méphytïque te d’acide crayeux qu'on avoit adoptée
pour l’acide carbonique à différentes époques de
la fcience.
T.e carbonate d’ammoniaque n'exifte prefque ja-
m:.îs pur & i'ojé parmi les.productions naturelles.
]! eft toujours au contraire un produit de l’art.
On le retire de toutes les fubftances animales
par lraétiên du feu. On le forme auffi par l’union
direCte de l’ammoniaque avec l’acide carbonique ;
i Q. En agitant cet alcali dans une cuve de bierre
eu de raifin en fermentation ; 2°. En faifant
paffer de l’acide carbonique dans l’alcali volatil
liquide ; 3“. En verfant cet acide gazeux dans
un vaiffeau de verre ou de terre fur les parois
duquel 011 a répandu auparavant quelques gouttes
d’ammoniaque liquide eu diffoute dans. Peau ; 4
En combinant directement au-deffus du mercure
le gaz acide carbonique & le gaz ammoniac : j
ces deux gaz fe pénetrent tout-à-coup perdent
leur forme .fluide élaftique y il lé dégage
du calorique ; il fe forme une vapeur blanche
cjui fe condenfe en un fel concret .fur les parois
«le la cloche où l’on a fait le mélange. 5®. On
obtient encore le carbonate ammoniacal en difti!-
lant le muriate d’ammoniaque ou fel ammoniac
ordinaire avec du carbonate de potaffe, du carbonate
de foude ou du carbonate de chaux , 8e en
ayant loin de_prendre ces différons Tels bien fecs,
de les chauffer lentement & de recevoir le produit
dans de^ grands ballons à ouverture large-,
où l’on puilfe paffer la main pour retirer le Tel,
& dont on réfrôidit les parois en y appliquant
des linges trempés dans l’eau froide. Cette dernière
méthode eft la plus employée dans les
laboratoires de chimie & de pharmacie. Dans
cette opération la potaffe , la fonde ou la chaux ,
fe portent fur l’acide muriatique, & l’ammoniaque
qu’elle en dégage, fe volatilife y il s’ unit à
1 acide carbonique qui abandonne en mèmè temos
ces alcalis. Le carbonate d‘ammoniaque qui réfulte
de cette combinaifon , fe condenfe 8e s’attache
en cryftaux fur les parois- du ballon. II y a placeurs
manufactures où l’on obtient le carbonate
d’ammoniaque en diftillant du charbon de terre !
ou des fubftances animales ; mais ce n’eft- ordinairement
que pour le .combiner avec l’acide
muriatique de en faire du muriate ammoniacal ou
du fel ammoniac.
Le carbonate d’ammoniaque eft fufceptible de
prendre une forme régulière m, fes cryftaux paroi
fient être des prifmes à quatre pans , terminés
par, des pyramides à quatre faces. Bergman les
défigne par des oéhèdres qui ont quatre de leurs
ang!-'*; tronqués. Romé de Lille a vu des groupes •
da ce le f , dans lefqüefs il étoit fous là forme
de petits prifmes tétraèdres comprimés, terminés
ù leur extrémité fupérieure par un fommet
dièdre. ,
Sa faveur efturineufe &alcaline , mais beau*
coup moins forte que celle de l’ammoniaque
pure & cauftique ;■ fon odeur quoique femblable
a celle de cette dernière eft auffi beaucoup moins
énergique ; il verdit le -firop ’de violettes. Nous
croyons necefiaire de• rappelle r ic i, relative-?
ment à cette dernière- propriété, que l’acide,
carbonique ne détruit point complettement
les caractères de toutes jes matières alcalines
avec lefquelles il eft combiné1, qu’il leur laiffe
des qualités alcalines toujours rëconnoiffables î
mais ce n’eft point une raifon pour refufer le
nom de feis neutres aux alcalis faturés par cet
acide foible , puifque leurs propriétés alcalines
font très-mafquées ; puifque leur açreté , leur
cauflicité eft tout-à-rait détruite, puifqu’ils ne
corrodent plus les matières animales.
