
ie gaz inflammable, Pour prouver fa théorie y il
auroit fallu que M. Kuwan pût convertir toute,
une quantité donnée de charbon en gaz inflammable
& réciproquement, & c’eft ce qu'il n’a
jamais Fa i ; cette difficulté ne s’eft même pas
préfentée à fon efpiit.
Dans la feétiori dixième, M. Kirwan en t-rai-
tmt de la diffolution.des métaux, &r aprè.s avoir
expofô très'-briévevntat f*manière de conftdérer
ce phenomene qu’il attribue fans preuves directes
à l’air fixe des acides fixé dans les métaux
j ie contente de pnopofer onze queftions
aux Çhimi-fïès pneumatiques , & il en croit la
foiution impoflîble dans leür doctrine. Nous allons
parcourir rapidement chacun^d’elles , & y répondre
par les msêmes argumens qui ont été employés
dans l’édition frar.çoife.
I Pourquoi 3 dit-tl , les chauxfoturèes d'oxigyne
ne font-ehes pas folubles dans '1 eau , ni même dans
l’acide variolique ? En général ces chaux font
plus folubles que les métaux qui ne le font pas
du tout 3 comme le prouvent les propriétés connues
de celles, d’arfénic , de molybdène , de •.
tur.gftëne , d’antimoine ; leur non - diiTolubilité
dans l’acide vitriolique tient manifeftement à leur
futuratîon par l'oxigyne ; c’eft un fait qui tient
à la caufe des affinités-laquelle nous eft cachée
3 & qu’on n’explique pas plus dans une
théorie que dans une autre. .
2V- Pourquoi les chaux d'étain , de fer , et antimoine
foturèes d'oxigyne font-elles in folubles dans
l acide nitreux qui les dijfout lorfqu elles ne font
pas foturèes , tandis que les chaux de plomb , d'argent
<3 de mercure 3 quoique foturèes de ce principey
font di(folubles dans cet acide ? Quoiqu’on put répondre
à cette queftion par la Ample obferva-
tion que c’eft un fait démontré , dont l'explication
difficile ne touche point à la théorie pneumatique
3 on peut faire obferver de plus ici que
f argent , le mercure & le plomb faturës. d’oxi-
gyne font diffolubles par la foible. adhérence
qu’ils ont pour ce principe, & parce que leur
tendance à la combinaison n’eft pas, fatisfaite/
D’ailleurs ., on ne répondra jamais mieux aux queftions
de ce genre qu’on ne répond à celle-ci :
Pourquoi les alcalis ep général ont-ils plus d’affinité
que les terres avec les acides ? .
3°; Pourquoi les chaux de fer , même non foturèes
a exigyne , font-elles plus diffolublesdans l'acide
marin que dans l’acide nitreux ? Nos expériences
prouvent que l’acide muriatique, par fa grande
îffinité pour l’oxigyne, diflout en général toutes
les chaux métalliques les plus chargées de ce
principe , & qu’à caufe de cela la plupart des
autres acides ne peuvent pas attaquer. D’ailleurs !
I acide matin , en commençant par enlever une :
portion de l’oxigyne uni aux chaux fpétulli«
ques , les rend plus fufceptibles d’être enfuire
diuoutes par les acides.
4°. Pourquoi la plupart des chaux mit alliants
fo/ djffolvent - elles plus aifément dans les acides
végétaux que leurs métaux refpecifs ? Voilà encore
une queftion qui paroïten effet infolubla
dans la théorie du phlogiilique , ou qui ex Le
au moins , pour être expliquée par cette théorie
, une foule de fuppofttions; elle eft beaucoup
plus Ample dans la doêtrine pneumatique.
On fait qu’en général les acides végétaux font
des compofés de charbon & de bâfe de ! gaz inflammable
unis conjointement à la bâfe: de l’air
vital > que c’eft pour cela qu’en dernière ana-
lyfe ils ie réduifent tous en eau & en air
Axe. Il n’eft pas étonnant d'après cela que les
métaux ne les décompofent que difficilement
, fi l'on excepte ceux qui • décompofent
fortement l'eau * laquelle acccompagne roujours
les acides , comme le fer & le zinc. Mais ils
doivent par la même raifon abforber aifément
les chaux métalliques déjà faturées d'oxigyne,
avec lequel elles ont beaucoup d’affinité; ils ref-
femblent à cet égard à l’acide muriatique.
