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nomme auffi magnifie douce ou magnéfie blanche.
On le préj?aroit autrefois avec l’éau-rr.èrre du ni-
tre évaporé a fîccité 1 ou précipitée par ralcali
fixe , mais elle contenoit un mélange de carbonate
de chaux; elle a' été connue d'abord fous
les noms de poudre du comte dé Palme , poudré,
de Sentindli ; élle a été' nommée enfui reJ/acWrL
/ ixatiye polychrcfie| par Valentini 3 magnifie blanche
di nitre j magnifie du Jet commun 3 parce qu'on
la retiroit auffi de l’eau-mère de ce dernier fel :
mais ce médicament préparé de cette manière
contient toujours de la terre calcaire & plusieurs
autres fubftances étrangères.. Celle, dont on fe
lert aujourd'hui eft ordinairement précipitée du
fulfate de magnéfie par l'alcali fixe végétal ou carbonate
de potafle.
Butini a donné un très-bon procédé pour l’obtenir
très-fine 8c en plus grande quantité poflible..
On délaie une quantité quelconque de potafle
dans le double de f®n poids d'eau froide , on la
laiffs expofée à l'air pendant quelques mois fi
le temps le permet, pour qu'elle abforbe l'acide
carbonique de l'atmofphère., & pour que la terré
qu'elle contient fe précipité, & on la filtre. D'un
autre part, on diffeut une quantité de fulfate
de magnéfie égale à celle de là potafle, dans quatre
ou cinq fois fon poids d'eau ; on filtre cette
diflblution, & on y ajoute de nouvelle eau à
peu-près 15 fois le poids du fel f on fait chauffer
cette liqueur , & lorfqu'ellé bout , on y verfe
la diffolution alealtnéT Le précipité de magnéfie
fe forme ,• on agite bien le mélange , & on le
filtre au papier. On lave' le précipité refté fur le.
filtre avec de l’eau bouillante, pour enlever le
fulfate de potafle qui peut y être mêlé. Quand
la magnéfie eft bien égoutée,, Ton l'enlève de
deflus le filtre , on l ’étend en-couches minces
fur des papiers que l'on porte à l'étuve. Lorf-
qn’elle eft deflecnée, elle offre des morceaux
blancs qui s'écrafent fous le doigt en une poudre
extrêmement fine 8c adhérente à la peau.
On doit préférer comme purgative cette magnéfie
combinée avec l'acide carbonique à celle
qui eft pure on cauftique , parce quelle eft beaucoup
plus foluble. On ladonne à la dofe d’une ou
deux onces , fuivant les cas. La magnéfie pure
ou cauftique eft au contraire,, préférable comme
abforbante, & . on doit en préparer des deux
efpèces dans les pharmacies. La raifon principale
de cette préférence dans les divers cas de pratique
, 8c de la néceflité d'avoir les deux efpèces
de magnéfie <dans les pharmacies , a été très-bien
expofée par Macquer dans un mémoire çonfiguéb
parmi ceux delà fociété de .médecine. Lorfqu’on
adminiftre la pharmacie comme abforbante , c'eft
pour détruire. 8c neutralifer un acide développé
& très-abondant dans les premières voies, comme ~
cela a fieu chez les enfans , les jeunes filles , les
femmes en couches, les perfonnes foibles fujet-
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tes aux maux d'eftomac, 8cc. Get acide cauftique
eft certainement plus fort que, l’acide carbonique
j lorfque la magnéfie douce eft retenue dans
ce vifçère, .il fe produit une effervefcence plus
ou moins vive, fuivant que l’aigre eft, plus ou
moins développé dans les premières voies*y i'a-
. eide carbonique dégagé par cette effervefcence
diftend l’eftomac, occafionne fouvent des doubleurs
,,des, naufées, des vomiffemens, des difficultés.
de refpirer 8c beaucoup d’autres accidens
fpafmodiques , fuivant la fenfibilité des fujets.
Dans ces circonftances , il vaut beaucoup mieux
employer la magnéfie pure qui abforbe aufli puif-
famment les aigres , 8c qui n'occafionne pas d’ef-
fervefcence.
