
benzoïque, mais beaucoup plus décompofable
que ce dernier, puifqu'à chaque fubhmation
qu'on en fa it, une partie e(i convertie en un
acide nouveau qui verdit la diffdutlon de fer
au lieu de la noircir, en acide carbonique , &
en gaz plus pur que l'air atmofphériqùe ; q u i l
n e d iffé r é d e l 'a c id e c a r b o n iq u e q u e 'p a r u ne p r o p
o r t io n p lu s g ra n d e d e ca r b o n e .
Cette demiere conclüfion, celle de toutes
qui a le plus de rapp r t , & l'analogie la plus
importante avec la théorie moderne , eft celle
fur laquelle il faut appeller toute l'attention des
chimiites j elle tend à faire regarder l'acide gai-
lique comme un véritable a c id e ca r b o n e u x , &
à le préfenter comme étant à l'âcidë carbonique
ce que l'acide fulfureux eft au fulfurique, le
nitreux au nitrique , le phofphoreux au phof-
phoritjue, l'arfénieux à l'arfénique , l'acéteux à
l'acétique. Cette ingénieufe idée n'eft malheu-
reufement pas prouvée dans le mémoire de M.
Déyeux, comme le font les faits relatifs aux
cinq acides cités ci-defîus , par rapport aux deux
états d'acidification plus ou moins avancée &
de proportions diverfes d'oxigène dans lefquels
chacun d'eux fe rencontre. En effet, on ne Voit
point dans ce travail, d'ailleurs très-intéreflant
& très-bien fait. de preuves direétes & fatisfai-
fantes dans l'état rigoureux & exaét où eftaujour- :
d'hui la chimie, qu'en ajoutant du carbone à
l ’acide carbonique, on le convertiffe en acide :
gallique, ou en lui enlevant de l'oxigène, on le ;
convertiffe en cet acide , comme cela pourrait
avoir lieu quand on le décompofe'uni a ünë bâfe ;
par le moyen du phofphore; on n'y voit rien non
plus qui indique qu'en brûlant, moins le carbone
que cela ne fe fait dans les combuftions ordinaires
du charbon , on le change en acide gallique
, au lieu de le faire paffer à l'état d'acide
carbonique; & tout cela eft plus ou moins prouvé
pour les acides fufceptiblês d'être portés à deux
états avec lefquels M. Déyeux compare celui-ci.
Enfin s les expériences même qu'il décrit dans fon
ouvrage, & qui l’ont engagé àprèfentër cette
opinion fur l'àcide gatliqué'j’ n'offre point une ga-
rantieaffez forte , une preuve affez foüdê ou âlféz
dirétte de cotte opinion , pour qu'elle puiffe être
admife fans de nouvelles recherches. L'aut .ur a
lui même obférvé qu'en déCômpofant l'acide gallique
par le feu , il obtenoit un autre acide qui
colorait le fulfate de fer en v e tt, 8c de l'acide
carbonique, plus un charbon affez volumineux.
C'eft la quantité de cê dernier réfidu qui l'a ma-
nifeftement conduit à l'affertion qu'il offre aux
ehimiftês; mais ils avoient déjà obférvë la plupart
de ces faits fur plufieurs acides végétaux ; i
& ils n'en avoient pas tiré la même conclufion ; ,
ils avoient feulement dx que , par une haute ’
température, ces acides fe décompofoierit, &
fe réduifeient en eau & en acide carbonique, \
par la réparation des principes de leurs radicaux j
hydro-carbonés, & par l’union ifolée de leur
hydrogène & de leur carbone avec l’oxigène.
Plufieurs de ces acides pourraient donc aufli-
bien que le gallique paffer pour de l'acide carb
o n e u x , fi l'on pouvoit admettre la préfence de
ce dernier, & s’il n'étoit pas bien prouvé qu'ou-
tre: le carbone ils contiennent de l'hydrogène,
qui change entièrement la nature de ces com-
pofés i Sr empêche qu'on ne les confonde avec
de l'atide carbonique furchargé de carbone. On
voit donc que les expériences du cit. Deyeux
ne peuvent pas changer cette partie de la théorie
chimique relative aux acides végétaux, &
qu'elles n’emportent pas avec elles cette force,
ce complément de preuves néceffaire pour faire
adopter une opinion femblable à celle qu'il a
émife.
