
n ont meme pas fenti tout l’intérêt que cette
hiftoire préfente & l’utilité qu’elle promet. En
partant des^ connoi (Tances données 8c des faits
confignés a T article carbone , en fuppofant que
article a ete lu & étudié avec l’attention
qu'il exige, dans celui-ci, qui doit en être confi-
déré comme la fuite & le lupplément, on traitera
iiicceffivement & dans des paragraphes réparés
: i° . de l'origine, de l’extraêlion 8c rie la
préparation des charbons j 20. dè leurs différences
& des variétés qu’ils prélcment ; 30. de leur
nature intime, & de leur clarification chimique 5
40. de leur anaiyfe,, & des divers moyens d'en
reeonnoitre & d en décrire la compofition ; 5*.
enfin de leurs.uf.,g s.
$ II. Origine , extraction fi’ préparation des.
charbons.
On a vu à l’article carbone , que cette matière
èft contenue toute formée dans 1er fubftances
végétales 8c animales , qu’ elle fait un des principaux
compofans de leurs corps , quelle elt fpé-
cialement la bâfe foîide des végétaux | qu’elle
conftitue p*efqu’entiè$ement le corps ligneux ,
cu'elle lui donne fa cohérence , fon tiffu, fa
forme, & qu'elle y joue le même rôle que le
phofphate calcaire dans les os des animaux. Audi
ai-je annoncé dans cet article, qu^ lorfqu’on con-
vertiiToit les matières organiques & fur-tout les
végétaux en charbon , on ne faifoit qu’extraire ou
féparer ce corps de tous des autres compofins
qui entroient dans la eombinaifon végétale , en
volatilifant par le calorique tous les principes
qui en étoient iufceptibles. C ’éft fur-tout par
cette eonfidération fur la nature des compofés
végétaux, fur le genre de décompofition dont ils
font fufceptibles par Taétiqn du feu , que la chimie
moderne diffère effentiellement de l'ancienne?
8c comme cette manière de concevoir l’analyfé
végétale doit fingulièrement influer tant fur celle
de la préparation des charbons que fur la con-
noiflance de leur nature & de leurs divers caractères
, il eft effentiei de l’expofer ici avec la
plus grande clarté. Les chimiftes penfoient autrefois
que ley ckarbons*étoient le produit entier
du feu , qu’ ils n’étoient point contenus nf formes
dans les végétaux, que le feu les compofoit de
la réunion de toutes les matières fixes qui entroient
dans la compofition végétale , & que
c’étoit un être abfolument nouveau dont les éié-
mens étoient tous féparés dans les plantes. Ils
complotent auflî parmi les élémens des charbons
le feu en très-grande quantité, comme fui-
vant eux , les charbons étoient chargés de feu
fixé, de feu combiné , de pklogifiique , il eft
évident, 8c phifieurs d’entr'eux fé font expliqués
très-clairement à cet égard, qu’ils regar-
doient le feu employé pour la préparation des
charbons comme un des principes qui le qcnfti-
tuoiént. Toutes les découvertes des modernes.,
I tous les travaux faits fur-tout depuis quinze ans;
| ayant donné d’autres réfultats , les idées ont né-
! celfairement changé, & une théorie très-différente
de l’ancienne en eft devenue une fuite né*
| ceifaire. Aujourd’hui , on croit que le carbone
comme çrutière (impie, & qui ne peut pas être
| formé par le feu , eft feulem-rnt ifo lé , iéparé
i d'avec toutes les fübfhnces vobtiies , que le ca-
I lorsque fond, dégage.& combiné dans 'un ordre
j & une proportion différente de cè qu'ils étoient
| dans la eombinaifon végétale. Mais fi on & bien
îaili ce qui, a été dix fu r ce point à CTarticle
carbone| on doit concevoir que comme les principes
volatils des végétaux lé combinent deux à
deux ou trois ■ à trois a rriefùre q'u ils fe Réparent
par l'aétion- du feu. dorment par ces
nouvelles comblnaifons d«*.s compotes "bouveaux
8c cfffférens de ceux qui exift lient dans les plantes
, il en eft abfolument de même du catboré.
