
eft très facile de fe repréfenter une maffe d’or*
c'eft-à-dire, un corps jaune, éclatant, fonore,
duCtile, compreftïble, divifible par dès- moyens
méchaniques , rarefcible jufqu'à la fluidité, con-
denfable , élaftique , pefant dix-neuf fois plus
ue l'eau > de fe repréfenter un pareil corps,
is-je , comme forme par l’affemblage de parties
qui font de l’o r , mais qui n'ont aucunes des
qualités que je viens d'expofer : or cette vérité
découle u néceffairement de ce que j'ai déjà pro-
pofé,qu'une preuve ultérieure tiree de l’expérience
me paroît aufli inutile que l'appareil de laphyfique -
expérimentale à la démonftration de la force des
léviers. Si quelque leCteur eft cependant curieux
de ce dernier genre de preuve, il le trouvera
dans ce que nous allons dire de l’imitation de
l’or.
Toutes ces qualités je les appellerai extérieures
ou pkyjîques, & j'obferverai d'abord qu’elles font
accidentelles, félon le langage de l'école, qu’elles
peuvent périr fans que le corpufcule foit détruit
ou ceffe d'être un corps tel , ou, ce qui eft
la même chofe, quelles font exactement inutiles
à la fpécification du corps , non-feulement par la
circonftance de pouvoir périr fans que l'être fpé-
cifique du corps foit changé, mais encore parce
que réciproquement elles peuvent fe rencontrer
toutes dans un corps d'une efpècé différente.
Gar quoiqu'il foit très-difficile de trouver dans
deux corps intérieurement différents un grand
nombre de qualités extérieures femblables & que
cette difficulté augmente lorfqu'on prend l un
des deux corps dans 1-extrême de la clafle , qu'il,
en e ft, par exemple, le plus parfait, Comme
l’or dans celle des métaux ; cependant cette ref-
femblance extérieure ne répugne point du tout
avec une différence intérieure effentielle. Par
exemple, je puis difpofer l’or & un autre corps
qui ne feroit pas même un métal de façon qu'ils
fe reffembleront par toutes leurs qualités extérieures
& même par leur gravité fpécifique j
car s’il eft difficile de procurer à un corps non
métallique la gravité fpécifique de l’or , rien n'eft
lï aifé que de diminuer^elle de l’or. Celui qui
aura porté ces deux corps à une reffembiance
extérieure parfaite pourra dire de fon or imité,
en aurum phyfîcorum , comme Diogène difoit de
fon coq plumé, en hominem Platonis*.
Outre toutes ces propriétés que j’ai appellées
extérieures au phyÇtques , j’obferverai dans tout
aggrégé des qualités intérieures, de leur nom générique
, en attendant qu’il me foit permis de
les appeller chimiques & de les diftinguer par cette
dénomination particulière des autres qualités du
même genre, telles que font les qualités très-
communes des corps, l'étendue,l'impénétrabilité,
l’inertie , la mobilité, &c. Celles dont il s'agit ici
font des propriétés intérieures partieuüèresi elles
fpécifient proprement le corps , le conftitueiît
un corps tel, font que l'eau, l'or, le nitre, &c.
font de l'o r , de l’eau, du nitre, &c. & non
pas d'autres fubftancès ; telles font dans l’eau
la fîmplicité, la volatilité * la faculté de diffoudre
les fels, & de devenir un des -matériaux de leur
mixtion, &c. dans l'o r, la métallicité, la fixité,
la folubilité parle mercure & par l'eau régale, &c.
dans le nitre, la falinité neutre, la forme de fes
cfcyftaux , l'aptitude à être décompofé par le
phlogijlique & par l'acide vitriolique, &c. or ces
qualités appartiennent toutes effentiellement aux
parties intégrantes.
Toutes ces qualités font dépendantes les une«
des autres dans une fuite qu'il eft inutile de détailler
ici , & elles font plus ou moins communes
: l'or , par exemple , eft foluble par l,e
mercure comme métal.5 il eft fixe comme métal
parfait > il eft folubffe dans l’eau régale en un
degré d'affinité fpécifique comme métal parfait
t e l , c'eft-à-dire, comme or.
De ces qualités internes quelques-unes ne font
effentielles aux corps que relativement à notre
expérience, à nos connoiffances d'aujourd'hui :
la fixité de l'or-, la volatilité du mercure, l'inar
malgabilité du fer, &c. font des propriétés inr
ternes de ce genre } découvrir les propriétés contraires
, voilà la fourçe des problèmes de la
chimie - pratique la moins vulgaire.
