
IV . E x p é r i e n c e s s u r l e s c o r p s e n f l a m m e s
E T S U R L A
R E S P I R A T I O N DES A N I M A U X.
Nombre de
pouces cubiques
d’air
produits.
Nombre de
pouces cubiques
d’air
abforbés.
Une chandelle allumée, dont le diamètre étoit f de pouce anglais........... 78
Charpie trempée dans du foufre fondu, enflammée, abforha dans.un grand
vaiffeau........................................................................................................ 198
Dans un yaiffeau plus petit........................................................................... tyo
Deux grains.de phofphore de Kunkel........................................................... 18
Après l'inflammation, il n’avoit perdu qu'un demi graia 5 quelque temps
après, fon poids fè trouvoit augmente d'un grain.
Un rat enfermé dans Un récipient de 2024 pouces cubiques de capacité.. . . . . 7$,
Soixante-treize pouces cubiques d’air, refpiré par un homme , jufqu'à ce
qu il fût prêt de fuffoquer , fe trouvèrent réduits de vingt pouces.
Ce ne feroit avoir qu’une idée fort incomplette
& fort infuffifaqte du beau travail de Haies, ce
feroit rifquer de né pas faire appercevoir le
rapport que nous cherchons entre Tes expériences
& celles qui ont été faites depuis trente
ans , que de s’en tenir aux énoncés contenus
dans le tableau qu'on vient de lire. Il faut de
plus comparer entre elles les diverfes expériences
de Haies, voir les réfultats qu’il en a tirés le
.ceux qu'il a négligés, èn un mot déterminer
l’influence de fes découvertes fur la phyfique.
C’eft dans l’ouvrage de Haies qu’on reconnoît
les premiers germes de la découverte de la nature
des eaux minérales acidulés, gazeufes ou
fpiritueufes. Il a vu que ces eaux contenoient
une fois autant d’air que les eaux communes,
& que c’étoit à cet air furabondant qu'elles dévoient
leur montant , leur vivacité , leur pé-
tillement , & toutes les propriétés qui les aif-
tinguent des eaux ordinaires. Il a feulement
ignoré la nature du gaz qui ÿ eft contenu, niais
ce fl une erreur générale dans toutes fes expériences
fur les fluides élaftiques qu'il croyoit
tous être de l’air plus ou moins modifié , gâté,
altéré , en un mot changé dans fes propriétés
par des mélanges ou des corps étrangers.
Il admettoit la préfence de l’air dans les acides,
& fur-tout dans celui du nitre, quoiqu’il ait
vu qu'il en abforboit dans fa diftillation j mais
il ignoroit que cette abforption étoit due à une
autre caufe : il conclut de fes recherches que
les acides abforbent de l’air , & que cet air
abforbé pourroit bien être en partie la fource
de celui qui fe dégage pendant leurs combinaifons
*vec les alcalis $ fon foupçon fur l’origine de celui
qui fe produit pendant les diffolutions des métaux
, & qu'il attribuoit aux acides , a été
depuis, comme on fait, confirmé par l'expérience.
Haies attribue à l’air qui fort du nitre pendant
fa détonation , les effets de la poudre qu'il
fait cependant partager à la vapeur d’eau. Ici fon
opinion eft très-près de la vérité. Le tartre qui
lui à fourni tant d’air ne détonne pas comme le
nitre, parce que l’air y eft plus adhérent f qu'il
n'en iort qu’à un beaucoup plus grand feu j mais
il n’en eft pas moins la caufe des effets violens
de la poudre fulminante. Le poids de l’air tiré
du tartre , récemment ou dix jours avant, ne lui
a pas paru plus fort que celui de l'air ordinaire >
ici il a donné dans une erreur difficile à concevoir
d'après les foins l'exa&itude qu’il
mettoit aux expériences, & il eft inconcevable
qu'il ne fe foit jamais appèrçu de la pe-fanteur de
l'air fixe, ou acide carbonique, qu'il a recueilli &
examiné fi fouvenr.
Il a trouvé que l'abforption de l’air par les
corps qui brûlent & par les animaux qui cef-
pirent eft plus confîdérable dans les petits vaif-
feaux que dans les grands , par rapport à leur
capacité| & qu’elle eft limitée , de forte qu'à
un certain point elle ne peut plus avoir lieu.
Il a obfervé dans le grand nombre de fes expériences
des alternatives de produ&ion & d’ab-
forption d’air dont il n’a pu faifir la caufe. L’air
faétice , produit par la détonation du nitre, a
diminué fous fes yeux d’élafticité & de volume j
ce phénomène l’a étonné 5 il eft la fource de
beaucoup d’inexaélitudes dans fes expérience?,
& l’on fait qu'il tient à la nature diifoluble de
l’acide carbonique, premier fluide élaftîque connu,
& que Haies lui-même , qui. l’a obtenu très.-’
fouvent, a défigné par le nom d4âir-fixe. C ’eft.
par la même raifon qu’il lui eft arrivé, fans qu’il
ait pu favoir à quoi cela étoit dû, de voir l’air
diminuer , non-feulement pendant la combuftion
des chandelles, niais encore plufieurs jours après,
& d’obferver qu’après avoir bouillonné à travers
l’eau , plufieurs fluides élaftiques n’étoient plus
fufceptibles d’être diminués davantage.
