
boiffons que prennent les animaux , en forte,
difent les auteurs, qu’il peut arriver qu'aujourd’hui
on trouve du muriate calcaire dans du lait
de vache , tandis que dans un autre tems le lait
de la même vache donnera une autre efpèce de ;
fel. C’eft , fuivanc eux , comme le fang, l'urine
& la bile , un fluide qui change continuellement
d'état, & dont les parties continuantes doivent
fe réffentir de tous ces changemens. II paroît
donc, en concluent les cit. Parmentier & Déyeux,
phyfiquement impoffible d'établir des analyfes
comparatives qui foient affez exa#es pour qu'on
doive toujours compter fur leurs réfultats. Cette
conclufion, qui eft vraie en général , ne doit
pas cependant être trop rigoureufement adopté
e s & fi elle va jufqu'à ne pas exiger des tableaux
exa#s des quantités de chaque matière
contenue dans chaque efpèce de lait , elle ne
doit' point être pouffée jufqu'à rejeter les rapports
généraux ae proportion ençre les matériaux
de chacune de ces efpèces, puifque ces
matériaux , tels que le ferum, le fucre de la it,
-les parties butyreufe & caféeufe, 8c même quelques
matières falines , font en effet contenus
dans^ de certaines latitudes déterminées de proportions
qui forment le cara&ère fpécifique 8c
individuel de chaque efpèce de lait , & c’eft
la comparaifon de ces proportions générales que
demandoit la fociété de médecine, afin d'éclairer
l'art fur les propriétés , les ufages , l’admi-
niftration médicinale de chaque efpèce de lait,
^fin de jeter d'ailleurs quelque jour fur la formation
de cette liqueur , fur fa nature comparée
à ce'le des autres fluides animaux , fur le
rôle qu’elle joue dans l'économie animale, foit
par^ rapport à la- mere , foit par rapport à la
nourriture -des petits qu'elle allaite. Quoique
l ’analyfe qu'on vient de faire connoître n'ait
pas été inutile par rapport aux ufages médicinaux
des principales efpèces de la it, il faut
convenir quelle n'a pas encore entièrement rempli
le but de la fociété de médecine, & que cet
objet peut être encore regardé prefque comme
tout-à-fait neuf, fous le point de vue indiqué,
On trouve quelques obfervations & quelques
idées nouvelles fur cet objet dans le travail fait
cette année 1790 pendant le cours du lycée, par
le cit. Fourcroy , fur les matières animales , qui
ont fait le fujet des expériences de ce cours
pendant fept mois de fuite. Voici la notice de
ces faits nouveaux. La couleur du beurre dépend
autant de la ftru#u- e des animaux qui le
îourniffent que de leur nourriture $ il y a des
vaches qui donnent conftamment du beurre
blanc , & d’autres du jaune. Le conta# de l'air
colore le beurre en jaune. La crème fe fépare
plus vite & mieux dans un tems chaud que dans
Je froid} elle ne fe forme jamais à o de température
$ elle abforbe l’oxjgène aîmofphé-»
tique qui folidifie le beurre, & en opère la réparation
complette des autres principes du lait
qui font unis au beurre dans h crème. Dans le
vide celle-ci ne fe forme que lentement & très-
difficilement , elle eft toujours peu épaiffe ; plus
la crème eft récente, plus il faut la battre fortement
& long-tems pour en obtenir le beurre j
cela dépend évidemment de la portion d’oxi-
gène qu'il faut qu’il abforbe pour devenir folide
& le féparer. Il paroît , d’après cela, que le
beurre n'eft pas tout formé dans le la it, qu’il y
eft conteuu fous la forme d’une huile* liquide
qui a befoin d'abforber de l’oxigène pour devenir
concrète. En fondant lentemeut du beurre
récent, il devient tranfparent 6c liquide à 28 ou
30 degrés du thermomètre de Réaumur. Fondu
dans un tube de verre au bain-marie, il fe di-
vife en trois parties : de l'eau qui eft au fond,
le beurre qui tient le milieu , & qui eft en liqueur
jaune tranfparente , & une matière caféeufe
, légère, blanche , un peu mouffeufe &
pleine de bulles de fluide élaftique qui vient
nager à la furface. En fe figeant, le beurre après
cette fufion refte demi-tranfparent, il eft grenu
& fade: Il paroît donc que fa faveur agréable
& fon opacité dépendent, dans nos ufages , de la
portion d’eau & de crème qu’on y laiffe en le
fabriquant. L’acide fébacique qu’on obtient en
diftillant le beurre , vient d’abord d’un fimple
changement dans l'union de fes principes , en-
fuite l’air des appareils contribue à fa formation.
