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de l’azote de Tacide nitrique , dont Técain
a voit abfoibé i’oxigène. Depuis cette première
expérience exaéte de Guyton, on a trouvé la
même propriété de fournir de l’ammoniaque
dans un grand nombre de diffolutions métalliques
par l’acide du nitre, & ce réfultat fi bien
connu aujourd’hui eft un des faits qui le pré-
Tentent le plus fouvent dans les travaux chimiques.
Il eft prefque fuperflu de faire remax»*
quer. ici que ce phénomène de la formation de
l’ammoniaque par l’acide nitrique , ainfi que celui
de la formation de l’acide nitrique par l’ammoniaque
, étoient abfolument incoiftpréhenfibles
& inexplicables dans la théorie de Scahl , fans
l’admiftion d’hypothèfes & de modifications arbitraires,
qui font depuis long-tems réprouvées par
tous les phyficiens.
Enfin, le citoyen Vauquelin a encore contribué
à rendre plus claire & plus çomplette l’hif-
toire de l’acide nitrique , en publiant vers la
fin de 1793 , dans le bulletin de la fqciété phy-
lomatique , une notice d’expériences rapprochées
, d’où réfulte une connoiffance plus parfaite
de cet acide dans fes différens états.
Son mémoire ne contient que peu de faits
abfolument nouveaux ; c’eft plutôt par quelques
additions aux faits anciens connus fur l’acide
nitrique , & par un raifonnement plus conforme
aux principes de la do&rine nouvelle , qu’il
différé de ce qu’on favoit auparavant.
Exp. 1. Suivant l’expérience de Cavendish,
où iliéle&rife le gaz oxigène avec le gaz azote:
pour former de l’acide nitrique, la préfence"
d-’une matière alcaline , ter.reule,, ou oxide métallique
, eft néceffaire pour déterminer la çom-
binaifon de leurs bafes & la formation de l’acide
nitrique,. Il exifte là , dit le citoyen Vau-
quelin , deux attrapions qui «giflent .dans le
même fens , & qui opèrent cette combinaifon ;
l’une porte l’oxigène. fur l’azate, l’autre t en vertu
de laquelle l’acide qui en provient, eft attirée par
la fubftance alcaline.. Il annonce, que‘ quelques
perfonnes font, choquées- de- cette manière,;de,
raifonner , qui fuppofe entre deux, c o rp sd o n t
i’un n’exifte encore qu’enipuiffance, 3. une force
dé erminée ; mais , ajoute-t-il ,.^elle jnréft que le,
réfultat de l’expérience , & ce n’eft qu’én calculant
ces attraPions que l’ôri eft pai-venu à
décompofer une foule de cojjps regardés comipq
Amples jufque-là.
Exp. ‘i. Ce n’éft atiffi que par une doiible
force femMable que l’acide nitrique,eft;,formé
avec ramtiiôniaquè & l'oxide ’dé fhanga;ï.ère.'
Dans l'expérience de Milner » où il a’3f«'it pàffèr
cçt alcali en. vapeur au tfaVêts. dJe Tôxtdë rouge;
l’une d’elies^àgit furl’oxîgène, qui eft pféffé; dé
s'unir à l’azote,, & l’autre précipite l’acide ni1
trique fur uiù portion d’arùmôniaque non dé-
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composée. Cela eft fl v r a iq u e quelque quantité
d? oxide .de mangpanèfe, qu'un emploie , on a
conftamment du nitrate d’ammoniaque, jamais
d’acide nit-iiqudpur, & peu d’ azote : d’ailleurs,
àjoute-t il , le nitrate d’ammoniaque n’eft pas
décompoje par l’oxide de manganèfe, dont la
température n'excède point celle où le nitrate
d’ammoniaque fe détruit par fes propres principes.
Exp. 3. On n’obtient jamais de gaz oxigène
de. l’acide nitrique expofé au foleil , qu’autant
qu*il eft parfaitement blanc. Ce fait s'explique
parfaitement bien, en admettant dans cette cir-
conftance deux attrapions , l’une entre l’oxigène
dè i’acide nitrique, la lünvère & le calorique ;
l'autre, entre une portion de l’acide nitrique &
l’oxide nitreux. Pour donner plus de force à
cette affertion , les expériences fuivantes ont
été faites.
