
qui accompagnent cette détonation. Sans m’é-
tendre davantage fur les conféquences qui me
paroiffent dériver du principe fondamental de
M. Lavoifier, je reviens aux faits que je ne
puis concilier avec fa doétrine
" Meffieurs Lavoifier 8c Prieftleyont fuivi dans
leurs expériences fur le foufre & le phofphore J
la même manière de voir que j'ai fait remarquer
par rapport à la combuftion & à la calcination
des métaux. M. Prieftley n'a confidéré
que les changemens qu'éprouve l'air ambiant/
oc M. Lavoifier a tout attribué à l'air qui s’ab-
j?.r,® \ É p60!® que les acides doiyent leur acidité
a la bâfe de Pair pour devenir acides ; tout
comme , félon lu i, le charbon ne fait que fe
combiner avec cette bâfe pour devenir acide
crayeux ».
. , S Mais fi l’acide nitreux ne contient que la
bafe acidifiante de l’air , privée du principe
du feu , la flamme 8c la chaleur qui fe dégagent
de la détonation du nitre avec le foufie
ne peuvent être dues à l ’acide nitreux ; 8c effectivement
l'on a vu que les effets de la détonation
étoient proportionnés à la quantité du
foutre qu’on employoit. Le foufre contient donc
beaucoup deprincipe du feu qui s'en dégage dans la
détonation 3 8c comme ie nitre n’agit que comme
1 air lui-même', les effets de la combuftion du
foutre, font réellement dus au dégagement de
ce principe. L'acide vitriolique eft donc une
combingifon de la baie du foufre , privée du
principe du feu par la combuftion avec la partie
pure de 1 air atmofphérique , ou avec cette partie
fixefe dans 1 acide nitreux ; les mêmes obfer-
vacions doivent s'appliquer à la combuftion du
phofphore, & à la formation de l'acide phof-
phorique ». r
« La détonation du nitre avec le charbon, le
foufre & quelques métaux, ainfi que la combuftion
de ces fubftances , ne demandera donc
pas des explications adaptées à chaque circonf-
tance , comme il le faudroit en adoptant les
idées de M. Lavoifier ; car fi on regarde l’inflam-
matiôn comme due au principe du feu, contenu
dans les fluides aériformes eh raifon de leur raréfaction
, il faudra dire que dans la combuftion
de deux parties de gaz inflammable', dix fois
plus léger que l’air déphlogiftiqué , & d’une partie
d air déphlogiftiqué j il n’y a qu’une vingti
è m e partie de la chaleur qui foit due à l’air
déphlogiftiqué & tout le refte au gaz inflammable
, pendant que dans la combuftion du
1°,n i e^e fera due en entier à l’air déphlo-
giftique.
** Dsns la combuftion des fiibftances végétales
, & des fubftances animales} dans la formation
du minium & du fafran de mars apé.
r itif, il fe forme de l’acide crayeux 5 mais il
y a des cas où le principe du feu paroîc reprendre
avec célérité fon état élaftique , & alors il
fe rend fenfible par la lumière , fans fe com-
biner avec l’air (jui l ’environne, parce que cet
air eft déterminé à fe combiner par une autre affinité
> c’eft ce qui arrive dans la combuftion iu
loutre & du phofphore j dans d’autres circonf-
tances , il paroît fe réduire en entier en matière
enfin, il peut fe former descom-
binauons encore inconnues : la matière éledtrique
ne paroit-elle pas être une de ces combinaifonsl
Il ne faut donc rien conclure contre la doctrine
du phlogiftique , de ce qu’il ne fe forme
pas dans tous les cas de l’acide crayeux ».
e* -M* lavoifier a donné une anaîyfe ingénieufe
de l’acide nitreux , de laquelle il conclud qu’une
livre d acide nitreux eft compofée de iy68 pouces
cubiques de gaz nitreux, & de 1968 pou-
ces d air déphlogiftiqué, ou d’une once ou cin-
quante-un grains un quart d’air nitreux ,d’une once
fept gros deux grains & demi d’air le plus pur,
& de treize onces dix-huit grains d’eau ».
