
Pour bien obferver le- paffage.de cette diffolu-
tion de l'opacité à la tranfparence à l'aide du
refroidiffement, il fautprendre fuivant ce chimifte
line diffolution qui contienne deux grains par
once ,* & la faire cha* ffer jufquà 6c degrés du
ther.nomêtre de Reaumur , elle devient Taiteufe
par la chaleur, & toute la magnélie qui s'en précipite
fe rediffout par le froid.
Bergman avoit annoncé que la diffolution de
magnélie chargée d'acide carbonique évaporée
lentement donnoit des cryftaux les uns en grains
t 'anfparens , les autres reffemblans à deux faif
ceaux de ' rayons qui divergent du même point.
Butini a obfervë avec la plus grande exactitude
tous les phénomènes de cette cryftallifation. Il a
fait évaporer à la chaleur très-foible d’une lampe
une diffolution. chargée de neuf grains de ce fei
par once d’eau. Il s’eft formé d’abord à fa fur-
face une pellicule dont le deffous ainfi que les
parois du vais étoient tapiffés de plufieurs houppes
de crvftmx. l.e rendu ôffroit des aiguilles
brillantes effilées par leurs bâfes , & compofant de
petites maffes hémifphériques à filets divergens.
Cesaiguilles qui n’avoientpâsune ligne, offroient
aumicrofcope de longs prifmes à fîx-pans tranchés
par un hexagone, & femblables à ceux de certains
fuths.
M. Biitini a découvert encore une autre manière
de faire crvilalliftr le carbonate de magnifie , elle
confifté à expofer à l'air une diffolution acide de
C£ fel précipité par la chaleur. Il s'y forme au
bout de quelques jours des cryftaux femblables
à ceux que l'on obtient par L'évaporation. La
magnélie précipitée du fel d’epfom par ïe. carbonate
de potaffe , & defféchee n'en donne aucun
> iorfqu'on la délaie dans l'eau , elle 'ne
forme jamais que des maffes p lotonées irrégulières
y mais une diffolution de fui fats demagnéfie
nouvellement précipitée par le même fel, donne
des cryftaux aiguillés au bout de quelques jours.
La même diffolution féparée de fon précipité
parle filtre, fournit aufli des aiguilles de ma-
gnéfie. J'ai obferve plufieurs fois qu’une diffo-
Jution de carbonate de magnélie préparée pour i'u
fage d’ùn laboratoire , & confervë dans des
flacons de-verra bien bouchés, dépo'fe au bout
de quelque temps une grande quantité de petites
aiguilles très - fines & très - brillantes qui-pré-
fente» t à la loupe des prifmes à fix pans.
Les feîs neutres parfaits néprouvent point
d’altération de la-part du carbonate de magnélie ,
&: ils ne lui en font point éprouver ; ils augmentent
feulement fa diffolution dans l’eau , fui-,
vanc Butini ; il faut cependant excepter le
carbonate de potaffe qui lui enlevé cette propriété.
Les fel§ neutres calcaires font décompofés par
la magnélie-effervefeente ; c'eft en vertu des affinités
doubles que s’opère cette décompolïtion.
Nous avons fait obferver que la chaux a plus d'affinité
avec les acides que n’en a la magnélie, &
qu'elle décompofe les feis neutres qui ont cette
dernière fubftance pour bâfe. Ce n’eft donc qu’en
raifon de l’acide carbonique que fe font ces combinai
fons, & c'eft à jeaufe de la grande affinité
de la chaux avec cet acide qu’elle quitte les autres
pour s'y unir , pourvu que.ces derniers trouvent
une bâfe avec laquelle.ils pui.ffent fe combiner.
Lors donc qu’on verte une diffolution de
carbonate de magnélie dans une diffolution de
fulfate , de nitrate ou de mu ri a te calcaires*,
l’acide fulfu.rique nitrique ou muriatique quitte
la chaux pour fè porter fur la magnélie , s y unit
& forme du fulfate , du nitrate ou du mu ri a te
de magnçlîe , tandis que la chaux fe combine avec
l’acide carbonique féparé de U magnélie & fe précipite
en craie.
