
découvertes 8c de leurs opinions, le Tort de la
doétrine moderne. Dans cet ordre, doivent être
mis au premier rang deux favans chimiftes, que
la Suède a vu naître, &c qui ont plus contribué
à avancer la fcience par quelques années de travaux
que n’avoit fait prefque dans tout fon
entier le fiècle qui les avoit précédés ; on voit
bien que c'eft de Bergman & de Schèele que je
veux parler. Quoique leurs brillantes recherches
aient réellement 'contribué à enrichir la
chimie françaife, & que les chimiftes pneumatiques
de cette nation aient fait fervir les
découvertes (uédoiles à l’affermiflement de leur
propre doétrine : ces deux favans ont créé un
îyftême qui leur fut propre , & qui en liant
tous les faits trouvés par les modernes dans une
férié suffi fimple que bien ordonnée , a balancé
& ralenti pendant plufieurs années dans tout le
Nord, le fuccès de la doétrine pneumatique.
Ces deux illultres adverfaires de la chimie-fran-
çoife, tont d’ailleurs du petit nombre des hommes
qui ont j>orté une nouvelle lumière dans
la fcience qu'ils ont cultivée , & qui ont le
plus contribué à la faire changer de face} ils
ont donc le .plus inïué’ fur la révolution chimique
, 8c il eft indifpenfable d’étudier avec foin
la marche de leurs travaux , 8c de pefer le mérite
réel de leurs découvertes enlevés trop tôt
a L univers qu ils eclairoient , quelques années
avant Lavoiïier , la gloire qu’ils fe font acquife
doit être chère à tous ceux qui entrent
dans la carrière où ilsontjetcé un fi grand éclat.
Bergman qui a d’abord cultivé l’hiftoire naturelle
des infeétes , puis la géométrie , l’aftro-
nomie Se la phÿfiqüe , ne s'appliqua à l ’étude
8c à la culture de la chimie qu’en 1766 , âgé
de 31 ans^; 8c la nouvelle carrière où il entra,
fit difparoître 8c éclipfer la première moitié de
fa vie devant la fécondé ; jufques-là l’un des-plus
favans élèves de Linnéus en hiftoire naturelle;,
il devint bientôt à fon tour le chef d’ufte
école-chimique fameufe. Watlerius ayant obtenu
fa retraite de, la chairs de chimie 8c de minéralogie
à Upfal, Bergman follicita cette place,
8c fit paroître, pour s’en montrer digne, fa-pré-
mière differtation chimique fur la préparation
de l’alun, 8c*fur les moyens les: plus écnno-
«niques de le fabriquer, dilfertation pleine d’expériences
, de faits nouveaux , 8c qui étonnât
par fa profondeur fes ennemis'même 8c fes rivaux
, qui avoient grand foin de publier que
Bergman ne favoit pas la chimie-. Waüerius
avoit tait jufques-là fes leçons beaucoup plus
fur la théorie qu'avec les fecours des démonftra-
tiohs & des expériences; le laboratoire public
d’üpfal étoit dépourvu d'.irifrrutneBs 8c de matières
; fa colleétion de minéraux étoit incom-
plefte, celle de Sv/ab même , achetée par l’uni-
verfité, n'étoit point mife en place-faute de.
local. Le zèle 8c l’autorité de Bergman fUB.
pleerent a tout; de nouvelles ailes furent jointe
aux anciennes , Sc difpofées pour recevoir i».u„
cabinet complet de minéralogie rangé, foit'par
ordre de compofition , foit par ordre géogn-,
phique > 2“. un laboratoire bien monté de machines
& d'uftenfiles , provenant de l’acquifition
de celui dAurivillius j 30. une colleétion de
modèles de fourneaux 8c de machines métallurgiques
8c docimaftiques 5 4». une fuite de livres
analogues au genre d’étude de fa chaire., Un
pareil aggrandilfement, une. telle amélioration
due à l’aétivité de Bergman.;, 8c animé encore
par l’ardeur qu’il porta dans fa nouvelle profef.
