
fermoir dans cette belle expérience qui lui avoit
réufi'i , il n*en a point été affez èmbarrafle pour
le faire changer d'opinion fur l'acidité étrangère
à l'air fixe, auxontraire 3 a.femblé s'y fortifier
davantage par l'idée qu'il adopta que cet
acide féparé de l'air étoit un acide particulier
tout différent , & dé l'acide vitriolique & de
l'air fixe ; il en a conclu que cet acide tout
contenu dans Pair étoit utile à fa falubrité ,
qu'il la per doit lorfqu'on Pen fépàroit, lorf-
qu'on l'en précipitoit par l’éle&ricité, & que
c'étoit pour cela que dans l’expérience de Pnef-
tley l’air éleélrifé’ deyenoit mai fain & même
meurtrier. L'air fixe ne lui. par ut même fixe &
dangerèùx pour les animaux, que parce qu'il
eft auffi privé de fon acide natüiel. Enfin l'air
üxe :extrait des animaux etvpùtréfa&ion n etoit
«point acide fuivant lui ; :he; comrtumiquoit point
d'acioité à l'eau, & ne tôlorbit point le tournefol
~eri f érige. il eft clair-que Mi Fontana diftin-
guoit dès-lors plufieurs efpèces d'air fixe , &
qu’il n'y trouvoit qu’une çhofe commune , c’é-
•toit d'être privé dé lëàr-acide naturel. Il eft
difficile de concevbir comment , d’après cette
•'opinion, il feifibloit regarder là -préfence de l ’a-
;cide vitfrolique’ comme eïTefitiellè à l'une deri*
tr’elles , ou comment-3 ‘enteridbit que fi cette
‘efpèce étoit devenue air fixé en perdant fon acide
naturel, elle étoit cependant reliée air fixe quoique
prenaiit un nouvel acide. Au refte M. ■ Fontana,,
n'étoit point le feul phÿficieri qui , â l’époque
de ;i77y y nioit l’acidité dé l'air fixe 5 c-etoit
encore àloVs un objet dedifeuffiortf très- animées
& d’expériéncés contradièloirës. Quoique celles-
ci euflent du terminer promptement & facilement
cette difficulté y il y avoit des préjugés fi anciens
"dé • fr forts , : qu'on aimoit mieux fuppofer
l'exifîfence1 d'un, acide entraîné 3/ diffous , fuf-
pendu dan^fë^âz' ,<qué Iiii accorder la na- .
ture acide par* lui - même j c’étqit ainfi qu'en :
•août' 1774:,'• malgré ' tous les faits qiii av.oient
été déjà trouvés^-annoncés *paii Black, Caven-
dish , Priefileÿ, Guy ton à'vôïs inféré dans le journal
de phÿfîque j ‘une notice- fur-la-préparation
d’eau enargée artificiellement d’air fixe a laquelle
il comparoit 8 c tr.QÙvoit tièS-relfemblante* une
■ autre eau oft- ib ayôftjveWé' ühë goûte d'acide
vitriolique fùlFureùx volatil. ■ L’identité >‘.dit - il■,
même , entre cês; deux 'eaux , 1 e n^anifefte par
tous les caraélères extérieurs ) -& il eft dautant
plus vraifembiarble que c’eft’ à la: préfebcè' de cet .
acide fulfureux qu’ il rapportait l'acidité de
l’eau acidulée artificiellement , qu-il J e fért de
ltxprejjîon d\eau ■ prétendue imprégnée d'air fixe 3
qu’il imagina dç'ffirté d’imiter paf l’addition de
l'acide fulfureux,. Audefle' riéfitte prbuv'é.mieux
l’empire de l ’habitude & la fbïcè' cîli préju'gé que ;
cette afferüon .dè Güyt'on, ;qüi• éMngë$îbientôt ;
d'opinion, qui fit quelques anhée’s àpnès; le faeri- ;
fice de fes idées & de toutes, fës affermons à
l'amour de la vérité , qui adopta toutes les données
des nouvelles expériences, & qui même
ne combattit leur application dans les premiers
{ temps que pour en affurer le fuccès, & en fonder
< la fiabilité fur des bâfes plus folides.