L'analyfe de la plante connue fous le nom de
foude, f a l f o la f o d a de Linnéus , donnée par le
citoyen Vauquelin , eft un de cës travaux chimiques
précieux qui n'ont pu être faits qu'à l'épo-
ue où la fcience étoit parvenue y .qu’à l'aide
es moyens , des inftrumens nouveaux autant
qu'exaéls que la chimie pneumatique offrait déjà
depuis quelques années à ceux qui en avoient
bien fuivi les progrès , & que par un homme
non-feulement très au courant de. routes les
vérités nouvelles qu'elle préfentoit, mais capable
de ces .vues profondes autant que. :.faines
qu'elle faifoit naître, ainfi que doué de cette
fagacité & de cette patience qui ne connoiffant
point d'obftacles dans les difficultés que lui op.
pofent les analpfesi compliquées des corps organiques,
pourfuit avec une infatigable tenuerda
nature jufque dans fes derniers retranebemens.
Ori fera remarquer ici que des chimiftes de cet
ordre ne peuvent pas traiter une fubftànce,
telle qu'elle fo it, déjà examinée ou non encore
foumife à une analyfe rigoufeufe, fans y faire
des découvertes plus ou moins précieufes, fans
y voir ce que ceux qui lès ont précédés n'y ont
pas encore, vu , fans acquérir en même tèms
pour la fcience quelques données neuves , qui
en faifant connoître avec exaélitude les matières
qu'ils ont priles pour fujet de leurs travaux,
font également propres à hâter les progrès de
la fcience ou â en accélérer l’avancement. La
plante dont il va être queftion ic i , étoit une de
celles qui méritoit le plus d’être examinée &
analyfée avec la précifion inconnue dans la’chimie
ancienne, & que pouvoit feule donner la
méthode nouvelle.
La foude , d'où l’on extrait par la çombuf-
tion l'efpèce d'alcali fixe connu fous le même
nom , donne par là un des produits les plus in-
téreffans que la chimie ait pu offrir à l'homme ,
& qui fert avéc tant d'avantages dans les manu-
faétures de1* fa von , de teinture, de vêrrerie,
d'émaux, de couleurs pour la peinture, ainfi
qus dans une foule d’ufages domeftiques , qu’il
y avoit peu de fubftances fur lefquelles il fût
aufli intérefl’ant d'acquérir des connoiffanee.s plus
exactes que celles qu’on pofledoit encore. On
avoit imaginé-, plutôt que trouvé , diverfes maniérés
d’expliquer fa nature par rapport à l’alcali
ou’on en retire, & le procédé fur-tout par
lequel cette matière alcaline , fi importante pour
les arts j en étoit extraite. Les uns prétendoient
qu’elle étoit le produit d’une décompofition du
fel marin par la combuftion, fans qu'ils euffent
pu encore déterminer les lois & les affinités par
lefquelles cette prétendue décompofition avoit
lieu.’ D’autres fuppofoient que la foude étoit
toute formée 3 toute à nud dans la plante. Il y
avoit donc parmi les. chimiftes de l’incertitude
fur la préfence de la foude dans le falfola avant
la combuftion 5 une opération fimple a prouvé
au citoyen Vauquelin que cette matière alcaline
préexifte à la combuftion du falfola ; infufé dans
i’eau 3 il a fourni par l’évaporation une quantité
fenfible de carbonate de foude. Cette expérience
a engagé ce chimifte à pouffer plus loin
fon examen.
Le falfola réduit en poudre , a une couleur
verte-jaunâtre , une odeur marécageufe & une
faveur falèe légèrement alcaline. Il rétablit la
couleur du tournefol altérée par les acides. Imbibé
d’eau, & abandonné à lui-même à la température
de 1 y degrés , il noircit , fe couvre de
mucor, & répand une odeur fétide.
