un nom compofé de ceux de racide 8c du métal
qui lies condiment; e'eft ainfi que l’on dit vitriol
de fer , nitre de f ç i , fel marin de fer. Il paroît
donc tout naturel d'en agir de même à l'égard
de notre fubftance faline. L’acide qui entre dans
fa compofition a reçu des noms multipliés, aucun
chimifte n'çft fatisfait du nom d'air fixe ou fixé 3
fous lequel le doéteur Black l'a fait connoître le
premier d'après Haies. Celui à'acide méphitique
que le doéLur Bewly lui a donné ,• ne paroît
pas pouvoir être adopté, puifque la propriété
qu'il indique eft commune à plufieurs acides qui
font fufceptible-s de prendre l'état aéiri forme, &
qui dans cet état font également méphitiques.
Quant au mot d‘acide aérien que Bergman a
-adopté , il. ne fembie pas lui convenir encore
parfaitement, puifqu on eft convaincu aujourd'hui
que prefque tous les acides peuvent être
mis dans l’état d’air ou de gaz permanent, &
exifter conféquemment fous cette forme dans
l'air atmofpherique. Il eft vrai que ce mot indique
bien la propriété qu'il a d’exifter eonotamment
dans le fluide atvnofphérique & d'en
être même une partie conftituante 5 mais en
l’adoptant, on fer’oit très-embarraflfé pour défi-
gnér fes combinaifons ; car les dénominations
de métaux aérés qui ont été données par Bergman
11'expriment pas bien la nature de.ces çompofés ,;
Se feroient beaucoup mieux appliquées aux chaux
(oxides) métalliques, qui contiennent véritablement
de l’air.
Dans la néçeffité où l’on eft de trouver un
autre nom, je ne crois pas qu’on puiffè en
choilir un meilleur que celui que Bucquet &
Lavoifier ont donné à l ’air fixe. Ils l'ont appelle
acide de la craie ou acide craieux , parce
que e'eft dans cette fubftance falinô-terreule
a'on le trouve le plus abondamment, & que
'ailleurs e'eft avec la chaux qu’il a la plus
grande affinité poffible.
D'après cette dénomination très-convenable ,
on peut donner au fel neutre que cet acide forme
avec le fer , le nom de craie de fer ou craie
martiale , parce qu’on, appelle craie la combi-
paifon de cet acide avec la chaux. Ce nom peut
de même convenir à toutes les combinaifons de
l'acide craieux avec les autres fubftances métalliques
; ainfi l’on peut dire craie de cuivre,
de plomb , &c-. Il fera même utile en ce qu'il
fera diftinguer ces efpèces de Tels neutres des
chaux (oxides ) métalliques avec lefqueîles il paroît
qu’on les 2 confondus jufqu'à prefent, quoiqu'ils
en diffèrent réellement.
Nçta. B n'eft pas nécéffiaire d’ajouter ici aux
confidérations qui me guidoient en. 1779? dans
le choix des mots , celles qui nous ont déterminés
pour changer les bâfes de la nomencla^
ture , il fuffit de faire remarquer que le mot de 6raie- de fer a été changé en celui de carbonate
de fe r , depuis que le mot acide carbonique a
été adopté. Après cette di-grefïion fur la nomenclature
, qui fait voir quelle étoit 'ma pènfée à
cet égard il y a bientôt i f ans, je traduirai
tous les mots dont je me fervois alors dans le
langage aâuel de la fcience.
Je divife ce que j’ai à dire fur le carbonate
de fer en deux ferions. Dans la première ,
j'expoferai les expériences- que j'ai faites fur les'
combinaifons de cette fubftance faline. Dans Fa
fécondé, j'offrirai ies ré fuira ts démon travail,
& les indu&ions que j'ai cru pouvoir en tirer.
P r e m i è r e s e c t i o k .
Combinaifons du carbonate de fer.
