
propriété d’extraire du'gaz n'treux de l’acide du
nitre,,. exifte dans tous les corps combuftibles,
& qu’elle ne fait rit il pourla preuve du phlo-
giftique j elle èft exaétemerit du même gèrfre que
la eombuftion même , par rapport à l’air dont
toute combuftiofi a befoin, & que tout corps
combuftible décompofe avec plus ou moins de
facilité. Guy ton prouve encore que ce n’eft
qu’en accumifan.t les fuppolitions , fur-tout par
rapport à la dofe ou à la proportion du phlogiftique
, que vM. Kirwan parvient à fermer fa
théorie. Le quatrième & dernier argument d’op-
polîtion de la paît du chimiftp angtois a pour
-motif la produéfion du gaz inflammable par les
diftolutions métalliques. M. Kirwan pen-fe qu’il
n’eft pas prouvé qu’ il provienne plutôt de l’eau
décompofée que des métaux eux-mêmes. Guyton *
rappelle à cette occafon qu’à l’article de la dif-
folution des métaux , l ’auteur n’a combattu la
do&rine pneumatique que par des queftions éga
lement difficiles dans toutes les théories j il
prouve j au réfte , que ce gaz vient de l’eau oar
l’expofé. fimple des calcinations métallioties &
de l’augmentation.de poids dés métaux, dues au
ieul côn-taâ de l’eau en vapeur $ il obferve
qu’admettre la fixation de l’eàu toute entière dans
le métal, c’eft admettre fans aucun fondement
deux efpèces de calcinations & dé chaux métalliques
quoiqu’il n’y ait aucune différence entre
les métaux brûlés par Pair & les mêmes métaux
brûlés par l’eau > obfervation qui avoir déjà
été faite dans une autre partie de cette réponfe.
Que le métal enlève la bâfede l'air à l’acide ou
qu’il l’enlève à l’eau , il eft toujours en fuite- dans
le même état , & puifque pour être difibus il eft
néceflaire qu’ il Toit préliminairement brûle, il
faut bien qu’il décompofe l’eau Jorfqu’il ne tou-,
che point à l’acide. Guyton conclut de l’examen
des quatre argumens fur lefquels M. Kirwan ap-
puyoit fon opinion , qu’il n’en réfuite ancune
preuve de l’exiftence du phlogiftique, aucune
preuve de fon identité 'avec le gaz inflammable ,
ni même aucune induâioh capable d'établir la
compofîtion deseombuftibles & des métaux avant
la eombuftion & la calcination j en un mot , que <
tous les phénomènes s’expliquent d’une manière
beaucoup plus fimple & plus sûre , fans hypo-
thèfe , en ne tenant compte que des matières
qui fe manifeftent par des effets Ténfibles, & :
dont on peut retrouver les poids exa&s dans
le calcul des produits ; & telétoit aftinément à
cette époque le fort de la théorie pneumatique, j
fur-tout comparativement à la-théorie du phlô- ;
giftlque ; la première ne fuppofoit rien, & ne j
faiioit qu’admettre les réfultats nécefîfires des I
faits bien obfervés j la fécondé , après avoir fup- !
pofé d’abord l’exiftencéd’un principe hypothé- j
tique, qu’aucune expérience pofitive ne démon- ’
troit dans le plus grand nombre des ^orps ou j
elle étoit forcée de l’admettre , marchoit en- J
fuite de fuppofition en fuppofition , d'hypothèfe
en hypothèfe. 11 n’éroit pas difficile de prévoir
l’ifïue d’un - pareil combat j la théorie du phl0-
g-ilhque de voit tomber complettement , & la
théorie pnetfmatique prenant cous les jours de
nouvelles forcés , devofit être adoptée par tous
les phyficiens & , les chimiftes qui connoiffant
exactement l’erat de la fcience & le mérite d’exactitude
qui en diitinguoienf les. expériences, n’étaient'point
arretés d’ailleurs par les préjugés &
. l’habitude 3 ou mus par des paflions dont l’effet
: n’éft que trop fouvent d’obfcurcir l'entendement
I & d'entraver la railon de prodiges & d’illufions
iv dont elle ne peut pas fe de bar rafler.
