
JeanUefauZ; médecin à Ulm 7 a publié en 16j<5,
une defoïiption de de chiendent avec des détails
fur |es vertus j qualités , propriétés S fyno-
nyrniës , Sec. Kniphof a également donné une
difiertation monographique fur , le chiendent,
dans laquelle il affure.avoirt'dminiftré'ta décoéiiôn
avec fuccès dans les concrétions biliaires. Lcefècke
a confirmé par do nouveUes'experiences c e remède y
Le-'C hiendent pied-de-poulbc, ( Pànicum
daBylon. ) pnfsède les mêmes vertus. La graine
de cette efpèce eft la manne de Pologne, qui eft.
un aliment léger, doux & peâoral.
(WltLEMET.)
C H IM I E ( l ) . La ch ip ie eft peu cultivée
parmi nous ; cette feienre rfeft que très-médiocrement
répandue parmi les favahs , malgré la s
prétention.’ à Tuniverfalité de connoiffânces qui ’
fait aujourd'hui le goût dominant; Les cKimiftes
forment un peuple dîftinft très peu nombreux,
ayant fa langue, fésdoix, fes myftères', & vivant
prefqu'ifolé’ au milieu d'un peuple peu curieux
de fou commerce, n'attëndant prefque rien de
fon induftrie.-Cetre incuriofiié 7' toit réelle , fou.
fimulée.'èft toujours' peu phiiofophique , puil-
qu'elle porte tout au plus fur un jvtgepeec.t ha-
fardé , car il eft au moins poflible de je tromper
'quand on prononcé fut des objets qu on ne ,c.on ■
noît que fiiperfinellement. Or comme il eft pré-.
cifément arrivé qu’o,n s'cft tfo'mpé même
qu'on a conclu plus d un préjugé, fur la nature
& l’étendue des connoiflances chimiques 7 ce rie
fera', pas une affaire'aifée 8c de légère difeuflron
que de" déterminer d’une manière inconteftable &
précife ce que c'eft que la chimie.
D'abord les perfonnes les moins inftruites rie
diftingnent pas le chimifte du fouffleur ; l'un &
l'autre de ces noms eft .égalêméWt mal-fonnant
pour leurs oreilles ; ce' préjugé; a plus nui auxj
progrès, du moinsVà la propagation de l’art ,
que des imputations plus' graves , prifes dans le :
( 1) L’article qu’on va lire eft extrait de l'ancienne
Encyclopédie; il eft -lu a Vend, pfofdTcur de Moçi-
péifier, plus connu par ce qu'il promettoit atrxfèieiices-,-
rttie 'iat ce qu'il a téeltement fait pour elles ; élève
de Rouelle qui lui avoir donné le goût de la .chimie
&’donc il porta ,’ecolc. & la manière à Montpellier,
il-contribua à -répandre la doârine dé -Stahl. & à
faite rejetter fa mauvatfe phyfique de Lemery .qui,
raenaçm de gâter alors ,1a fckflçe chimique. L’article
qu’on va lire eft on de fes plus grands ouvrages
; fl y développe des idées 'exaâes -pour le temps
Sri il a écrit, (il y a près de 40 ans)' for la différence*
de la chimie d avec toutes les autres faenees
& notamment de la phyfique proprement dite. Cet
article a-toujours été loué paroles chimiftes & ré-
cardé comme i e meilleur de tous ce*x qui concert
fond même de la chofe, parce qu’on a plus craint
le ridicule^ qüe l’erreur.
Parmi ces perfonnes peu inftruites, il én eft
pour qui avoir un laboratoire, y préparer des
parfums j des phofphores , des .couleurs , des
émaux, connoître le gros du manuel chimique
& les. procédés les moins, curieux & les moins
divulgués, en un mot être ouvrier d'opérations,
poflélfeur d’arcanes ; c’eft être chimifte.
Quelques autres| en bien plus grand nombre,
reftrèignént l'idée de la chimie à fes ufagesme-.
dicinaux: ce font ceux qui demandent du produit
d’une opération , de quoi cela gué,rit-il | ils ne
connoifferitta chimie que par les remèdes que lui
doit la médecine’ pratique, ou tout au plus par
ce coté Sè par les hypbthèfes qu’elle a fournies à la
médecine théorique des écoles.