j ° . Pourquoi une diffolution de fer dans f acide
vitriolique étendu d’eau, ejl - elle décompofée ioif-
qu'on J'expofe h l ’air ; & pourquoi un excès d’acide
redffout-il LU ckaux ou cmpêcke-i-il fa précipitation 1
C'eft encore , par des faits pofiefs & bien , avérés
qu'on trouve une reporte à cêttë queftion
dans la do&rine pneumatique. Une diflolution
de fer dans l'acide vitriolique étendu d’eau, fe
trouble à l'air , parce, qui! abfo.be'l’oxigyne
atmofphérique qui furçharge fa chaux , & quo:-
qu’une nouvelle-quantité-d'acide la dïffôlvç d'abord
, & empêche enfuire de fe'iprécipieer la
chaux métallique , l’un & l’autre de' ces1 phénomènes
ne font véritablement qu’un retard,’poif
que par une plus longue êxpoiition à l’air, la
diffolution finit par fe troubler & fe décompo-
fer , jufqu’à ce qu’une faturation-complette par
l’oxigyne rende la chaux de fer entièrement in-
diffoluble dans l’acide vitriolique.
6°. Pourquoi une diffolution de fine dans l'acide
vitriolique étendu d’eau , n’ef-tUé pas fl aifément
décompofée par fou expofîtion à l'air ? rffin ne peut
répondre à cette queftion que par le fait prouvé
par l’expérience même , dont on ignore encore
la caufe; c’eft que la chaux' de zinc, quelque
chargée d'oxigyne qu'elle ' fuit , eft difloluble
dans l’acide vitriolique.
7°. Pourquoi une dijfolution de fer dans l’acide
marin nieft-elle pas aifement décompofée par fon
expoftion it f air ? Nous avons déjà dit plaideurs
fois que l’acide marin jouiffbit d’ iîne attvnélion
ferre.par la bâfe de l’air vital, & c’eft en raifon
de cette propriété qu’il retient plus long-tems la
chaux de fer en .diffolution que ne fait l’acide
vitriolique..
8°. Pourquoi le régule d''antïmçiric dccompofe- '
t-ïl totalement l 'acide nitreux , tandis que le cuivre,
qui a une plus grande affinité avec le principe oxi-
gynt j né -le décompôfe pas totalement ! La Teponfe
à cette queftion eft Ample & très-favorable à la
nouvelle théorie. En effet , l’antiitioine qui attire
moins l’oxigyne que le cüiyre ^ décompofe
cependant- beaucoup plus fortément que lui
l’acide du nitre , parce qu’il a befoin d’une beaucoup
plus grande quantité d’.oxigyne pour être
faturé. C ’eft pour cela que la chaux d’antimoine
abandonne promptement l’acide nitreux , tandis :
que la chaux dé cuivré y - réfte beaucoup plus
long-tems adhérente.
5°. Comment fe fait-il , .pourfuit M. Kirwan
que les chaux d'or J aient dijfolufles dans l'acide* nitreux
3 & que, lés chaux de fer ne le foient pas ; &
tous ces priéno.mênes n indiquent ils pas \qitily
a dans les • dlffolut ions^ métalliques uné ‘autre' affinité-
indépendante de celle des métaux avec l ’oxigyne ? Il
eft d’abord, nécefiaire d’obferver^ici que Lavoi-
fier & les chimiftes qui ont adopté & défendu
fa théorie , n’ont jamais prétendu qu’ il n’y avoit
que l’affinité des métaux pour le principe acidifiant
qui fût la caufe de leur diffolution dans
les acides j iis ont toujours penfé au contraire
qu’après la calcination des métaux , qui précède
néceflfairement leur diffolution dans ces corps ,
il y avoit une attra&ion déterminée entre les
chaux rhétalliques & les acides; mais il eft certain
que cette attraction dépend de i ’oxigyne,
puifqu’en fon abfence elle n’exifte plus , puif-
que d’ailleurs elle eft en quelque forte graduée
par h quanti té de .ce principe. C ’eft dans ce dernier
fait qu’on trouve la foluticn delà neuvième
queftion de M. Kirwan. La chaux d’or efi diifo-
luble dans l'eau forse , en raife>n; de. la .petite
quantité d’oxigyne qu’elle convient, & de 4a
roible adhérence que ce principe y a contractée.
