
nit le gaz oxigène le plus pur que Ton puifle
a,y°?F > & qm «e contient pas un atome de fluide
élaitique étranger ; c'eft celui dont les chimiftes
le fervent aujourd'hui avec le plus d'avantage
pour les expériences de recherches; il eft ab-
entier & fans aucun réfidu par le
pnofphore fondu. Il en a été de même de l'autre
gaz qui compofe l'atmofphère, des moyens de
1 extraire de différentes fubftances où il a été
trouvé comme un de leurs principes conflituans,
ont été beaucoup mutrpliés depuis 1787. Dès
que Berthollet eut découvert que l’azbte fai-
foit partie des fubftances animales, & que'fon
exiftence dans les matières de ce régne étoit un ■
des caractères qui les diftinguoiem de celles du
régne animal , les chimiftes ont eu dans le traitement
de la chair mu feu1 aire par l'acide nitrique
un nouveau moyen prompt & frcile de fe procurer
le gaz azote.Tourcrojr a fait voir qu'on ]*ob-
fcnqit abondamment, par le même procédé, de
fe norme du fang, de F albumine coagulée par le
feu , du gluten végétal , de la chair de poiffon ;
tl a trouvé que ce gaz diftendoit les veflîes natatoires
des carpes j & qu'en ouvrant ces veffies
fous dès cloches pleines d eau ,. on fe procuroit
facilement ce gaz pur. Berthollet ayant fait con-
noitre fe nature de l’ammoniaque & fa compofi-
tion par 1 hydrogène & l’azote , prouvée fur-
tout par la décompofîtion de l'alcali volatil opérée
1 l'aide de l'acide muriatique oxigéné , après
laquelle il refte de l'acide muriatique , de l'eau
& du gaz azote ; Fourcroy a trouvé dans le mode
«e décornpolition un nouveau procédé propre à
obtenir ce ga z, en faifant paflsr le gaz acide
muriatique-oxigené a travers de Fammonïaque
étendue d eau & contenue dans un flacon communiquant
par un fyphon avec l'apnareil pneumato-
chimtque.
C'eft dans le phénomène même de la eom-
buftion & dans 1 influence de l'air fut ce beau
phénomène , que quelques chimiftes allemands
ont puifé, depuis quelquesannées, de nouvelles
©bjeéfions contre la doétrine 'pneumatique , &-
c eft d après des obférvations relatives à ces
ebjeéfions mêmes , qu’ils ont propofé une théorie
nouvelle, dont on-a indiqué ci-deffus l’exif-
tence. M. Goëttling , profeffeur de chimie à
Jena en Saxe , ayant fait en 179^,des expériences
fur plulieurs corps eombuftibles mis en contaél
avec le gaz oxigène, le gaz' a z o t e l'a i r atmef-
phérique & d'autres fluides élaftiques;, fut fur-
tout frappé de ce que ce phofphore n'étoit pas
lumineux dans le premier, tandis qu'il l’étoit au
contraire beaucoup dans le fécond. MM. Lemps
& Lampadîus affurèrent enfuite que le phofplvore
brûlé dans l'airatmofphérique, laifToit pourréfidu
du gaz oxigène. M. Goëttling publia à Weimar, en
r794> i|n ouvrage en allemand ayant pour titre : Ob-
fervauensten danses a vérifier le nouveau fyftême, fandées
fur des expériences. Dans cet ouvrage il pré.