Exp. 4. Au milieu de l’acide nitrique on a fait
pafler du gaz oxide nitreux ; l’acide bientôt eft
devenu jaune, en paffant fucceflivement par le
bleu , le. v e r t, le rouge & l’ orangé. Le citoyen
Vauquelin avertit que , pour que l’expérience
réufliffe comme il l’annonce , il faut que le gaz
oxide nitreux y arrive très’doucement , & par
une. petite ouverture ; que l’acide nitrique foit
difpofé en hauteur le plus qu’il^ fe pourra , afin
que le gaz foit plus long-tems à le traverfer.
Exp. y. Cette expe'rience eft faite à deffein
de fortifier la précédente ; elle confifte à dil-
foudre dans l’àcide nitrique foible du mercure
•; biemôt on voit la liqueur devenir fuccef-
fivémens bleue, verte , par la diffolution de
U’oxjde, nitreux- dans la portion d’ acide nitrique
non décompofée. Jamais la liqueur, dans cette
expérience , .ne parvient à la couleur jaune,,
parce que le calorique qui fe dégage.ne permet
pas à foxide nitreux de s’ y diffoudre. ep afltz
grande quantité. Bien plus , la chaleur devient
telle à une certaine époque de la diffolution ,
que la portion d’oxide nitreux qui donnoit la
couleur au commencement ,/ eft forcée de le
d i f l ip e r& la liqueur refte blanche; D.e-là le
citoyen Vauquelin fait obferver que pourçon-
vertir l’acide,nitrique en acide nitreux, il faut
éviter la préfence . de r là chaleur : en effet, on
fait que "c’eft parce moyen que l'on décompole
l’acide nitreux, & que l’on obtient l’acide nitrique
. en chàflant l’acide nitreux à l’état de
gaz.
Exp J 6. Ayant fait- pafler. dans l ’acide-nitreux
orange du' gaz oxigène , il; l’a converti en.acidç
nitrique ; par cette opération , l’acide nitreux a
paffé, én commençant par'la partie inferieure ,
1 d’âbord au v e r t, enfuite au bleu , enfin au^bi^
parfait* Le gaz oxigène qui y étoit introduit lentement
, étoit abforbé entièrement. L’air atmosphérique
produit le même effet ; mais le gaz
azote, qui ne peut être abforbé-, emportoit
avec lui une portion de gaz oxide nitreux, qui
devenoit rouge à la furface de la liqueur.
Exp. 7. Les corps qui contiennent de l’oxigène
à l’état folide ou liquide , & qui n’ ont pas
avec lui une grande attra&ion , opèrent fyr
l’acide nitreux le même effet j tels font les oxides
de mercure , de manganèfe , l’eau , &c.
Il cite, relativement à ces expériences, des phénomènes
très-intéreflans, qu’il feroit trop long
de décrire ici. La propriété qu’a l’eau de, fournir
à facide mitreux l’oxigène dont il a befoin
pour devenir acide nitrique , a fait penfer au
citoyen Vauquelin que cet acide pourront fervir
à déterminer la quantité d’air que contienclroit
une eàu.
Exp. 8. Si on n’élève la température de- l’acide
nitrique qu’à 70 degrés , il n'éprouve aucune
altération ; ‘mais fi on le chauffe jufqu’à i’é-
bullition , il fubit une légère décompofition. Le
calorique & la lumière s’unifient à l’oxigène ,
d’où naic le gaz oxigène, tandis que l’oxide nitreux
fe combine à une portion d’acide nitrique
, & donne naiflance à de l’acide nitreux qui
fe volatilife. On voit que cette décompofition
fe fait encore ici en vertu de deux forces dif-
tin&es ; c’eft pourquoi le citoyen Vauquelin
avertit qu’il ne faut pas trop chauffer l’acide nitreux
pour le faire pafler à l’état d’acide nitrique.
Le gaz oxigène & l’acide nitreux que
l’on obtient pendant la décompofition du nitrate
de potafle par l’acide fulfurique , font dus à la
décompofition d’une portion d’acide nitrique par
une forte chaleur : c’tft la même chofe qui arrive,
d'une manière encore plus marquée, dans la
diftillation des eaux fortes par le fable & l ’argile.
