
des aéroftats. Ingénieux pour l’invention tk le
perfectionnement des machines propres à fournir
des réfultacs certains, ce fut à lui que La-
voilier dut celles dont il fe fer vit , tant pour
opérer rapidement , (Virement la décompolition
de l'eau , de manière à recueillir, avec exactitude,
les produits qu’elle donnoit, que pour
recpmpqfer ce liquide avec une précifion qui ne
laiftât rien à de'firer fur la proportion de les
principes. L’appareil , à l’aide auquel il obtint :
la décompoficion rapide , confîftoit en un canon
de fulïl traverfant obliquement un fourneau ob-
long qui le chauffoit jufqu'à le faire fortement
rougir ; à une des extrémités de ce oanon étoit
attaché un entonnoir qui, à l’aide d’un robinet
, lailfoit paffer l’eau à travers le canon rouge ;
à l’autre étoit adapté un tube de cuivre dont
la double courbure conduifoit le bout à un
ferpeatin ; de celui ci un tube de verre fe ren-
doit fous des cloches pleines d’eau. L’extérieur
du canon de fulïl etoit garni d’un double
rang de fil-de-fer ferré & recouvert de terre à
four, pour ôter tout accès à l’air, & empêcher
qu’il ne brûlât à la fur face , & qu’on ne pût
attribuer à cette combuftion extérieure l'augmentation
de poids qu’il devroit éprouver par
la combinai fon de l’oxygine de l’eau avec fa fur-
face intérieure. Tout étant bien dilpofé, le
vide/aiE dans l’appareil, le canon de fufil rouge
de fe u , l’eau étoit introduite dans le cylindre
de fer , en le traverfant elle fe décompofoic ,
dépofoit fon oxygine dans le fe r , le ramolhf-
foit, le convei tilîoit en une chaux noire, fondue,
dilatée, refroidie enfuite en lames noirâtres, brillantes,?
fragiles, cryffallifées , &• fon autre principe
di flous dans le calorique paflbit à l’état du
gaz inflammable douze à treize fois plus léger
que l’air, venoitfe rafîembler dans les cloches :
en additionnant le poids de cet air inflammable
obtenu avec celui dont le fer étoit augmenté, la
fortune répondoit jufte à la quantité d’eau dif-
parue & complettoit ainfi la première preuve
parafa recompofîtion , à laquelle elle répondoit
d’ailleurs exactement pour la proportion relative
d’air inflammable & d’air vita-L Meufnier a
décrit cette expérience décifive avec beaucoup
plus de dét-aih que ceux que Tort trouve dans le
mémoire de Lavoilter qui renvoie à celui de
fon coopérateur. Mais Lavoilier ajoute au ré-
fukat de cette belle expérience des c-onfidéra-
tions propres; à en étayer la théorie , & par
Jeiquilles il termine le mémoire que nous- ana-
jyfons. Les matières & les métaux qui onî la
pvoptiété de décompofcr l’eau, en annoncent
des indices certains en les plongeant chauffés
©u rouges dans ce liquide , dont elles dégagent
d e fn fk m m a b l e par un bouillonnement plus
mtmoins marqué. Les métaux fondus mis eiicon
ïié% avec l’eau produifent une explofion vive
g* moment où ils fe refioidiilent. Les plantes \
en végétant décompofent l'eau qu’elles ontab-
forbée , en retiennent la bàfe de l’air inflammable,
& en dégagent l’oxygine en état d air
pur j c’eft par ce méchanifme que les huiles fe
forment dans l’intérieur des végétaux. La fermentation
fpiritueufe eft due également à la dé-
compolition de l’eau ; l’air fixe qui s’en dégage
provient du charbon végétai & de l’air
vital de l’eau : fon principe inflammable s'unit
en même-temps à la matière charbonneufe devenue
moins abondante, & forme l’efpri tardent,
beaucoup plus léger que la fubltance végétale
d'où il tire fon origine i & qui donne en brûlant
de l’eau & de l’acide carbonique. A cette
occalîon, Lavoilier décrit une expérience dans laquelle
en brûlant de l’efprit-de-vin fous une
cloche pleine d’air à l’aide d’une lampe à courant
d’a ir, il a obtenu 18 onces d’eau par livre
de liquide fpiritueux > d’où il eft évident que
l’air eft ajouté en grande quantité pendant cette
combuftion à l’air inflammable contenu dans l’ef-