Il en eft donc de la magnélie comme de l ’ammoniaque.
Lorfque tous les deux font purs ou caustiques
, ils ne peuvent .déeompofer les fols calcaires
,. parce qu’ils ont '.moins d'affinité, avec les
acides que n’en a la chaux. Mais lorfqu’ils font
unis à l’agi de carbonique, & dans l’état des feis
neutres j alors ils. font capables de déeompofer
lesTels calcaires, en vertu des doubles aura -
rions, comme on l'expliquera aux articles r ;-
trate de chaux, muriate de chaux & fulfate de
chaux.
A cet examen gêné rai des. propriétés d\f carbonate
de magnélie, qui ne font p.refque relar
tives qu’à ce fel non fit curé d’acide carbonique,
tel qu’il exifte dans le commerce & fous la fo.rn ç.
pulvérulente, je joindrai ici un mémoire fur es
phénomènes qu'on obferve en préparant le carbonate
de magnélie plus ou moins fataré par ia
précipitation du fulfate de magnélie à l'aide
des dàttéxQViS'carbonates alcalins, & fur les .propriétés.
du carbonate de magnélie, bien ffiiturc.
Je donnerai ce mémoire tel qu’il.a été inféré
dans le fécond, volume des. annales de chinée
année 1785);, parce, qu’il doit fervir à l’hiftorique
de feis magnélicris en général.
Mémoire fur. -Ja précipitation, du- fulfate demagné-
fie ou. fe 1 d'Eplom , par .les -trais, -carbonat. s
. alcalins & fur les prçpttêtés du Carbonate ae
Magnifie cryfi attife. ■— Par A. F. Fourcrpy; .. .,
Ce que les cnimiflea ont fait fur cet. objets.
Le. .célèbre profeffeur. Black ,.. apres nous
avoir fait connaître la magnélie ou la. bâfe du
vrai Tel d’Epfom ( fulfate de magnélie ) , après
nous avoir appris à la diftinguer des autres matières
terreuies par des caractères certains, 1>
confiderée encore dans fes deux états, favoir ,
ta magnifie caufùquc ou pure, & la magnifie douce
ou effervefeente j il a fait voir que celle-ci conte-
Iioic de Yair fixe ou acide carbonique qu'il a découvert
dans la craie & dans les alcalis., & que c’é-
toic à la préfence de ce corps qu’elle devoit,
comme ces derniers , la propriété de faire effer-
vefcence avec les acides..
Bergman , dans fa differtation fur Facide
carbonique' qu’il avoit nommé acide\.aérien , a
examiné qneiques propriétés du carbonate de magnélie
ou de la magnélie aérée ; il avoit vu, cette
matière cryUa-llifer par une .évaporation lente, fous
la forme de petits grains tranlparens de rayons
partants du même point en deux faifeeaux. 11
avoit eftimé que ioo parties de cette efpèce de
fel neutre contiennent 25 parties d’acide, carbonique
, 45 de magnélie & pp d’eau.
Butini fils > médecin de Genève, a fait des
recherches affez étendues fur ia ,magnélie , fur le
fel d’epfom ou fulfate de magnélie , fur la décom-
pofition & la précipitation de ce fel, •& fur les
propriétés à\i carbonate de magnélie. Il a très-bien
reconnu que ce fel très-.diffclubledans l’eau chargée
d1 acide carbonique , cryftaiiifoit par une éva-
porifation douce aü feu 4e -lampe , ou par la
ftrapje expôfition à l’air , en-houpes , compofées
d'aiguilles brillantes d'à-peu-près une ligne; de
longueur, qui ofrroiem au microicope des prifmes
à fix pans tranchés, par un exagone. Il a vu qu’une
difioiution de fulfate de magnélie précipitée par
le carbonate de potaffe, .prulentoit au bout, de
quelques jours des cryftaux femblables. Cette
cryftallifation dans ieTècond cas comme dans le;
premier , dépend :manifeftement de la volatilifa-
tion de l'acide carbonique qui tenoit Je carbonate
de. magné fie. faturé en diliblurion'.* Il a prouvé '
que cet acide a la propriété de rendre ia magnélie
beaucoup plus d.idolubie dans l’eau quelle ne
l’eft naturellement.. -
Mais aucun de ces chimiftes n’a décrit les
ph-r.cmènes que préftrlte la précipitation du
fulfate de magnélie par les .dilférens carbonates
alcalins; aucun n’a- indiqué les différentes dofes
de carbonate de. magnélie que l’on obtient par
ces divers précipitans y enfin ils" n’ont prefque
rien dit fur les propriétés d.iftkiftiy.es de ce fel
terreux.