Çès reproches, tant de fois répétés : Les principes
des corps ajfîgnés par les ckzmifies font des
êtres très - compofés ; les produits de leurs etnaly fes
: font des créatures du feu ; ce premier agent des cni-
miftes altère les matières auxquelles on tapplique,
'& confond les principes de leur compofition , ignis
mutât res : ees' reproches1, dis-je , n’ont d’autres
fources que les méprises dont je viens de parler,
quoiqu’ils fenrbknr’fuppofer la connoifîance de
la do&rine & des faits .chimiques. "
On peut avancer alîez généralement que les
ouvrages des chimiftes, des maîtres de Pars font
prefqu’abioluraent ignores. Quel phyficien nommé
feulement BeeÜer ou SthAl.- Les ouvrages chimiques
( ou plutôt les ouvrages fur des fuiets
chimiques ) des favans> illüftres d’ailleurs font
bien autrement célébrés. G’eft ainfi par exemple
que le traité de fermentation de Jean Bernoulli,
& la doéte compilation du célèbre Boerhaave
fur le feu font connus;', cités. & loués , tandis
que les vues • fupérifeùres & lés chofes' uniques
que Stahl a publiées fur l’une & l’autre dé'ces
matières n’exiftent que pour les chimiftes.
noient ,1a chimie dans l'Encyclopédie, car Vcnel n’en
a fait qu’un petit nombre d’autres. Qn voit meme
qu’il n’a pas fuivi le plan qu'il avait présenté dans
cet'article & ce ferait en Vain qu’on if oit chercher
les' détails & les vues qu'il promet aux. mots auxquels
il renvoie. J'ai crii devoir donne;- cet article, en -entier,,
fans aucun. - changement -, pour faite ^conucâtre
quel étoit vers le milieu de' ce fiécle- l’état de la
fienne. Jelne mt>permets même que deux notes, afin
■ de laiffér lés opinions de Vtncl dans toute leur pureté*
J’ajouterai à la fin quelques détails pour fervir
'de fuite a cet article , & fùr-tout pour faire comparer
l’état àéfoel delà chimie depuis lès découvertes
fur les gaz, & depuis .la création .de la nouvelle
doébrîne des chimiftes avec .ce qu’elle étoit immédia-
t tement avant cette brillance époque.
Ce qu*ôn trouve de chimique chez les phyfï-
ciens proprement dits ^ ( car on en trouve chez
plufïeurs, & -même jufqu’à des fyftêmes géné-s;
raux l, des principes fondamentaux de doétririè ) j
tout, ce chimique;, dis-je , qui eft le plus répandu
, a le grand défaut de n’àvôir pas été
difeuté ou vérifié furie détail ôf la comparaifon (
des faits; ce qu'ont écrit.de Ces matië.res, Boyl.e,
Newton , Keill, Freind , Boerhaave, &c. eft
manifeftement marqué au 'Goin de cette inexpérience.
Gè n'eft donc pas encore par ces derniers
fecours qu'il faut chercher à fe former une
idée de la chimie.
Ôn pourroitlà puifer dans plufieurs des anciens
chimiftes /- iis font riches en 'faits , en conhoif-
f.nces vraiment chimiques ; ils font chimiftes t
mais lgur obfcurité eft réellement efi rayante ,
& leur eiithoufiafme déconcerte le fage & grave
maintien de la philofophie des fehs. Ainfi il eft
au moins très-pénible d'appercevoir la fainq chimie
(dans l’art par excellence ) l’art facré , l ’art
divin, le rival & même le „réformateur de .la
nature des premiers pères de notre Icience.
Depuis que W chimie a pris plus particulièrement
la forme :*de fcieqce,-c’eft- à-dire , depuis
qu’elle a.reçu les fyftêmes dé phyfiqtle régnante ,
qu’elle eft devenue fucceffivement cartéfienne ,
corpufculairè , newtopienne | académique ou
expérimentale, différens chimiftes en ont donné
■ des idee$ élus claires, plus à,portée de la façon
de concevoir, dirigée par la logique, ordinaire
des fciences. 5 ils ont adopté le ton de celles
çfui .avoierit été' répandues les premières. Mais
ces chimiftes n’ont-ils pas trop fait pour fe rapprocher
l ne devôient-ils pas être plus jaloux de
conferver leur manière propre & indépendante }
n’avoient-iîs pas un droit particulier à cette liberté
droit acquis par la poffeftîon & juftifié
par, la nature même de fleur objet? Là hardièfle
(-on a dit la folie ) l’enthoiifiafrne des chimiftes
' diffère-t-il réellement du génie créateur, de
l’efprit fyftémarique & cet efprit fyftématique
le faut-il profcrire'à jamais , parce que fon eftor
prématuré a produit lies erreurs dans des tems
moins heiireux-? parce quon s’eft égaré en s’élevant
? S’élever, eft-cé néceflairement s’égarer?