Lorsqu'au contraire on donne la magnéfie comme
purgative , 8c dans le cas où l'on n'a point d'indication
d'abforber les aigres dans les premières
voies , on peut preferire celle qui eft chargée
d'acide carbonique.' Alors il n’y a - pas de dégagerons
gazeux, & l’on n’a point à craindre les
accidens qui dépendent de la diftenfion de lefto-
mac par ce fluide élaftique. 11 eft donc néceffrire
que les médecins connoiflent ces deux efpèces
de magnéfies comme lès cas où chacune d'èlle
doit être préférée > & que les apothicaires en
aient dans leurs pharmacies.
Butini .propofe une eau minérale artificielle
faite avec l’eau gazeufe chargée de magnéfie ;
il obferve que ce fluide peut contenir plus de
trois gros de cette terre magnéfîenne par livre ,
8c que d’ailleurs elle n’eft pas plus difficile à préparer
que les eaux martiales acidulés ou ga!zèufes.
En effet, la manipulation eft abfôlument la .même
pour toutes les deux. Les médecins pourraient
s’en fervir dans plufîeurs cas avec fucces. Cependant
je ne crois pas qu’ilsy aient eu encore recours
depuis que cette eau minérale a été annoncée par
Butini.
Comme le carbonate de magnéfie faturé d’acide
carbonique & cryftallifé n’a point encore été employé
en médecine, ni préparé, dans les laboratoires
de pharmacie , je ne puis pas dire quel eft
le rapport de fa propriété purgative à celle du
carbonate de magnéfie 'non faturé- 8c pulvérulent
qu’on y prépare feul, 8c qu’on a feul employé
jufqu’i,ci. Mais il eft aifé de fentir que fi ce dernier
fel terreux qui contient beaucoup moins d’acide
carbonique que- le fécond eft fouvent nuï-
fible lorfqu’il y a des aigres dans les premières
voies, le fécond bien cryftallifé 8c chargé de
beaucoup plus d’acide carbonique feroit beaucoup
plus à craindre dans le cas d’acide dans l'eftomac.
Il faut donc .fe bien garder d’ervfaire ufage comme
abforbant , & n’eflayer ce carbonate de magnéfie_
faturé què comme purgatif; après s’êtra afluré
qu’il n’y a point d’aigre dans lé canal alimentare.
C arbonate de manganèse. Ilexifte certai-
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nementun 'carbonate de mahgahèfe,pulfqué fuivant
Bergman, l’eau chargée d’acide carbonique diflout
l ’oxide natif de ce métal, & même encore plus facilement
le métal pur. Mais Bergman qui décrit piu-
fieurs propriétés-de cette diffolution , & qui marque
même qu’elle eft toujours accompagnée de
fer, lie dit rien du carbonate de îtnanganèfe. On ne
connoît point encore ce fel dans la nature, quoiqu’il
foie vraifemblable1 qufil y exifte. Il n’eftpas
non plus connu en chimie, on ne le prépare point
dans les laboratoires , 8c.'il n’eft employé à aucun
ufage. Voyeî le mot Manganèse.
C arbonate de mercure. Quoique lemer-
èuré , ni fon oxide ne foientpas diffolubles dans
l’eau chargée d’acide carboniqueil eft certain
qu’il exifte un carbonate de mercure , foit dans les
précipités des diflblutions acides de ce métal par
lés carbonates dé potafle 8c de foude , foit dans
plusieurs de fés oxides , 8c fur-tout dans l’oxide
préparé par le feul contad du feu & de l’air ,
précipité per Je, expofés long-temps à l’air, auquel,
fuiyant la remarque de Leblanc très-habile dans
la préparation des cryftaux falins , ils enlèvent
facilement 8c aflez promptement l’acide carbonique.
Ces oxides de mercure chargés d’acide
carbonique'font d’une couleur briquetée ou
brune plus ou moins foncée , qui s’éloigne du
rouge qu’ils affe&ent dans leur état de pureté.
On n’a point examiné les propriétés dû carbonate
de mercure , & il n’exifte pas encore dans les laboratoires.
Voyë£ le mot Mercure, '
C arbonate de mercure. ( Pharm. ) On lit i
dans -l’un des volumes des mémoires de la fociété ,
de médecine que Nicolas médecin de Nancy a
propofé d’employer en médecine une diflblution
de mercure dans 1 eau acidulée (Pairfixe, comme
on l’appelloit alors. Mais ce médecin ne s’eft
point expliqué fur cette diflblution, & il eft bien
connu d’après les expériences de Bergman que
l’acide carbonique liquide n’a aucune aêtion dif-
folvante ni fur, lé mercure ni fur fes oxides.