Un grand nombre de faits npperçus dans les
expériences trop rapides -pour être exaftes , &
telles qu’il eft permis de les faire dans les dé-
monftrations de chimie, m’ont engagé à faire
des vfcherches fuivû s fur cet objet. Ces recherches
m’ont fourni deux réfukats• intorc Tanu 3
le premier eft relatif aux phénomènes de la précipitation
du fulfate de magnélie par 1 .s crois
| carbonates alcalins; le fécond comprend les phé-
I nomènes de fia précipitation du même fel par les
alcalis purs & cauftiques, & fur-tout par l’ammoniaque.
Ce fera le premier de ces téfukats donc
je m’occuperai dans ce mémoire ; les détails qui
appartiennent, au fécond ré fuirat feront l’objet
d’un autre mémoire, qui fera inféré dans les articles
magnifie & fulfate de magnifie.:
§ • II. Décompcfition du fulfate de magnifie par
le carbonate de potaffe.
On a toujours préparé la magnélie du commerce
en précipitant je fulfate de magnélie ou'
le fel d’epfom par la potaffe purifiée , ou le catt
bonate de potaiiè non faturé ; niais on a méconnu
dans cette partie de Fart pharmaceutique beau-,
coup de phénomènes intéreffants, foit parce
.,.qtr on ne failbit que peu d’attention aux dolcs
des matières employées & obtenues, foit parce
qu’on fe fervoit de fubftances impures.
he carbonate de potaffe bien faturé, cryfta!-
lile & non déliquefcent, diffous dans y parties
d eau diftiiée. à .20 degrés du thermomètre de
Rëaumur , mêlé avec une diffolution de fulfate
dé njagnéfie très-pur à la même température,
; ne prélente aucune précipitation fenfible. Ce fait
! étonne au premier alpeôt, fur-tout Iorfqu'on fe
rappelé que plufieurs chimiftes, & en particulier
, M. B,utini, recommandent de laiffêr à l’air la leffive'
; alcaline pour quelle fe faturé d’acide carbonique,
& pour qu’elle précipite une plus grande
quantité de magnefie, ce qui eft vrai, mais relatif
à la chaleur qu’on emploie dans cette expérience.
Le mélange qui ne précipite rien à 10
! degrés & même à 20., commence à devenir
louche lorfque la chaleur excède ce dernier
: terme . on obferve qu’à mefure que les liqueurs
I fe.troublent, il fe dégage quelques bulles de
| fluide elaftique. Si on mêle bouillantes les deux
diffoluTons indiquées, il fe forme un précipité
I abondant ; en contmuant Fébullition , ce précipité
magnéfien augmente encore.
Pour bien connoître les phénomènes de cette
expérience & leur calife , on a mêlé une d 'ffolu-
tion de 100.parties- de'fuîfaté de magnéfie tranf-
: parent & pur, dans éoo parties d’eau diililjée , ;
avec une diffolution de 100 parties de carbonate
de potaffe bien neutre & bien cryflallifé -dans
500 parties d’eau ditillée, les diffolutions de ces
deux feis étoient a 12 degrés du thermomètre de
Réaumur; ,elles fe fôntmêlées fans précipitation
quoiqu’on les agitât pour multiplier les contafts.
On a. fait chauffer lentement ce mélange ; à 20
degrés, il s'eft manifefté une légère effervefcence
produite par le dégagement de très-petites bulles
de fluide élafliquc , il s’eft formé à la fur fa ce
une pellicule légère.&• tranfparente. X ^ degrés