En expofant les expériences affez tiombreufés
que j'ai tentées fur ce fe l, je crois devoir paffsr
du fimple au compofé, afin dé mettre de l’ordre
dans ces détails. Jeéômmenee par examiner l'action
des corps lés plus Amples fur notre fubft.mce
faline , je paflfe enfuite à celle des fels acides &
alcalis, & je termine ces recherches par déterminer
les effets dès fels neutres' mis en contact
avec le carbonate de fer.
L'oxidè de fer combiné avec l'acide carbonique,
( le carbonate de fer fait par l'air , ) eft d’une couleur
brune plus ou moins claire , depuis le jaune
fale jufqu'aa brun pâle.
Cette matière faline a une faveur ferrugineufe
d'abord douçâtre, puis un peu ftyptique. '
La figure de fes molécules eft très-difficile à
déterminer, & eile n'offre à la loupe que'des
polygones fort irréguliers..
Elle n’a aucune odeur , lorfqu’elle eft fèche 5
en l’agitant dans l’eau , elle en répand une propre
au fe r , & qui eft affez fenfible ; e'eft l'odeur
foible du gaz hydrogène.
- Sa confiftance eft peu confîdérable, elle Ce
réduit en poudre fine fous les doigts, & une
feü’e preffion légère fous la molette du porphyre,
fuffit pour la divifer en une pouffière extrêmement
tenue, & qui fe pelotonne ou s'agglutine
facilement.
Elle n’adhère pas- fortement au fer qu'elle recouvre.
En examinant de près ce métal oxidé,
on voit deux couches à fà furface , l'une qui eft
extérieure , que le contaéfc le plus léger enlève ,
&■ que le vent diffipe 5 l'autre , plus profonde ,
plus attachée au fer , & qui l'enduit à la mauière
d’un vernis , mais qu’on ne peut jamais
. arracher en plaque, comme on détache la croûte
d'oxide du cuivre , que les antiquaires appellent
patine. Il eft difficile de concevoir comment une
barre de fer d’un pouce d'épaiffeur, peut s'oxider
jufque dans fon milieu : on trouve cependant
allez fouvent des barres dans l'intérieur def
quelles une caffure inattendue découvre un point-
plus ou moins étendu d'pxide qui.en eft la caufe.
Je crois qu'il n’y a que l’eau qui puiSe introduire
ainfi dans l'intérieur du fer, une petite
portion de l'oxide qui s’eft formé à fa fur-
fâce.
Les chimiftes favent depuis l©ng-temps que
l’oxide de fer chauffé forcement, noircit $c. fembie
fe réduire en fer. Pour m'affurer de ce fait,
j'ai expofé au feu deux,gros de cette fubftance ,
(rouille de fer ) , dans un creufet couvert> après
l'avoir fait bien rougir, je l’ai trouvé dans l'état
d’une poudre fort noire , très-attirable à
l'aimant, êc parfaitement fembîable à l'éthiops
martial de Lémery. Elle s'eft comportée à cet
égard .abfolument comme les précipités de fer
produits par les alcalis unis à l'acide carbonique.
Diftillé à l'appareil pneumato- chimique le
carbonate artificiel de fer m'a conftamment fourni
à peu près -8 à 9 pouces cubiques par gros d'un
fluide élaftique, légèrement inflammable , d'acide
carbonique dans la proportion d'environ
une partie du premier fur cinq du fécond. Ce.
fluide élaftique retiré du carbonate de fer , eft
affez analogue à celui que Volta a'appelle gaz
des marais , & m’a toujours préfenté une odeur
graffe un peu fétide, & qui ...lui eft particulière.
Il m’eft arrivé plufieurs fo is , dans ces diftil-
lations de trouver um réfidu pyrophorique j le
plus fouvent à la vérité il eft noir , attirable
à l’aimant, & dans l’état d’éthiops martial ou
oxide, noir de fer ; quand il eft fufceptible de
brûler à l’air, il prend Feu fubitement, il offre
une flamme d'un bleu rougeâtre j il s'oxide:de
nouveau , & il prend à fa furface la couleur
d’un fafran de mars aftringent, & d'un oxide
de fer très-brun. Je »'ai pas encore pu découvrir
à quoi tient cette différence dans le réfidu.