La potafle cauftique diffout le beurre avec facilité
, & le convertit en un favon jaunâtre ,
d’une odeur agréable, d'une couleur jaune, légèrement
folide , qui pourroit être employé en
médecine.
Le fromage, lorfqü'on le précipite du lait par
un acide, s’y dilfout en partie ; les acidés,végétaux
6c animaux , l’açéteux 8c le laélique , le
diflolvent mieux , 8c y adhérent davantage'que
les minéraux. L’a#ion des alcalis cauftiques fur
la matière caféeufe préfente des phénomènes
intéreffans. Les flocons opaques & blancs de
cette matière mis dans la potafle ou la foude liquides
, deviennent tranfparens, fe fondent &
fe diflolvent ; il s'en dégage à l’inftant une grande
quantité d’ammoniaque , comme cela a lieu dans
le gluten de la farine 8c de la chair. L'ammoniaque
eft ici formé au moment même de l’action
des alcalis cauftiques , car le ftomage n’en
contenoit que les élemens , puifqu’il ne verdit
pas les couleurs bleues, & n'en donne pas à
une douce chaleur. Les principes cônftituahs du
fromage changent au moment même de Fa#ion
des alcalis 5 une portion d’hydrogène & d’azote
s’unifient séparément pour former l'ammoniaque
, tandis que l’alcali s'unit à une autre partie
du fromage.'L'eau favorife cette formation, car
elle n’a pas lieu dans du fromage très-fec. En
s’unifiant aux alcalis , la matière caféeufe s’altère,
elle fe colore , elle laiffe dépofer du carbone;
féparée de ces bâfes par les acides, elle
eft brune , fufible au Feu" comme une huile
graffe, 8c non defféchabie à l’air; en un mot,
elle a pris les cara#ères d'une huile , en forte
que c’eft une efpèce de diffolution favonneufe ,
Ajoutons à cela que depuis l’impreffion de ces
travaux fur les matières animales , le citoyen
Fourcroy , dans une fuite de recherches qu'il
continue fur les matières animales , a trouvé
que le férum du lait contenoit conftamment une
quantité fi notable de phofphate calcaire en dif-
folution , en comparaifon avec ce qui exifte de
ce fel dans tous les autres liquides animaux connus,
qu’on ne peut s’empêcher d'admettre un
ufage très-remarquable & très-néceffaire de ce
corps, te l, par exemple , que de fervir efficacement
à la formation des os des jeunes animaux
à la mamelle , chez lefquels, comme on le fait,
l’offificajion eft fi aétive & fi énergique.
Avec ces détails & ces faits nouveaux fur le
lait, il exifte dans la differtation que nous ana-
lyfons, 8c qui fait partie du tome VII des
Annales de Chimie , plufieurs7 autres obfervations
chimiques, non moins remarquables 8c non moins
utiles, furie fang, la bile , j ’urine , le fel fufible
entier, la pierre de la veffie, 8c quelques
matières graffés animales comparées.
Le fang fe fige à 20 degrés au fortir des veines
8c des artères ; fa température s'élève de y
degrés environ au thermomètre de Réaumur, au
moment où il fe concrète fpontanément. Le fang
agité, & non pris par le repos & le refroidif-
fement, fe coagule à y y degrés de chaleur. Il
s’en fépare alors des bulles gazeufes ; il s’y forme
un grand nombre de cellules dues à ce dégagement
de gaz, il s'en fépare une liqueur opaline,
verdâtre , qui change en vert la teinture
bleue de violette. Laîffé iy jours en conta#
avec le gaz oxigène , il en a converti une portion
en acide carbonique , en prenant une couleur
éclatante. Dans le gaz hydrogène il eft devenu
d'une couleur foncée comme la lie de vin
d'une confiftance & d'un afpe# huileux.