| Dans le meme cahier du journal de phyfique où
M. Fontana a configné les détails dont on vient
| de rendre compte en octobre 1775 , fe trouve
! une lettre delà Rochefoucauld à l’auteur du jour-
I| nal, dans laquelle cet amateur fi zélé des fciences, & qui a péri viélime de fon amour pour les
hommes c c pour la liberté, décrit deux expériences
importantes faites à Metz avec.Thyrion ,
l’apoticaire, fur l’attraélion de l'air fixe des
pierres calcaires par la diftillatiort. Ces expériences
prouvent 1^. que les cornues de grès ,
laiffent paffer ce fluide élaftique à travers leurs
pores » & que fi l'on ne fe fervoit que de cette
pratique, on ne connoîtroit jamais ni la nature
ni la quantité de ce principej i Q. que des cornues
de verre lutées, ménagées avec foin , peuvent
foutenir la chaleur néceffaire à la calcination
des pierres à chaux, & que n’étant point
perméables au fluide élaftique , elles laifloient
fôrtir & fe manifeftèr; d'une ■ manière très-fen-
fible par: la tubulure du ballon , ce fluide élaftique
qu'on n’avoit âpperçu par aucun ligne dans
le premier procédé des cornues de grès. Cette
observation bien faite de la Rochefoucauld a
guidé depuis tous les chimiftes dans le choix des
vafes deftinés à foumettre à l'aétion d’un feu
plus ou moins violent les corps fufceptibles de
donner des fluides élaftiques, dans l’intention
de recueillir les fluides & de n’en rien perdre.
Bergman, par fuite de fes recherches fur l'air
fixe qu'il avoit nommé acide aerien, & des
idees*qu'il s'étoit formées fur les heureux effets
de ce corps diffous dans l'eau , donna à l'académie
de'Stockholm , en 177j , une diflferta-
tion fur la préparation des eaux minérales froides,
& décrivit avec autant de clarté que de foin
les procédés divers pour imprégner l'eau de
cet acide aériforme , & fournir aux malades
peu fortunés les- moyens de jouir, à peu de
frais, des propriétés avantageufes de ces eaux.
La même année il rédigea, fous forme de thèfe
qui fut foutenue par un de fes élèves, une
differtation fur la magnéfie , où il gdiftingua foi^
gneufement cette terre avec toutes les autres ,
& fit connoïtre, avec exaélitude , fa combi-
naifon avec l’acide aérien. C ’eft encore à cette
époque qu'il faut rapporter fon bel ouvrage fur
les attra&ions élebtives, publié à Upfal en 1773,
& dans lequel, eu préfentant une nouvelle table
des affinités beaucoup [jplus étendue & plus
eomplette que toutes celles qui avoient paru
jufque-Ià, il fitentrer les affinités de l'air fixe
comme acide particulier & réunit à la loi desaffinités
ce qu’on favoit déjà fur les propriétés de
corps gazeux.
Monnet venoit de publier, en 1 7 7 ? , fon
traité de la diffolution de? métaux dans lequel,
après avoir décrit dans fon premier paragraphe
plufieurs expériences qui prouvoient la dilioju-
bilité du fer par l’air fixe, . il combattoit 1 o-
pinion de Bergman fur l’acidite de ce gaz , il
Loardoit l’acide atmofphérique comme un erre
de raifon , il prétendoit que le gaz n’etoit que
de /’tfic o r d in a ir e c om b in e d ’u n e m a n ié r é e x tra o r d
in a ir e a v e c d e l ’ea u , qu’il ne falloir point compter
fur fa propriété de rougir les couleurs bleues
pour le ranger parmi les acides. A ces afler-
tions hafardées, mais préfentées avec le ton al-
furé qui caraâérife tous les ouvrages de Monnet,
Bergman répondit par une lettre ou il fie
voir que loin de détruire fes affertions fut l’acidité
de l’air fixe , Monnet les confirmoit par
toutes^fes expériences, en prouvant la diffolu-
biiité des métaux par ce gaz, la cryltalhfation
de l’alcali fixe par le même corps; ilauura ae
plus que Monnet s’éteit trompé , & qu il n a-
voit pas vu les chofes comme il fau t, lorfqu il
a dit qu’en raffemblant les vapeurs du gaz ,
on ne retire que de l’eau infipide , puifqu alors
le vrai gaz acide fe joint a 1 atmofpnère en raifon
de fa fubtilité. On ne fauroit en effet con-
cevoir comment,avec des expériences qui confir-
moient évidemment tout ce que les chimiftes
annonçoient, depuis quelques années , fur les
propriétés de l'air fixe , & en préfentant des faits
qui prouvoient pofïtivemënt 1 afîertion de Bergman
fur l’acidité de ce gaz, Monnet adoptoit
cependant une opinion contraire, 1 & tiroit des
réfultats oppofés. Cela ne pouvoit venir que
d'une manière de raifonner, ou de philofopher ,
toute différente ; & en effet en lifant les ouvrages
de Monnet 3 en les comparant a ceux que
Bergman avoit publiés meme a 1 epoque_çi-
tée i c i , on remarque une bien grande différence
dans la maniéré de procéder pour trouver
la vérité. Au refte , quoique 1 avantage ait
bientôt été , dans cette difeuffion , en faveur
de Bergman, il n'en faut pas moins rendre juf-
tice au travail de Monnet. Les^ expériences fur
l’air fixe par rapport à fa propriété de difîoudre
les métaux, décrites dans le premier paragraphe
du traité que nous annonçons ic i, prouvent
très - directement la puiflance diffolvante de cet
acide en même-temps que fon peu d adhérence,
il ne s’en eft pas tenu à la diffolution du fer ;
il a prouvé celle du zinc , du mercure , du
cobalt, du nickel. Il annonce même fur la
diffolution de l'or & la propriété qu’il préfente ,
de prendre dans l'eau gazeufe une couleur purpurine
très-marquée 3 un effet fingulier & dont
les chimiftes ne fe font point occupés depuis,
quoiqu'il foit très-propre à attirer toute leur attention.
