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abforbée par la décompofition de l’eau 8c de l'acide
carbonique ; qu’ainfi il doit y avoir du froid
de produ t , fi la végétation eït un réfultat de
décompofition d'eau 8c d'acide carbonique , de
dégagement d’oxigène 8 c de combïnailoil de
carbone & d'hydrogène. Sur ce principe , l'auteur
j en comparant les, obfervations faites fur
la chal.eur dégagée oa abforbée par l'aéte de la
végétation , 8c particuliérement celles dé Jean
Hunter ( Journal de Pkyfique 1777 8 c 1781 ) a
trouvé que comme cet aété produifoit manifef-
tement de la chaleur , cela contrarioit l'opinion
de la décompofition de l'acide, carbonique. Déjà
frappé de cette contrariété, il a voulu voir fi l’air
où Ion.enferme une plante en pleine végétation
& donnant conféquemment de l'air vital,
s'accroît, de volume, 8 c fi la proportion de. gaz
oxigène. y augmente. Voici les expériences qu'il
a faites dans cette vue. Il a pris des maroniers
d un & de deux ans., il les a arrachés de terre ,
a plorigé. leurs racines..dans des bocaux pleins'
ci’eau ; il a pofé les bocaux dans de grandes terrines
remplies d'eau, & il a recouvert ces plantes
avec des cloches , dans lefquelies le rapport
de l'eau étoit tel à celui de l'air, que l'augmen-
tatioh de volume occafionnée par la chaleur du
jour ne fit point fortir d’air de la cloche , & que
J'eau de la terrine pût fournir aux çondenfa-
tions occafîonnées par le froid de la nuit, afin
qu'il n'entrât pas de nouvel air dans la cloche.
-Les plantes àiijfi arrangées ont été expofées àu
foleil fur une eroiféê. Les maroniers ont vécu
long-tems 5 l'expérience a été entretenue un mois
paffé j l’auteur a trouvé pour réfultat moyen
que non-feulement la quantité d’air n'étoit pas
augmentée, & n'avoit éprouvé dans ion volume
d'autres variations que celles qui étoient occasionnées
par la différence ;de preflion 8 c de tem pérature
> mais encore que la quantité d'oxigène
effayée par le gaz: nitreux, étoit à-peu-près la
même dans l'air de la cloçhe avant & après
l’expérience. 11 avertit que , quoique quelques-
unes de fes expériences lui aient donné , les
unes une quantité plus confidérable , les autres
une quantité moindre de gaz oxigène , comme
ces réfuitats différëns paroiffent dépendre d'une
caufe particulière que l’on verra plus loin , il a
cru ne devoir rapporter que le réfultat moyen.
Le peu de variation du volume entier de fon
air, après fix femaines d’expofition d’une plante,
pouvant provenir du peu de végétation due à la
tranfplanration de la plante dans l'eau , il a recommencé
fes expériences , en prenant des plantes
qui croifloient depuis longv tems dans des
pots , telles que des myrthes , des amaran-
çhes , &c,
â’aj placé • dit-jl , un plateau de fçr^ blanc
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fur le p o t, de maniéré que la tige de la plante
paffoit par un trou percé au milieu ; j’ai lutéla
tige ^ dé la plante au trou du plateau avec de
la cire molle , de maniéré que le plateau pût
contenir de l'eau j j ’ai couvert la plante d'une
cloche qui .portait fur le plateau, 8c dans laquelle
j'ai fait entrer de l'eau , de maniéré que
les feuilles de la plante étoient entièrement dans
•l'air, & que le rapport de l'air à l’eau étoit
tel foiis la cloche, que les variations de volume
par la température' & la preffion , ne puf-
fent ni faire fortir dé l'air intérieur, ni entrer
de l’air extérieur. L’appareil ainfi préparé a été
placé fur une croifée expofée au midi, 8c au
bout de deux moi« il n’y a pas eu de variation
dans le volume , ni dans la proportion d'oxi-
gène de l’air de la cloche, en- prenant d'ailleurs
la moyenne de diverfës expériences faites par le
même procédé. Lorfque , fuivant l’auteur, les
plantes étoient expo fées pendant le jour aux rayons
du foleil, elles laiffoient dégager du gaz oxi-
gèqe j la nuit elles- s'emparoient de ce gaz , y
combinoient une portion de carbone, & laif-
foieut dégager l’acide carbonique ainfi formé ;
l'eau diffolvoit enfuite cet acide î l'eau de chaux
placée fous la cloche, étoit troublée j c’ eft ainfi
que l'auteur explique pourquoi il a trouvé un
peu moins de carbone dans les plantes qui
avoient végété dans l'eau , que leurs oignons ou
leurs graines n'en cohtenoient auparavant. L'auteur
conclud, au refte , de ces expériences,
que le gaz acide carbonique n'eft pas la fource
où les plantes puifent le carbone néceffaire à
.leur accroiflèment j nous ne penfons pas cependant
que la preuve de cette affertion foit févé-
. rement contenue dans les faits qu'il rapporte ;
le défaut de refroidiffement qu’il pourroit bien
invoquer , s’il étoit queftion d’expériences & de
réfultats moins compliqués que ceux qui ont
lieu dans la végétation , 8c l'élévation de température.