Du fang defféché , chauffé par degrés dans un
grand creufetplacé au milieu d'un fourneau, s'eft
ramolli, gonfle , a exhalé d'abord des fumées
abondantes, jaunes , verdâtres & fétides, & a
bientôt pris une flamme blanche , manifeftement
huileufe \ enfuite fa maffe s'eft affaiffée , après
avoir répandu une vapeur ammoniacale très-
forte ; à celle-ci a fuccédé une vapeur légère,
piquant lès yeux 8c les narines,, ayant l'odeur
de l’acide pruffique, 8c rougiffant les papiers
bleus-mouillés qu’on éxpofoit a fon conta#.
Après fix heures de combuftion , là matière étant
«onfuméè aux quatre cinquièmes de fon volume,
s'eft ramollie de nouveau ; elle s'eft recouverte
d’ une flamme pourprée 5 elle a exhalé une fumée
encore acide & piquante , rougiffant encore les
couleurs bleues , mais n’ayant plus l'odeur de
l’acide pruffique 5 une cloche .mouillée expofée
à cette vapeur, a donné des traces fenfibles d’a.-
cide phofphorique. Après ce dernier phénomène,
fuivi de quelques vapeurs blanches non acides
au plus grand feu poffibie, 8c lorfque la haute
température employée n'offroit plus rien de fenfl-
blement volatil dans la matière, on a retiré du creu-
fet ou l’on avoit ainfi t/aité une livre de fang coagulé
8c defféché , 2 gros 8c demi d’un réfidu noir ,
dont les molécules avoient le brillant & la forme
criltailine de certains fers noirs*, particuliérement
de celui de I île d’Elbe. 11 étoit attirable à
1 aimant * quelques portions étoient rouges foncées
, & n’étôient ni brillantes ni attirâbles
,c?5\me ]a grande partie de la matière. Ce
refidu n offrit plus de traces de foude, tandis
qu- un autre chauffé moins fortement en donrioit
de très-fenfibles j 011 en a extrait un peu du mu-
nate de foude par le lavage ; l'acide muriatique
en a diffous la plus grande partie , & a pris une
couleur jaune ; il eft refté un peu de fîlice. Cette
expérience qui, comme le dit l ’auteur :, a été
faite bien des fois , mais n'avoit jamais été décrite
, prouve que dans fa décompofition par le
f V a.vec conta# de l'air , le fang donne
d abord des vapeurs huileufe & ammoniacale ,
enfuite de I acide pruffique , qu'il fe ramollit i
cette époque par une efpèce de fufion de fes
principes fixes 5 qu alors il s’y forme du phof-
phore qui brûle , & donne l'acide phofphorique
dans 1 air ; que la foude fuccède à ce'ui-ci dans-
la voiatilifation ; que l ’oxide rouge de fer sft en-
partie réduit, 8c qu'amené à l'état d’oxide noir-
il fe fond & fe. criftallife par le refroidiffement.
. 3Dans la diftillation du fang de boeuf dèfféché
(c eft celui dont on s’eft fpécialement fervidans ces-
expériences ) on a obtenu dans le produit li-
quide une quantité fenfible de pruffiate ammoniacal
q.ui a précipité le fulfate de fer er*
bleu.
> uuuuues juiau a complette-
coagulation du. fang & filtrées enfuite, ont
donné une liqueur claire,. verdâtre , d'une odeur
ahalogue a- celle de la bile ; cette liqueur évaporée
en confiftanee de miel , a répandu une
odeur biheufe encore plus forte, & eft devenue
d’un vert plus foncé & d’une faveur très-
amère ÿ 24 heures après fon refroidiflement elle-
avoit dëpofé beaucoup de criftaux cubiques3 Un
peu de cette e.fpè,e d'extrait d ffous dans l'eau
lui a donné , avec une couleur verdâtre , la propriété
de mouffer par l’agitation, de précipiter
par les acides 8c par l’alcool 5 1$ dernier de ces*