ft " temUne théorie qui eft l’inverfe de celle des
chimiftes François, par rapport à la nature des
fluides élaftiques , mais qui admet toutefois les
mêmes explications vraiment tenverfées , comme
nous allons le voir. Suivant M. Goëttling , le I
calorique & la lumière font deux corps Amples;
différens 1 un de fa litre, tous deux en état de
fluides élàftiques. L’union de la lumière avec
l’oxigène forme le gaz azote , & celle du calo- I
rique^avec la même bâfe forme le gaz oxigène
ou 1 air viral. Ain fi les déux gaz atmofphé-
ri.ques rie diflFèrent dans le fyftême du profef-
leur de Jena que par leur diflolvant 8c non par |
leur bâfe * c’eft exa&ement l’inverfe de la théorie
françoife. Le feu , fu’vant ce chimifte, eft
un compofé de lumière & de calorique. La lumière
eft contenue dans prefque tous les corps-*
c eft elle qui , avec des radicaux particuliers |
forme le foufre ,_.le phofphore , le charbon &
les métaux 3 appelés des corps fimples par les
chimiftes françois j elle-eutre encore dans la com-
binaifon du gaz hydrogène 3 du gaz nitreux 3 du |
gaz ammoniac , des alcalis & des terres. Le gaz
nitreux eft particulièrement formé par l’union de
l'oxigène , de la lumière 8c du calorique j le gaz
hydrogéné eft celle de la lumière avec le radical
de 1 hydrogène 8c du calorique. D’après ces
premières données 3 la combuftion s'explique par
une double affinité. Le radical ou phofphore
s’unit avec l’oxigène ou la bâfe du gaz azote,
tandis que la lumière que contrent ce gaz fe
combine avec le calorique du même ga z , &
forme le feu. Le phofphore luit dans le gaz
azote 8c ne luit point dans le gaz oxigène ou l’air
vital des chimiftes françois , parce qu’à une baffe
température fon affinité pour la lumière eft plus
grande que pour l’oxigène > & que d’un autre
coté celle de l’oxigène pour le calorique , toujours
à une bafte température , eft plus forte que |
pour le phofphore. Le phofphore luit dans le gaz
azote fans que fa température s’élève* ce n’eflr
donc point une vraie combuftion * puifqu’il ne
fe dégage point de calorique. Cependant, comme I
le phofphore fe convertit en acide , il faut qu’il
trouve de l’%xigène , & il ne peut le prendre
que dans le gaz azote ; il ne fe dégage ici que
de la lumière, & même celle qui étoit combinée I
dans le phofphore ; de-Ià l’éclat très-vif dont
brille le phofphore dans ce gaz. Quand on met
du phofphore dans l’air atmofphérique, il y luit
également *‘friais alors il y a dégagement de chaleur
fenfible au thermomètre , parce que non-
feulement le gaz azote ; mais encore le gaz oxi-
gene eft décompofé. La lumière a plus d’affinité
pour l’oxigène que n’en a le calorique * c’eft
pour cela que dans quelques-unes des expériences
de M.^Goëttling,'le gaz oxigène eft, dit-il,
décompofé par la lumière A 8c converti en. gaz
azote».
Voilà une ébauche du fyftême du profeffeur
de Jéna. On voit qu’ il diffère de la doctrine
pneumatique par la manière dont il confidère
l’identité de bâfe entre le gaz azote 8c le gaz
oxigène , 8c qu’il eft Ipécialement fondé, i° . fur
la lueur donnée parle phofphore dans le gaz
azote 3 tandis qu’il refte obfcur à froid dans le
gaz oxigène > i° . fur la converfion du phofphore
en acide dans le gaz azote j fur la converfion
de l’air vital en gaz*azote par la lumière.
Mais fi ces faits ne font point exa&s, s’ils proviennent
de quelqu’erreur dans les expérièrrees,
fi l’on peut démontrer cette erreur, on prouvera
en même tems que la théorie fingulière à
laquelle ils ont conduit fon auteur , n’a nul fondement
, & c’eft ce qui réfulte des expériences
faites par les chimiftes français.
Auffirtôt qu’ils eurent connoiffance de l’ouvrage
de M. Goëttling, vers les premiers mois
de l’année 1796, pluüeurs d’entr’eux s’empref-
ferent de répéter les expériences du chimifte.
faxon. Berthollet fe préfenta le premier dans
cette carrière. Il lut en p'iuviôfe an 4 ( février
179^ 5 ^ l’inftifut national des' obférvations fur
les propriétés eudiométrique.s du phofphore, dans
lefquelles il expliqua les effets obfervés par les
chimiftes allemands , 8c détruifit de fond en
comble foit les objections qu’ils en avoient tirées
contre la doCtrine pneumatique , foit la nouvelle
théorie qu’ils avoient cru devoir lui fubftituer.
Voici les expériences, faites & décrites d’abord
par Berthollet.
Le phofphore mis dans du gaz azote obtenu
de l’ammoniaque décompofée par l’acide muriatique
oxigené 8c bien lavé , eft-lumineux dans
l’obfcurité , 8c forme une vapeur ou fumée blanche
au jour. Ce phénomène y dure moins loçg-
tems & y e ft moins énergique que dans l’air atmofphérique
qui l’entretient jufqu’à l’entiere ab-
forption de l’oxigène. Si dans 1 air atmofphérique
où le phofphore ne luit plus , on fait paffer du
gaz oxigène,, le fluide phofphorique redevient lumineux.