trouvée dans les plantes par J. Hunter,
peut tenir, & tient.même très-probablement à
la condehfation , à la concrétion & à la folidité
des matériaux formés dans le tiffu des végétaux,
qui .dégage plus de calorique qu’il n’en faut
pour fondre l’oxigène fépare de l’eau & de l’acide
carbonique , & la grande chaleur produite
par des plantes féchées qu'on brûle dans l ’air,
qu’on convertit ainfi en eau & en acide,‘.carbonique,
eft trop manifeftement due au gaz oxigène
atmofphérique , pour qu’on puifle oppo-
fer ce phénomène à celui de la végétation. Les
expériences de plantes enfermées dans des réci-
piens, 8c qui. n’augmentent point fenfiblement
la proportion du gaz oxigène dans ri'air qui les
entoure, ne font rien non plus contre l’affertion
que l ’auteur veut combattre , & ne prouvent
pas que l’acide carbonique n'eft pas décompofé
par la végétation 5 car il fuffit, pour admettre
cette décompofition, qu’il y ait une portion de
'< ; * gaz
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gaz oxigène produit, & l’auteur convient lui-
même de cette produâion j feulement dans fes
expériences il paroît y avoir eu plus d'acide carbonique
reformé au dehors des plantes ou à leur
furface, qu’il n'y en a eu de décompofé dans
leur intérieur î mais cela tient au moue 8c aux
circonftances de la végétation.
L’analyfe du troifieme mémoire de l'auteur va
faire voir ce qu'il fubftitue à la décompofition
de l'acide carbonique pour expliquer la fixation
du carbone dans les plantes. L’eau qui imbibe
les fumiers ou qui coule à travers leur malfe,
fe colore en brun i évaporée , elle là fie pour
rêfîdu principal du charbon > ce qui prouve que
ce corps elt fufce^tible de le d Coudre ou au
moins de fe ten r fufpendu dans l’eau* Des terreaux
qui féjourncnt dans l’eau la colorent aufli
en brun , 8c lui donnent la propriété de fournir
du charboh par l’évaporation. Lesplaces où ont
Ajourné des tas de fumier , & lorsqu'il a tombé
de l’eau, produifent des grains plus forts 8c plus
vigoureux que ceux des endroits où il n'y a point
eu de pareils tas, ou des lieux où il n'a point
été mouillé. Là donc où il y a eu du charbon
en diffolution ou en fufpènfîon dans l'eau , la
végétation eft plus grande 8c plus rapide. Deux
te; res femblabîes ayant été fumées , l’une avec
dti fumier long 8c non décompofé , l'autre avec 1
du fumier pourri , femées enfuite 8c cultivées
de la même maniéré , la fécondé donna, la première
année, des plantes plus groffes 8c plus
fortes que la. première ; mais la deuxieme année
, les deux trous étant reftés également fans
nouvel engrais , la première des deux produifit
des plantes plus yigoureufes. Dans la troifieme
année, cette première terre eut encore un avantage
fenfible fur la fécondé. Le fumier long ne
donnoit prefque aucune couleur à l'eau dans laquelle
on le Iaiffoit féjoürner, le fumier court
& pourri la coloroit facilement 8c promptement
} celui-ci ne différoit donc du premier qu'en
cé qu’il Iaiffoit difibudre le charbon plus divifé
& plus à nud qu’ il contenoit î tandis que le fumier
long a eu befoin de s’altérer oc de fe
pourrir pour paffer après un an à l’état de fumier
pourri 8c à charbon diftoluble. Le récit d’une
expérience faite en grand à Champeroux, dans
le département de l’Ailier, appuie ici l'opinion
de l’auteur. Des copeaux , dçs éclats de bois qui
avoient féjourné huit ou dix mois dans une cour
humide, 8c dont la fermentation avoir commencé
la décompofition , furent répandus en
grande quantité fur des terres j la première 8c'
la fécondé année, ces terres ne produifirent pas
plus que des terres femblabîes non fumées i la
troifieme année, leur production fut plus abondante
; la quatrième , encore davantage ; à la
cinquième, elles furent à leur maximum de prc-
duttion ; celle-ci y diminua progreffiyement mf-
Chimie Tome 111,
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qu'à la neuvième, où l'engrais ligneux fût en-
■ tiérement confommé.
