
de l’oxigène atmofphérique enlève encore du
carbone , & contribue ainfi à ranimalifation.
On peut, fuivant le citoyen Uallé , divifer
l ’opération de l’anjnaàlifation en trois tems , qui
rappellent les trois eoétions des anciens médecins.
L’oxigène eft le principal agent de ces trois
altérations fucceflives , qui confiftent toutes trois
dans la fép?-ration & l’enlevement d’une portion
du carbone dé ia malfe alimentaire , & dans la
combinaifon de l’aliment avec l’azote des hu-
frieurs 5 ainfi il fe fait à la fois un changement
réciproque dans la fubftante de l’aliment & dans
celles des humeurs animales : la première s’ani-
malife en perdant du carbone & abforbant de
l’azote 5 les fécondés perdent s pour ainfi dire ?
l’excès de leur animalifation en cédant de l’azotej
toutes deux acquièrent un équilibre d’où refaite
l’aflimilation. L’auteur convient que cette
théorie eft encore incomplette , qu’on n’y voit
encore ni la formation des fels phofphoriques ,
ni Celle de la matière graffe. On pourroit ajouter
à ces réflexions que l’enlevement du carbone
n’a pas lieu feulement dans le chyle , mais
encore dans le fang veineux du poumon 5 qu’il
faut de plus une fource de l’azote autre que l’ancienne
matière animale ajoutée à celle qui le
devient, puifque cette première quantité s’é-
puife, fait par les matières qui fe folidifient
dans les organes , & qui en émportent beaucoup
, fait par les émanations qui en font fortir
continuellement par les divers émonéloires, On
pourroit ajouter encore que Fauteur n’a point
confidéré dans fon travail les fondions du fyf-
tême fanguin abdominal & du fyftême du foie ,
qui donne naiffance à la formation de la matière
huileufe par la nature même du liquide qui y
abonde, & par la lenteur du mouvement que
çe liquide y éprouve j qu’il n’a pas non plus
parlé des fon étions des reins qui en entraînent
lés fels^ & far-tout les divers phofphates hors
4u corps , entretiennent dans la quantité & le
rapport de ces fels avec les autres matières animales
un équilibre & une proportion confiante
d’où dépend en partie l’intégrité des autres
fonélions animales j enfin, que les fels pnofpho-
riqués, & fartout le phofphate de chaux, font
apportés avec les alimens, qui, comme on l'a vu
plus haut' , en contiennent des"quantités . plus
que faffifantes pour la réparation des organes
folides & pour le ftimulws nëceffaijre au jeu de
quelques autres.
Dans l’année 1792, quatre objets de travaux
particuliers fur l ’analyfe animale méritent de
'fixer l’attention des chimiftes , fa voir : -l’examen
du caftoréuni, par le citoyen Lagrange 5 celui
de là'fynovie &,de la féro'fit'é, par le citoyen
Marquer01-1 & ' de's obfervatiorjs fur la refpira-
tion des" iniecte's , par le cit. Vaüquelin > mais
de ces quatre ouvrages , le feul dont nous parlerons
ic i, parce qu’il eft le feul qui ait un rapport
direét avec 1 niftoire de la doétrine pneumatique
, c’eft le dernier cité.
