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l'air vital, il diminue fon volume d'un neuvième
environ ; Tes molécules fe trouvent rapprochées
à rnefure qu’une partie de leur efpaçe eu occupé
par le charbon > aufti l’air fixe ou acide charbonneux
qui refaite de cette combinaifon , a-t-il
moins de capacité »pour la chaleur que l’air vital ,
lui faut-il moins de calorique pour l’échauffer.
C ’eft pour cela qu'à mefure que cet acide fe
forme , l’air vital perd de fa chaleur. Les cir-
conftances les plus favorables pour la production
de la matière de la chaleur 3s font celles dans
lefquelles des corps fluides élaftiques paffent à
l ’etat concret avec plus ou moins de rapidité
dans l’ inflammation, la détonation. Tel eft le précis
& en même - temps la bâfe de la théorie que
Lavoifier travailîoit à fubflituer à celle de Stahl,
& qu’il a expofée avec beaucoup de clarté &
de méthode dans fon vingt-fep.tieme mémoire T
après avoir prouvé le vidé & la nullité réelle du
fyfiéme dephlogiftique.
Dans un vingt-huitième mémoire , imprimé
dans le même volume de l’académie que le précédent
pour l’année 178$ , Lavoifier décrit Jes
effets d 'u n f e u a n im é p a r l 'a i r v i t a l f u r l e s f u è -
P on c e s m in é r a le s l e s p lu s r é fra c ta ir e s . Ce travail
èft pleut de faits & d’expériences , mais elles
n’ont point de rapport, effentiel avec, la théorie
générale i elles ne l'ont ni modifiée ., ni même
avancée} c’eft une fuite de phénomènes defufion,
de combuftion,de calcination,de vitrification ou de
tous les effets déjà obfervés au chalumeau par Bergman,
& plufieurs autreschimilles,qui feulement ont
sa lieu avec plus de rapidité &. d’énergie qu’avec
l’air ordinaire, &qui appartiennent aux caractères
minéadogiquds qu’on réunit pour clafifer &
diflinguer les Tofldes.
_ En 1784 , Lavoifier s’eft occupé de la combuf-
tion de l’efprit de-vin & des huiles -, ou, comme
le porte le titre de fon vingt-neuvième mémoire,
inféré parmi ceux de l’académie pour cette année
1784 , d e la c om b in a ifo n du p r in c ip e o x y g in e a v e c
r e f p r i t d e - v in , 1 'f u t i l e , & d iffé r on s c om b u ft ib le s .
I l rappelle d’abord ce qu’il a dit ailleurs , qu’une
livre d’efprit - de - vin, donne dix-huit onces
d’eau en brûlant} il annonce que l’huile en donne
davantage} il fait connoîtreles lampes qui lui
fervent à fes combuftions , la cheminée de verre
qui en dirige les vapeurs , le tuyau de fer blanc
& le ierpentin qui les recueille & les condenfe :
la formation d’acide charbonneux , accompagne
celle de l’equ. dans ces combuftions ; d’où il fuit
que l’efprit• de-vin & l’huile contiennent de l’air
inflammable & du charbon. Il décrit pour la
première fois ici une cuve à mercure d’un grand
volume , avec laquelle toutes les expériences
furies combuftions font exactes,, & fervent à
déterminer d’une part la quantité à ’air vital em-
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ployé , & de l'autre k proportion & la nature
du rendu. Cette efpèce de cuve s’eft multipliée
depuis dans les laboratoires de Paris , & pon
s en fert aujourd’hui dans les cours de chimie
pour faire connoître aux élèves les phénomènes
de la combuftion. Lavoifier donne dans ce mémoire
le refultat de. .trois expériences fur les
produits de la combuftion de Tefprit-de-vin ,
deA Hiuile .& de la cire. L’efprit-.qe-vin a été
brûlé dans une lampe,placéefous une cloche pleine
d air atmofphèrique , à laquelle communiquoit
: une autre cloche pleine d’air vital, de manière que
; celle- ci fourniftoit à la première le gaz o>:y-
giné héceffairé à la combuftion à mefure qu’il
sufoit. li a trouvé par ce moyen , fauf
quelques erreurs inévitables dans de pareilles
; expériences , qu’un quintal d’efprit-de-vin, conte
noie 28 livres 8 onces 4 gros 6 grains de char-
bon , 7 livres. 15 onces 7 gros 46 grains de gaz
inflammable, & 63 livres 9 onces 4 gros 20
grains d’eau toute formée. La fécondé expérience
fur ja combuftion de l’huile d’olive, lui a fourni
un refultat plus fur, il n’a pu brûler que 19 gros
2j grains d’huile' } il lui a fallu 62 grains