C’eft fur-tout avec l’acide nitrique qu’il a
traité le falfola d’une maniéré neuve & intéref-
fante : y®o grains de falfola pulvérifé, mis dans
une cornue , à l’appareil pneumato - chimique ,
avec 8 onces d’acide nitrique donnant 22 degrés
à l’aréomètre de Baumé, ont fourni du gaz ni-
treiix , quê l’acide carbonique a bientôt'accompagné
jufqu’à la fin de l’opération , mais dans
des rapports ' différens : au commencement, le
gaz^ nitreux , relativement à l’acide carbonique ,
^toit plus abondant qu’à la fin de l’opération.
Il paffoit en même tems une liqueur .claire
& fans couleur qui contenoit de l’acide nitreux,
& qui avoit l’odeur de l’acide pruflique.
Une portion de cette liqueur faturée avec de
la potaffe, & mêlée à une diffolution de fulfate
de fer, a donné un précipité bleu qui étoit de
véritable pruflïate de fer. Cette liqueur avoit
une couleur jaune de citron , une odeur analogue
à celle de l’acide pruffique. Il nageoit
deffus une huile jaune qui s’eft figée par le
refroidiffement. Dans cet état, elle avoit une
couleur blanche-jaunâtre, moins foncée que celle
de la cire ordinaire , mais jo.uiffanr d’une duc-
t.’hté à-peu-près femblable. Elle fe diffolvoit dans
1 alcool plus abondamment que la cire ordinaire ;
elle en étoit féparée parfaitement blanche par
l’eau j elle donnoit de l’acide fébacique par la
diftillation s comme la cire ordinaire. Il eft néceffaire
, pour la formation de cette fubftance ,
que l’acide nitrique bouille fur la matière végétale
, jufqu’à ce que l’on voie des paillettes brillantes
nager dans la liqueur.
Vauquelin explique ainfi la formation de cette
cire. A mefure que l’opération avance , l’acide
nitrique fe condenfe davantage , fa température
augmente , l’attrafrion des principes de la plante
change pour l’oxigène ; le carbone l’emporte
fur l’hydrogène , & alors le premier de ces corps
brûlant feul $ l’hydrogène deyient prédominant,
& donne à la matière un caractère huileux.
II reftoit uné portion de la matière végé-*
taie qui n’avoit pas été décompofée î elle étoit
blanche, demi-tranfparente , & reffembloit à des
lames de mica. Elle pefoit yo grains , ou le
dixième de la maffe'employée 5 elle avoit une faveur
aftringente très - forte y elle rougiffoit la
couleur de tournefol, quoiqu’elle eût été lavée;
elle s’uniffoit aux alcalis , d’où elle étoit précipitée
par les acides ; l’alcool la diffolvoit , S c
cette combinaifon étoit troublée par l’eau qui
en féparoit la matière végétale en molécules
brillantes.
\ Ces propriétés ont fait penfer que cette ma •
tière étoit un acide nouveau formé par l’oxi-
gène de l’acide nitrique & la partie Jigneufe du
bois. Il donnoit de l’acide pyro-ligneux à la diftillation
, 8c il laifioit peu de charbon.
La liqueur contenoit des nitrates de magnéfie
& de loude, de l’acide muriatique provenant
de la décompofition du muriate de foude par
l ’acide nitrique , & de l ’acide nitrique excédant ;
elle contenoit auffi une pbrtioa de matière
végétale jauné qui y étoit diffoute , & dont
les alcalis augmentoient la. couleur fans la fé-
parer.
On n’a point trouvé dé trace d’acides mali-
que , oxalique & acéteux dans cette liqueur ref-
tée dans la cornue, comme cela a lieu pour la
plupart des matières végétales ainfi traitées.
576 grains, ou une once de falfola , mis dans
une cornue de verre adaptée à un récipient
communiquant à une cloche remplie d’eau par
le moyen d’un tube, a donné i° quelques gouttes
d’un liquide fans couleur; 2°. un fh.ide jaune;
3?. un fluiie élaftique compofé de gaz hvdro-,
gène carboné & de gaz acide carbonique ;
40. une huile rouge dont la couleur s’eft foncée
à mefure que la diftillation a avancé davantage.