Ce corps combuftible plongé dans l’air
vital pur, ne prélente ni lumière, ni diminution
de volume à une baffe température. Il explique !
ces expériences de la maniéré fuivante : le gaz
azote^ aiffout le phofphore qui n’eft pas diffo-
luble immédiatement dans l’air vital froid. La
combuftion lente du phofphore dans l’air aemof-,
phérique n’a lieu que parce qu’il eft d’abord dif
fous dans le gaz azote, 8c par l’aélion que le
gaz oxigène exerce à mefure fur cette diftohi-
rion gazeufe. AinfiNlorfqu’ on fait paffer de l’air
vital dans du gaz azote où du phofphore a fé-
journé, il fe produit de la lumière jufqu’à ce
que tout l'oxigène ajouté foit abfoi?bé. L’inflam-
niation rapide ou la déflagration dans l’air viral,
n a lieu qu’à une température qui fond le phôf-
phore. Berthollet pFopofe la combuftion lente du
phofphore comme le procédé eudiométrique le
plus commode & le plus précis, & il lé préféré à la
combuftion rapide qui n’epuife pas fout l’oxigène,
tandis que dans celui-ci l’abforption totale de ce
principe eft annoncée par la ceffation des vapeurs
& de la lumière. Le procédé eudiométrique
confifte à placer dans un tube gradué un.
cylindre de phofphore de la_fnême longueur quç,
le tube porté d’ailleurs fur une tige dé verre qui
traverfe l’eau du long tube au haut duqpel on
renfèfme l’air à effàyer j à une température
moyenne de 8 à 10 degrés, l’ opération dure
moins d’une heure j du gaz azote expofé au.
contaâ: du fulfqre de potaffe, ne diffout plus le
phofphore, & Je gaz oxigène qu’on y ajoute n’y
produit plus de lumierë. Berthollet attribue ce
phénomène à ce que le gaz azote diffout du ful-
fure, ou même du foufre, car il ne décide point
, fi c’eft: l’un ou l’autre, attendu qu’il a tenté ea
vain de diffoudre du foufre chauffé à 8q degrés
dans du gaz azote. 11 croit que ce g^z a plus
d’affinité avec le principe quelconque qu’il en-
leve au fulfure, qu’avec le phofphore. Quanta,
la lumière , légère à la vérité 8c peu durable que.
donne le phofphore dans le gaz azote, Beithol-i
' lèt n’en détermine pas exactement la çaufe
qu’elle foit due à un peu de gaz oxigène provenant
de l ’air, de l’acide nitrique ou de l’acide
' muriatique oxigené , fuivant le procédé par le-
: quel on s’eft procuré ce gaz, ou bien au fimple
; effet de la diffolütion du phofphore dans ce.
ig a z , il obferve qu’il n’y a point de diminution
i fenfible dàns fon volume, ni de formation appréciable
d’acide phofphoreux. Ainfi la théorie.
. propofée par Goëttlîng ne peut fe foutenii:.
Quelques jours après la leétare du mémoire
de- Berthollet à l’inftitut, Fourcroy lut dans la
même compagnie un mémoire fur le même objet.
Avec une grande partie des faits déjà indiqués
par Berthollet, & un réfultat femblable pour
la théorie , ce mémoire offre une différence
remarquable , c’eft que le gaz azote bien pur ne
rend pas le phofphore lumineux , 8c que la
flamme légère qu’il y préfente quelquefois , eft
toujours due à un peu de gaz oxigene qui s’y
trouve mêlé. Il y a d’ailleurs une autre obfer-
yation qui appuie la théorie générale de là (impie
diffolütion du phofphore dans le gaz azote,
& qui généralife cette théorie ; c’ëft que le gaz
hydrogène dans lequel on le laiffè féjourner
quelque tems , lë diffout auffi fans fumée ni lumière
, & eft enfuite fufceptible de devenir lu-
1 mineux lorfqu’on y ajoute du gaz oxigène. Four-
croy pënfe que fi le phofphore fe diffout bien
dans le gaz azote 8c un peu dans le gaz hydrogène
, c’eft en raifon de i'analogîe de ces divers
1 co,rps. plus, ou moins eombuftibles. Au. r.efte ,
les deux chimiftes, d’accord d’ailleurs , comme
[ ils l’ont appris depuis, avec plufieurs autres!