La perfuafion profonde où Haies étoit que les
gaz qu’il obtenoit n’ëtoient jamais que de l’air
redevenu élaftîque , &: chargé de vapeurs ou de
corps hétérogènes qui en changeaient les propriétés
, qui en altéroient la pureté, l’a engagé.
à chercher différens moytfis de lui rendre
fa pureté, de le faire redevenir entièrement
femblable à celui de l’atmofphere , & cette idée
eft celle qui a le plus retardé fes progrès dans
U connoiffahce des difrerehs gaz, de leur nature
propre , de leur différence réelle d’avec l'air at-
mofphérique. Plus il a réuffi dans la recherche
de fes moyens de purification, plu? il s"eft écarté
delà route de la véiité. Il à obtenu en effet une
forte de reftauraiion en abforbant &: filtrant pour
ainfi dire de l'air gâté par la refpiration & la
combuftion,à travers des flanelles imbibées d'alcali
•fixe liquide j il a vu des chandelles brûler plus
long-rems que dans l’air feul, lorfque le réce-^
pient etoit garni de la même flanelle imprégnée
d’alcali, quoique celle-ci diminuât la capacité
«u vafe î il a recônmi que cette étoffe aug-.
mentoit de poids par cette opération. Ainfi il
faifoit abforber par l’alcàli, comme on voit,
l’acide carbonique formé pàr la combuftion & par
la refpiration , & la portion d'air non-decom-
pofée qui reftoit encore dans les lecipients,
redevenoit capable de les entretenir de nou
veau.
i^es pois , la cire , jes écaillés d'huître ,
I ambre & plufieurs autres fubftances combuf-
tibles htiileufes iui ont fourni par la diftillation
un air fufceptibîe de s'enflammer , & dont l'inflammabilité
réfiftoit même au lavage dans l’eau.
II a donc découvert le gaz hydrogène qu'on ne
connoifîbit encore avant lui que comme une
mofette inflammable, comme une vapeur com-
buftible des mines & des carrières de charbon
de terre $ il a de plus connu fon indiflbiubilité
dans l’eau.
| ne peut lui refufer d’avoir connu l’abforp-
tion de l'air par les chaux métalliques , quoiqu'il
iait-e^pnmé moins clairement, & conçu moins
preafément peut-être que Jean Rey , oublié à la
vente pendant plus d un fiècle & demi j mais
H a de Plus prouvé , par une expérience pofi-
11 Ye , la préfence de l’air dans les chaux métalliques,
puifque 1922 grains de minium lui on?
fourni 34 pouces cubiques d’air à la_diftiliation ,
tandis qu'il n'en a retiré que 7 de la même quantité
de plomb. Il ne iui a manqué que de con-
noître la nature remarquable de l'air qu’il a obtenu
du minium traité par le feu ,* il ne lui a
manqué que d’y plonger une bougie allumée
pour reconnoître fon énergie, fa puiffance enflammante
fur les corps combuftibles 5 car on
conçoit qu’il a tenu renfermé dans fes appareils
l’air vital, le gaz oxigene , comme l'acide carbonique
, le gaz acide muriatique , le gaz hydrogène
, &c.
; Haies'a reconnu que l’air étoit diminué par
l’inflammation du pyrophore, que les végétaux
en fermentation en donnoient d’abord , & en
abforboient ënfuite. Il a conclu lui - même de
toutes fes expériences comparées due l’air at-
mofphérique entroit dans la compomion du plus
grand nombre des corps , qu’il y exiftoit fous
forme folide , fans élafticité, qu’il y étoit le
lien , le ciment des corps, qu’il étoit compo'é
de molécules ou particules fi durables , fi inalr
térables, que la plus grande torture du feu n’en
changeoit point les propriétés, & qu'elle ne
faifoit que lui reftituer fa forme, fa fluidité
élaftique j il finit par le comparer à une efpèce
de protée , tantôt fixe , tantôt volatil , qui
doit être compté au nombre des principes des
corps.
En lifant attentivement le fixième chapitre de
fa ftatique des végétaux & les expériences décrites
dans l'appendice , on ne peut s'empêcher
d’être frappé d'étonnement par le nombre de
les découvertes , par la beauté de la plupart
d'entre elles , par leur rapprochement des dernières
découvertes , par leur reffernblance avec
les faits vus par les modernes, & la diftance qui
exifte cependant entre fes conclurions & celles
que l'on a tirées dans ces derniers temps.
Comment n’a-t-ii pas reconnu , décrit 3 diftin-
gué de l ’air le gaz acide carbonique qu’il a cent
fois renfermé, & dont H a déterminé plufieurs
des propriétés effentielles / Comment n’a-t-il pas
fait la même chofe fur le gaz nitreux qu'il a
trouvé en traitant} les pyrites par l’eau-forte &
dont il a découvert & fi bien décrit la propriété
de rougir avec l’air, & de reformer de l’acide
rutilant ? Quelques expériences lui ont manqué,
& furtout fon efprit étoit préoccupé par l’opinion
que ce qu’il examinoit , quelque variées que
biffent les propriétés qu’il y découvroit , r/étoit
que de l’air fixe d’abord qui reprenoit enfuice
fa forme élaftique, entraînoit avec lui des matières
qui en altéroient la pureté , & qui modifiaient
fes qualités. Gn verra plus, bas qu’une
longue habitude d’explications & de théorie
ancienne ont de meme empêché plufieurs chi