Black & Kirwan furent bientôt d’accord/avec
les chimiftes frap-sçois, auteurs & foutieus de la
i théorie pneumatique j c-ette théorie , dont La-
if voilier jettoit les fondemens foi ides depuis ij
{ ans, fut adoptée 'par les deux célèbres chimiftes
i uilgiois-, peu ce tems après la réunion des chimiftes
françois. M. Kirwan écrivit à Berthollet
;■ en janvier -1791. '» Enfin je mets bas les armes,
» -& j’abandonne le phlogiftique. Je vois clai-
> rement qu’il 11’y a aucune expérience avérée
1 » qui atteite la production de l’air fixe par l’air
j » inflammable pur j & cela étant, il eft impof-
. ” fible de foutenir le fyftême du -phlogiftique
« dans les métaux, le foufre , & c. Sans des ex-
» périences déciiives nous ne pouvons foutenir
: » un fyftême. contre des faits avérés....vjedon-
» nerai moi-même une réfutation de mon efiai
" furie phlogiftique.»
Prefqu’en même tems M. Black s’exprimoit
ainfi dans une lettre à Lavoifier. » Vous avez
» été inftruit que je cherchois à faire comprer.-
. f f ûte dans mes cours à mes élèves les principes &
” les, explications du nouveau fyftême que vous
| avez fi heureuferaent inventé', que je com-
» me-nce à leur recommander , comme plus fim-
» pie , plus uni, mieux Tôurenu par les faits que
» i’ancien fyftême. Et commèntaurois-je pu f'airé
» autrement ?x Les expériences nombréufes que
» vous avez fartes en grand, & que vous avez
» fi bièn imaginées , ont été fuivies avec un tel
» foin Se une attention fi fcrupuleufe pour toutes
» les circonftances, que rien ne peut être plus
» fatisfaifant qüe les preuves auxquelles vous
S êtes parvenu. Le fyftême que vous avez fondé
» fur les faits eft fi intimement lié avec eux , fi
» fimple & fi intelligible, qu'il doit être ap-
» prouvé de jour en jour davantage, ÿ & - il f:ri
» adopté par un grand nomb e des chimiftes qui
» ont été iong-tèms habitués à l’ancien fyftême.
» 11 né faut pas s’attendre àlesjconvaincre tous;
» vous (avez très-bien que l’habitude rend ef-
» clàve l’efprit de la plupart des hommes, &
».leur fait croire & révérer les plus grandes
» abfurdités. Je dois vous avouer que j’en ai moi -
. même
« même éprouvé les effets , ayant été 'habitué
„ 30 ans à croire & à enfeigner la do&rine du
„ phlogiftique , coinmç on l’entendoic avant la
g découverte de votre fyftême. J’ai long - -tems
» éprouvé un grand éloignement pou* le -nou-
» veau fyftême qui préfentoit comme une abfur-
» dite ce que j’aVois regardé comme une faine
» doétrine 5 cependant cet éloignement, qui ne
» provenoit que du pouvoir de l’habitude feul,
» a diminué graduellement, vaincu par la clarté
w de vos démonitrations & la folidité de votre
» plan. Quoiqu’il y ait toujours quelques faits
» particuliers dont l’explication paroît difficile ,
» je' fuis convaincu que votre doCtrine eft infi-
» niment mieux fondée que la mienne, & fous
» ce rapport elles ne peuvent fouffrir de com-
m paraifon. Mais fi le pouvoir de l’habitude em-
» pêche quelques-uns des anciens chimiftes d’ap-'
ja prouver vos idées, les jeunes ne feront pas
» influencés par le même pouvoir „ ils fe rangeas
ront univerfellement de votre côté. Nous en
as avons l’expérience dans cette univerfité , où
oa les étudians joui fient de la plus parfaite li-
aa fierté dans le choix de leurs opinions feienti-
»a fiques ; ils embrafîent en général votre fyf-
aa tême. »»
Il eft prefque inutile de dire ici que l’exemple
des deux célèbres chimiftes anglois fut fuivi par
plufieurs autres habiles hommes d’Allemagne,
& fur-tout par le plus grand nombre de pro-
feffeurs. Les difficultés qu’on avoit coutume d’op-
pofer, les objeClions qu’on fafoit depuis plu-
ueurs années, ceflerent.d’être reproduites avec
la même abondance , & fur-tout avec l’efpèce
de confiance que leurs auteurs avoient paru y
placer.’ Le nombre des feélateurs de la do&rine
pneumatique devint bientôt plus confidérable
qu’il n’avoit été jufque-là 5 les élèves qui ve-
fioient puifer dans les écoles françaifes j à Dijon,
à Montpellier , à Paris, les connoiffances de
chimie , de phyfique &- de géométrie , nécef-
faires à la culture des fciences , à l’étude de
l’art de guérir & à la pratique des différens procédés
des manufaélures , rapportèrent dans leur
pays une idée plus exafte de la do&rine fran-
Çaife que celle qu’on avoit pris une forte d’habitude
d’en donner, dans la plupart des pays
étrangers;la mafle des hommes éclairés de cette
nouvelle lumière chimique, fut promptement
accrue dans toute l’Europe ; car il faut remarquer
que les difeufiions plus -ou moins vives
Pour ou contre la théorie du phlogiftique & de
1 air vital, qui avoient fait retentir les écoles,
avoient multiplié finguliérement les amateurs de
cette fcience. Ainfi, loin de nuire à fes progrès
, les obftacles même qu’on avoit Oppofés
a fa snarche , n’ont fait qu’en accélérer la rapidité.
