
déjà été trouvées dans la première aiiatyfe par
1 eau & l'acide nitrique.
Le but de ce travail ayant été de comparer
la nature & les propriétés de cette efpèce de
quinquina de Saint-Domingue au quinquina du
Pérou , qn on trouvoit alors dans le commerce >
on a fait comparativement l'analyfe de ce der-
nier , qui , au lieu d'être fortement amer., étoit
d'une faveur aftringente. La macération dans
1 eau y a donné des traces d'acide & d'un fel
ammoniacal. La décoôion ,. au lieu de lui enlever
la moitié de fon poids comme au premier,
n a fourni que le pour produit} cette décoc-
ti°n n'étoit point mucilagineufe ; il s’en eft pré-
C1S £j P^s.v*te^ Par refroid iTement & le contact
de l'air, une poudre rouge non une matière
poiffeufe. On a trouvé dans cette décoction
de l'acide citrique , du muriate ammoniacal
& du muriate de chaux , qui n'exiftoient
pas dans celle du quinquina de Saint - Domin-
gue. L’alcool employé après l'eau bouillante ,
avoit prefque autant en poids que celle-ci d’un
ïéfino-extradif coloré que l'eau n'avait pas pu
en féparer. Le réfidu épuifé étoit diffoiubfe dans
1 alcali cauftique & convertible en acide par
l'ariion de l'acide nitrique, abfolument comme
celui de: Saint-Domingue. La combuftion de ce
quinquina a donné plus de moitié de moins de
cendre que le premier , & cette cendre i étoit
beaucoup plus riche en fels de même nature que
la fîenne.
En rendant compte de cette analyfe , la- plus-
détaillee, la plus foignée & la plus neuve qui
exifte encore dans la -chimie végétale , 8c oui fe
trouve toute entière & dans tous Les détails à 1 article Analyse végétale de ce dictionnaire , on
^ cru devoir donner affez deAdétaiis pour faire
bien cor.noître la marche qui y a été fuivie ,
l’influence qu'a du avoir fur'les procédés employés
I‘état de la chimie moderne la lumière
dont la doctrine pneumatique i’a entourée, amfi
que celle qui a été réfléchie fur cette doctrine
par ce genre nouveau d’anaiyfe. On va voir encore
la preuve de cette utile réa&ion dans Tex-
pofé des principaux réfultats que l’auteur a tirés
de fes expériences. Quoique ces réfultats euffent
pour objet principal une application unie à l’art
de^ guérir , ce qui appartient à cet art, ainfi
qu’à la phyfïque animale en général, loin d’être
étranger aux progrès de la chimie pneumatique ,
peut au contraire contribuer à fon avancement,
en^ proportion du jour auffi nouveau qu’écjatant
qu’elle en a déjà reçu 8c qu’elle doit en recevoir
encore, comme on le reconnoîtra dans l’ex-
pofé de ce qui' a été fait depuis 1787 fur les
deux derniers titres de notre philofophie thi-
tnique.
En comparant les deux analyfes dans leur,
application à l’art de guétîr, l’auteur obfervs
d’abord que parmi, les différens principes tirés
du quinquina , la fu b fi an ce réfîno-extraélive , L
feule fapide, doit être la feule ou au moins q
plus aéiive ; que lorfqu’ elle eft très - amère
comme dans celui de Saint Domiugue , elle a h
propriété émétique & purgative ; qu'en a b for.