D ailleurs quand au lieu de cette diflblution qui
n exifte pas ou qui n'eft pas connue , 'on vou-
droit ayoir recours à l’oxide rouge de mercurè
chargé diacide carbonique , onn'auroit dans cette
préparation qu'une matière extrêmément âcre
qu on ne pourroit employer qu'avec une extrême
freferve , 8c qui pourroit même être regardée
comme un cauftique , car tous les oxides rouges
de ce métal font cauftiqués, & la foibleffe de
l'acide carbonique ne peut pas mafquer cette
propriété. Voyeç-le mot Mercure^-
C arbonate de molybdène. À.peine con-
noît-on quelques propriétés du métal caflànt &
acidifiable nommé molybdène > on ne fait pas
s il peut s'unir à l’acide carbonique , 8c aucun
chimiûe n'a parlé de cette combinaifon. Voyez
le mot Molybdène.
C A R 3 7
C arbonate de n:KcLl. f.e iftkol'eft un des
métaux qui . ont- préfenté à Bergman de légères
inaices de dilloîution dans l'acide carbonique liquide.
Mais ces.fi g nés ne lui avoient pas paru atfez certains
pour regarder cette combinaifon comme démontrée.
On ne connoît donc pas encore le carbo-
•natcàe nikel. Peut-être ce fel exifte-t-il dans lana-
ture , les . oxides de nikel fe chargentd'acide carbonique
dans leur précipitation par les carbonates
alcalins. Voye^Niicel.
C arbonate d’or. L'or n'a point éprouvé d'altération
ni de diflbliitibn de ta part dé 1 eau chargée
d'acide carbonique-fuivant Bergman. Il a eu quelque
trace de dilfolution. par des-carbonates alcalins
mis peu-a-peu dans des difiolutions d’o r ,
afin que l’acide abforbant peu-à-peu l’alcali, l'a-
cide:carboniqué dégagé en molécules très-fines,
put agir fur l’oxide d'or précipité j mais il a
douté îui-mêmè de ces indices de diflblution , à
caufe de la tendance qu’on connoît à l'oxide d’or
pour refter dans les liqueurs alcalines , & de la
| difficulté qu’il y a de le féparer de fon difiolvant
par les carbonates terreux. Il n’y a donc point encore
de carbonate d'or connu. Voye% le mot Or .
C arbonate de platiné. Le platine ne donne
aucun figne de diffolution par l ’acide carbonique.
Son oxide^ fe charge d’acide carbonique dans fà
précipitation j mais on ne connoît pas les propriétés
de ce compofe, 8c il n'eft employé a aucun
ufage chimique.
C arbonate de plomb. Quoique le plomb
ne foit en aucune manière altérable-,par l’acide
carbonique gazeux ou liquide dans nos laboratoires,
quoique fuivant les expériences de Bergman,
l’oxide dé plomb blanc fait par l’aéHon des acides
végétaux , & fur-tout celui qu’on connoît dans
les arts fous Lé nom de cérufe , ne foit point dif-
foluble dans l’eau acidulée ; cet oxide a cependant
une attraction bien marquée pour l’acide
carbonique. En effet, quand on précipite une diffolution
;de plomb dans un acide par un carbonate
alcalin, 1 oxide de plomb abforbe l'acide carbonique
en fe précipitant, &i! paraît que c'eft par une opération
analogue que la riature prépare le carbonate
de plomb , qu'on trouve fi fouvent & fi abondamment
dans les mines de ce métal. Ce fel naturel
à été connu en minéralogie fous le nom de plomb
blanc, de plomb fpathique. Il eft régulièrement
cryftallifé ; il n'a ni faveur, ni diffolubiliié fen-
nbles. Chauffé fur un charbon au chalumeau, il
fe réduit en plomb après avoir fait une effervefcence.
Les acides le diflolvent en dégageant
l'acide carbonique avec effervefcence. On en fera
l’hiftoire plus exaéle à l'article du Plomb.
Carbonate de' potasse. Avant la décou-
verte de Black ^ & les travaux exaéfs dus aux
chimiftes français fur 1 acide carbonique, on étoit
bien loin de connoître le fel qui fait le iujet