.
Ç n 1 m z > Tome HL
] S E P T I E M E P É R I O D E .
I Consolidation de la théorie pneumatique , réunion,
des chiniifies françois travaillant en commun aux
progrès de cette théorie ; établijfement de la
nomenclature méthodique-
Les efforts incroyables que Lavoifier faifoit
depuis i)- ans, les expériences exa&es qu’il ne
cefioit d’accumuler , la fimpiieité de la théorie
qu’il propofoit, la facilité avec laquelle -s’expli-
: quoient dans cette théorie tous les nouveaux
faits que l’on ajoutoic fans cefle dans la fcience,
& même ceux que les adverfaires de Lavoifier
oppofoient à l’admiffion de fa théorie , & fur-
tout la févére - exactitude des expériences qui
l’étayoient , ainfi que la beauté de la découverte
de la, compofîtion & de la décompofitioa
de l’eau, qui jeta tout-à-coup tant de jour fur
une foule de faits obfcurs ou mal expliqués ;
toutes ces circonftances réunies eurent à peine
convaincu les chimiftes & les phyficiens françois
qui fuivoient avec la plus fcrupuleufe exactitude
la marche & les progrès de la révolution
que Lavoifier avoit produite, qu’ils fentirent la
néceffité de fe réunir de bonne foi > & de fe
coalifer pour hâter la réaflite de cette même révolution,
& pour fixer les nouvelles bafesquelle
établifloit dans la fcience. Berthollet, comme
on l’a déjà fait voir dans les deux périodes pré-*
cédentes, avoit renoncé , après la découverte
de la nature de l’eau , à l’ancienne théorie > il
avoit été invinciblement conduit à la théorie
pneumatique par les dernieres expériences qui
ajoutaient encore à la précifion, à la force des
anciennes, par fes propres découvertes fur l’acide
marin déphlogiftiqué de Scheèle , fur la
compofition de Y alcali volatil. Guytoh-Morve.au ,
que M. Kirwan avoit compté en 1784 au rang
,aes phiogifticiens, avoit donné le rare & noble
exemple d’un voyage à Paris , entrepris exprès
dans l'hiver de 1786 , pour voir répéter & répéter
lui même les expériences de Lavoifier,
& furtout celles de la eombuftion du charbon
dans l’air vital & de fa transformation totale en
acide méphitique par cette eombuftion ; de celle
de .l’efprit-de-vin , dont le réfultat fournit plus
d’eau que la liqueur employée ; pour difeuter
avec Lavoifier, & dans les règles d’une févére
logique, les preuves de la récompofition & de
la décompofition de l’eau. Après un mûr examen,
une difeuffion détaillée & la répétition aés
expériences capitales de Lavoifier , il étoit forti
de cette épreuve volontaire, bien perfuadé de
l’infuffifance de l’hypothèfe du phlogiftique S c
de la réalité de la doctrine pneumatique.
, Fourcroy, qui dans les deux premières édi-
| tiens de fss élémens de chimie en 1781 & 1 7 8 6 . - 3 b bb