
Quand nous aurons acquis plus d » connoif-
fiinces fur la nature du cerveau humain , nous
tâcherons d’explquer pourquoi il ne fermente
point j & pourquoi il ne s’en dégage point de
fluide ébftique.
E x p é r i e n c e II.
Expo fit ion du cerveau humain à l ’air libre.
, a remarqué que les cerveaux abandonnés
a eux-mêmes pendant quelques, jours à la température
de ix°. fe gâtent j exhalent une très- '
mauvaife odeur , & produifent un acide qui
devient fenfible au papier bleu , quoique la tou-
verte 1 odeur déteftable que préfente ce
vdcère , femblent indiquer de l’alcalicité.
Le cerveau ainfi altéré , expofé à la chaleur
de 1 eau bouillante, dans un bain-marie fe coa-
gule 8c fe durcit , il s’en fépare une liqueur
opaline qui contient de l’acide formé, pendant
fon expofition à , l’air. Cet acide s’altère très-
promptement en prenant une couleur noire , en
dépofant des flocons blancs, & en exhalant une
odeur infupportable , on n’a pas pu en reeon-
noitre la nature.
Lme livre deux onces de cerveau humain auquel
on avoit enlevé I’ea;uv féparée pendant fa
coagulation opérée par les premiers- degrés de
chaleur 3 fe font réduits à 4 onces par cette chaleur
du bain , cette matière ainfi deflechée avoit
une couleur jaunâtre, une odeur fade & nau-
féeufe.
11 paroît que les cerveaux contiennent des
quantités d’eau différentes ? ou que. la méthode
employée pour leur deificcation n’eft pas identique
car les uns ont diminué de -f ou les autrés
des -y-ou fJ & d’autres de quantités encore i
différentes j 1 une 8c l’autre de ces fuppofltions
peut être vraie.
- Cette expérience prouve que le cerveau fournit
un acide avant de donner naiffance à l’ammoniaque,
il partage cette propriété avec toutes
les.matières animales qui contiennent du mucilage
, de la gélatine, ou quelques fibres blanches
■ fufceptibles de paflfer à cet état pair l’aélion de
la chaleur.
E x p é r i e n c e I II.
Cerveau humain traité par la chaleur.
On a mis une livre 11 onces de cerveau humain
dans un. vafe d’étain plongé dans J’eau
bouillante ou on l’a laiiîé jufqu’à ce, qu’il n’ait
plus perdu de fon poids par cette température.
Il a. répandu pendant cette deflîccation une odeur
femblable à celle qui a été obfervée pendant
le deflechement des cerveaux de veau 8c de
mouton j il a pris une couleur grife jaunâtre,
quoiqu’il eût été expofé pendant plufieurs jours
à la température de 720, à laquelle il ne pa-
roifloit plus fe deffécher davantage , il n’étoit
point friable , mais il fe ramollifïoit 8c fe pelo-
tonnoit fous les doigts , il ne pefoit plus que
fix . onces deux gros après cette opération.
0*1 a pris 4 onces de cette fubftance ainfi def-
fechée au bain-marie, on l’à expofée à une forte
chaleur dans un creufet d’argile ; au commencement
elle a exhalé des furpées jaunâtres qui
avoient une odeur d’ammoniaque 5 elle s’eft: en-
fuite ramollie, elle s’eft b our Confiée & a pris
une' couleur noire; lorfquela chaleur a été plus
forte, elle eft devenue plus liquide , la fumée
qu’elle répandoit s’eft enflammée , fa flamme blanche
& brillante étoit mêlée d’une fumée affez
épaiffe , ces phénomènes ont duré long-temps.
Sur la fin de la combuftion , long-temps après
q i’il ne fe dégageoit plus de flamme , il fe vo-
s latili'oit une vapeur légère qui piquoit les yeux
: & les narines , 8c qui avoit une. petite odeur
d’acide fulfureux 3 une cloche humeétée d’eau,
pofée fur l'ouverture du creufet .a rafièmblé une
portion de ces vapeurs , & l’eau qu’elle conte-
noit a rougi les .couleurs bleues., & a précipité
les Tels barytiques , ce qui indique, l’acide fulfurique.
Lorfqu’il ne reftoit prefque plus de matière
à brûier, elle s’eft ramollie 8c s’eft: en quelque
forte fondue ; retirée du creufe.t au bout d’une
fpatule, elle jouiftoit d’une grande duélilité tant
qu’elle confervoit un certain degré de chaleur.
Le creufet éloigné du feu à cette époque a pré-
fenté,. après a voir»,été refroidi-, la matière fous
une couleur noire très-belle , qui eft deyenue
grife par la pulvérifation , elle, étoit en maffe
agglutinée & fonore, elle ne pefoit qu’un gros
fept grains. On a pulvérifé cette matière & on
l’a mife avec de l’eau diftillée , la leflive n’a
point verdi le papier de violettes , ce qui indique
qu’il n’y a point d’alcali libre dans cette,
matière charbonneufe. On verra par d’autres expériences
qu’elle n’en contient pas.
E x v É R 1 e n c e I V .
Cerveau humain traité par Veau & la chaleur.
On a pris 12 onces de - cerveau humain, on
l’a fait bouillir avec 2 livres-d’eau diiiiïlée dans
lefquelles on l’avoit .exa&ement délayé auparavant.