prit-devvin, & primitivement enlevé à l’eau par
fa fermentation fpiritueufe. Au relie Lavoilier
en terminant fon mémoire qui contient des faits
très-remarquables & des vues très intéreffames,
annonce un travail particulier fur les phénomènes
& les caufes de la fermentation fpiritueufe
»
Le volume de l ’académie, pour 1782 , eft un
des plus riches, en mémoires de Lavoifîer, de
tous ceux qui appartiennent à la période dont
nous traçons l’efquifle, par rapport à la fuite
non interrompue des travaux de ce célébré chi-
mifte. Le plus grand nombre des mémoires
qu’on y trouve n’ont été à la vérité préfenrés
qu’en 1783 , mais la publication du volume
pour 1782 n’ayant été faite qu’après 1783 ,
c’eft à cettë dernière date qu’il faut en rap^
porter véritablement l’époque. Lavoilier en
réunifiant dan.v ce volume , pour 178*2, une
fuite de mémoires ou il avoit pour but de traiter
en détail de là plupart des phénomènes qu’il
n’avoit encore examinés qu’en général, fen*
toit encore la double néceflité & de donner à
fa théorie toute la force & toute la clarté que
la- nature de l’eau , decouverte par fes expériences,
devoir lui afiurer, & de remplir des
lacunes qui y reftoient encore avant cette dé*
couverte , ou même de corriger quelques et»-
reurs que l’ignorance où l’on étoit auparavant
fur la décompofition & la recompoficion de
l’eau , rendoit impofiibles à éviter. 11 avoit encore
évidemment l’intention de porter les derniers
coups à la doélrine d© Stahl, & de forcer
les adverfifires'de la fienne jufques dans leurs
derniers retranchemens par le nombre de fes
preuves , par la reélitucle de fes raifonnemens1.
Le premier mémoire que l’on trouve dans le volume
de l’académie pour 1782 , & qui fait le
dix-neuvième parmi,, ceux que Lavoilier confa-
.croit à l'expofition .de fes découvertes & de fa
théorie, n’eft qu un® fi npl^r application des propriétés
de l’air vitales il a pour titre : Sur m
rnoye'1 d'augmenter confidérablement ïafîion du feu
& de la chaleur dans les opérations chimiques. Après
jvoir fait connoître les inconyéniens& la cherté
des loupes ou lentilles. ; à rafièmbler les rayons
•lumineux, il prppofe de verfer l’air pur qu’il
fe détermine à nommer avec fhiftorien de lf académie
air vital fur les ; corps çombuftibies. A
.cette occafion, il annonce' qu’il avoit découvert c;e
fluide élaftique trèsTremarquable , -quelques.mois
avant la féance de l'académie de ^Pâques 2775 ,
en travaillant à Montjgny avec Trudaine fur le
Ainfi-on doit lui faire partager
J’honneur de cette belle découverte rvec Ptieft-
Jey. Cet,air qui brûle les corps avecidécrépitation,
comme le nitre, qui diffout le charbon en le
brûlant, a été employé comme aélivamle feu
par Achard , • chimilte de Berlin. On le ;mettoit
d’abord dans une velfie terminée par un .tuyau
de cuivre , .en le dirigeant fur un charbon à la fur-
face duquel on avoit pratiqué un creux, &enplaçant
les corps qu’onvouloit efiayerdags le.creux,
comme on le fait avec le chalumeau a.. fomler .
employé,fi utilement par .Bergman pour l’cfiâi
des minéraux4 on produit des effets que l’air
atmofphérique ne peut pas faire naître. La platine
qui ne fondoit pas au foyer de la lentille de
Trudaine , fondit aflez aifément par ce procédé.
Mais la velfie remplie de cet air eft infuffifante
pour le plus grand nombresdes expériences > la
prelfion qu’on exerce lur elle avec le bras, fous
lequel.on la place, eft inégale 5 les corps qui
fe font d’abord fondus fe refroidiffent & fe figent:
il étoit nécelfaire d’y fubftituer un appareil qui
pût contenir de 80 à 100 pintes , avec lequel
on pût exercer une prelfion égale , la varier à
fon gré. C*eft ce que Lavoilier a obtenu facilement
en employant, à cet effet, une caiffe
quarree renverfée & foutenue dans la cuve pneu-
matochimique, & qu’on remplit d'air vital à
l’aide de tubes flexibles communiquant avec un
grand récipient de verre placé dans un baquet.