« J'ai faturé d'alcali une once d’acide nitreux
concentré , j’en ai retiré une once un gros de
nitre ; une livre de cet acide donneroit donc
dix-huit onces de nitre , & dix-huit onces de
nitre , produiraient 10440 pouces cubiques d’air
déphlogiftiqué. M. Lavoifier donne o , y y de
grain a chaque pouce cubique d’air, déphlogiftiqué
j en le bornant à un demi grain , l’air
qu’on peut retirer d’une livre d’acide, monteront
a neuf onces : extrême différence fur
laquelle cependant il ne peut y avoir ‘rien d’il-
lufoire.
ct S le gaz nitreux que M. Lavoifier ne re-*
garde^ point comme acide, exiftoit tout formé
dans l’acide nitreux , comme il le prétend, pourquoi
n’en retireroit-on point lorfqu’on décom-
pofe cet acide par le moyen d’une terre , d’un
alcali ou d’une chaux métallique ? Et fi l’élafti-
cite eft une preuve de la préfence du feu ;
d où vient le feu du gaz nitreux qui fe dégage
de 1 acide nitreux , lorfqu’il diflout une fub-
ftance métallique, de même que celui du gaz
inflammable qui fe dégage de quelques diflolu.-
tions métalliques » ?
» U nie paroît qu’on peut conclure de laréduélion
de 1 acide nitreux en air déphlogiftiqué par i’aélion
de la chaleur , qu’il n’y a guères de différence entre
eux que l’état élaftique que l’air doit probablement
au principe de la chaleur, delà vient que l’air
pur, qui fait partie de l’atmofphère , fe. réduit dans
quelques circonftances dont nous ne connoif-
fons point encore la nature en acide nitreux ,
■ m
g: qu’il forme, félon la bâfe avec laquelle^ il
fe combine , du nitre à bâfe alcaline ou à bâfe
lalcaire 5- de-Ià vient que les fubftances métalliques
calcinables, fe calcinent dans l’acide ni-
tjreux comme à l’air, & que le foufre & le
jihofphore fe converti ffent en acides par l’aélion
le l’acide nitreux comme par la combuftion j la
lifférence qu’il y a , c’eft que dans ce ca s ,
au lieu de flamme, il y a production de gaz ni-
Jreux, & que la chaleur. eft beaucoup moins
lonfulérable^
% « Il faut néceffairement diftinguer la matière
de la chaleur .du phlogiftique , quoique ces deux
fubftances ne paroiffent être qu’une modification
du même principe, & que fouvent l’une paraiffe
fe changer en l’autre ; en voici des exemples,
■ îles métaux parfaits font revivifiés , par la chaleur
&Ja lumière, comme ils le font par le phlo-
:,|i!lique d'un autre métal qui les précipite d'un
acide fous la forme métallique. L’acide nitreux
fans couleur , étant expofé à la chaleur
dans des tubês .fcellés hermétiquement,
y devient fumant comme l’a obfervé M. Prieftley,
& M. Scheèie dit que les rayons du foleil fuffi-
jfent pour colorer l’acide nitreux. C’eft ainfi cjue
je phlogiftique me paroît fe changer en matière
de la chaleur, lorfqu’on d’ftbut du zinc dans
i acide nitreux, car le > métal abondant en phlo-
jjgiftique , ne donne dans fa diAblution par l’acide
nitreux , qu’une très-petite partie de gaz
jmreux, & une quantité médiocre d’air phlo-
gilHqué j mais il fe dégagé de cette diffolution
fine grande chaleur : pareillement fi l’ on diflout
de la limaille de fer dans de l ’acide nitreux
ioncentré , -de façon que l’effervefcence foit
jrès-vive, prefque tout le gaz qui fe dégage eft
Ile l'air phlogiftiqué , & non du . gaz nitreux j
bar fa décompofition fpontanée, le gaz nitreux
fe convertit en grande partie en air phlo-
piftiqué »,
I La manière dont Berthollet explique dans
le paffage que nous venons d’extraire les phé-
inènes de la détonation du nitre & de la décom-
§>ofition de fon acide , tiennent manifeftement à
quelques réfultats inexacts des expériences telles
|u’on les obtenait encore à cette époque , &
Jiotamment à la prétendue formation d’acide
payeux par les métaux 6c le nitre , à la con-
prfion fauffement regardée alors comme prefque
lotale de l’acide nitreux en air pur , & à l’igno-
pnee où l’on étoit de la nature réelle de cet
Pcide, de celle de l’eau , de la formation de
? alcali volatil. A mefure que tous ces nouveaux
laits ont été découverts, 3c que Berthollet
|ui-même y a fingulièrement contribué comme
Pn le verra bientôt, non-feulement ces objectons
ont diminué de force, mais il a fentilui-
peme la néçeflité d’y renoncer.