d air vital} ce qui fait en tout 1 gros 9 ,2 c
grains de - matière, qui s’eft convertie en 54,
2j gtains d’acide charbonneux , & 27 grains
d eau. Il en ; déduit la compofition de l’huile (par
quintal à 78 livres, 15 onces , 2 gros , :6g grains
de charbon, .&■ 21 livres., 5 gros, 4 grains.de
gaz inflammable. Quant à la cire, en la brûlant
de la même manière dans un lampion fous
une cloche, il n’a pu en brûler que 21 ,, 90
grains, qui ont ufé <$6, 55 grains d'air viral j
le tout a" fourni 62 , grains d’acide charbonneux
, & 25 | 87 grains d’eau } d où il fuit
que la cire contient au quintal 82 livres , 4-o.nces,
3 gros, 68 grains de .charbon , & 17 livres 11
°npes, 4 gros 4 grains de gaz inflammable. Malgré
les erreurs inévitables dans un |p remie r travail
de cette nature , on reçonnoît ic i, & le
genre de précifion que Lavoifier cherchoit à
porter dans l’analyfe chimique, & les moyens
ingénieux qu’ il mettoit en pratique pour y parvenir.
Nous ne citerons plus ici qu’un mémoire de
Lavoifier, faifant une fuite immédiate des 29
que nous avons analyfés jufqu’ici , & terminant
en quelque forte la longue férié des recherches
qu’il avoir entreprifes pour fonder la théorie
pneumatique. Ce mémoire, inféré parmi ceux
de 1786 , eft poftérieur, à la vérité’, à une des
périodes que nous avons placée après l’é- /
H !$ § 4e? grands travaux de Lavoifier } il eft
écrit après la viétoire remportée par ce célèbre
phyficien après l’adoption de fa doctrine, par
les chimiftes français , & par plufieurs phyfieiens
étrangers. Ainfi l’ordre chronologique, femble-
roit exiger de nous, que ce mémoire & les
ç h 1
détails qu’il contient', fuflfent renvoyés à. une
au^re période de cet article.. Mais comme il ne ■
nous refte plus que ce feul objet pour expofer
d’une manière complette tout ce qu’a fait Lavoifier,
il nous par,oiit plus utile de le préfen.ter
en cet endroit que dé le renvoyer à l’epoque
à laquelle il paroît appartenir., & de le noyer
au milieu d’une, fpule d’ramçs travaux dont ’
nous aurons à rendre compte. - Lavèifi préLnte
dans le trentième & dernier mémoire des rér J
f le x io n s f u r la d é com p o fitio n de T e a u p a r l e s f u b f - !
tances v é g é ta le s . On voit qu’il s’agit ici de l’application
d’une des plus brillantes découvertes
de la Chimie moderne à kphyfique & à l ’analyfe i
des végétaux. Lavoifier commence par faire re- !
marquer que le charbon traité par l’air •& l'eau !
f e change à la longue en acide charbonneux
& en air inflammable 4 & qu’il dacompofe l’eau
ablbrbée de l’atmofphère. j Ce phénomène fepafie
fuivant lui dans les, diftillations des matières véf ]
gétales. Le charbon contenu dans le fucre y dé- 1
compofe l’eau lorsqu’on l’exp ofe à une forte chaleur.
Les coupeaux de bois chauffés lentement
donnent de l’eau > mais fi on les chauffe rapide- !.
ment ils fqurnijrent .de l’acide charbonneux, & ;
de l’air inflammable char&é de charhou. Le fyf-
tême de Haies fur l’àir, fixe, comme ciment des I
corps, ne .peut pas .être vrai, puifqu’il eft cer-1
tain que les .g a z que l’on obtient n’étoient pas
contenus dans ces oorp's. L’acide charbonneux,'
lfii-même , n’entre pas tout entier dans la compofition
des acides végétaux. L e fucre & les
autres matières végétales font formées, fuivant
lui, de charbon & de bâfe cfu gaz inflammable,
combines enfemble avec plus d’oxygiue qu’il n’en
faut à cette bâfe pour la convertir en eau. C’eft
ce qqi réfulte de l’analyfe comparée du fucre
a un feu doux ou à un feu violent} fi l’on pou-
voit ne lui enlever que de l’oxygine, il forme-
rqit de l’huile} il eft vrai que ce mode d’ana-
lyfe eft encore à defirer. Par l’addition de-l’oxy-
gjne, fqit à l’aide de l’acide nitrique, ou de l’a,-
cide muriatique aéré, foit par tout autre moyen ,
on le change eh acide tartareux, en acide oxa-
hn,ou eq acide acéteux. Toutes les-madères vè-:-
-gétales & animales.-font dans le?,même cas. L’efprit
de-vin , formé d’air inflammable, de charbon
&: d'eau , eft dé.compofé & détruit par l’action
des acides qui- les çonvertiffent en éther, I
en huile et en acides végétaux. Les huiles em-
pyreumatiquesfontégalementun produit de l’arr.