Ce mémoire a été lu en feptembre 1791 à
l’académie des.fcien.ces par le cit Vauquelin. On
avoit cru jufqu’à lui que les infeéles & les vers
non - feulement refpiroient par un autre raéca-
nifme que l’homme, les mammifères & les oi-
feaux 5 ce que prouve en effet la ftruélure très-
différente de leurs ftigmates & de leurs trachées
3 mais encore qu’ ils rendoient l’air meilleur
en y verfant du gaz oxigène. Après avoir
fait voir que les principaux canaux des trachées
s’ouvrent dans l’eftomac à trois véficules de la
grande fauterelle verte , lo c u f ia ve.rm.ivora de
Geoffroy , g r y l lu s v i r jd ij j îm u s de Linnéus, que
cet infeéle a des mouvemens infpiraroires & expiratoires
très-fenfibles dans les anneaux dé fon
ventre, qui préfentent vingt-quatre ftigmates
difpofés fur quatre rangées > l’auteur décrit les
expériences auxquelles il à-.fournis cet infeéle,
pour déterminer l’altération qu’il fait éprouver à
l’air. Une fauterelle mâle, mife dans 6 pouces
cubiques d’air vital, y a vécu 18 heures 5 fa ref-
piration a été accélérée > les mouvemens de fes
anneaux étoient au nombre de 6 0 à 65, au lieu de
celui de yo à yy qu'ils ont dans l’air ordinairè $ ils
s’arrêtoient environ pendant une minute -3 & re~
prenoient alternativement. L’air vital avoit été
en partie changé en acide carbonique > 0,05 feulement
en ont été abforbes par l’alcali fixe. Mais
comme dans cette expérienée l’animal avoit été
paffé à travers le mercure, & qu’on pouvoit
faupçonner que ce métal avoit plus nui à l’in*
feéle en pénétrant fés trachées, dans lefqijelles
on en avoit trouvé les globules, que l’alteration
de l’air qui ne paroiffoit point allez gâté pour
l’afphixier, on a recommencé cet effai avec l’air
atmofphérique , qui n’exigeoit point cette manoeuvre
dangereufe.
Une fauterelle femelle, couverte fur le mercure
d’un récipient contenant 8 pouces cubiques
d’air commun, n’y a point offert les mouvemens
refpiratoires accélérés vus dans la première expérience
\ $lle y a vécu-36 heures 5 l’air éteignoit
les bougies & troubloit l’eau de chaux > ainfi il
s’y étoit formé du gaz acide carbonique'’, il éteignoit
les bougies , ’après avoir été lavé par la diffo-
hition de chaux ; ce qui prouve que le gaz oxigène
y avoit été converti en acide carbonique t
'& qu’ il n-’y reftoit plus que du gaz-azote.
l e gaz hydrogéhe- fulfuré a afphixié fur le
champ une autre fauterelle ; fes tarfes j Tes jam-
bés & fes éurffes ér'oiè'ntJfi fortement fléchis &
contrariésqu’on ira pu les redreffer qu’avec
T;/ .force
force & précaution ; ainfi cet infeéle a un befoin
indifpenfable de gaz oxigène pour refpirer.
En renfermant beaucoup de fautereiles dans
une quantité déterminée d’air atmofphérique, &
en les y laiffant jufqu’à ce qu’elles aient ceffé
de vivre, l’air ne contenoit prefque plus de
gaz oxigène} le phofphore fondu n’y brui oit que
très-peu j cependant ii y en reftoit affez pour
prouver que ces infeéles ne le convertiffenr point
entièrement en acide carbonique , & qu’elles
périffciit avant que cette conveçfion fait complets
; ainfi ils font très-fenfibles à l’aétion de
cet acide qui les tue .avant qu’ils aient entièrement
épuifé l’oxigène de l’air.
Il n’ en a pas été de même des d:ux efpèces
de vers ou mollufquesquele cit. Vauquelin a fournis
à ces mêmes expériences , la limace jaune des
prairies , U m a x f la v u s de Linnéus, & Je limaçon
des vignes , h é l i x p om a t ia : /12 pouces cubiques
d’air atmosphérique ont été ufés en 48 heures
par la première , & en quatre jours par le fécond.
Dans l’ un & l’autre cas, il n’y avoit plus
de gaz oxigène dans cet air , tout avoit été ab-
foiument converti en acide carbonique j.ie phof
phore n’a pas pu brûler dans ce réftdu , en forte
que le citoyen Vauquelin en a inféré qu’on
pourroit employer la limace & le limaçon comme
des efpèces d’eudiomètre. Ce réfultat prouve
que ccs animaux ne font pas, à beaucoup près , fi
fenfib'es au contaél de l’acide carbonique que les
fautereiles. On ne fait pas encore quel elt l’organe
refpiratoire de cette claffe d’animaux > cependant
une ouverture latérale entre la tête &
le manteau, qui fe dilate & fe reftferre avec des
alternatives marquées , annonce une efpèce de
ftigmate , & il paroît que chez eqx , comme
chez les infeéles, cet air porté dans le canal alimentaire
, y contribue au changement, à l’afii-
milarion des alimens, en enlevant une poidoq
de leur carbone , qui en fart enfuite fous la
forme d’acide carbonique. Le gaz hydrogène fulfuré
a fait contraéler la limace , faer l ’hum ur
muqueufedetous les points de fon corps, a détruit
fa belle couleur jaune , & l’a complette-
ment afphixiée ;êf une demi-heure. Les limaçons,
lorfqu’on les prive de nourriture, ou lorfque la
faifon ne leur en fournit plus , fe renfeiTnent
dans leur coquille, en les bouchant d’un opercule.