Chimie. Tome 111.
En 1.782. Berthollet foutenoic la même opinion,
admettoit le double effet combiné de la réparation
du phlogiftique & de la fixation de l’air
vital pour la formation des acides, comme on
le voit dans fon mémoire fur l’acide fulfureux ,
où il regarde cet acide , comme un être qui
tient moins deprincipe aérien que l ’acide vitriolique
, & moins de phlogiftique que le foufre ;
c’ eft ainfi qu'il explique la formation de l’éther
, en difant que l’efprit-de-vin donne une
partie de fon phlogiftique à l'acide vitriolique,
& en reçoit une partie aériene. Il n’a point
abandonné cette doétrine dans fon autre mémoire
fur l’augmentation de poids qu’éprouvent
le foufre , le phofphore & I’arfenic îorfqu’ils
p a ffent à l’état d’acides , & tout en cherchant
a déterminer la valeur de cette augmentation,
quoiqu’il ait attribué, cette addition à la fixation
de l’air.
Je dois cependant faire obferver qu’il n’a pes
en même temps cherché, à déterminer la quantité
de phlogiftique perdue comme l’avoit effayé
Bergman ; ce qui femble annoncer qu’il étoit
moins frappé dans l’examen de ce beau phénomène,
de la fixation de l ’air que du dégagement
du phlogiftique. On obfervera cependant
que deux autres mémoires de la même année,
l’un fur la décompofition fpontanée des acides
végétaux, & l’autre fur la cauftieité delà chaux
& des alcalis fixes , ne préfentent prefque pas
le mot de phlogiftique , & même que l’explication
de l’aélion cauftiqiie des alcalis , loin d’être
fondée comme celle du même auteur, relative aux
chaux métalliques fur la grande tendance pour
le; phlogiftique & fur l’avidité avec laquelle ces
fubftances cauftiques l’enlèvent aux matières animales
, porte au contraire fur une diffolution
totale de la matière animale par les alcalis
cauftiques , 8c fur la force avec laquelle ces fels
opèrent cette diffolution.
En 1783 , Berthollet, dans fon mémoire fur
la différence du vinaigre radical & de l’acide acé-
teux , admet toujours pour explication de cette
différence la privation du phlogiftique en
même temps que la fixation du principe aérien
dans le premier j Sc^c’eft ainfi qu’il conçoit que
le phlogiftique de l’acide acéteux paffant dans la
chaux de cuivre, tandis que l’air de cette dernière
paffe dans l’acide acéteux , il fe produit
d’une part du vinaigre radical, 8c de l’autre
du cuivre réduit. Cette époque fut la dernière
où ce célébré chimifte admit ainfi le phlor
giftique 5 éclairé fur-tout par la découverte de
la décompofition & delà recompofition de l’eau,
il abandonna entièrement cette théorie en 178y ,.
& à la féance publique de l’académie du 6
avril de cette année, il expofa ainfi les raifons qui
le forçoient à y renoncer.
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