Le carbonate ammoniacal eft très-volatil, &
la moindre chaleur le fublime en entier. S’il eft
bien cryftallifé lorfqu’on le chauffe, il commence
par fe liquéfier à l’aide de l’eau de fa cryftalli-
fation j mais il fe volatilife prefqu’en même
temps, de manière qu’ il eft très-difficile d’avoir
ce fel bien cryftallifé & bien fec.
Il eft très-diffoluble dans l’eau , il produit da
froid dans cette di Ablution, comme tous les
fels neutres cryftallifés 5 cette propriété très-
différente de celle de l’ammoniaque pure qui
donne beaucoup de chaleur en fe combinant
avec l’eau , fuffiroit pour le ranger parmi les
fels neutres. Deux parties d’eau froide en dif-
folventplus d’une de ’carbonate ammoniacal j l’eau
chaude en diffout plus de fon poids ; mais comme
il fe diffipe à- la chaleur de l’eau bouillante, on
ne peut fans rifquer d’en perdre beaucoup, employer
ce moyen pour le. faire cryftallifer.
Il s’hume&e légèrement à l’air , fur-tout l&rff
qu’il n’eft pas entièrement faturé d’acide carbonique.
Les terres filicée & alumineufe n’ont aucune
aCtion fur lui. La magnéfie ne le décooepofe que
très-foiblëment.
La chai*x le décompofe comme les autres fels
ammoniacaux , eh s'emparant de Ton acide avec
lequèl elle a beaucoup d’affinité. Si l’on diftilie
dans un appareil pneumato-chimique au mercure
du çarboHaie d’ammôniaqûe avec de la chaux vive,
on obtient du gaz ammoniac y la même expérience
faite à l’appareil de Woulfe , & en recevant
le gaz dans l’eau,donneroit de l’ammoniaque
liquide. Si l’on verfe de l’eau de chaux dans une
dijfolution de carbonate ammoniacal , il. fe fait
fur-le-champ un précipité , 8c l’on fent une odeur
vive d’ammoniaque cauftique. La chaux s’eft emparée
de l’acide carbonique avec lequel elle a
formé de la craie ou du carbonate calcaire qui
s’eft précipité, & l’ammoniaque s’eft féparée. La
chaux vive , triturée dans un mortier- ou dans
une capfule avec le çarbonate ammoniacal, en
dégage fur-le-champ i’ammoniaque fous forme
gazeufe , qui fe répand dans l’atmofphère..Cette
décompofition prouve que la chaux a plus d’affinité
pour l’acide carbonique que n’en a l’ammoniaque
} cè qui eft également démontré pour
les autres acides.
Les alcalis fixes décompofent le carbonate ammoniacal
, comme le fait la chaux, en réparant
l’ammoniaque pure , & en s’uniffant à Ton acide.
Enfin, tous les acides, excepté l ’acide 11-
thique , ont plus d’affinité avec l’ammoniaque
que n’en a l’acide carbonique. Lorfqu’on verte
un de ces acides fur le carbonate ammoniacal, il
fe produit une effervefcence due au dégagement
de l’acide carbonique. Si on fait cette décompofition
dans un vaiffeau étroit & allongé , on
peut reconnoître la préfence ‘de l’acide carbonique
gazeux, en y plongeant une bougie qu’il
éteint, de la teinture de tournefol qu’il fait
paffer au rouge, & de l’eau de chaux qu’il pré- j
cipite. Ces decOmpofitions du carbonate ammo- ■
nical par la chaux & les alcalis fixes qui s’emparent
de fon acide , en réparant l ’ammoniaque,
Üe par les acides qui dégagent l’acide carbonique l
en s’unifiant à l’ammoniaque , démontrent cîni-1
rement la nature du carbonate ammoniacal. Berg- j
man a taouvé par des expériences exaCtes, qu’un i
quintal de ce fe! cryftallifé-, contient quarante- '
cinq parties de l’acide carbonique , quarante- J
trois d'ammoniaque, & douze d’eau. Comme il j
y a plus d’acide dans ce fel que <Jans le carbe- I
nate de foude, te dans ce dernier plus que
dans le carbonate de potaffe 5 ce favant chimifte ;
en conclut que plus la bâfe alcaline eft foible,
8e plus elle demande d’acide carbonique pour
être faturée.