Cependant j'ai vu une fois dans uue opération
de cette, nature , de l'oxide de fer mêlé avec
de la pouffière réfidue du bois altéré à l’air ; &
j'ai cru pouvoir foupçonner que cette propriété
phofphorique dépendait de quelque impureté
dans le carbonate de fer , avec d'autant plus de
vr.aifewiblance , que l’oxide de fer par l'air,
fait foigneufement, ne préfente point le même
phénomène. Ces expériences prouvent ; i° . Que
cet oxide de fer par l'air eft un compofé. falin
I formé par l ’oxide de fer & l’acide carbonique 5
i®. Que ce fel eft décompofabie par le feu qui
en dégage l'acide carbonique fous la forme de
gaz ,, & lailfe le fer plus près de l'état métallique.
Le carbonate de fer artificiel m’a paru ne pas
éprouver de grandes altérations de la part de
T air fec 5 il fembie tomber en effiorefcence,
j; car il acquière une couleur plus claire , 8c Ce
réduit en une pouffière très-tenue que le vent
enlève ; de forte qu’il, perd une partie de fon
j poids, à caufe de la portion qui s'en détache peu
a’ peu.. Mais n l'air eft humide, il prend une
couleur de rouille très-pâle ; fes molécules s'ag^-
glutinent & forment dés maffes if régulières qui
' deviennent friables lorfqu’elles font defféchées.
Si on le pèfe alors, on lui trouve une augmentation
de poids; il abforbe donc une certaine
quantité d'eau de 1'atmofphère Humide. J'en ai
• diftillé. deux gros dans cet é ta t , outre l ’acide
carbonique qui s'en eft dégagé | il a pr.ffé un
peu d'eau dont les gouttès ont rapiffé Pi ntl rieur ■
du récipient.; je n'ai pu en évaluer la quantité.
Il eft prouvé par .cette opération que ce fel retient
un peu d'eau entre fes molécules , *que
e’eft à cette eau qu eft due en quelque forte la
folidité des petites inaffes qui le conftituent ,
puifque,lorfqu on'.la lui enlève,, ou par le moyen
du feu , ou en l’expoiânt à l’air fec, il devient
friable , & fe réduit en .une pouffière très-fine5
peut-être cette agglutination eft-elle une efpècé
de cryftallifation , en tout comparable à celle
des fels neutres parfaits. Cependant je n’ai pas
pu à l’aide ~d’une forte loupe déterminer la
forme des cryftaux de ce f e l , & il né m’a paru
qu’un amas irrégulier de petits fragmens appliqués
fans ordre les uns fur les autres.
L’eau diffout ce fe l, mais dans une proportion
très-petite. J’en ai mis un -grés-, dans huit
onces, d’eau diftiilée., il s eft précipité au fond
de ce fluide ; j’ai agité le mélange , le fel s’eft
dépofe peu à peu-, & la liqueur a confervé fa
première tranfparehcé’. J’ai féparé fur le champ
un peu de l’eau claire qui le fur nage oit, je n’y
ai pu.découvrir aucune indice de fer par l’acide
gallique.;, j'en.ai décanté une nouvelle portion ,
après l'avoir laiffié féjourner pendant vingt-quatre
heures fur le carbonate de fer, l'àcide gallique
lui a fait prendre au bout de quelques heures
une teinte légèrement pourprée. Cette couleur
ne s’eft pas foncée davantage au bout de plufieurs
jours ; .elle a meme paru perdre un peu
de fon intenfité à mefure que la partie colorante
Ce féparoit de la liqueur pour fe dépofer fur les
parois du vafe où elle étoit contenue.
Il eft je crois inConteftable , d'après ces expériences
, que le carbonate de fer.eft diffioluble dans