Il eft d’autres propriétés internes qui font tellement
inhérentes au corps -qu'il ne fauroit fub-
fifter que par elles : ce font toutes celles qui ont
leur raifon prochaine dans l'être élémentaire ou
dans l'ordre de mixtion des corpufculès fpéçt-
fiques de chaque corps > c*eft ajnfi qu'il eft effen-
tiel au nitre a'être formé par l'union de l'acide
que nous appelions nitreux & de l’alcali fixe*
à l'eau, d’être un certain élément*
Toutes les diftinCtipns ' que nous avons pro-
poféés jufqu'à préfent, peuvent n'être rega.rdée$
.que comme des vérités de précifion analytique *
puifque nous n’avons confidéré proprement dans
les corps que des qualités? nous allons voir que
le* différences qu'ils nous présenteront comme'
agens phyfiques ne font pas moins remarquables.
i°. Les maffes exercent les unes fur les autres
des aClions très - diftinCtes' de celles qui font
propres aux corpufculès , & cela félon des loix
abfolument différentes de celles qui règlent les
affeCtions mutuelles des corpufculès. Les premières
fe choquent, fe preffent, fe réfiftent, fe di-
vifent, s'élèvent, s'abaiffent, s'entourent, s’enveloppent
, fe pénètrent , &e. les unes les
autres en raifon de leur vîteffe, de leur maffe ƒ de
leur gravité ,4 e leur confiftance, de leurs figures
refpeCtives ? Sc ces loix font les mêmes, foit que ‘
l ’aCtion ait lieu entre des maffes homogènes , foit
qu'elle fe parte entre des maffes fpécifiquement ;
différentes. Une colonne de marbre, tout étant j
d'ailleurs égal , contient une maffe de marbre j
comme une marte de plomb. Un marteau d’une ma- !
tière convenablefquelconque , chaffe de la même
manière un clou d'une matière convenable quelr j
conque Les, aCtions mutuelles des corpufculès ne
font proportionelles à aucune de ces qualités, tout j
ce que les dernières éprouvent les unes par rap- |
port aux autres, fe réduit à leur union & à leur réparation
aggrégative , à leur mixtion, à leur décom-
pofîtion & aux phénomènes de ces affeCtions : or
il ne s'agit dans tout, cela ni de chocs, ni de pref-
fions , ni de frottement, ni d'entrelaflfement, ni J
d'introduCtion, ni de coin , ni de lévier, ni de
vîteflè ni de groffeur, ni de figure, &c. Quoiqu'une
certaine ;groffeur & une certaine figure
foient apparemment effentielles à leurêtre fpéci- >
fique, ces aCtions dépendent des qualités intérieures
des corpufculès , parmi lefquels l’homogénéité
& l’hétérogénéité méritent la même çon-
fidération , comme condition eflentielle; car,
raggrégation n’a lieu qu'entre des fubftancès homogènes
, comme nous l’avons obfervé plus haut,
l'hétérogénéité , des principes au contraire eft effentielle
à l'union mixtive.
i Q. Toutes les maffes gravitent vers lin centre
commun, ou font pefantes } elles ont chacune un
dégré de pefanteur connu , & proportionel à leur
quantité, de matière propre lous un volume donne.
La gravité abfolue de tous lescorpufcules n'eft
pas démontrée, leur gravité fpécifique n'eft pas
connue.
3*. Les maffes adhèrent entr'elles à raifon de
leur ngur.e : les corpufculès ne connaiffent point
du tout cette lo i, c'eft à raifon de leur rapport ou
affinité que fe.fondeurs unions ( Voye\ Rapport:.)
& réciproquement les maffes ne font pas fqumifçs
aux loix des affinités , I'aCtion menftruelle' fuppofe
âù contraire la deftruttion de raggrégàtion, (F<?y^
M e n s t r u e . ) & jamais de l'unjon d'une maffe à
une maffe de nature différente , il na réfultera un
nouveau corps homogène.
40. Les corpufculès peuvent être écartés les
uns des antres par la chaleur , caufe avec laquelle
on n’a plus beloin de la répulfion de Nevton j les
maflesme s'éloignent pas les unes des autres par
la chaleur. ( Voyt^ F e u . )
50. Certains corpufculès peuvent être vo'latilî-
fés, & aucune maffe n'eft volatile. ( Voye[ V olatile.