Le carbonate ammoniacal n’a point d’aCtion fur
les fels neutres à bâfe d’alcalis fixes. Il décompofe
•tous les fels neutres calcaires parla voie des affinités
, ce que ne fait point l’ammoniaque pure &
cauftique. Cette belle découverte de Black explique
pourquoi les chimiftes avoient dit que
l’alcali volatil a plus d’affinité avec les acides
que n’en a la terre calcaire 5 e’eft qu’ils employaient
l’alcali volatil concret qui àgiffoit par
une double attraction, en attirant l’acide par
l’ammoniaque , & la chaux par l'acide carbonique.
Le carbonate d’ammoniaque décompofe tous les
fels »agnéfiens & alumineux ; la magnéfie &
l ’alumine qu’il enfépar© fe dépofent en carbonate
de magnéfie èe d’alumine. Il décompofe auffi
les fels barytiques par une double affinité, &
dans cette dééôfnpofition il fe précipite du carbonate
de baryte.
Le carbonate d*ammoniaque n'a point d’aCHon
fur 1? foufre., & ne peut pas s’unir à ce corps
cornbuftible. Sans agir dire élément fur la plupart
des métaux, il favorife Toxidation par l’eau des
plus combuftibles d’entre eux , tels que le zinc
& le fer. Il décompofe toutes les diffolutions
métalliques, & il en précipite les acides à l’état
de carbonates métalliques. Comme il contient
plus d’acide carbonique qu’il n’en faut pour s’unir
aux oxides des métaux , il y en a plufieurs
qui relient en diffolution dans les liqueurs à la
faveur, de ces excès d’acide carbonique. On peut
reconnoître facilement les phénomènes que produit
ce fel dans les diffolutions métalliques , en
les précipitant en même temps par l’ ammoniaque
pure ©u cauftique , & par le carbonate d’ammoniaque.
La différence de couleur, de quantité,
de pefanteur , & fur-tout d’altérabilité par l’air
de ces précipités , indique promptement celle
de leur nature intime. On conçoit bien que ces
différences étoient autrefois entièrement inconnues
aux chiraiftes. Il en exifte fur-tout une qui
avait échappé même aux modernes, c’eft que
l’ammoniaque pure en précipitant les oxides métalliques
, en réduit le plus grand nombre en fe
décomposant elle-même ; ( Voyc^ les mots Am-
MONiA que,Mé tau x& Q xidës Aiétàlliq.) tandis
que le carbonate d’ammoniaque ne leur fait point
éprouver cette efpèce de décompofition, en
raifon de l'acide carbonique qui s’unit tout à
coup aux oxides , & les défend de cette aétion
de l’ammoniaque.
Le carbonate d’ammoniaque n’a pas d’aélion
fenfible fur les fubftances végétales 8c animales}
on fait feulement qu’il les défend de la putréfaction.
Il eft fort employé en chimie, dans
quelques arts, & en pharmacie.
C arbonate d'ammoniaque. (P/iarm,)On
ne fait pas encore un ufage médicinal auffi multiplie
du carbonate d’ammoniaque qu'oK poiirr«
en faire quelque jour. Ce fel eft regardé en
médecine comme fudorifique, anti-hiftérique,
&c. On le mêle avec quelques matières aromatiques.
Il a été vanté prefque comme fpéci-
fique dans la morfure de la vipere 5 maisFontana
s’ eft élevé avec raifon contre cette opinion. Plufieurs
ont cenfeillé le carbonate ammoniacal ou
Y alcali volatil concret comme anti-vénérien y ^expérience
n’a point encore prononcé fur ce point y
& tout ce que l’art de guérir poffede de con-
noiCmces exsuftes fur cet objet , fe réduit à fa-
voir que ce fel eft purgatif , incifif, diurétique ,
diaphonique , fondant, Se qu’il a un effet très-
marqué dans toutes les maladies qui dépendent
■ de l’épaiiiffement de la lymphe 5 comme quel