haut l’oxigène atmofpliérique , comme elle y eli
éminemment difpofée , elle paroît devenir fébrifuge
ou anti - périodique ; qu’il femble qu'il
n’y ait d'autre différence_entre les principes du
quinquina du Pérou 3c ceux du quinquina de
Saint - Domingue, que plus d’oxigène fixé dans
ceux du premier,, ce qu’on peut attribuer! à fon
âge., l'écorce de Saint-Domingue étant plus
petite 8c bien moins épaiffe que la fîenne.; que
I’extraélif amer du quinquina de Saint’Domin-
' gue, en abforbant l’oxigène atmofphérique par
1 expofition a 1 air, femble acquérir la propriété
fébrifuge de celui du Pérou ; que Jes’décoâior.s
^prolongées du quinquina- , en le furchargeant
d’oxigène, lui ôtent fa vertu y que les extraits
qu’on prépare par une longue évaporation à l’air,
.fe dénaturent , s’oxident, deviennent plus ou
moins indiffolubles , inlipides 8c inertes:; que
pris en fubftance , lorfqué l'eftomac eft affez fort
pour en opérer une forte de digeflion & en extraire
la partie aétve, if doit produire le plus
"d'effet; que dans cette maniéré de l’adminif-
tver , il y a beaucoup davantage à le réduire
en poudre extrêmement fubtile, comme le font les
Anglais ; enfin, que fi l’on veut employer la dé-
eoétion, il faut la faire courte, rapidedan,
un vafe étroit par le haut „ & avec le moins de
contaét poffible de l’air. A côté de ces conduirons
médicinales & thérapeutiques , l’auteur en
a placé une entr’aqtres'qui tient à la phyfique
végétale, 3c qui , comme Içs premières découle
naturellement des réfultats de l’analyfe
chimique. Il fe croit fondé à penfer que par les
progrès de la végétation , les matériaux des
végétaux, en s'altérant ou fe-furcompofant fuc-
ceffivement, fe chargent de plus en plus d’oxi-
gène , 3c prennent ainli plus de confiftance,
' d’infipidité, d'inaâ'rvitéfur l’économie animale,
en laiffant parvenir une bonne partie de leur I
propre fubftance à l’état de corps ligneux. Plufieurs
autres matières végétales , 8c fpécialement
lextraétif & le réfidu , faturés d’pxigène, &
épaülis parla fuite du travail végétal, fe lient
a la fubftance du bois ou au fquelette ligneux, I
adhérent intimement à ce dernier produit de
la vie. des plantes., 8c participent ainfi à fafoli-
dité , à fa durabilité & à fon inertie. L’auteur
réunit, encore plufieurs vues fur le rapport des
propriétés chimiques aux propriétés médicinales
; mais on doit les négliger ici-, comme trop
éloignées de l’objet qui noug occupe , 8c par
conféquent prefque indifférentes à la marche de
la doarine pneumatique. 11 finit par fouhaiteï
qti’on entreprenne des analyfes auftl exaftes que
celle qu’il a donnée dans cette differtation lut
les fubliances végétales, les plus intérefltntes
[par leurs propriétés médicinales , 8c cela eft
; d’autant plus defirable , que ces analyfes ne
jpeuvent manquer de jetter un grand jour fur la
phyfique des végétaux.
Le troifieme genre de recherches fur la chimie
végétal® rapportées à l’année 1791 , eft relatif
au fûc qui fournit la gomme ou réfîne élaf-
tique » 8c à, cet te réfine elle-même. Le mémoire
contenant ces recherches a été lu par Fourcroy
à la fociété d’agriculture de Paris, dont il étoit
membre, fur la fin de 1790, & inféré dans les
Annales de Chimie de décembre 1791. Deux bouteilles
de fuc de Yhevaea guianenjîs d’Aublet, ou
jatropha elafiica de Lirméus, qui lui ont été envoyées
, l’une de l’île de Bourbon & l'autre de
Cayenne, ont donné lieu à un examen que ce
chiroifte fe propoloit de faire depuis long-tems'
pour déterminer s’il ne feroit pas poffible de
faire venir ce fuc de nos colonies , '3c d'en retirer
ici ia réfine élaftique , qu'on pourrôit alors
fabriquer 8c façonner pour une loule d’ufages
imporrans , fans être borné à la preflîon , à
l’extenfion , au ramoiiffement 8c à la diffolution
toujours imparfaite des .poires ou des morceaux
multiformes de réfine élaftique durs, brunis 8c
files., qui nous arrivent ici. Il fe propofoit auifi
de rechercher en même tems quelle étoit Ig
caufe de l’épaiffiiïèment 8c de ia concrétion de
ce fuc réfineux , ainfi que de fa réparation du
liquide laiteux du jatmpha. Ce double point de
vue intéreffoit donc & les progrès de l'analyfe
Végétale 8c l'avancement des arts ; le premier
devoit avoir quelque rapport avec les phénomènes
pneumatiques, 8c le fécond préfentoit un
intérêt immédiat pour plufieurs procédés de ma-
niifaélûtes , fur tout de ^conftruétion d’inftru-
mens de phyfique 8c de chimie. Voici comment
ce double objet a commencé à être rempli.