01 dans la décompofition de l’eau par je char-
oqn , il ne fe forme pas d’huile , c’eft qu’il ne, fe
fait que des comppfés binaires à cette haute température,
qui s’Oppofe d’ailleurs à toute combi-
nailon huileufe> La décompofition de l’efprit-de-
vin par les acides forme d’abord de l’eau. La
prelence du charbon en excès dans les matières
organiques commence au contraire par la décom-
po îtion de l’eau, donne naifiance à l’acide char- ■
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bonneux , à Pair inflammable , à l’huile ou à
l'ammoni/qüe. Lavoifier annonce en cet endroit
i de Ion ménipirè uti grand travail fur la fermentation
fpiritueufe ; il diftingue enfuite quatre genres
de combinations de l’oxygine., ou par l’air, ou
par l’eau , ou par les acides , ou par la fermentation
} il diftingue auffi deux combuftions, l’une
obfaire, l’autre ardente. Il finit par jetter un
coup d’ceil rapide & donner un àpperçu général
fur la théorie, de la végétation, à laquelle il
applique une partie de fia doébriue. Ce phéno-
• mène,eft- nul fans eau l\r la ns acide charbonneux.
L’air inflammable de la première, & ie charbon
du fécond} combinés enfemble , •forment i’huile ;
il croit donc que ces deux corps fe décomposent
fimujtanément par l’effet de la vénération, 3c
queie principe oxygine de i’un de l’autre
devenu libre , fondu par l u lum iè r e n é c é j jd i r e à
la végétation , fè 'dégage, comme le prouvent les
expériences de Prieftley , Ingenhoufz S c Senne-
bier.
_Tel eft lé tableau exaéf des recherches chimiques
, neuves & importantes , auxquelles La-
. voilier s’eft livre depuis 1772 , jufqûeh 1788. Il
•a du prouver, à ceux qui auront médité fur le
rappr.ochèment‘ de tous les faits qui y font contenus
,- fur i ’enfemble de la do&rine qui en eft
le réfultat immédiat & iiécëffaîre , que tous ceis
travaux partent d’un même point, & tendent
à*un centre unique , qu’en même-temps iis découlent
de la mêmè fource ? qu’ils dépendent
d’une idée primitive unique , & qu’on peut qualifier
du nom d’idée mère, comme nous l’avons
déjà dit en commençant l’anaiyfe de ces mémoires.
Quinze ans ont à peine fuffi à Lavoifier
pour remplir la lâche qu'il s’éfoit propofée. Il
lui a fallu un courage & une confiance inébranlables
pour fuivre feul la route qu’ il s’étoit ouverte
, fans fe détourner un feul inftant , fans
faire un feul faux pas , fans être ni arrêté, .ni
repoufie, ni ralk-nti par les obftacles, les objections
, les difficultés , toujours croifîantès , qu’on
rlui ^oppofées pendant toute fa courfe. Les hommes
qui cherchoicnt avec lui la vérité de bonne foi ,
convaincus enfin de la réalité des faits qu’il nexef-
foit de leur offrir, delà concordance de toutes les
expériences qu’ il acciunuîoit, ont cédé à fes de-
monftrations , ont enfin adopté les bâfes de fa
doctrine , & fe font réunis à lui pour rendre fes
fondemens plus folides, & pour élever en commun
l’édifice durable de la théorie pneumatique.
• Alors Lavoifier , fort de Baffenriment & de l’ accord
des xhimiftes françois les plus diftingués ,
a cru devoir réunir dans un feul fai Cet au , 8e
concentrer en quelque forte dans un tableau
[plus relferré , toutes les vérités nouvelles qu’il
avoit énoncées féparément dans les trente mémoires
precédens. Il les a liées par leurs rapports,
. il en a .fait un enfemble coordonné, méthodique 5