L’empire du génie que les grands hommes de
notre temps ont le courage de ramener , ne
feroic-ih ^établi que par une,révolution funefte ?
• Quoiqu’il en foit, \è godt du fiècle., l’efprit
de détails, la marche lente, circonfpêéiè, timide
des friëncés phyftques a abfolument prévalu
jufque dans nos livres élémentaires, nos corps
de-do&rine. Ces livres ne font, du moins leurs
auteurs eux-mêmes ne voudroient les donner
pour mieux que pour des coHeétionS judicieufe-
ment ordonnées de faits choifis avec foin &
vérifiés févèrement, d’explications claires, fages
& quelqufois neuves, & de correélions utiles
dans les procédés; Chaque partie de ces ouvrages
peut être parfaite ', du moins exaéfce ; mais le
noeud , l’enfemble, le fyftême, & fur-tout , ce
que j’oferai appeller une ijfue par laquelle la chimie
puiflë s’étendre à de nouveaux objets, éclairer
les autres, (ciences , s’aggrandir en un mot; ce
noeud,'dis-je, ce fyftême, cette iflfue manquent,
Ç’eft principalement le cara&ère de médiocrité
dé ces petits traités^ qui fait regarder les chi-
miftes* entre.autres faux afpe&SjComme de fimples
apanoeuvres, ou tout au plus.comme des ouvriers
d’expériences, & qu’on ne s?avife pas même
qu’il exifte ou qu’il puiffe exifter une chimie
vraiment phiiofophique ,. une chimie rai fon née ,
profonde , tranfcendànre; des chimiftes qui ofenc
porter la vue au-delà des objets purement fenfibles,
quiafpirentâ des opérations d'un ordre plusrelevé*
b cqui, fans s’échapper au-delà des bornes de leur
art, voient la route, du grand phyfique tracée
dans fon enceinte.
Boerhaave a ditjexpreflement au commencement
de fa chimie que les objets .chimiques étoient fenfibles
, groftiers, coerci.bles dans des vaifleaux ,
corpor.a ferfihus patula 4 vel patefacienda v a fs
coercenda , &c. Lepreinier hiftorien de l’académie
royalebes fciences a prononcé le jugement fui varie
à propos de la comparaifon qu’il a eu ôccafion
de faire de - la manière de philosopher de deux,
favants illuftres , l’un chimifte , & l’autre phy-
ficien. « La chimie , par des' opérations vifibles,
*> réduit les corps en certains principes greffiers
w & palpables. , fols, foufres , &c. ; mais la
» phyfiqu; , par d^s opérations délicatesagit
» fur les principes comme la chimie a fait fur
» les corps; elle les réfoùt,eux-mêmes .en d’autres
*>,-.principes encore plus fimples, en petits corps
53 mus & figurés d’une infinité de façons. Voilà
» là principale différence de la phyfique & de la
33 chimie , l’efprit de chimie eft plus confiis ,
33 plus enveloppe ; il reffemble plus aux mixtes'
3J où les principes font plus embarraffés les
33 uns avec les autres : l’efprit de phyfique eft
»« plus net-, plus fimple, £lus dégagé, enfin il
» remonte jusqu’aux premières origines, l’autre
»a n,e vapasjjufqu’auboup?. Mémoires de l'académie
des fciences , ji 66y. i
Les chimiftes feroient fort médiocrement tentés
de quelques-unes des prérogatives furlefquelleseft
établie la prééminence qu’on accorde ici à la
phyfique , par exemple de ces fpéculations délicates
par lefquelles elle réfout les principes chimiques
en petits corps mus & figurés d’une infinité de
façons ; parce cpi’ils ne font curieux ni de l’infini
ni des romans phyfiques : mais ils ne paieront
! pas condamnacionfur cetefprit confus, enveloppé,