jncoercibles , précipitass réciproques l'un de
'autre , qu'il propofoit entre le feu fixé ou le
phlogiftique , & l'air fixé échangeant mutuellement
les terres ou bafes métalliques par leur
actraéjtioia. Dc-ià encore cette autre erreur pré-
fentée alots comme une curieufe & piquante analogie
entre la propriété vitrefcible des chaux métalliques
attribuée à la préiènce de l'air fixé ,
8e. la vitrification des terres que Guyton leur
croyoit communiquée par l'air fixé des alcalis >
erreur qui cependant auroit du ne pas lui échapper
, peut-être à cette époque, s'il n’avoit. pas
été entraine par l’idée de la îimilitude des effets,
puifqu'il n’ignoroit certainement pas qu'au moment
où des alcalis & les terrés fe fondent, &:
avec lès alcalis paflent par la rufion à i'etat de
verre, l’air fixe fe lépare de cçs Tels avec effer-
vefcence , & ne refte pas dans la combinaifon
vitreufe. C'eft encore à l’identité prétendue
entre l'air fixé des alcalis & des terres-, effer-
vefcentes , & l'air fixe dans les chaux métalliques,
que Guyton rapporte. encore l'impoflibilité de
convertir les charbons en cendres alcalines dans ,j
les vaiffeaux 'fermés, impoflîbilité qu'il • compare
à celle où l'on eft aûfii de calciner les mé
taux dans les .mêmes appareils clos, ainfi que,
l'incinération du charbon comme la calcination
dès métaux opérée par un cément calcaire.
Enfin croyant avec prefque tous les chimiftès à
l'époque, citée que les chaux métalliques ren-
doient les alcalis cauftiques comme la chaux
terreufe, il leur attribuoit, comme à celle-ci,
la propriété d'enlever aux alcalis l'air fixé. D'après-
ces idées qui marchent b ie n en sem b le & q u i a u -
r o ie n t e n effet fuffi pour accorder les découvertes
modernes avec la théorie du phlogiftique, s'il
n’y avoit en effet qu'une feule efpèce de fluide
élaftique, comme Guyton le penfoit manifefte-
ment en 1776 j : on ne doit pas être furpris-de
le voir affurer qu'on ne cqnnoît point de
chaux métalliques pures, puifqu'à mefure que
les métaux perdoient , fuivant lui, leur phlogiftique
, ils abforboient l'air fixe. II. ne devoit
voir , comme il ne voyoit véritablement, qu'un
diffolvant de plus à ajouter aux anciens, & à
étudier dans fes effets, dans l'air fixe qu'il fup-
pofoit un feul & même principe dans toutes les
expériences déjà connues , au moment où il
cherchoit à opérer.la conciliation dont nous
venons de rendre compte. Au refte, on doit
concevoir que ce ne pouvoit être qu'une trêve .
bien courte, que cette efpèce de conciliation ,
puisqu'on ne devoit refter que bien peu de temps
dans la perfuafion , ou au moins dans l'opinion
qu’il n'y avoit qu'un feul fluide élaftique, qu'un
air fixe, le même dans les terres, les alcalis, les
huiles , les chaux métalliques. Aufli les bonnes
intentions de Guyton n'eurent - elles prefque
aucun effet, & n'empêchèrent-elles pas qu'on
ne poimuivit toutes les découvertes, comme
on l’a déjà vu à l’égard de Lavoifier, & qU'on
ne reconnut bientôt la différence de nature &
de propriétés des principales’ efpèces de fluides
-élaftiques , ce qui rendit abfolument inutiles tous
les rapprochemens ingénieux-, mais fondés fUr
une hypothèfe infoutenable ,.,que Guyton avoit eflàyé de faire entre la théorie de Stahl, Sc
celle qui^ s'élevoit alors fur la fixation & Jes
combinaifons des fluides 'élaftiques. Aufli les
chimiftès firent-ils peu d'ufage des idées conci-
liatoires que^ Guyton avoit "données, 8c chacun
modifioit-il à fa manière les faits nouveaux
jufqu'à l’époque où la théorie de Lavoifier fut
adoptée par le plus grand nombre des chimiftès
François.