Ce principe fixe fe combine, auflî de fon côté
avec d'autres principe^également fixes , & donne
naiffance à un compote également différent de
ce qu'il étoit .dans le corps du végétal, fies fois
non décompofables par le calorique , les terres,
les oxides métalliques , s'unifient, an carbone ,
relient avec, lui comme réfidu & forment ainfi
le charbon. Or. comme le carbone eft en proportion
différente , & tiffu d!une manière di-
verfihée ainfi que les autres principes fixes dans
chaque efpèce de végétal, il eft çlaÎF que quoique
de fa nature primitive ii foit le même dans tous ,
par lefpèce de nouvelle' compofition fixe dans
laquelle il entre & dont il devient la bâfe, il
forme des charbons différons pour chaque v -
riété -de plante. En ce fens , mais en ce Rens
feulement, Ton peut dire que le charbon n’étoit
ni tout contenu , ni tout formé dans . le végétal
mais on yoit que cette manière: ç|e s'exprimer
efV fort différente de celle des anciens chimiftes,
& préfente une toute autre idée que celle qu’ ils
avoient adoptée fur la formation du charbon.
Il faut remarquer encore ici que ce n’eft pas
feulement par la diverfité des principes fixes &
par la proportion dans laquelle chacun* d’em-, 8c
fur-tout le cirbone, fe trouve dans.la compofition
des végétaux , que les .charbons' qui pro
viennent de. l’pnion de ces principes fixes, &
après la décompofition par le-feu de. cet êtres
erganifés , différent les uns des autres. Le rapport
rie.proportion des principes fufibles 8c des
principes volatils que les veget.aux contiennent
en mêvne-tetnps , la température laquelle on
les expofe pour les décompofer 8c lesl charboner,
la rapidité ou la lenteur avec laque.le on
les échauffe , eu ce qui eft la meme chofe
1 maffe de calorique 8c de lumière dont on' les
| pénètre dans un temps donné pour opér|r f eçte
• décompofition , cette réparation de principes,
! lé temps pendant lequel on les y expofe , -ô
mode même de l’opération relatif a l accès d uüq
plus ou moins grande quantité d’air ott â fa privation
totale, mode qui varié dans les deux méthodes
de faire les charbons fait à feu ouvert ,
foit dans des vaiffeaiix plus ou moins fermés
enfin l’état de verdeur ou de féchereffe dans
•lequel-on prend Tçs .végétaux poür les réduire en
charbonstoutes ces circonfiances influent d’une
manière plus ou moins forte fuir la quantité & la nature
même de cés charbons. Cette influence peut-
être appréciée ici d'une manière généralé, & elle
tient a une théorie Amplequi n'a point été convenablement
appliquée encoje , & xqui, comme on
va lé-voir, répand un très-grand jour fur la formation
comme fur'la nature des charbons.
Il eft bien reconnu que les matières les plus
fixes s'élèvent avec celles qui prennent facilement
par le /eu !a forme rie vapeurs ou de gaz,
lorfque celles-ci font fufceptibîes de les tenir èif
diffoliitioîi ; ou IprfqÜ’elîeR 'ont une attraélion
plus oü moins forte avec eliès. Lé carbone ,
les Tels fixes , les terrés mênie ont céîte propriété
■ Non'feulement le carbone .fe diflout comme tel
& fans altération dans les gaz & fur-tout dans le
gaz hydrogène., il s'unit encore â l'oxigène de
l'eau , 8c la décornpofiçion'de celle-ci qui,a Heù
dans 1 e t r ai te mepto des va'géfaux par le feu, donne
liëvù à une doublé perte pa leur .’ carbone , foit
par la portion-qui fe combine avec l’oxigène fous
la forme 'de gat acide carbonique , fort par la
portion de caiiaone qui fe diffout dans le gaz
hydrogène ; d’où il fuit queRplus il y à d'eau
contenue dans les végétaux qu’on charbone , 8c
plus il fe perd deleur carboneymoins Js char 01
qu’on obtient eft, abondant ; cela a lieu fur-tout
lorfque lé tiffu dès végétaux n’éft pas très-denfe.
