en évaporant une leffive de foude du commerce.
Cette facile préparation dépend de ce que dans la
foule impure cet alcali contient aflez d’acide carbonique
pour le bien faturer , & c'eft même en
ration de cette propriété qu'on diftinguoit 11 alcali
maria ou minéral de l’alcali fixe végétal , par la
faculté de cryftallifer 8«: de s’éfleurir. Quand on a
commencé à connoître la nature de ce fel com-
pofé , on lui a donné des noms différens î fuivant
celui qu’on donnoit à fon acide. Bergmann le
üommoit alcali minéral aéré ; on l’appelle auffi
méphyte de foude , craie de foude.
Le carbonate de foude a une faveur alcaline , il
verdit le fyrop de violettes > mais fans en altérer
la couleur comme le fait la foude pure ou cauf-
tique. Sa faveur eft urineufe , mais non brûlante
8c beaucoup moins forte que celle de l’alcali
minéral pur. Ce fel eft naturellement plus neutre
que le carbonate de potafle , puifqu’il y a long-
tems qu’on lui connoît la propriété de cryftallifer,
propriété qui , prife en général 3 paroît diftin-
guer les fels fecondaires d’avec les fels fimples.
Il la doit à ce qu’il contient prefque toujours Û
comme il a déjà été dit 1 la quantité d’acide
carbonique nécelfaire à fa faturation 8c à fa cryf-
taliifation.
Ce carbonate de foude , cryftallifé rapidement ,
préfente des lames rhomboïdales appliquées
obliquement les unes fur les autres , de forte
qu'elles paroilfent les .recouvrir à la manière des
tuiles. Si on le fait cryftallifer lentement il prend
la forme d’oéhèdres frhomboïdaux, dont les pyramides
font tronquées très-près de leurs bâfes, ou
de folides décaèdres qui ont deux angles aigus 8c
deux obtus.
Ce fel fond en général plus facilement que
le carbonate de potafle, c’eft pour cela qu'on
l’emploie dans les verreries préférablement à ce
dernier. li perd la plus grande partie dé fon acide
par l’aétio» du calorique *, mais il en retient toujours
les dernières portions avec beaucoup de
force. Bergman a trouvé , par une analyfe
cxa&e , que IQO parties de carbonate de foude,
qu’il nomme alcali minéral aéré , contiennent
i6 parties d’acide , 20 parties d'alcali pur &
64 parties d’eau , de forte que la foude demande
plus d'acide carbonique pour être faturée que la
potafle , 8c qu’elle retient dans fes cryftaux une
foti plus d’eau qwe celle-ci. C'eft à cette grande
quantité? d’eau que le carbonate de foude doit fa cryf-,
taliifation plus facile , plus régulière , & fon ef-
florefcence par l’air. Bergman remarque fur cette
proportion des principes du carbonate de foude. ,
que 100 parties ae cet alkaii exigent 80- parties
d'acide carbonique,tandisque ioopartiesde potafle
n’en exigent que 42 ; plus les (èis fout forts
moins ils exigent pour leur faturation.
Le carbonate de foude eft plus diffoluble que celui
de potafle. il le diffout dans deux parties
d'eau froide 8c dans une quantité d'eau bouillante
égaie à la fienne. Il cryftallifé par le refroidiffe-
ment ; mais l’évaporation lente fournit ’dés
cryftaux beaucoup plus réguliers.
Ce fel expofé à l’air tombe très-facilement en
poutfière en perdant fon eau de cryftailifation que
l’air lui enleve j mais il n'eft point altéré par
cette efflorefcence. On peut lui rendre fa première
forme en le diflolvant dans l’eau 8c en le
faifant cryftallifer.