Cette caiffe par une prelfion graduée , & à l’aide
d’un canal flexible, conduit l’air vital.fur une
lampe d’émailleur avec laquelle on opère alors
comme avec l’air ordinaire.
Dans le mémoire fuivant, ( le deuxième du
volume de 1782 & le vingtième de Lavoilier ,
fur la théorie des gaz ) , ce phyficien décrit
Vieffet que produit fur les pierres précieufes un degré
de feu tres-violent j c’eft une fuite du précédent,
& c’eft par le mécanifme indiqué & avec l’air vital
qu’il s’eft procuré ce feu. D’après ces effets, Lavoi-
ner divife les pierres précieufes en cinq claffesj }a
première contient celles qui font brûlantes $c
volatiles $ c’ eft le diamant ; la fécondé comprend
celles dont la couleur eft fixe» qui fe ramoj-
liffent & fe fondent > on y trouve le rubis
& lefapbir ; la troisième eft compofée-dss pierre*
précieufesifixes , dont la couleur eft deftrudlible,
çomme l ’hyacinthe î dans la quatrième, il range
celles qui font demi-iulibies , qui fe.décolorent,
perdent julqu’â^un cinquième de leur poids,
Ujfient une texre Blanche & dure comme du
bifçuit de .porcelaine j .telles font -la .topafe de
Saxe , la .topaze ;& le, rubis du -Bréfil j enfin la
cinquième .claffe renferme les gemmes qui f®
fondent en un verre .opaque fk coloré » lavoir ,
l’éméraude-, la chryfolithe ,& le.grenat.;Ce mémoire
eft; terminé par i ’annonce d’un art nouveau,
celui d e , réunir des rubis Se-des faphirs, en
J,es, foudant par le :feusj art .qui demande à
être.étudié, qui préfente beaucoup de difficultés.
Le -troifième mémoire de cette .année., eft 1«
viogt'ùnième dans la fuite de .ceux que nous
examinons, & a pour objet la cornhinaifon-de l'air
nitreux avec Les airs refpirables , & les conféquences
qu on £n peut tirer relativement, a Leur degré de falu-
brité j ce n’eft que Je court xéfultat de quelques
expériences, par lêfquelies il a trouvé que 65
à (>S ^parties d’air nitreux retiré par le moyen
du.mej-cure ou du fucre , étoient nécefiaires pour
fatursr 40 partie§;( mefure ) d’air vital î-que l’üit
de i atmosphère efiayé ainfi , contenoit 3 parties
de mophète & .une .partie d’air .vital > Sçhèele
dit Lavpifier, a trouvé une proportion d’air
vital un peu plus forte dans l’air atmofphérique
en 1777 , puifqu’à l’aide du pyrophore , il a extrait
27 - parties dfair vital, de 100 parties d'air
de l’ atmofphère. On verra par la. fuite que Lavoir
fier a obtenu les mêmes réfultats que Sçhèele ,
par des expériences ultérieures , & qu’ il a adopté
les mêmes conduirons.
Dans Je quatrième mémoire d e . 1782, ou Je
vingt-deuxième du travail général de Lavoilier,
il donne des conf dérations générales fur h diffor-
lution des métaux ddjts Les acides. C ’eft un $ éfuraé ,
un rapprochement des différents faits relatifs ja
cet objet, & difieminés dans fes mémoires pré«-
cédens ; il en fait un enfemble 'de théorie générale.
Tous les métaux fe calcinent, en fe diffoL-
vant dans les acides ; ils décompofent ou•- l’eau
ou les acides ; dans le premier cas , il y a dégagement
d’air inflammable , & c’eft le cas Jg*
plus fréquent ; dans le fécond , on a de l’air
acide Xuliiirgux ou de l’air nitreux. Il fait remarquer
que dans tous fes mémoires il. n!a pas em~
ployé une feule fois le mot phlogiftique, &
cela prouve qu’on peut s’en paffer abfpliiinent
dans i’explipation de tous les phénomènes chimiques.
Dans fa djfiblution par l’acide nitreux
le mercure augmente de près de quatre gros fur
fix onces .j le fer augmente de vingt-neuf à trente
pour cent par l’acide nitreux â froid; qua;,B on
le traite à chaud par cet acide , il acquiert juî