
métalliques, «ne attraction plus grande que n’en
a l'acide carbonique, tous les carbonates font
décompofés plus ou moins promptement par les
acides. Cette décompofition eft accompagnée du
phénomène de i’tffervefcence , entièrement due
au dégagement de l’acide carbonique en gaz ,
8c qu’on avoit donnée autrefois pour un carac-
tère des alcalis 8c des matières calcaires, puif-
que ce n’eft ni comme alcalis, ni comme terre
calcaire, que c.s fubftances font effervefcence ,
mais comme carbonates ; c eft pour cela, 8c pour
diftinouer les terres 8c alcalis fatures d acide carbonique,
des terres 8c des alcalis purs , que
Black les avoit défignés par le nom d’alcalis efftr-
vefcensj mais ce phénomène n’a point été convenablement
expliqué dans les ouvrages de chimie,
8c je dois m'arrêter quelque temps ici fur
cette théorie importante.^ Ên confidërant les carbonates
naturels ou artificiels dans leur état foiide1 *
&8c cryftallin, on ne peut douter que l’acide carbonique
ne partage leur folidité , 8c n’ait des
molécules très-denfes 8c très-rapprochées les
unes des autres. Ainfi, les maffçs des matières,
calcaires renfermées dans le fein de^la^ terre ,
contiennent des quantités immenfes d acide carbonique
concret, qui, s’il étoic mis. a fon état
de gaz, occuperoit plus de 400. fois le vo.ume
qu’il a dans fon état foiide g puifque ces cirbo- \
noces font plus pefaus que l’eau I dent le pqius,.
eft à. celui de l’ait, comme 840, a'-peu-pres ,
eft à 1 tandis que le poids du gaz acide carbo-
nique eft à celui de l ’ait ordinaire J comme 1
eft à 1. On fait, qu’ en échauffant fortement lés,
matières calcaires on en dégage .leur acide, car-;
bonique fous la forme de g a z , on les en prive!
entière meut, on les porte, à l’état de chaux ,
8c on ne peut voir dans le dégagement que:
la fufion de l’acide carbonique concret dans le
calorique; car un gaz n’eft qu’une bâfe (quel
conque fondue 9 diffoute dans le calorique , 8c
jamais un corps, tel qu’il Soit, ne peut prendre
la forme gazeuO fans abforber la quantité de
calorique fuffifante pour le diffoudfe , BBMB ce
qu’ il devienne élaftique 8c mvifible comme l’air.
D’après ce principe inçonteftable 8c prouvé par
tous les faits relatifs aux gaz , il eft certain que
lorfqu’on verfe un acide liquide fur un carbonate
«melconque fous forme de pouff.ere , ou lorf-
qu’on plonge un de ces fels foiide cryftallifé Sc
én morceaux plus ou moins gros, dans un acide
liquide , l’effirvefcence qui a lieu tout-à-coup,
8c qui eft manifeftement due au dégagement de
l’acide carbonique en gaz , ne peut avoir lieu
que parce que cet acide carbonique , qui croit
concret 8c foiide dans le carbonate , trouve du
calorique en afftz grande quantité pour fe fondre
$c prendre la forme gazeufe. O r , ce calorique
ne peut provenir ou être dégagé que do l ’acide,
«u par 1 acide ajouté, puifque fans cette addi-
»ion l ’acide carbonise auieit gardé fa forme
foiide. On voit donc que les acides-, en ciecom-
pofant les carbonates, & en s'unifiant a leurs
bâfes, dégagent foit* d'eux-mêmes, foit de ces
bâfes , foit des uns & des autres, en.même tfetaps
affez de calorique pour fondre l’acide caibonique
en gaz ; aufli VefFervefcence produite par
les carbonates , eft-elle accompagnée de refroi-
diffement,ou au moins ne s’y produit- il pas
de chaleur , comme dans l’union des acides avec
i les bâfes de ces mêmes carbonates. 11 faut encore
ajouter à ces cônfidérations fur l’effervefcence
& la fufion de l’acide carbonique en gaz, qu’elle
n'a lieu avec toute Ta&ivîté qu’elle ■ prétente ,
que lorfque l’acide decompofànt les carbonates y
eft étendu d’une certaine quantité d’eau, Sc que
les acides fulfurique , nitrique Sc muriatique
qu’on a coutume dJemployer ordinairement pour
cela , ne dégagent point l’ acide carbonique en
ga z, lorfqw’ils font trop concentrés 8c trop
denfes. Ce fait annonce que la préfence de
l’eau eft néceffaire pour la fufion de l’acide
carbonique en ga z , en fourniffant vraifembla-
blement une grande partie du calorique nécef-
faire à cette fufion. Voilà les faits & la théorie
trop négligée par la plupart des chimiftes i de
l’effervefcënce produite par les carbonates , au
moment où ils font décompofés par les acides
plus puiffans que celui qui ies conftitue.