Il facilite beaucoup la fufion des terres vitri-
fiabies , 8c fait wn verre moins altérable que celui
dans lequel entre le carbonate de potafle ;
aufli le préfère-t'on ffans les verreries. On a
obfervé que le fable , en s'uniflant à ce fe l, en
dégage l’acide carbonique qui s’échappe avec une
effervefcence bien marquée, comme nous l’avons
vu {pour le carbonate de potafle. Il n’a pas plus
d’action fur l’alumine que ce dernier fel.
La baryte, ainfi que la chaux 8c fa diffoliition ,
décompofent le carbonate de foude , 8c en
s’emparant de fon acide elles en dégagent Y alcali
minerai ou la foude pure 8c cauftique. Quand on
verfe une diffolution de ce fel dans l’eau de
chaux j il y produit un précipité , ce qui n’a
point lieu avec la foude cauftique. Si l’on vêtit
obtenir ce dernier fel dans cet état pour des expériences
délicates de chimie , il faut avoir recours
au procédé que nous avons décrit pour la
préparation de la pierre à cautère , que l’on fait
ordinairement avec la potafle.
Le carbonate de foude eft décompofé comme celui
de potafle , par tous les acides , excepté
l’acide lithique. On emploie fur-tout pour cette
décompofition les acides fulfurique , nitrique 8ç
muriatique foible. On peut en obtenir l'acide carbonique
en le recevant fous une cloche pleine
d'éau ou de mercure.
Le carbonate de foude décompofé les fels alumineux
, magnifier!, calcaires 8c barytiques, comme
le carbonate de potafle , & avèc des phénomènes
à peu près fe mblables, excepté relativement aux
proportions. Il décompofé auffi & précipite les
diflolutions 8c les fels métalliques , avec dès
phénomènes un peu différons de ceux que fait
naître le carbonate de potafle , en rai fon de la
différence, de la proportion de fes principes
8c de fes attractions. Ces différences feront exprimées
dans l’hiftoire de ceux des fels métalliques
qui les préfentent de la manière la plus marquée.
L'aClion prefque nulle du carbonate de foude fur
le foufre , fur les métaux , fur le charbon , fur
les fubftances végétales & animales , eft analogue
à celle du carbonate de potafle fur les
mêmes fubftances. Quant au phofphore , il dé-
compofe à ce qu'il paroit bien plus fortement
l’acide carbonique uni à la foude , qu’il ne le
fait fur toutes les combinaifons connues de cet
acide. C'eft avec le carbonate de foude 8c le
« ore que Pearfon a obtenu le plus de char-
gagé. On traitera cet objet avec le détail
qu’il exige à l’article du phofphore.
Le carbonate de foude exifte tout formé à la fur-
face de la terré , en Egypte, 8cc. On le trouve
encore dans les cendres des plantes marines > mais
il n’eft pas fat tiré de tout l'acide auquel il doit
être uni. Pour le rendre plus parfaitement neutre,
on peut le combiner directement avec i’acide
carbonique , foit en l’agitant dans une cuve en
fermentation, foit en recevant dans fa diffolution'
cet acide dégagé de la craie par l'acide fulfurique..
On le fait encore en imprégnant des parois d'un
vafe de diffolution de foude , & en verfant dans
ce- vafe de l’acide carbonique > on le couvre
d’une veflie mouillée 3 & au bout de quelques
heures la combination eft faite; 1* veffie eft
enfoncée à caufe du vide qui s'eft formé dans le \
vaiffeau , 8c le carbonate de foude eft dépofé en
cryftaux réguliers fur les parois.
Le carbonate de fonde «peut être employé comme
le carbonate ,de potafle} il eft d’un ufage beaucoup
plus multiplié pour les manufactures de
vérrenes , ’de favon, &c. U eft donc très-nécef-
faire d’en augmenter la quantité , & de chercher
à la retirer en grand du muriate de foude.