Il prouve par l'exemple de quelques
eaux minérales de France , & en particulier par
celleide Saint-Marc, près Clermont en Auvergne,
que les eaux chaudes tiennent du fer en dilio-
lution à la faveur de l’air fixe, ainfi que de^ la
terre abforbante î que le métal & la terre s en
■ précipitent à mefure que leur gaz fe ûifhpe. Il ex-
pofe un fait très-remarquable par rapport a l histoire
de l’air fixe , & à l’époque des decouvertes
faites fur fon exiftence dans la nature & fur
fes propriétés les plus caraftériftiques. O z y ,
apoticaire de Clermont-Ferrand, & mernbie de
la fociété de icette ville , avoit expofe, en
1762, dans une cave ,, fituée à Chamaliere ,
près de Clermont, où il s’élevoit une vapeur me-
phytiqde Fembîable Sc comparée juftement a la
grotte du Chien, une diffolution d alcali fixe
qui , en io ou n jours, lui avoit offert des
cryftaux fermes & folides. Un acide verfe fur
les cryftaux en dégageoit des vapeurs de la même
nature que celles de la cave. Monnet ajoute que
de l’eau expofée dans cette cave y devient ab-
folument fembîable aux eaux minérales gazeules
dont tout le pays abonde , que cette eau dif-
fout le fer comme ces derniers. Ce récit prouve
donc qu’Ozy , apoticaire françois , connoifloit,
fept ans au moins avant Black , la propriété
qu'a l’air fixe de faire cryftallifer les alcalis ,
qu’il l’avoit reconnu dans une vapeur fouter-
raine, concentré & recueilli dans un reaétif fa-
lin & qu'il ne lui manquoit que de l’avoir extrait
des alcalis effervefeens d avoir apprécie
fon aétion fur la chaux ainfi que fon affinité avec
ce corps terreux.
En feptembre 1775, M. de Chaulnes, engagé
par le voifinage [de plufieurs brafferies , fe pro-
pofa de faire fur l’air fixe , dégagé de là -bière ,
des expériences analogues à celles de M.yrieftley,
& apres les avoir variées de manière à les rendre,
ou fortement confirmatives de celles qui
étoient déjà connues , mais regardées encore
comme douteufes par plufieurs chimiftes , ou
entièrement neuves & differentes de celles
qu’on avoit déjà publiées, il vint en donner
connoiffance à l’académie des fciences le i j
décembre de cette année I77J- La touche vraiment
originale & piquante qui brille dans ce
mémoire, nous engage a en donner ici un précis.
Ce tut dans la brafferie de Lonchamps , le même
qui a donné dans l'Encyclopédie! art du braf-
feut, que ces expériences ont ete faites avec
tous les foins & toutes les facilités pofllbles. H
y avoir 4 pieds de profondeur fur fept de long,,'
remplis d’air fixe dans la cuve en fermentation ;
enforte qu’une lumière s’éteignoit près de les
bords lorfqu’on effayoir de l'y plonger. Cette
couche d’air fixe defcênd de lépaiffeur de la
liqueur, lorfque celle - ci eft foutirée par le
I robinet, place au fond de la cuve. L’air qui