Avant que la. liqueur n’atteignit le degré,
de l’eau bouillante , elle s’eft coagulée, àbfoju-
ment comme du lait auquel on a ajouté ut) acide,.
le cerveau s*eft féparé de l’eau fous la forme de
flocons , on a filtré la liqueur , & on a *alt
plufieurs effais fur une petite quantité de cette
dernière avec quelques réaéhfs pour en recon-
noître la nature.
i°> Les fels calcaires déliquefcens y forment
un léger précipité 5 i°‘. L’eau de chaux y en fait
atuTi un; $Q. Les acides n’y occafionnent aucun
changement 5 40, Elle avoit une faveur fade &
légèrement fucrée ; 50. Elle a pris en évaporant
Une couleur de marron, & il s’eft] formé
quelques floçons qui reflembloient fort a de 1 albumine
', 6°. Elle fourniflbit un Tel cryftallifable
en rhombes , qui prëcipitoit f’eau de chaux,
qui fe fondoit en un verre tranfparent à la chaleur
du chalumeau, mais qui s’effleurifloit bientôt
à l’air, 8c dévenoit opaque 5 cè fel n’exhaloit que
très-peu d’ammoniaque par la chaux 5 au moins
ce phénomène étoit fi peu fenfible, oua peine
l’acide muriatique oxigèné faifoit-il paroitre quelques
traces de vapeurs à la furface de ce mélange.
La matière du cerveau qui s’étoit coagulée fut
abandonnée à l’air 3 elle s’y eft bientôt corrompue
en répandant une odeur déteftable, en donnant
naiflanee à dès mucors 8c biflus} enfin les
mouches y ont dépofé leurs oeufs, 8c les larves
qui en font provenues , y ont vécu.
E X..P É R I E N C E V.
Cerveau humain traité par l ’acide fulfuri<iue.
Oi> a pris une livre de cerveau humain , une
livre d’eau diftillée & une once d’acide fulfuri-
que concentré donnant 70° à l’aréomètre. On
a battu ces matières enfemble, 8c on les a laiflees
én contaéb pendant vingt-quatre heures , au bout
defquellés on a jeté .:le! mélange fur un filtre de
papier gris 3 il apafle une liqueur claire , moins
acide qu’elle n’étoit auparavant ; la matière cérébrale
eft reliée fur le filtre coagulée en petits
morceaux.
La liqueur évaporée jufqu’à une certaine con-
fiftance a laiflédépofer des cryftasx allongés mais
minces & peu dilfolùbl'és , il n’a pas été pof-
fiblë de réparer ces crÿftaüx à mefure qu’ils fè
prëfentoient, à caufè de l’excès d’acide fulfurique'
dont ils étbient baignés. On a donc continué
s l’évaporation 5 lorfque la liqueur a commencé
à s’épâiffir , elle a pris une couleur brune
qui a paffé fucceflivement au noir très-foncé; A
cette époque de l’évaporation, il fe répandoit
une forte odeur d’acide fulfureux, produit de la
décompofition de l’acide fulfurique excédent par
la matière cérébrale & fur-tout par fon hydrocène
j les vapeurs de gaz ayaht difparu, ou a
ajouté quelques onces d’eau à la matière noire
épaiflie. La fubftance cérébrale étoit fi parfait
tement décompofée, que l’eau ajoutée n’a pris
aucune couleur, même à l’aide de la chaleur „
& le carbone ifolé s’eft féparé avec la plus
grande facilité.
Ce charbon précipité fut bien lavé, & l’eaiï
qu’on employa pour cette leflive fut mife avec
celle de la première filtration. On a fait évaporer
de nouveau cette liqueur jufqu’à ce qu’elle
rut épaiflie, elle ne fe colora plus comme la
première fois, ce qui prouve encore que toute
la matière animale avoit été complètement décompofée
pendant la première opération. On a
verfé fur la liqueur épaiflie environ fix onces
d’alcool pur 3 par ce moyen l’on fe propofoit dd
difloudre l’acide fulfurique excédent 8c d’en dé-
barrafler les fels qui étoient formés avec une
partie de cet acide neutralifé par les bâfes calcaire
& alcaline qui entrent ' dans la compo-
fition du cerveau. Nous n’ignorions pas qu’une
partie de l’acide phofphorique féparé de ces
bâfes par l'acide fulfurique feroit enlevée par
l’alcool 5 mais on verra plus bas qu’on a fu h
retrouver 8c en déterminer la proportion;
La quantité de matière reftée intadle à l’alcool
8c féparée de ce liquide pefoit trente-huit
grains 5 de l’eau diftillée froide mife fur cette
maffe en a diflous' trente trois grains 3 les cinq
grains reftans avoient une couleur blanche, une
faveur terrèufe 8c peu de diflolubilité, cependant
aflez pour donner un précipité très-abondant
avec le muriate de baryte 8c l’acide oxalique
, phénomènes qui démontrent fa nature
compofée d’acide fulfurique 8c de chaux. La
diflolution des trente-trois grains dans l’eau fut
mêlée avec’ de l’eau de chaux 5 ce mélange fit
naître un précipité floconeux qui fe prit en une
pâte fine en fe deflechant 3 c etoit du phofphate
calcaire qu’on a mis de côté pour le réunir à
une autre quantité du même fel dont on parlera
plus bas. La diflolution ne précipitant plus
par l’addition de l’eau de chaux , on l’a fait
évaporer au foleil 3 elle- a fourni des cryftaux
allongés » légèrement jaunes, d’une faveur piuante,
’fraîche, qui s’effleuriflbit 8c qui répanoit
de l’ammoniaque par Taddition de la chaux
en poudre, 8c fur-tou* en les délayant dans un
peu d’eaù 3 en redrflolvant ce fel dans une petite
quantité d’eau, il a laifle un grain 8c demi
de matière en petits cryftaux blancs prefque in-
fipides 5‘c’étoit du fulfate de chaux formé pendant
la précipitation de l’acide phofphorique par
la chaux dont oïT'avoit mis une quantité trop
forte , 8c qui avoit décompofé une portion de
fulfate d’ammoniaque contenue en même temps
dans cette liqueur. Des expériences ultérieures
aous ont fait penfer que la plus grande partie