L'année 1776 " eft encore remarquable dans
l’hiftoire des découvertes chimiques qui nous
occupent , par un beau travail de Bayen
fur la mine de fer fpathique. ' Ce travail dont
la première partie , terminée avant l'époque où
Bayen publia la première de fes recherches fur
les précipités de mercure, c’eft-à-dire, avant
le mois d'avril 1774 , avoit été lue à l'académie
des fciences , le 2.5 juin de cette même année :
ce travail antérieur comme on voit à une grande
portion des découvertes de Prieftley 8c de Lavoi-
fier , étoit une confirmation très-exaéle de la
préfence de l'air fixe dans les minéraux métalliques
8c de fa propriété de minéralifer le
fer : il a été fait par fon ingénieux auteur a une
époque où les procèdes & les appareils pour
récueillir les fluides élâitiques étoient peu connus
, peu employés en France, & où l'on
n'ayoit encore d’autre machine que l'ancien
récipient de Halés | plongé dans une terrine ,
pleine d'eau , 8c recouvert d’une bouteile renversée,
deftiné à recevoir le gaz. Bayen , après
avoir vu que la mine de fer fpathique d’Allemagne
, dont il avoit entrepris une nouvelle
analyfe, éloignée des méthodes domeftiques,
fui vies jufques-là, devenoit jaune-brune , 8c caf-
fante à l’air, perdoit au feu dans un creufet le
tiers de fon poids, & fe conyertiffoit en une
poudre noire attirable ; éprouvoit la même altération
dans une cornue dé verre lutté, à laquelle
il avoit adapté un récipient, dont le petit trou -
laiffoit. fortir une quantité d'air remarquable
fans autre principe , fe propofa de recueillir le
fluide élaftique, le gaz que ces indices affez
certains lui annonçoientêtre contenu d'abord dans
la mine de fer fpathique. Pour cela, ilfe fervit d'une
veffie adaptée à un tube joint à la cornue ; le
gaz qui la diftendit, fut tranfvafé dans une bouteille
, agitée avec l’eau qui l’abforba, & qui
devenue aigrelette, avoit acquis en même temps
fa propriété de diffoudre la limaille de fer.
Voulant enfuite déterminer la quantité de ce gaz
contenu dans la mine de fer , il employa le récipient
de Haies , 8c il imagina de le jauger
avant
avant avec une mefure contenant 4 oncès-d’eau, î
de manière qu'il le divifoit en fractions de volumes
de 4 on-ces de ce liquide. Par ce pfocédé ,
il trouva que le poids de cè fluide eiaflique ,
étoit à-peu-près le doublé de celui de l’atmof-
phère j à la vérité il n’eftima cette pefanteilr
que par la.perte du poids de la mine qui allait
conftamment à un tiers, comparée au volume
du gaz obtenu > furpris de ce réfiiitat;, il crut
avoir commis quelque erreur , & l ’attribua même
à l'àbforption d'une partie du gaz par l'eau de
l'appareil; en cherchant à la prévenir , il parvint
à y trouver moins de pdanteur 5 il s'affûta
que ce fluide élaftique, qu'il regardoit comme
l 'a i r f i x e des Anglois, ne pouvoit pas fervir à
la relpiration , en plaçant au haut d'un récipient
de machine pneumatique, où il-le reeèvoit, une,
allouer te jeune & vigoureufé qui fut bientôt
afphixiêe. 'Dans une autre expérience , il a
cherché a fixer le gaz d’une once de mine fpha-
tique dans l’alcali fixé , en plaçant une dilfo-
liuion de cèlui-ci dans un ballon adapte à la
cornue , où il la chauffoit ; 8 c ayant pris des
précautions contre la fraêlnre de . l'appareil qu’il
craignoit, parce qu'il avoir bouché le petit trou
du ballon , il pouffa le feu très-vivement pendant
une heure. & demie. Le lut qui bouchoit le trou
du ballon n'a voit point été déplacé, tout l'appareil
étoit en bôn état, & le gaz «ivoit été,
complettement abforbé, ou fixé par la liqueur
alcaline, dont une partie étoit devenue fôlide
& cryftalline, d'une faveur très-douce & très-
effervefcente. Les cryftaux préferitant des prif- '
mes à'4 faces, décrépitant fur les charbons ar- -
de 11s, fàifoient une forte effervefcence avec les î
acides/ La fécondé partie de ce mémoire très-
intéreffant 8 c rempli d’expériences.aufli bien décrites
qiië bien faites, renferme i’analyfe de la
mine de fer fpathique par les acides. L’acide -