Ils ne le clofent ainfi qu’après avoir ufé
le refte de leur nourriture & l’avoir convertie
en leur propre fubftance par l’air qu’ils abfor-
bent. Une fois recouverts enfermés , ils continuent
à perdre par la tranfpiration qui paroît
avoir lieu i travers leur enveloppe calcaire , puif-
qu’on les trouve très-diminués & très-maigres
après l’hiver.
L’auteur conclud de fes intéreflantés expérien-
C u i m i e . T o m e I I I .
ces j i®. que les infiréles & les vers refpirent,
comme les animaux à fang chaud, le gaz oxigène
, & le convertiffenr comme eux en acide
carbonique & en eau j 2°. qu’ils ont un befoin
abfolu de ce gaz, & ne peuvent pas vivre-
fans lui ; 3°. que tout fluide élaftique qui n’en
contient pas, ne peut point fervir à leur lefpi-
ration ; 40. que la limace jaune & le limaçon des
vignes convertiffenr fi complettem.nt en acide
carbonique le gaz cxigène atmofphérique , qu’ils
peuvent fervir d’eudiomètre ; j ° . qu’ils font
doués d’une force refpiratoire confidérfale & de
p: u de fenfibiiité pour l’acide, carbor.ique , puil-
qiTils réparent.tout l’air vital du gaz azote &
de l’acide carbonique qu’ ils forment, S c puijf-
qu’ils ne péiiffent que lcrfqu’il n’y a plus de gaz
oxigène dans i'air où il font plongés > 6 ° . enfin
que' la manière dont fe comporte le calorique
néceffairement dégagé du gaz oxigène par le carbone
qui s’y unit dans la r.fpiration des vers,
doit conduire à quelque découverte ou à quelque
vue intéreffante , en cherchant à déterminer
s'il eft fenfible comme chaleur au thermomètre,
ou s’il n’eft pas employé à quelque fonélion de
ces animaux, & notamment à la tranfpiration qui
paroît s’y exercer avec une grande énergie. Le
tems ne lui a pas permis de fuivre cette recherche.
Dans l’année 1793 , ' on peut compter parmi
les. travaux chimiques qu’elle a vu éclore, & qui
appartiennent à la chimie animale , 1 analyfe de
plufieurs concrétions animales & du cerveau , par
le cit. Fourcroy, & l’examen dp lait de deux
vaches nourries de fourrage ordinaire & de mais,
par le cit. Déyeux. Comme la plupart de ces fa-
jets n’ ont pas un rapport bien direét avec la
théorie pneumatique, & auroier.t pu être traités
prefque fans les fecours de celle-ci , ainfi que
fans influer fur elle , on fe contentera d’en donner
une notice très-fuccinéte, & fufïifante feulement
pour faire connoître Je but qu’ont eu les
auteurs, & la manière générale dont ils l ’ont
atteint,
L’ana^yfe des principales efpèces de concrétions
animales ayant occupé pendant plufieurs
années de fuite le citoyen Fourcroy , ou plutôt
ayant été le fajet de recherches faivies dans fon
laboratoire , autant que l’occafion de s’en procurer
s’eft préfentée à lui, il a réuni dans un article
qui a été configné au fécond volume de
ce diétionnaire au mot c a l c u l s , tout ce qu’ il a
fait jufqu’ici fur cet objet intéreffant, & qui tient
de près à la phyfique des animaux.
Les calculs biliaires humains ont préfenté cette
matière graffe , cette a d ip o c ir e dont il a été quef-
tion plus haut.
Les calculs inteftinaux , très-communs dans les
R r r r