffiers que l'on eft obligé
d’employer dans la réduction de la plupart des
terres métalliques ».
•s* Une autre vérité apperçue depuis Stalh , c'eft
que le phlogiftique n'agit fur les terres métalliques
, que comme un véritable diffolvant, qu’il
%s’umt avec elles , à raifon d'une affinité proprement
dite , qu’il demeure en partie dans le nouveau
compofé, comn$e l’eau de cryftallifation dans
les Tels , & que la maffe qui en réfulte, eft de
même fufceptible de prendre une forme-' régulière
, en partant à l’etat folide , par l’évaporation
progreffiye Se ménagée de fluide fura-
bondant ».
ï
» Jufques-li , il eft évident que l ’on n'avoir fait
qu'ajouter à la découvértc de Stahl, en étendre
les conféquences , en fuivre les analogies, Se la
rallier, pour aihfi dire, à un fyftême plus général,
qui fembloit devoir la mettre déformais à l’abri
de toute contradiction- Mais tous ceux qui cultivent
cette fcience É fans autre prétention que
d’en voir reculer les bornes , conviendront de
bonne foi que les expériences -modernes fur l'air
fixe, oàt confidérablement ébranlé cette doc-
taine ; car , fi , à force de multiplier & de varier
les procédés les plus ingénieux, on eft parvenu
à vérifier que les métaux expofés à la calcination,
abforbent Se s’approprient une portion
d’air d'une nature particulière , les conféquences
naturelles font que l’air n'eft pas feulement né-
ceflaire à cette opération , comme agent më-
chaniquè , que l'état des chaux métalliques n'eft
pas dû à l'abfence du phlogiftique; bien plus ,
qu’eft-ce que cette union de l’air fixe & de la
terre métallique? par quel moyen conçoit-on
qu'elle puifle s'opérer entre deux matières, dont
l’une refte conftammèntfous forme pulvérulente ,
grofliere, incapable de devenir homogène avec
un -fluide 2 y a til donc des combinaifons de
deux fubftances fans équipondérance , fans attraction
d’affinité, fans diffolution I Comment
•enfin concilier des faits .fi étranges avec l'explication
fi Ample , fi palpable de la marche.univoque
de la nature dans tout le refte des opérations
chimiques ».?
çoit d'une ruine prochaine la-plus belle partie-
de l’édifice de nos connoiffances ; mais tandis
que j’étois livré à cette inquiétude , j'ai cm
appercevoir des rapports & une analogie marquée
entre ces mêmes phénomènes, &■ une infinité
d'autres opérations, dont la théorie a paru
julqu'à ce jour la moins embarraflante , la plus
conféquente aux principes reçus- ; l'examen m'a
de plus en plus convaincu que la calcination fèche,
n'étoit en effet qu'une vraie précipitation , qu'elle
n'en différoit, ou n’avoit paru en différer, que
parce que l'une des principales fubftances qui y
concourent, échappe à nos fens. Si tous les
chimiftes font frappés comme moi de l’évidence
de cette analogie , tout eft concilié: nous n’a-
1 vons plus qu'à fuivre avec confiance la route que
| nous tenons. Je m'explique en peu de mots, &
j’emprunte pour cela un des exemples les plus
familiers dans l'ordre de ceux dont je veux faire la
comparaifon ».
» On fait que l ’acide marin attaque facilement
l'étain , le cuivre, Sec. que l'argent lui réfifte ,
lorfqu’on en veut faire une diffolution fimple ;
au contraire , l'acide nitreux diffout très-bien ce
métal , & fi pendant qu'il le rient en difiolurion,
on y verfe de l'acide -marin, celui-ci s'en empare,
le force de quitter l'acide nitreux , & l'entraîne
fous la forme d'un précipité, que nous
appelions Lune cornée ».
» Rien de tout cela ne nous étonne ; nous concevons
que l’argent réduit par un diffolvant quelconque
en fes molécules élémentaires /peutagir différemment
& efficacement fur les parties de l’acide
marin, que lorfqu'il eft en mafle folide & combiné
avec la matière du feu 5 qu’ il réfulte fans
doute de ces circonftances, des variétés de figures
, qui devenant élémens de difiance, changent
aufli les femmes d'attraÉlion réciproque
qui produifent différons degrés d’affinité. 11 eft
tout fimple que le nouveau compofé fe précipite
tout de fuite dans un état pulvérulent & fans
forme régulière ; on n'a pas imaginé pour cela
qu’il y eut une union fans diffolution, fans flui-
j dite: onadit avec bien plus de fondement, que
le nouveau fel fe précipitoit, parce qu’il étoit
moins Toîuble > que cela n'empêchoîr pas que
l’union ne fe fût faite réellement de molécules à
molécules , & tandis qu'elles étôients lès unes; &
les autres, dans un état de fluidité ; niais que la
cryftallifation étant fubite à raifon de l'infoîu-
bilité, elle ne pouvoit donner que dé'petites
mafles informes & irrégulières , comme toutes
les autres cryftallifations de même genre ». '.
» J'avoue que je n'ai pas vu fans peine ces phénomènes
fe réali fer à mes yeux , tant que je n’ai
pu les envifager que fous cet afpect qui mena-
» Voilà.exa&ement ce qui fe parte dans toute
calcination des métaux , foit fpontauée à l'air ,
foit fèehe, foit humide ».