
Lèx arts chimiques qui ont pour objet le r
"traitement , l3extraction & les altérations des !
fubffances végétales , ont acquis de grandes améliorations
j de grands développé mens depuis la
nailTance des académies jufqu d celle de la théorie
d'S gaz. Cette époque des travailleurs ou des
.grandes analyfes chimiques offre dans le fiècle
qu'elle comprend une fuite non moins remarquable
de perfeétionnemens fucceflifs dans les
arts qui s'exercent fur les végétaux. On y voit
la dift:11ation ces eaux aromatiques , des huiles
volatiles 3 l'extraCbion des fucs huileux 8c ex-
traétifs 3 la préparation & la purification du
lucrej la confection des alcools aromatiques &
huileux ou des eaux fpiritueufes 8c des teintures ,
l’art des parfums 3 celui du confifeur, celui du
•vinaigrier j faire des progrès & marcher peu-
à-peu vers la perfection. On y trouve les premiers
traits des découvertes fameufes fur le
gluten de la farine, fur l'analyfe du bled, éclairant
l'art du meunier , du boulanger , du ver-
raicellier , de l'amidonnier , & faifant naître
des pratiqùes heureufes pour la fabrication &
Ja cuiflon du pain. On y reconnoît une fuite
non interrompue de travaux utiles fur les matières
végétales qui peuvent fervir d'alimens,
fur les racines qui contiennent delà fécule, fur
l'art de l’en extraire , fur celui de la féparer
d’avec ces fucs âcres ou même vénéneux qui
les accompagnent comme dans le manihoc , la
brio ne , l'arum, &c. On y apprend à faire fervir
à notre nourriture une foule de fubffances qu’on
aurcit rejettéés autrefois les unes comme des
poifons, les -autres comme des remèdes ; on y
détermine par des expériences heureufes la nature
du falep, du fagou 8c de plufieurs autres
matières analogues placées d'abord parmi les
médicamens & rendues enfuite à la claffe des
aiimer.s. La teinture, cet art qui, dans tous •
les fiècles , a excité l'attention des péuples
policés , n’a pas moins profité de plufieurs des
découvertes faites! dans l'époque dont nous traçons
l’êfquifle. Plufieurs matières colorantes ont
été examinées 5 on a commencé à déterminer
leur nature & leur aélion ; les fubffances teignantes
ont été mieux connues, mieux appréciées,
& bientôt mieux employées; leur nombre
s’eft accru, & la routine fëiile n'a plus pré-
iîdé aux opérations de cet art ingénieux, On
a tiré parti d'un beaucoup plus grand nombre
dé végétaux qu'on' ne Tavoit encore fait, &
les reflources ont été ainfi multipliées. L'art dé
faire les vins à auffi reçu de grands accroifle-
imens dans cette période chimique. Beaucoup
dé corps fucrés diffère ns , beaucoup d’efpèces
civerfes de fruits ont été employées .à la pré-_
paration de liqueurs fermentées ; on a étudié
l'art du braffeur , & déterminé la converfion
du corps farineux des graminées en matière
fucrée capable feule d’éprouver la fermentation
vineufe. Les brûleries de vin 8c d'eau-de-vie
fe (ont multipliées fur le territoire français, &
ont fourni à notre commerce un nouvel aliment
qui a contribué à faire pencher en notre
faveur la balance induftrielle , & à augmenter
le produit de l'importation métallique à notre
avantage.
La partie de l'art pharmaceutique qui s’exerce
fur les végétaux aéprouvéven même temps 3c par
la même caufe de l'aCtivité des recherches chimiques,
une grande extenfîon & un perfeCtionement
remarquable. On a peu-à peu banni les mélanges
multiplies de drogues (impies dans la même for-
mu le ; on a mieux prépare les tifannes , les apo-
zêmes ; les boiffons des malades n'ont plus été des
déco étions épaifîes & rebutantes. Les extraits, les
fucs épaiflis ont cefle d'être des produits brûlés
& xharbonés qui faifoient naître l’idée d'une def-
truétion plus ou moins complette ; les élixirs ,
les teintures, les baumes fpiricueux, 8e en général
toutes les préparations’faites avec l'cfprit-de-vin ou
l'alcool ont été rectifiées , corrigées & Amplifiées.