I0Q. Le cuivre , le plomb , le \inc fe dljfolvent
dans l'alcali fixe eau (tique , & Le cuivré dans l'alcali
volatil Cauftique y oit prennent-ils le principe
oxigyne ? Rien n’eft plus aifé que de répondre
a cette queftion : le zinc > en fe dilfolvant dans
l’alcali Volatil cauftique , donne de l’air inflammable
qui provient minifeftement de la décon>
pofitioii de l’eau , & l’on voit bien que l’oxi-
gyne de cette dernière fe porte fur le zinc.
Quant au cuivre & au plomb, pendant la diffolution
defque-ls par les alcalis cauftiques liquides,
on ne voit point' de dégagërnent de gaz
inflammable , il eft vraifemblabîe que c’eft à
l’air atmofphérique que ces métaux empruntent
la bâfe de l’air vital dont iis on.t befoin ».comme
l’indique la rapidité avec laquelle l’alcali, voiatii
agit fur le cuivre lôrfqu’il a le contaCt de l’air
& l’inertie de cette aCtion fans ce contaCt Le
cuivre, èc le'plomb ne décompofent l’eau dans ce
cas qu’à l’aide des afealis 5 comme on le voit
, également pour le. foufre.
n ° . Pùifque, dit enfin M. Kirwan , en terminant
la dixième feClion de fon ouvrage , Le -foine
& le for ne font, diffolubles dans l'acide vitriolique
concentré qu a l ’aide de la chaleur , tandis
qu'ils le font dans cet acide étendu d'eau fans le
fecours de la. chaleur , les anti - phlogifiiciens doivent
dire :que le fine &: le fer enlèvent l'oxigyne au
foufre foulemêntfy a L'aide de la. 'chaleur , mais
qu'ils peuvent L'enlever a.froid d la bâfe inflammable
de l eau:j cependant, fuivant leur doctrine,
le principe acidifiant a une plus grande affinité avec
la bâfe. de l'air inflammable qu'avec le foufre ; comment
cela peut-il s’accorder ? C ’eft dans là complication
ou l’aCfeon Amultanée; de plufieurs attractions
que fe trouve nue réponfe auffi Ample que lu-
mineufe à cette difficulté préfentée par M.Kirwan.
De ce! que le zinç &;le: fer ne font folubles dans
l’acide vitriolique concentré qu’à l’aide de la chaleur
, tandis .qu’ils 4e font i froid dans le même
acide, étendu d’eau, on ne, peut pas en inférer que
nous nous trompons , en di faut que l’oxigyne a
plus d’affinité avec la bâfe du- gaz inflammable
■ qu’avec le foufre , puifque cette defniere afièr- •
tion eft fondée, fur la déçompoAtion réelle, dé
l ’acide yitriblique'pair la bâfe de l’air inflammable,
& la non déçompoAtion de l’eau par le foufre:
La difficulté qu’on-éprouve à fëparer i’oxigyne
du.foufre par les métaux , eft réellement moindre
que celle que l’on eft obligé de vaincre pour
décompofer l’eau per les mêmes métaux. M. Kii-
wran n’a point aftez pefé toutes les ci rçoqftances
des faits fur lefqueîs eft fondée notre doéhrine
à cet égard < i° . le fer ne . décompofe promptement
& fortement l’eau , quand ces deux corps
agiiîent feul à feul l’un fur l’autre , qu’à une
température bien plus élevée que celle qui-, eft
néceffaire pour la déçompoAtion de facide vitriolique
par le même métal:; 2°. quand on met
en çontaél enfèmble du f e r , de l’eau Sc de
l’acide vitriolique , il y a un plus grand nombre
d’affinités, qui opèrent les changemens de ces
corps que /dans les deux cas précédons. Dans
cette dernière èxperienee , en effet , le fer ne
tend pas feulement à s-’unir à l’oxigyne de l’eau ,
mais l’acide vitriolique tend encore à fe combiner
avec la chaux de fer. Cette fécondé attraction
augmente, pour le moment, ce lié du fer
pour l'oxigyne , & fon effet eft de rendre a
déçompoAtion de l’eau plus prompte Sz plus
facile qu’elle ne l’auroit été Mr le fer feul. Ainfi