
les récipients des diftillations »cft defe&ueufe &
propre à -induire en erreur , & qu'on ne pourra
fe difpenfer , dans celle de cès analyfes qu’ori
fera à l'avenir , d'employer les appareils pneu.-
mato-chimiques propres a retenir les gaz j à en
déterminer la nature & à en mefurer la quantité.
Ces analyfes. en même temps qu'elles en deviendront
bien plus fures & plus exa&es , en feront
à proportion , à la vérité , bien plus longues &
bien plus pénibles , puis tel eft.le fort inévitable
à quoi l'on doit s'attendre dans les-travaux
de la phyfique. Plus on fera de découvertesdans
cette fcience immenfe 8z fans bornes , plus les
découvertes deviendront difficiles à frire } il eft
aifé de fentir combien celle des gaz en particulier ^
qu'il n'eft plus pofilblè de négliger , va multiplier
les travaux fçç les \ difficultés. Pour revenir à la
plombagine de Lille a fuivi la bonne méthode
d'appliquer au minéral qu’il examinoit différens
intermèdes , & les dilfolvants les plus puillànts.
Dans les diftillations qu'il a faites dè deux parties
d’acide viftfioliqüo furune de plombagine, il a pàfle
dans le récipient des vapeurs bl anches Ôt a
l'acide vitrioliqüe fulfureux & • même * fuman't
encore, plufieurs. jours après lorfqu'on débou
choit lèflacon qui le.contenoit. Cette opération
ayant été répétée vingt quatre fois de fuite ,
en récohobaht toujours le même acide vitrioliqüe
fur la même plombagine >T’acide eft devenu enfin
d'une belle couleiïr verte : par l'évaporation il a
fourni un précipité ocreux , comme le font les
diffolutions de vitriol martial, puis une felénifr
feuilletée & brillante? & enfin des criftaux d'alun.
Ce qu'il y a déplus remarquabledans ces expériences
, c'eft que malgré le grand nombre des
coh'bâtions de Tàcide vitrioliqüe , la plombagine*
eit reliée encore noire & onèluéufe.
Le nitrë mêlé à parties égales avec Ce minéral,
& expofé au feu dans un valflesu ouvert, a
détonné, fans cependant que le réfidu ait perdu
fa couleur noire. Du même mélange diftillé dans
line cornue , il êft forti dabord. des vapeurs d acide
nitreux , mais quand le fônd de la cornue a commencé'
à rougir , il S'eft fait une détonation qui
a brifé les vaiflèaux avec éxplofion.
Enfin un mélange de parties égales de fél ammoniac
& de plombagine a fourni à de Lifte ,
par une première fublimatien , des fleurs de fel
ammoniac bien décidément martiales, d'ante
couleur jaune très vive & dont la diffolution
formoit de l'encre avec là noix de galle. Mais en
réitérant ces fubiimations fur la même plombagine,
la couleur des fleurs du fel ammoniac s'eft
affoiblie chaque fois, & enfin elles font devenues
blanches comme PôttJ’avqit aufii obférvé. Mais
de Lifte fait mention de deux circonftances dont
n'a point parlé Pott, & qui méritent cependant
attention î la première , c'eft que la plombagine
fiir laquelle le; fel a nmoniac fe fublimoit en
blanc, n'avoit reçu aucàne altéiation dans fa couleur
, nj dans fa ccmtex:urë-*.,&: la fécondé , c’eft:
que le fond du v.dfleàu de verre qui avoit fervi
à ces 6pérati'ms,.av.oit contrariér des couleurs
d'iris très-fenfibles.