On a préparé avec foin & fans leur faire éprouver
d'altération,les extraies à l'eau froide fous le nom à
Tà vérité impropre mais cependant avantageux ,
pendant quelque temps au moins,de fels effentiels;
on a reconnu & employé plus convenablement
plufieurs efpèces de réfines , de baumes , de
gommes-réfines, plufieurs fels végétaux nouveaux,
& furtout des compofés falins faits avec le tartre
& le vinaigre inconnus jufqüetià ont été préparés
pourl'ufage médicinal. L'art de déféquer les fucs
la préparation des firops , celle des conferves, des
tablettes morfules & rotules , les eaux diftillées
aromatiques , les alcools odorans , les vinaigres
médicamenteux , & une foule d'autres genres de
préparations chimico - pharmaceutiques ont été
rectifiées & rappeliées à des manières de faire ou
d'opérer beaucoup plus fimpîes , beaucoup plus
régulières. Il s'eft préfentéaûfli pendant cette époque
deux claffes de charlatans en pharmacie,ou en
matière médicale pharmaceutique:, fous le voilé
des connoiffances & des préparations chimiques.
Les uns vouîoient faire croire à leur pofleflion
exclufivô' de remèdes uniyerfels , de panacées
mervéilleufes , comme il y avoit encore quelques
alchimittes dehontés, quelques fripons fouffleurs;
inais la viCtoi^e que la phyfiqué remporta fut
l'alchimie s’étendit bientôt fur cette claffe
d'adeptes de' mauvaife foi.. L’autre comprenoit
les hommes à remèdes fecrets , à préparations
cachées & fpécifiques ,pour les maladies lès plus
difficiles à traiter 8c a guérir par la médecine
rationnelle. Cette pefte trop répandue, cette lèpre
focialé dont il eu fi difficile ' de débarraffer la
fociété » partie que la douleur eft crédule & la
confiance des malades facile:à fe laiffer tromper,
a fait beaucoup de mal. Les travaux les plus exaCts
de U chimie qui devroient bannir les fecrets pré*
tendus chimiques , les lumières des plus favans
médecins , ont bien de la peine à détruire les
préjugés fur ce point ; quoique k philofophie s’en
foit débarrafîee depuis long temps, la claffe nom-
breufe des fionamestignorans toujours difpofés à
adopter & à prôner le merveilleux dans tous les.
genres, mais furtout en médecine., ont fhit durer
& perpétuer cette chimère. De-là les quintef-
fences, lés élixirs de longue vie , les préparations
fpécifiques végétales pour guérir les maux même
incurables «nr les remèdes les mieux appropriés
,, comme la pierre, le Cancer, la phtifie &c.
Jufqu’ici nous avons vu les travaux des chimiffes
depuis la fin du fiècle 'dernier jufqu’au commencement
du dernier tiers du nôtre,aggrandir finguliè-
rement les connoiffances naturelles & multiplier
avec une ardeur infatigable des découvertes fur
les minéraux ; ouvrir une carrière nouvelle à
l’analyfe végétale » perfectionner tous les arts qui
tieniientaux ehangemens chimiques des êtres corn-,
pofant ces deux grandes claffes de corps. Si nous
portons actuellement nos regards fur ce qui dt
arrivé pendant ce fiècle de travail dans l'analyfe
animale , nous obferverons une très grande différence.
De longues difcuffîons 8c même des
difputes vives fur les produits du fang que les uns
difoient acides & les autres alcalis , de faffi-
dieufes deferiptions d'analyfes ou de- diffillations
à la cornue, toutes les matières animales liquides,
molles ou folides, tourmentées par le feu pour en
obtenir un fel -volatil qu’on croyoit doué dans
chacune de ces matières d'une efficacité toute
particulière , quelques mélanges de liquides animaux
dufang, de la bile, de l'urine avec des
liqueurs chimiques, des diflolutions de fels métalliques
, 8c des conclufions aufli fingulières que
forcées fur les réfultats , les précipitations, les
coagulations qu’on obtenoit, voilà ce qu’étoit
la portion de chimie animale cultivée à la fin du
fiècle dernier & dans les trente premières années
du nôtre , fi l'on en excepte le phofphore retiré
de l'urine," & la détérrnination pofitive de la
production d’alcali volatil par les matières animales
, déjà entrevue cependant & annoncée par
Vanhelmont, il n'y a rien de faillant dans lés
découvertes faites fur ce régné dans l'efpace cité.