Les carbonates alcalins en decompofànt les Tels
neutres ou moyens à bafe terreufe ou métallique,
précipitent les terres ou les oxides à l’état de
carbonates par le tranfport de l’acide carbonique
fur les matières précipitées. Quelques uns
àgiflfant par doublé attraction -, opèrent des dé-
compofitions que leurs- bâfes feules n auraient
point opérées ; telle eft la manière d’ag’-r du
carbonate ammoniacal fur les, fels ca'carres , oZ
| telle eft en même temps lamanière d’expliquer unô
j difficulté de la chimie ancienne. Voye\ l’article
I C arbonate ammoniacal.
I Plusieurs carbonates traités avec le phofphore*
I paroiflent perm.ttre la décompofition de 1 acide
! carbonique î au moins ce réfultat peut êtr.e tiré
des expériences .le Tenant Sc Pearfon. En chauffant
dans des vaifToaux fermas du carbonate de
fonde avec du phofrhere, on obtient du phof-
phate de Coude , fi« du charbon. Il ne fe dégage
point de gaz acide carbonique} une partie
du phofphore fe fub’.ime fans alteration ■ j
la plus grande p^-tie de ce corps fe convertit
en acide phofphorique, & forme du phofphate
de foude > on trouve du charbon mis a nud,
& on l’attribue à la décompofition de 1 acide
carbonique dont le phofphore enlève 1 oxigène,
y'oye% pour le détail de cette belle decouverte ,
les mots C arbonate de Chaux & C arbonate
de Soude.
Les carbonates chauffés ayee le ftmfre
Combinent, mais en perdant une portion de
leur acide ; car la tendance des terres 8c des
alcalis à s’unir à ce corps combuftjble,, eft
fortement diminuée par la préfence de l acide
carbonique. Autrefois , cependant, on n’em-
ployoit prefque que des carbonates alcalins pour
faire ies foyes ue foufre, car on croyoit les
alcalis purs dans leur combinaifon naturelle Sc
pîus ou moins faturés avec l’acide carbonique ;
cette faute eft même encore fou,vent commife
par quelques chfmiftes , qui négligent de pre
parer des alcalis bien purs 8c bien caufiiqües
ou bien faturés d’acide carbonique. , v Cette erreur
eft fréquente pour- le carbonate de potaue
qui, comme on le verra à. fon article, fe trouve
dans le commerce > ou même dans les laboratoires,
en différens états de fatutation avec l’acide
carbonique.
Les carbonates n’ont nulle a&ion fur les matières
métalliques , au moins on n’a point examiné
cette action , & il n’eft pas hors de vraifem-
blance qu’on ne trouve une altération réciproque
très-importante entre Tes corps. Les uns
chauffés à fec avec des carbonates y pourroient
bien en décompofer l’acide carbonique , comme
le phofphore , & -/ceux- - là - feraient fans doute
les plus combuftibles , les plus avides d’oxigène,
tels que le mangaaèfe , le zinc, le fer ; d’autres
traites avec les diflolutions de carbonates alcalins
deviennent, à ce qu’il paroît, fufceptibles de décompofer
l’eau , & de s’unir enfuite aux bâfes.