Il paroît bien prouvé par lés expériences de
Pott & encore mieux par célle de de Lille que
la plus grande partie ou la bâfe de, la plombagine
; eft une matière micacée.,, talqueufe j dont la terre
étant de nature argiiteufe y forme de l’alun
avec l'acide viuiphqbe fuivant l'obfrrvation de
S ge 5 que cette matière tàlqueufe fe trouve fi
étroitement combinée dans ce minéral avec une
certaine quantité de fer & de matière phlogif-
t.ique ,qui n'eft peut-être comme To.bfetve judi-
çieufrment de Lille , que celle du f r , que ni la
combuftion, ni lès âge ns les plus paillants ne
peuvent l'eif d.’pou'ilier entièrement j & qu’enfin
il exifte aüfli dans ce minéral une fubftancè
volatile qui pà'^ôït acide , mais dont il relie a
conpoitre au juft? la nature & la quantité, con-
fhoi fiances auxquelles on ne parviendra pi oba-
bl ment que par de'- nouvelles recherches , du
genre de celle dobt j’ai parlé.
On voit par les détails donnés, par Macquer
que l’analyfe dé de Lifte dont les réfu-tats ont où
l'terribarraiier àl 'époque où ii corn paroi c , éft d'accord
a.veç, toutes les Counoilfances acquifes' depuis
qu il â-reconnu là combuftibiiité du ’carbure de
;.fer 'natif, fa propriété de ■ dé-connpofêr l'acide
fulfurique 8c le nitre % celle de contenir-un peu
de fi. r 8é de fournir du gaz acide carbonique par
ria combuftion , qui a lieu'quoique difficilement
dans cette , m.itière, . Macquer emploie toujours
le .mot de molybdène'§■ j'y ai fubftnué celui de
plombaginé. ;
Expériences de Schéele fur la plombagine.
Lorfque je publiai en 1778 , dit Schéele, mes
expériences lur la molybdène , dans le troifième
trimeftre des 'mémoires de l'académie , j’anonçai
tout en commentant, tout que ce que l'on ap-
. pelloit dans le commerce & dans l’ufage , mine
de plomb , étoit fort différent de la molybdène ,
dont il étoit alors queftion. Je me flatte de le démontrer
par les expériences fuivantes. Cronftedt,
dans fa minéralogie, la nomme môlybd&na micacea .
granulata. , 1 ■ . . . . . .
I. [ La mine de plomb , choifie , & réduite
en poudre très-fine , je l’ai fait bouillir pu Amplement
digérer dans tous les acides connus , foie
concentrés, foitdélayés; mais ils n'y ont produit
aucun changement fenlïble-y excepté que ces
menftrues contenoient quelque peu de fer. L'acide
arfenic
arfén’que efl‘ le feul qui l’ait un peu ; attaquée,
encore ifieft' ce que par la voie lèche. Duix pat?
ties.d’acide arfénique fec ayant été mêlées à une
partie de plombagine , pulvérilées. diftillées
dan s mne cornue , le col de lacornue fut rempli
d'arfénic. Je ferai.voir plus:loin que cette réduction
de l’arfénic ne fut pas opérée par la chaleur.
§. II. A; ] Lai plombagine , traitée au feu de
fuiblimation avec le muriate mercuriel conofit n'a
pas été plus attaquée.'
B. ] Avec le fel ammoniac , j'ai obtenu des
fleurs martiales & un peu d'alc-ali volatil caufli-
que ; le réfidu n’avoit éprouvé aucun changement.
C. ] L'ayant mêlée avec le double de foufre ,
j’ai trouvé ., après avoir fublimé le foufre plufîenrs
fois dans une cornue , que le réfidu avoit ie même
poids qu'auparavaut.
D. ] Fondue avec quatre parties de fulfare de
potaffe ou tartre vitriolé dans un creufet couvert,
elle a donné de l’hépar fulfureux , ou fulfure dé
potalfe.
E. ] Avec huit parties de litharge dans un creufet
couvert, l'oxide de plomb s’eft réduit , mais
il n'y a eu aucune réduClion avec le verre d'antimoine.
On voit par, là que L'oxide de plomb
attire plus puilfamment le phlogiftique que la
chaux d'antimoine ; tellement que fi on mêle, la
litharge avec lè régule d'antimoine, & que l'on _
pouffe ce mélange à la fufion , il fe forme du
plomb & en même temps du verre d’antimoine
noir.