vitriolique l’a aiftoute complettement, excepté
un peu"dé fable ; il en a dégagé du gaz mêlé
avec de l ’acide vitriolique en vapeur 5 l’acide
nitreux l’a diffoute de-même à froid & avec effet- ■
vefcencê, en dégageant un tiers de fon poids de
fluide élaftique ; celui-ci reçu dans l’eau , l’a
rendue acidulé par fon abforption , 8 c lui a
communiqué une laveur mtreufe5 d’ où “il fui voit,
que cè procédé ne ftmbloit pas propre à fournir
le gaz pur. L’acide marin en opéra de même la
difTolution avec effervefcence, 8 c engagea l’auteur
, par les flocons noirs qui fe manifeftèrent,
à rechercher fi la mine de fer fpalthique ne conte-
noit pas une certaine quantité dé zinc, ce dont
il s’afiura par le vitriol martial mêlé à la mine
calcinée ; enfin de ce que la mine de fer fpar-
thique devient attirable à l’aimant par la calcination
, fe diffout facilement 8 c avec efferVef-j
cence dans l’acide nitreux, revivifie le mercure
du cinnabre, 8 c réduit le minium ; l’auteur en
conclud que le fer y , eft. à l’état métallique,
C h i m i e , Tome III,
Quant au résultat total de cette analyfe faite avec
dés foins jufques-là inaccoutumés dans 1 effai des
mines, & aufli avec des vues nouvelles par rapport
à la minéralogie, fur-tout pour l’époque de
1.774, & même avant, Bayen tire les inductions
fuivahtes de fes expériences. i°. La mine dé fer
Tpathique eft urîè combinaifon de fer 8 c de gaz,
qui lui donne la propriété -de cryltailifer ; 1°.
lé gaz y eft au fer comme 1 à 3 >3°. lè gàz dont il eft
queftiôn, eft ce que les Anglois nomment air
fixe; 40. il y a de plus dans cette mine line
petite. quantité d'eau, de quartz, de terre calcaire
8 c de zinc. Nous pouvons1 conclure de
cette anâlyfé docimaftique, fai te par des procédés
alors bien nouveaux & très-différens de tout
ee qu'on avoir tenté jufqu'à cette époque , déjà
reculée , puifqu'il y a plus de 21 ans qu'ils ont
été pratiqués par Bayen, au moment où j'écris
ceci ( le 20 germinal , an quatrième de la République
Française, ou 9 avril J-79^ ) >
ce chimifte célébré avoit trouvé dans la nature
la combinaifon de 1 air fixe avec le fe r ,
formant un fel cryftallifé, facilement léduc-
tible, comme on a trouvé ÿ quelque temps après,
le plomb , le zinc , le cuivre combinés avec
cétte efpèce d’acide , formant des fels minéraux
fécondaires , des minés très-riches: de féconda
formation, ainfi que nous i’expo ferons bientôt
dans le cours des faits hiftoriques qui nous
relient à parcourir.
Parmi les recherches multipliées auxquelles fe
livroient à l'époque qui nous occupe les" chi-
i-Fiiftes François , nous ne devons pas oublier un
mémoire rempli d’un grand nombre'de faits, lu
à l’académiè des. fciences de Paris par LafTonne,
médecin, dont le zèle & l'amour pour les fciences
étoit eftimable , quoiqu’iLqp l’ait pas conduit
à des découvertes faî il a ri te s son ne doit pas
négliger de configner' dans l’hiftoi're les_ efforts
des travailleurs' utiles, quoiqu’ils n’ aient pas
■ toüojurs été couronnés par des rélultats bîîl-
■ lants. Ce mémoire a pour titre modefte , N o t i c e s
d ’u n e f u i t e d ’ e x p é r ie n c e s n o u v e l le s , q u i f o n t c o n n o î t r t
ta n a tu r e & l e s p r o p r ié té s d e p lu f ie u r s efp é ceS d ’ a ir s
o u ém a n a t io n s a é r ifo rm e s , e x t r a i t e s p a r d iv e r f e s v o ie s
d ’ un g r a n d n om b r e d e f u i f ia n c e s . Il paroït que
Lafione navoit pas pour but de chercher , &
n’efpéroit pas même trouver de ces vérités-générales
, qui en faifant époque dans les faftes de
la chimie , en avancent tout à-coup la théorie ,
8c 'en reculent les limites ; perfuadé comme
Prieftley, dont il aimoit à fuivre les traces, 8 c
à imiter la carrière expérimentale , qu'il ne falloir
pas fé hâter de hazarder des fyftèmes , mais
multiplier les faits , il s'étoit livré à une fuite
de travaux fur les diverfes efpèces de fluides
élaftiques qu'on’ obtenoit dans diverfes expériences.
Aufli fon mémoire eft-il rempli d'une
foulé de faits particuliers 8t fans liai fon les uq$