Ces fels décotnpofent tous les fels métalliques ,
& en précipitent les acides dans l’état de carbonates
métalliques , voilà pourquoi ces précipités
diffèrent par la couleur & la quantité, de
ceux qui font formés par les alcalis Sc les terres
pures ou cauftiques. Les carbonates n’ ont point
d’aélion fur les fubftances végétales Sc minérales
t comme en ont les terres cauftiques Sc
les alcalis purs; ils ne diffolvent point Tes fubftances
de la même manière que leurs bâfes, Sc
fur-tout comme le font les alcalis cauftiques.
Pour offrir ici l’enfemble des propriétés générales
& comparées des carbonates , je rappellerai
les attrapions de l ’acide carbonique pour les
diverfes bâfes, quoiqu’elles aient déjà été pré-
fentées dans l’hiftoire de cet acide. Bergman
indique fes attrapions dans l’ordre fuivant ; la
baryte, la chaux , la potaffe, la foude, l’ammoniaque
, la magnéfie, l’alumine, les oxides de
fcinc, de fer, demanganèfe, de cobalt, de nickel,
de plomb, d’étain, de cuivre, de bifmuth, d’antimoine
, d’arfénic, de mercure, d’argent, d’or
& de platine.
Il n’eft pas néceffaire d’expofer ici en général
les ufages des carbonates , l’hiftoire de chacun
d’eux devant les offrir en particulier : on va
donc paffer à cette hiftoire, en les plaçwt pac
l’ordre alphabétique de leurs baies.
C arbonate d’A lumine. La combinaifon
faline de l’acide carbonique avec l alumine ,
n’a été encore que peu examinée ; ainfi i on ne
connoît prefque point les propriétés du carbonate
d'alumine ou alumineux ; il eft cependant certain
que cet acide'fe combine avec une portion de
terre aiumineùfe , puifque , r°. Suivant la remarque
de Bergman , lorfqu’on précipite une
difiblutiori d’alun,ri ou fulfate acide d'alumine ,
par les carbonates alcalins , la liqueur filtrée laifte
dépofer au bout de quelque temps un peu de
. terre qui y étoît tenus en diffolution par l acide
carbonique, & qui s'en fépare à mefure que ce
dernier fe diffipe à l'air. z°. Cette précipitation
faite à froid né-préfente point d’efferverp
cence, & une portion de l'acide carbonique qui
fe fépare de l’alcali, paroît fe porter fur l’alumine
, tandis qu’une autre portion fe difiout dans
la liqueur.
D'ailleurs il eft reconnu aujourd’hui, d’après
I’analyfe de plulïeurs terres argileufes, faites
par quelques chimiftes modernes, qu elles contiennent
de l’acide carbonique, puifqu’elles font
une effervefcence plus ou moins marquée , lorfqu’on
les diflout dans les acides fulfurique Sc
muriatique. A la vérité, on ne s'apperçoit de
cette effervefcence que lentement , & fur-tout
en chauffant les terres avec les acides : on Ia
voit encore mieux en diffolvant dans les acide*
le précipité d'alun par les catbonates de potaffe,
de foude ou d’ammoniaque.
Les chitniftes fe font très-peu occupés de cett«
combinaifon, en forte que je ne puis rien dire
de la cryftallifabilité, 8c de la forme de ce fel,
de fa diffolubilité , 8c de toutes les propriétés
qui doivent le diftinguet de l’alumine pure. II
paroît feulement que le carbonate £ alumine eft
très-peu diflbluble, qu’il petd fon acide pac
l’r.âion du feu , 8c qu’il le cède i toutes lot
bâfes terreufes Sr alcalines qui ont plus d'affinité
avec lu i, que n’en a l’alumine.
Le carbonate d'alumine trop peu connu n’afl
d’aucun ufage.
C arbonate d’ammoniaque. Le fel que nou*
nommons carbonate a ammoniaque a été d’abord
nommé fel volatil £ Angleterre, parce que les
anglois font les premiers qui ayent fu le préparer
en grand. On la nommé enfuite alcali volatil
concret , parce qu'avec les propriétés de l'alcali
volatil, il fe préfente fous forme foiide. Les
noms à’alcali volatil aéré , de merhytt ammoniacal
8c de craie ammoniacale qu on lui a aufli donnés,
teneient. à la nomenclature d’ acide aérien, d’acide