F. 3 Traitée à la diftiliation avec le fel commun
, il ne fe dégage point d'acide. -
G. [ Traitée de même à la diftiliation avec
le< nitre , il fe fait une détonnatioti dans la
cornue.
I I I . A. ] Ayant jette dans un creufet rougi
un mélange de deux dragmes dè plombagine bien
ulvérifée , & d'une once de nitre, il y eut d'a,-
ord une grande effervefcence , & enfuire une
vive détonnation. 11 refta dans le creufet une
matière fluide, noire, brillante, qu: contenoit
encore beaucoup de plombagine.
B. ] On fit enfuite un autre mélange d'une partie
de plombagine pülvérifée & dç.é parties de
nitre qui détonna de la même manière. La malfe
qui refta dans le creufet fut abfolument fembl: -
ble à la. première.
C. ] La même opération fut répétée, avec 8
Chimie. Tome III.
1 parties'de,ni.tre il refta;un peu de plombagine
qui ne fut point calcinée. On fit- difloudre dans
-l'eau i tout ce qu i » fe trouvoit dans les ■ creufers,.
& pour-lors la plus grande partie de la. plomba*--
gine. non.attaquée.»temba au feu. T a diffolution'
limpide ne contenoit ni hépar, fulfureux, ni aucune
trace d'acide fulfurique. Ainfi il n’y a point
de. foufre dans la plombagine pure.
D. ] Enfin , on mêla, une partie de la plombagine
pülvérifée avec 10 parties de nitre, &
on fit détonner dans un creufet rougi } le tout
ayant été tenu: en fufion pendant quelques minutes
, il refta une matière blanche & alcaline.,
' qui'fût coulée fur une feuille.de cuivre ;,<V cette
matière ayant été diffoute dans l'eau, elle biffa,
précipiter un peu de poudre brune. D’une, once,
de-plombagine calcinée par le. nitre., on trouva,
i y g-rains de .cette poudre difféchée qui étoit. une -
ochre marfale. L'acide fulfurique verfé . dans
cette diflblution alcaline, y occafionna del'ef-
fervefcence : l’air qui fe dégagea étoit de,l'acide
carbonique mêlé de gaz nitreux , & toute la
malfe forma ure gilée. Je filtrai .le tout:, & ce.
qui refta fur le filtre ayant été:examiné, feittouva
être du quartz avec un peu de terre> d'alun. La
liqueur ne donna, par, l’évaporation, que du ful-
fate de potalfe.
E l] Cependant cette expérience ne me pa-
roiffoit pas fuffilanter pour- prouver i'exillence
de la terre alumineufe dans la plombagine , parce,
que j'avois précédemment obfervé qu’elle étoit
.peu concluante, quand .on fe 1er voit des creufets
ordinaires. ( Voye\ la Dilfritation V , i cr. vol.
des Mémoires de Schéele.) Je préparai une fem-
blable détonnation avec la plombagine dans un
creufet de fer, & je reconnus que je ne m’étois
pas trompé, puifque lalelfive alcaline ne me donna
pas la moindre trace d’alumine.
| IV. M. Gahn a calciné la plombagine fous la
mouffte, & elle perdit dans cette opération envi-
‘ ron -j90% fans aucune fumée vifible. M. I-Iielin
.avoit aulfi traité ce minéral à la calcination ,
& il avoit eu le même réfultat : le. réfidu n’é-
toi.t autre chofe qu'un oxide ferrugineux. On
feroit d’abord porté, à penfer que cette perte
ne . vernoit que du phlogiftique qui s'étoit éva-^
poré pendant la cale nation, i°. parce que la
plombagine pure ne donne aucune odeur de foufre
} i Q. parce que cette calcination n'a lieu
qu'avec lé concours de l'air j 30. parce que la
^plombagine a la propriété de faire détonner
je nitre, &c. mais cette matière inflammable
rendoit la plombagine plus pefante , -& il n'é-
to.it pas vraifemblabîe qu’une auffi petite portion
de terre martiale pdt enchaîner autant de .
phlogiftique , qui auroit été aufii abondant dans
la plombagine que dans le charbon même,
K