)
Jufqu'à préfent nous n’avons oppofé les cor-
pufcules aux aggrégés , que par la feule circon-
liance d'être confidérés foiitafeementj & nous n’av
o n s e u a u c u n é g a r d à la c o n f t i tu t i o n i n t é r i e u r e
d e s p r e m ie r s ; c e d e r n ie r a fp e ê l n o u s f o u r n i r a de
n o u v e a u x c a r a c tè re s d i f ti n d i f s . L e s v o i c i :
i fl. L e s a g g r é g é s f o n t h o m o g è n e s , & l e s e o r -
p u f c u le s o u f o n t l îm p le s , o u f o n t c o m p o fé s d e m a té
r i a u x e f f e n tie lle m e n t d if fé r e n s .
La p r e m iè r e p a r tie d e c e t t e p r o p o fitio n e f t f o n d
é e fu r u n e d é f in itio n o u d e m a n d e -, la f é c o n d é
e x p r im e u n e v é r i t é d u m ê m e g e n r e , & e lle a
d ’a ille u r s t o u t e l'é v id e n c e q u e p e u t p r o c u r e r u n e
v a fte e x p é r ie n c e q u e n o u s a v o n s à c e f u je t. {Voye^
Mix t io n . )
2 0 . L e s m a té r ia u x d e s c o r p u f c u lè s c o m p o fé s
d if fé r e m m e n t,n o n f e u le m e n t e n c r 'e u x 5 m a is e n c o r
d u c o r p u f c u le q u i r é f u lte d e l e u r u n io n , &
p a r c o n f é q u e n t d e l 'a g g r é g é f o rm é p a r l'a lc a li fix e
& l'a c i d e n itr e u x ,d if f é r e n t e f f e n tie lle m e n t d u n i t r e
& d 'u n e m a rte d e n itr e ,8 è f i c e t te d iv ifio n e ft p o u f lé e
ju f q u 'a u x é l é m e n s , n o u s a u r o n s t o u t e la d iité r e n c e
d 'u n e m a ffe à u n c o r p s fim p le . ( Voyt% n o t r e d o c t
r in e f u r ie s é lé m e n s , a u m o t Principe.)
3e. Les principes de la mixtion ou de la composition
des corpufculès^, font unis entr’eux par
un mouvement bien différent de celui qui opère
l'union aggrégative ou le rapport de maffe. Le
premier petit être rompu par les- moyens meca^
rifques, aufli bien que par les moyens chimiques} le
fécond ne peut l'être que par les derniers, favoir,
les menftru.es & la chaleur \ & dans quelques fujets
même ce noeud eft indifloiub.le , du moins parles
moyens vulgaires 5 l'or , l'argent , le mér--
cure , & tin très-petit nombre d'autres corps,
font des mixtes de cette dernière çlaffe ( Foyer
Mixte. )
L e s b o r n e s d a n s le fq u e lle s n o u s f o m m e s f o r c é s
d e n o u s c o n t e n i r n e n o u s p e r m e t te n t p a s d e
p o u ffe r p lu s lo in le s c o n f id é r a tro n s ; le s p r o p o r
iitio n s ;q u 'e lle s ;n o u s 7Q n t f o u r n ie s , q u o iq u e f im p le -
' m e n t é n o n c é e s p o u r la p l u p a r t , p r o u v e n t c e m e
fe m b le fu ffifa m e n t q u e le s a ffe c tio n s d e s m a ffe s ,
de le s affeC tio n s d e s d iffé re n s o r d r e s d e c e s p r in c
ip e s d o n t e lle s, f o n t f o r m é e s , p e u v e n t n o n -fe u le ^ -
m .e n t ê t r e d iü in g u é e s p a r d e s c b n f id é r a tio n s a b f -
t r a i t e s , m a is m ê m e q u ’e lle s d if fè r e n t ph;. f iq u e -
m e n t à p lu fîe u r s é g a r d s } & l 'o ii p e u t a u m o in s
f o u p ç o n n e r d è s à p r é f e n t q u e la p h y ftq u g d e s
c o r p s n o n -o rg a n if é s p e u t ê t r e d iv if é e p a r c e s d if f
é r e n s e n d e u x f c ie n c e s in d é p e n d a n te s l’u n e d e
l ’a u tr e d u m o in s q u a n t a u x o b je ts p a r tic u lie r s . O e
e lle s e x if te n t c e s d e u x f c ie n c e s , h d iv ifio n s 'e f t
f a ite d ’e lle -m ê m e ,& l ’o b j e t d o m in a n t d e c h a c u n e
r e m p lit fi e x a c te m e n t l 'u n e d e s d e u x c la rté s q u e
n o u s v e n o n s d ’é t a b l ir , q u e c e p a r ta g e q u i a p r o c
é d é l 'o ’b f e r v a tr o n r a if o n n é e d e fa n é c e f f ité e ft
u n e n o u v e lle p r e u y e d e la r é a li t é d e a o t t e d if tin c -
I tiùUo.