iion , répandirent une vive émulation dans h
je une fie.,, qui venoit chercher l’infttuàion, &
donnèrent au profeffeur tous les moyens de fe
livrer fans obftacle aux travaux fuivis qui l’ont
occupé pendant 17 ans fans, interruption. Pour
bien faire connoître le mérite de ces travaux
8c l’ influence qu’ils ont eus fur le fort delà
chimie , nous commencerons par expofer la marche
générale de Bergman , 8c la méthode qu’il
a établie dans fes ouvrages ; nous pafferons en-
fuite à une notice fuccmte de fes differtations
8c de fes recherches fur des fujtts particuliers,
en les difpo&n t méthodiquement par rapport à leur
natute; Scnousinfifterons fur-tout dans ce tableau
fur l ’examen des grandes théories qu’il a pro-
pofées , 8c far la différence qu’elles préfenfent
avec la doétrine pneumatique, dont nous traçons
id l’hiltoire. La grande réputation de Bergman,
l’étendue 8c l’importance de fes découvertes,
la méthode philofophique qu’il avoit introduite
dans la. chimie, la néceffité où font tous* ceux
qui veulent fonder les profondeurs de la fcience
de connoître à fond les ouvrages' de cet homme
célèbre, tout nous fait un devoir de donner à
cette partie de notre efquiffe, une étendue que
le filence des écrivains modernes à cet égard,
rend encore plus utile, 8c qui ne peut que tour-
ner a l avantage de l’art, 8c au profit de -ceux
qui 'l'étudient. Bergman n’ayant point eu de maître,
8c s’étant portS de lui-même à étudiêr &
à. profeffer la chimie, s’eft trouvé parfaitement
libre, fins aucun préjugé d’école , fans aucune
habitude de théorie particulière? ou de fyftême
préféré. Adonné d'abord à la culture de la géométrie
8c à celle de l’hiftoire naturelle ,11 avoit
puifé dans la première l’art de raifonner avec une
grande précifion 8c une grande lévérité ; &
dans la fécondé, l'heureux talent de l’obferva-
tion: à l’aide de ces deux préliminaires ,11 fe’fit
une méthode nouvelle pour avancer à grands
,pas dans la chimie,. 8c pour guider les autres
dans la carrière qu’il était chargé de leur faire
parcourir. 11 commença par recueillir toutes les
expériences faites; il répéta toutes celles qui
lui parurent capitales, en examinant foigneiife-
ment les citconftancesjilen tira des conféquences,
lesdifpofsipar ordrg d’analyfe à h manière des géo-
jiiètres, il fe créa une méthode inconnue jufques-là
en chimie. Quoiqu'il n’ait pas rédigé fes leçons >
ni donné aucun ouvrage élémentaire , & qu'on
ne lui doive dans ce genre que la publication
des leçons de Scheffer, recueillies par Alftroémer,
auxquelles il ajouta des notés , on peut recon-
noître la marche qu'il n'a ceffë dè fuivre dans
jes nombreufes' differtations qu'il a publiées. Il
a eu foin d'ailleurs de Pexpofer lui-même dans
je difcours fur la recherché de la vérité, dè
indagando vero 3 qu’il a mis a la tête du premier
volume de la colleétion de fes mémoires 5 on
retrouve conftamment fa méthode dans toutes
les différentes parties de fes travaux 5 elles font
toutes traitées fur le même plan Sc avec le même
efpric : le ftyle de l'auteur a la clarté qui diftin-
guoit ce célèbre pro éffeur, & l'élégance qui
eft propre à ce genre d’ouvrage 5 par-tout il eft
également recommandable par l’emploi fage 8c
nouveau en chimie de toutes les'connoifîances
phyfîques relatives à l'objèt qu'il difcute , par
les eftais ingénieux tentés d'après des fuppofi-
tions-pour découvrir des quantités inconnues
dans un problème indéterminé , par une application
claire autant que précieufe du calcul aux
expériences, par une fynthèfe rigoureufe qui
reproduit la fubftance dont la décompofition
avoit féparé les élémensy par un état pofitif de
ce que l'on faifoit, de ce <ju'ii décpuvroit, de
ce qu’on ignoroit encore j enfin par un tableau
précis des réfultats obtenus qui né laiffe aucun
doute dans l’efprit des ledeurs j à ce mérite fe
joignent l'éclat d’un profond favoir, l'eftime
Bien fentie des autres, & une défiance de foi-
même qui infpirent la plus grande confiance:
telle eft la manière dont Vicq-d’Az,yr, dans
réloge de Bergman a caraétérifé le faire 8c
l’efprit général, de ce célèbre chimifte. En re-
, ^i) Les; differtations chimiques de Bergman fe font fuc-
t ll£es dans lîordre fuivànc depuis 1767 ^ époque de fon inf-
- .adon à la chaire de minéralog ie & de chimie d’Uplal
,u% ’à fa m o r t , arriv é e à M ed v i en 1784,
i De conjtBiont aluminis, rhèfe foutenue à U.pfal par Svedelins,
le .1er avril 1767.