Et dans cette abfence de travaux exaCts de découvertes
réelles, les erreurs ont été -éntaflées & la
phyfiqué animale défigurée par le-ur application ;
on a vu fuppofer gratuitement uné qualité-acide
ou alcaline dans les humeurs animales, en déduire
une effervefcence plus ou moins violente par
leur mélange ; par exemple entre la bile & le
fuc pancréatique &: expliquer par là les phénomènes
de la vie , telles que le mouvement mufculaire ,
la digeffion , la fécrétion , le mouvement du
coeur. Il y a cependant une lifte affez longue
de chimiffes qui fe font fpécialement occupés de
l’analyfe des matières animales dans l'efpace déterminé.
- On trouve fur le fan g les an al vhs de
Boyls. en "ï684, de Jer Barba tus en 16(57 , de
Vieuffens en 1698 , de Verjrheyen , de Heyde,
de Baglivi , d'Hoffman, de Homberg , de Jurin ,
de Freind,dePitcarn, de Brov/ne & de Sch venck,
depuis la première année de notre fiècle jufqu en
1744; fur Burine & le calcul urinaire celles de
Beliini, de Boyle , de Wiilis , de Lémery de
Boerhaave ; fur la fueur celle de Tachenius ; fur
la bile celles de Bohnius, Vieuffens, Verrheyen,
Baglivi, Didier, Drelincourt, Burgrave, Hartman ;
fur la falive celles de Nuck , de Ant. de Heycle ,
Baglivi 8c Drelincourt ; fur le fuc pancréatique
celle de Brunner ; enfin fur les os celles de Sbre,
de Mo rie y, de Browne, de Barchufen, de Papin ,
de Hériff’ant; on remarque même une analyfe particulière
du .cerveau faite par Henfengius, Mais
au milieu de cette richeffe apparente d’analyfes
animales ,; quelle pauvreté réelle ! fous les titres
qui promettent des détails & des faits mtéreffans ,
que de vaines & d'inutiles diflèrtâtions, que
d'expériences mal faites & infuffifantes ! en un
mot prefque tous Ces ouvrages fe réduifent à zéro,
ou ne préfentent que des erreurs ou de fauffes
lueurs , lorfqu’on y cherche des vérités. Cependant
l'époque entière qui fait l'objet de ce. paragraphe
n’a pas été fans travaux utiles, fans quelques
recherches précieufes fur les .matières
animales ; mais elles n'oht commencé quelque
temps après le tiers 8c même prefque la moitié de
notre fiècle. Ce fut le défir de ‘çonnoître la véritable
fource, la véritable origine du phofphore de
l'urine quiouvrit un nouveau champd'expériences,
8c qui amena bientôt un nouveau genre d'analylè
animale. Schloffer &Maragraff firent les premières
des analyfes affez exaéles de l’urine & du fel fufible
ou microcofmique qu'elle contient, 8c dont la
propriété cara&ériftique de donner du phofphore
en le diftillanç avec du charbon fut alors démontrée.
De cette recherche capitale alors en
chimie découlèrent beaucoup d’autres découvertes.
Les fuccès de Margratf, de Pott, de Schloffer,
engagèrent les chimiffes à fe livrer à l’analyfe
animale. On vit bientôt après paroitre.des analyfes
de matières animales plus ou moins intére(Tantes.
Rouelle le cadet fut celui de tous les chimiffes
françois qui fit le plus de travaux 8c de découvertes
en ce genre ; on lui doit des analyfes bien faites
du fang humain , 8c du fang de quelques quadrupèdes
; du lait de plufieurs animaux ; de l'urine
également çonfidéréedans plufieurs efpèces d’animaux
; i 1 Nfit un examen précis 8c pofitif du fel
fufible de l ’urine 5 Cadet de l’academie des
fciences publia en 1767 une analyfe très bien faite
& très infini,étive de la bile de boeuf ; Poulletier
de là Salle , amateur très diftingué de la médecine,
8c furtout de l’anatomie & de la chimie , fit aufli
plufieurs découvertes fur l'analyfe animale , à la.
fuite de celles de Rouelle ; il trouva dans les calculs
( biliaires une matière lamelleufe blanche , cryf