& très -ferré ; alors le cirbone plus divifé plus
écarte , comb né à une plus grande quantité de
principes volatils & dindlvaris y fe •difFipe plus
facilement. Auffi dins le dernier cas, lé charbon
qu’on obtient n'a-t-il pis la forme du végétal ,,
parce qu’à mefure, que la décompofition s’opère,
il fe produit en-même-temps une déforganifanon
totale jftne 'dilTocîation , un écartement dès
molécules du carbone , agitées , ' difperfées - &
même fondues ou didoutes dans les pri^ftripes
fufibles & volatils qui dans ce cas font tres -
apondinr. Une chaleur forte & long-temps continuée
favotife cette yoiatilifation ou cette dîl-
folmion du carboné dans les principes volatils j
mais- il faut convenir que da proportion âbon-
dante de ce principe & la fol i dite ligneufe qu’il
procure aux végétaux ?ft la première cau'fe- de
quantité4 8c de .la forme folide des charbons
T*Il 12 l’on obtient j auffi n’emploie-t-on que des
bois pour la préparation de ce eombuffible, &
l’ extrême de la diflipation dit carbone opérée
par l’eaii; & par line forte' chaleur, ne diminue
fès-nr.tablément la quantité des charbons 8c ne
fait difpdtôîtie la forme 8c le tiffu organique de
ce produit, que dans les cas de matières végétales
molles & humides, 8c ne contenant prefque pas
de corps ligneux au moins formé en tiffu*, èft forte
que cette eonfidération fur la diminution du chair
bon réfidu eft bien plus applicable aux opérations
de chimie qu'aux procédés de l’art du ch.irbo-
nier. Mais on doit embrafler dans cet article tout
ce quiiappartient aux di'yerfes circonfiances de la
préparation • ou de l’extraêlion des charbons , &
celle dont ôn s’occupe ici eft trop importante
■ dans Tanalyfe végétale pour être^négligée* L ’aft
du charbonicr diffère effentiellemêht des pro-
)cé4és ^chimiques charbonans , en cè que dans
•le premier on ne prend que des végétaux bien
ligneux, des bois bien formés, tandis que dans
les féconds on charbone une foule de matières
végétales diverfes, fouvent peu ou point lig-
neufes ,& dans lefquelles le carbone plus rare,
plus difféminé, éprouve bien plus de déchets de
la part des corps volatils alors plus abondans ,
& plus de modifications de la part des autres
corps fixes qui jfe combinent plus facilement 8c
plus intimement r.vec lui. Voilà comment les d ffi-
xences qui exillent dans les charbons, produits par
l'art du charbonier , proviennentplus dela nature
diverfê des bois 8c fur-tout deleur état verd,
puilqu’on a obfervé que du bois très-verd faifoit
perdi'equfqu’à un quart du charbon des bois qu’ils
emploient, que de celles,des procédés qu’ils fui-
. vent ; tandis que dans les techerches dès ehi-
mitîes , la même plante traitée de diverfes manières
pour être charbonéê , donne des charbons
différens , 8c que leurs diverfités dépendent autant
des procédés que de la nature des matières
végétales qui les fourniflent. Ce qui a été dit fur
la diflipation du carbone eft également, applicable
à fa cômbinaifon avec d’àutres. principes
fixes. Cette combinaifon plus ou, moins intime,
’qui-fait varier la nature & les propriétés des
charbons, tient beaucoup & même effentieliement
aux circonftances dont l’appréciation nous occupe
ici. Un grand feu ou un feu très-long unit
fi intimement le carbone avee les feis & les oxides
métallique'?., que, dans' la plupart des opérations.
chimiques, où l’on a pour*but de char-
boner les végétaux en même temps qu’.on recueille
les produits de leur décompofition , on
obtient dans le cas cité de la mojlefle de ces
corps oü de l’abondance des. matières liquides
& de l’eau qu’ils contiennent, des charbons déniés^
quelquefois même d’une dureté exceffîve, qui
contraélent des adhérences très-fortes avec te
verre ou la terre des vafes | qui acquièrent la
brillant ou la roi leur métallique dans-leurs molécules
, & qui perdent d’autant les propriétés
du carbone dont ils s’éloignent enfuite fingaliè-
rement.
C e s . détails suffifent pour bien connoître la
véritable origine des charbons , & pour bien