*
Exp. 9. En mêlant parties égales d’acide nitrique
& d’acide muriatique blancs à la température
ordinaire de l’atmofphère, la liqueur
s’échauffe, fait effervefcence, il fe dégage du
gaz acide muriatique oxigéné, & il fe forme de
l'oxide nitreux qui fe diflout en grande partie dans
les acides , & les colore. C ’eft l'eau régale , ou
acide nitco-muriatique que l’on fait par cette
opération. Si l’on mêle ces deux acides foibles ,
ou après avoir été refroidis dans la glace , ou
bien , faturés d’acide carbonique , les phénomènes
énoncés ci-defliis n’auront pas lieu; ils
fe combineront fans chaleur, fans effervefcence ,
fans couleur rouge ôc fans odeur d’acide muriatique
oxigéné,
Il s’enfuit que la décompofition de l'acide ni-
C u 1 m l *• Tome 11U
trique par l’acidé muriatique n’eft pas due ,
comme quelques chimiftes l’ ont annoncé , à une
attraction plus forte de l’acide muriatique pour
l’oxigène > mais-qu’elle n’eft que le réfultat d une
double attraction qui s’établit entre les principes
de ces corps; l’une d’elles s’exerce entre
l’oxide nitreux & l’acide nitrique; l’autre, entre
l’acide muriatique l’oxigène le calori-
ue. Cela fe démontre par la cefiation de la
écompofition dé l’acide nitrique, aufli-tôt qu’ il
eft faturé d’oxide nitreux.
Exp. 10. Pour appuyer ce qu’avance le citoyen
Vauquelin , d'après l’expérience précédente , il
a répété la fuivante, qui avoit été faite par les
citoyens Berthollet -& Pelletier ; il a mêlé du.
gaz nitreux avec dn gaz acide muriatique oxigéné
, ils fe font combinés fur le champ, & il
en eft réfulté de l’acide muriatique ordinaire 8c
de l'acide nitrique. Il n'y a eu aucun refidu
fluide élaftique. Cette expérience eft pofidve ;
elle démontre clairement que l’oxide nitreux a
plus d'attradlion avec l’oxigène que l’ac de muriatique.
lien a tiré une application utile à l’Eu-
diométrie, en donnant uu moyen sûr de con-
noître exaâement la pureté du gaz nitreux , qui
pourra alors fervir à tous les effais poflîbles ,
fans apporter d’erreur dans les réfultats. On
pourra voir dans le mémoire de combien d’a-
var.tages il jouit à cet égard. Cette même expérience
fert à explquer quelques faits qui ne
l'avoient pas encore été , ou qui l’avoient été
autrement dans plufieurs ouvrages de chimie moderne.
Lorfqu’on fait bouillir, par exemple , de
l’acide muriatique avec un nitrate quelconque ,
il fe forme de l'oxide nitreux , du gaz acide
muriatique oxigéné 8c du muriate de potafle. Le
citoyen Vauquelin explique cette décompofition
par l’eftimation des foices divellentes comparées
aux forces quiefcentes, & il fait voir que les
forces divellentes , par leur nombre & leur nature
, doivent l’emporter fur les quiefcentes. Les
affinités quiefcentes font celles qui réunifient
l’azote & l’oxigène dans l’acide nitrique, & la
"potafle au même acide dans le nitrate de potafle.
( fi c’eft du nitrate de potafle dont on fe fert. )
Les affinités divellentes font celles qui exiftent
entre l’acide muriatique & la potafle, entre ce
même acide & l’oxigène & entre le calorique &
l’acide muriatique oxigéné. 11 obferve que le
contraire auroit lieu , fi la température re s’é-
I levoit pas au-deffus de 10 -+- o.Il eft aufli parlé
1 à la fuite de cette expérience de la diffolution
de l'or dans l’acide nitro-muriat:que ; il fait voir
que ce n’eft pas en décompofant l’acide nitrique,
& en lui enlevant fon oxigène , que facide muriatique
opère cette diffolution , comme il eft
dit quelque part , puifque nous avons vu que
l’oxide nitreux a plûs d’attra&ion avec l’oxigene
que l’acide muriatique 5 mais que là font deux
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