17*59, Et connubio hydrargiri cum acide falis , publiée dans
les aclâfuécicà. ’
'De cilcè auri fulminante, tlièfe fou tenue le 15 dé cemb re
z7«9 > par G . A . Plomg ren de Stockholm.
t7 7 0 . De ac,uis Upfalienjïbus , thèfe foutenue par P. Dubb.
.-* 7 7 s. De.lauvumcoQiçmerite mfiituendâ, a ft, acad. Sued,
vol. 33. ' ^ v
• •*773. Dtx tanar-o antimomaco , thèfe foutenue.le %o décembre,
pat J ,,A . L e v el.
Deformis cryJlaUorum pnefertim,è.fpathû ortis , noY. fo c .
« g fcient. ü p iâ l. :v ô l. ‘ :
.pr ix .d i; la .fo c . dçs fcien.cçs de Mon t*
cherchant enfuit.e. comment il a obtenu.ces fuc-
cës , on voit, dit l’auteur de cet élqge, qu’il a
établi fur une bâfe folide l’édifice de; fes travaux
, qu’il n’a jamais rien écrit de vague 3
qu’ en travaillant à rendre fa vue pénétrante &
fon jugement sûr} il a perfectionné fes fens &
fon efprit, inftrumens également néceffaires au
bonheur des hommes. C’eft ainfi qu’il a trouve
des fubftances nouvelles 3 où d’autres n’avoient
apperçu qu’un mélange irrégulier de matières
falines & étrangères , & qu’en le- prenant pour
modèle, on ajoutera de nouveaux faits à ceux
qui font déjà connus. J’ajouterai à ces traits
bien deftinés dé Vicq d^Azyr, que Bergman eft
Je premier qui ait écrit avec la méthode, &
dans i’efprit des géomètres, que jufques-là personne
n’avoit encore fait aucun ouvrage de chimie
, qui fe rapprochât de ce genre jqu’il a tellement
furpaffé a cet égard tous fes prédéceffeurs
qu’on doit le regarder comme vraiment créateur
, & qu’il a fait pour l’ordre & la defcription
des phénomènes Sc des raifonnemens chimiques >
ce que Lavojfier a fait en France pour l’art des
expériences , &.la recherche des réfultats. Auffi,
malgréies différences de théorie & les explications
, quelquefois manifeftement, mais toujours
ingénieivfement erronées qui régnent dans fes!
ouvrages , ne faurais-je trop en recommander la
le&ure répétée , & l’étude approfondie à ceux
qui veulent faire de véritables progrès en chimie;
C’eft avec cette admirable méthode anatytique
qu’il a donné dans les 17 ans de fa carrière chir
niique cinquante differtations plus ou moins importantes
& 'neuves, dont nous ferons connoître
ici les principales en les dilpofant dans un ordrd^
régulier, 8c fans les confidérer par rapport à
leur date, que~d’ailîeurs nous confignons dans une
note. (1.)
De fonte acidulari Dauemarkenji, thèfe foutenue le 15 dé cembre
1 73’ , par G . H . W e rcmu lle r.
17 7 4 . De acido aereo.-acad. fcienr, Upfal. no.v. a â a , v ,a .
De mineris firri Albis., thèfe foutenue le 20 ju in 17 7 4 r
par P . Y . H ielm . •
17 7 5 . De aquis raeiicaiisfrigidis arte parandis, a£t. Stock.
De magnejid, thèfe fouten ue le 23 d é c em b r e , p ar C* \
N o re ll.
De Niccolo j thè/e foutenue le 12 juillet 1 7 7 5 , par J..
A fz e liu s -A rv id flo n .
De attrqciiombus eltSlivis , n o v . ,a û . U p fa li, v o l. 3.
17 76 3 Déàcido facchari, thèfe- fouten ue le 13 juin 1776,
par J. A fzé liü s - A r v id ïfô n , déjà pro feffeu r de ch im ie ‘à ce tte
;.époque , & qui a fuccédé a Bergman en 1784.
■ Obfervationes mjinulloe de calculis urinariis, ajoutées à la
dilfertation de Sçhèele fur le même o b je t , a d . Stockholm.
: Analyjis pigmenti indici, envo yé e f our le prix de I776 à l’acad
émie desvfcjcnces de .P a r i s , publiée en France^ dans le
jç ra . g., dçç faYïUis étranger? J78Q,