Les places des bois 8c des champs où l’on a
brûlé au charbon , des plantes levées en motte,
celles où l’on a répandu des cendres leflîvées
colorant encore l’eau en brun par le charbon
qu’elles contiennent encore , offrent en général
une végétation très-aètir:. Les expériences de
Bonnet 8c de la BaifTe de Bordeaux , qui prouvent
que les plantes qui croiffent dans l’eau colorée
par l’encre 8c ;>ar la garance, fe teignent
les unes en noir 8c les autres en rouge, prouvent
en même tems . que les racines abfo.bent
l’eau colorée, 8c dépofent la matière colorante
dans l'intérieur, des plantes. Une expérience
d'ailleurs très-multipliée proüvant que les plantes
croiffent d’autant plus fortement 8c plus vite
ue le terrain ou elles font placées contient plus
é charbon diffoluble , l'auteur en conclud que
ce corps eft porté par les racines qui l'abforbsnt
avec l’eau dans le tiffu des plantes, qu'il y fert
de nourriture 5 quë les végétaux lui doivent leur
fo rce, 8c queja végétation éft en xaifon de la
quantité 8c de l'état plus 01* moins diffoluble
du charbon qui leur eft porté. '
Après cet expofé de fon opinion fur l’accroif-
fement des plantes par le carboner, l’auteur ef-
faie d’accorder cette théorie avec la production
du gaz oxigène par ' le contaét de la lumière
, avec la formation de l'acide carbonique
pendant l’obfCurité $c avec le développement de
la chaleur qui accompagne la végétation. Il y
a , fuivant lui , dans la végétation deux caufes
qui contribuent à diminuer la chaleur des plantes
i 8c deux caufes qui concourent à l’augmenter.
Les premières font, î®. la décompofition
de l’eau dans les feuilles , 8c la fufion de l’oxi-
gène en gaz ; 2*. la vaporifation d’une portion
de l’eau puifée par les racines j les fécondés
appartiennent i° . à la formation de l’acide carbonique
par l’air vital atmofphérique 8c le carbone
de la plante } z°. à la combinaifon intime
de l'hydrogene , du caibone Sc de l’oxigene ,
qui par l’effet même de leur rapprochement ,
de leur condenfarion deftinéè à foimerles fubf-
tânees végétales , expriment en quelque forte
le calorique par lequel les molécules en font
écartées dans l'état ordinaire. Les expériences
de M. Ingenhousz prouvant que lorfqu'il fe dégage
de l’air vital, il ne fe forme point d’acide
-carbonique, il s’enfuit que dans le moment où-
Jes plantes font éclairées par les rayons folaires,
deux caüfes alors concourent à l'abforption du
calorique , la décompofition 8c la vaporifation
de l’eau , 8c une feule à fon dégagement, la
formation de la matière végétale par la <on-
denfation l’union intime de l’hydrogène 8c
du carbone , il feroit poflible , dit l’auteur,
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