La litharge, ou l’oxide de plomb demi-vitreux,
propofée par quelques chimiftes pour produire cet
effet , ne décompofé pas bien le muriate de
foude. Schéele a découvert une décompofition
plus manifefte dans le muriate de foude par la
chaux vive & le fe r , au moyen du contaét de
l’atmofphère & de l’acide carbonique qui y eft
mêlé.'On reviendra fur cet important objet ài
l’article du muriate de foude.
C arbonate de soude, ( pkarm.) Les médecins
emploient fouvent le carbonate de foude
fous le nom dé fel de foude, ou d’alcali minéral
cryftalliféï C'eft dans le dictionnaire de médecine
qu'il faut puifer les connoiffances relatives aux
propriétés médicales de ce fel. Quant à ce qui
peut intéreffer la pharmacie relativement à la
préparation de ce fe l, cet objet eft beaucoup
plus fimple 8c beaucoup plus facile à traiter que
ce qui regarde le carbonate dé potafle. En effet ,
le carbonate de foude eft auffi facile à préparer que
celui de potafle eft difficile. Le carbonate de foude
eft entièrement contenu dans la foude* ordinaire
du commerce } il fuflit de choifir la plus belle 8c
la plus pure , de la lefliver à l'eau froide , d'évaporer
cette diffolution iufqu’à ce qu elle commence
à cryftallifer par le réfroidiffement , 8c
l'on obtient ce fel très-beau & très-pur par cette
fimple opération. Comme le carbonate de foude eft
efflorefcent8<:perd promptement fon eau de cryf-
tallifation par le contaCt de l'air fe c, les pharmaciens
doivent le conferver dans des vaiffeaux bien
bouchés } car en le donnant effieuri , ils en fe-
roient prendre aux malades une dofe un peu plus
grande que celle qui eft preferite par le médecin.
La nature offre parmi les remèdes que l’homme
trouve dans lès productions fimples, une diffolution
de carbonate de foude qui conftitue une
efpèce d’eau minérale alcaline , dont les variétés
diffèrent par la dofe & la diverfité d’autres fels
diffous en mêmq*temps dans l ’eau. Telles font
l’eau de Vichy & celle de Bard en Auvergne.
C arbonate de tungstène. On ne connoît
pas-du-tout la combinaifon de l’acide carbonique
avec l'oxide de tungftene. Ce métal a encore été
trop peu examiné pour qu'on ait une idée exaéte
de fes combinaifons. Voye^ le mot T ungstène.
C arbonate de zinc. Le zinc eft un des métaux
les plus diffolubles dans l'eau chargée d’acide
carbonique ; cette diffolution fe couvre d’une
pellicule par le contaCt de l’air. La chaux & tous
les alcalis purs ou tauftiques occaffonnent un
précipité dans cette diffolution. On a du carbonate
de iinc lorfqu'on précipite les diflolutions de ce
métal dans des acides par des carbonates alcalins.
Ce précipité eft en poudre blanche très-belle ;
Morveau a propofé de les fubftituer à l’oxide
blanc du plomb pour la peinture. On regarde auffi
la calamine comme du carbonate de iinc natif,
y oyez, pour plus de détails fur cette combinaifon,
l'article Zinc*
CARBONE. Le mot carbone employé dans la
nomenclature chimique propofée depuis plufieurs
années par Morveau , Lavoifier, Berthollet &
moi & adoptée; aujourd’hui par le plus grand
nombre des chimiftes, a été tiré du mot latin
' carbo s: carbonisa il fert à défigner la matière
pure du charbon. Four bien coacevoir Futilité
& conféquemment la néceffité de cette dénomination,
il faut obferver d'abord que la matière
nommée I charbon par tous les hommes , &
employée fous ce nom dans tous les arts, eft un
compofé plus ou moins compliqué, dans lequel le
carbone || quoique quelquefois aflez abondant
pour en être regardé comnie la bâfe , n’eft pas
toujours & néceflairement l’élément principal, 8c
eft combiné avec une quantité plus ou moins
grande de diverfes fubftances , furtour de corps
falins & terreux. Or comme en employant le