En débouchant les bouteilles qui contenoient
le fuc du jatropha elafiica , & ou il avoit con-
fervé une couleur blanche Sc laiteulê ; il-s’eft
exhalé' une odeur fétide de gaz hydrogène ful-
furé. La plus grande partie du fuc étoit encore
liquide , blanc 8c opaque , comme du lait ; mais
il y avoir dans chaque bouteille une mafiè concrète
. blanche, ayant la forme de la bouteille
entière dans l’une, 8c feulement celle du- goulot
& de fa partie évafée dans l’autre ; ce qui
lembloit annoncer que cette concrétion avoit
commencé par le haut de la liqueur. Sur deux
hvres, ùne once , un gros 8c demi de matière
contenue dans une bouteille , on a retiré trois
onces un gros 8c demi dè réfîne élaftique concrète
“ blanche. Une portion de la liqueur chauffée dans
fin vafe plat 8c avec le contaét de l’air, a préfenté
à fa furfare une pellicule de véritable réfîne
élaftique, qui s’en eft Céparée par la double ac-
t on du calorique 8c de l'oxigène atinofphérique.
Après cette réparation , le lait de jatropa elafiica
étoit devenu transparent, 8c ne eontenoit plus
de réfîne élaftique, dont la quantité paroifloit
former à-peu-près le dixième du poids total de
la liqueur. Une autre portion de ce fuc placée
dans une cloche pleine d'air au-defius du mercure
, en à abforbé une portion d’oxigène , &
s eft couverte d'une pellicule élaftique. Les acides,
& furtout Tacide muriatique oxigéné , en
ont tout a-coup précipite en flocons qui fe font
bientôt réunis en une feule niafte, la partie de
réfîne élaftique qu*elle eontenoit' encore } en
forte que ces corps ont agi rapidement fur le
fuc du jatropha elafiica , comme Ta fait lentement
le contaéü de l'air. Les alcalis ont opéré
un effet inverfe ; ils ont empêché le réfîne élaftique
de {e féparer par l ’air , en favorifaut fa
fufpenfîon 8c fa vraie diffolution dans le fuc.
La matière élaftique dépofée dans les bouteilles
pendant le.féjour qu’y avoit fait le fuc , étoit
très-blanche, d'un tiffu fin & ferré, douce au
toucher 5 a l'air elle a pris promptement une
couleur fauve qui a paffé au brun } elle a donné
beaucoup d'ammoniaque & d’huile à la diftilla-
t:on ; 1 éther 8c l'huile de térébenthine l'ont
ramollie & diflbute j chauffée long-tems 8c doucement
avec le contaét de l’a ir, cette diffolution
a refourni une portion de réfine élaftique.
Traitée par l ’acide nitrique , la matière élaftique
pure , depofee du fuc du jatropa elafiica, a donné
du gaz azote , du gaz acide carbonique , du gaz
acide prufîique , 8c s eft en partie convertie en
aride oxalique. Les mêmes expériences faites en
même tems fur une réfîne élaftique du corn*
iperce, ont offert le même rëfulcat } ainfi on
n'a pu élever aucun doute fur la reftemblance
qui exiftoit entre la concrétion fpontanée formée
dans les bouteilles remplies du fuc dé jatropa
elafiica & fé Caoutchouc -préparé fur le lieu
même où croît l'arbre d'ou on le retire.
Le fuc , après en avoir féparé , par l'évaporation
à l'air , la portion de réfîne élaftique
qu’il eontenoit encore , avoit perdu fon opacité
& fon apparence lciteufe ; il avoit une faveur
acide & fuefree j on en a retiré par l'évaporation
une matière criftalline, jaunâtre , également
fucrée, dans laquelle on a reconnu la
préferice d’un acide dont il n'a pas été poffible
de déterminer exactement la nature , à caufe de
fa petite quantité, mais qui a paru être.diffé*'
rent de Tacide oxalique.
Les réfultats que fauteur tire de cette ana-
lyfe font de deux genres ; les premiers font
relatifs a la nature du fuc du jatropha elafiùa
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