
dépôt fuffit pour en diffoudre beaucoup , 8c par
ce procède une cuve lui a duré deux ans 5 il
avoit foin de couvrir la cuve chaque fois «qu'elle
ne fetvo't point, pour éviter l ’abforption de
l ’ oxîgene & de l’acide carbonique atmolphéri-
ues. L’alcali cauftique ajouté , en retenant l'in-
ig o , diminue la tendance qu’ il a pour fe réparer
de la liqueur, 8c fe dëpofer fur l'étoffe. A me-
fure qu'il fe précipite fur celle-ci, il la teint
d'abord en jaune j ce jaune plongé dans l’air ,
paffe au vert 3 & de-là au bleu ; on accéléré
cette coloration en plongeant l’étoffe , au fortir
du bain 3 dans une cuve d’ eau acidulée avec
l’acide fulfurique 3 qui emporte la chaux 8c laiffe
l’indigo feul 3 on forme ainfî une nuance plus
foncée que par l’ air feul ou l’eau. Tous les précipités
de fer peuvent fervir à la diffolution de
l ’indigo par la chaux 8c l’alcali, tant qu’ils ont
la propriété d ’abforber la partie pure ou l’oxi-
gène ae Pair atirrofphérique j les diffolutions de
fer où ce métal eft tellement oxidé qu’ il ne peut
plusabforber d’oxigène atmofphérique, telle que
la diffolution nitrique de fe r , ne peut pas fervir à
diffoudre l’ indigo. Quoique l’auteur fe perfuade
ici qu’il ne peur expliquer tous ces effets que par
le pnlogiftique , il eft aifé de voir par l’embarras
même où il fe trouve % 8c par ïe~.confli# perpétuel
des deux théories qu’il eft obligé d’affo-
cier 3 que la do#rine Pneumatique rend l’explication
plus' fîmple 8c plus claire , 8c que l’hypo-
thèfe du phlogiftique n’en donne réellement
qu’ une idée fauffe Àc incomplette. L’indigo contient
de l’oxigène 3 il n’â pii être préparé avec
les tiges macérées de l’anil ou indigofère , que
par l’abforption de ce principe 3 de fa nature il
eft indiffoluble dans -l’eau 3 les précipités de fer .
non faturés d’oxigènq^|8c encore très-avides de
ce principe , le lui facilement 5 une
fois qu’il en eft privé 3 il devient très diffoluble*
dans les alca is 8c l’eau de chaux 3 cependant ces
diffolutions alcalines le laiffent avec fa tendance
pour abforber l’oxigène atmofphérique , 8c à
mefure que cette derniere abforption a lieu par
l’expofitton à l’a ir , l’ indigo régénéré abandonne
fon diffolvant alcalin 8c fe porte fur les étoffes
qui l ’attirent de leur côté par une affinité plus
ou moins forte. Cette théorie trèsdïmpie, qui
n’admet rien d ’arbitraire ni de forcée eft prouvée
par les découvertes fucceflives de Berthoilet fur
l’a#ion de l’acide muriatique oxigéné qui régénéré
ou détruit la couleur de l’indigo , fuivant
la proportion qu’ on emploie 8c la quantité d’ oxigène
qui s’y unit. En cônfidéranc l’ indigo comme
un compofé d’hydrogène 8c de carbone plus
ou moins chargé d’oxigène , 8c qui 3 dans fa dé-
compofition opérée par l ’aérion des acides trop
puiffans, perd plus ou moins facilement, fon hydrogène
, il n’y a plus rien d’obfcur dans les dif-
férens phénomènes qu’il préfente depuis fa formation
3 fa di/folufipn 9 fa précipitation ‘fur tes.
étoffes , jufqu’ à fa d eft ru #i on 8c fa combuftiofl
trop forte. On va voir que la fuite des obfer-
vations du citoyen Haulfmann confirme cette
théorie de la nature' 8c des propriétés dé cette
belle matière colorante, La diffolution claire &
filtrée de l’ indigo opérée par la chaux a l’aide
du précipité de fer 3 ayant été expofée par l’auteur
aux mêmes efpècés de fluides élaftiques que
le bleu d’application dont il a été traité ci-
deffus, l’air vital a été abforbé fans production
d’acide carbonique ; le gaz nitreux abforbé de
même 3 a produit de l’alcali volatil , 8c il eft clair
u’ici 3 pendant que l’oxide de ce gaz s’eft fixé
ans la plus grande partie de la matière colorante
régénérée / l’azote 3 l’autre de Tes principes,
uni à un fixième de fcn poids d’hydrogène,
produit par une petite portion de l’indigo dé-
compofé, a formé de l’ammoniaque. L’indigo
précipité en bleu par les deux gaz , ne pouvoit
plus fe rediffoudre dans l’alcali fans addition de
précipité, ferrugineux, parce qu’ il avoit réab-
forbé de l’oxigène qu’ il falloit dé^ïiouveau lui
enlever pour le rendre diffolublè, tandis que
fé^aré par l’acide carbonique ou l’acide fulfurique
, le Teul conta# de la chaux ou d’ un âlcali
fuffifoit pour le rediffoudre, parce que dans ce
cas il n’avoit pas abforbé d’oxigène comme dans
le premier, à moins qu’ il n’eût refté expofé trop
long-tems à l’ air atmofphérique. On s’étonne en
lifant ces obfervatiôns frappantes , que leur auteur
ait balancé à adopter dans toute fa pureté
la théorie Pneumatique qui feule peut en
rendre raifon, 8c qui en tire encore une nouvelle
force pour fon affermiffement 8c fon élucidation.
Les toiles teintes 8c plongées dans
l’éau acidulé -, redeviennent jaunes, fi on les
plonge dans des liqueurs alcalines, avant de les
avoir expofées au conta# de l ’air 5 après la régénération
de l’ indigo, opérée par cette expofî-
tion , il n’ eft plus diffolublè dans les alcalis,
parce qu’il s’eft faturé de l’oxjgène .atmofphérique.
La.limaille de fer , n’étant point auffi di-
vifée & aufli propre à s’unir à l’oxigène que
le précipité, ferrugineux, ne peut pas fervir,
comme lu i , à la diffolution de l’indigo par la
chaux 8c les alcalis ; voilà pourquoi elle n’ a pas
pu réuffir au citoyen Hauffmann , tandis que
l’antimoine en poudre lui a réuffi. Il n’ eft pas
aifé d’ expliquer pourquoi le zinc , fi avide d’oxigène
, ne fui a pas offert le même fuccès , à
moins qu’on ne l'attribue à fon. a#ion fur l ’eau,
que les alcalis peuvent déterminer de préférence-
à celle fur l’ indigo. Je m’étonne que le citoyen
Berthoilet ait rangé parmi les observations in-
tereffantes du citoyen Hauffmann , dont il a dit
ne' pouvoir encore donner une explication fatif-
faifante, celle que fait le chimifte de Colmar
fuTa propriété du précipité de cuivre. Ce précipité
, loin de contribuer , comme celui de
fer 3 à favorifer la diffolution de l’indigo par
la
la chaux 8c les alcalis, agit au contraire en le
régénérant, & précipite la partie colorante de
fes diffolutions opérées par l'oxide de- l’arfenic ,
de l’antimoine 8c du précipité de fer. Quelques
teinturiers tirent parti de çette propriété du
cuivre pour épuifer plus promptement les cuves
bleues , 8c pour en obtenir vers la fin des
nuances plus foncées. On doit employer, d’ar
près cela, lé moins poffible les diffolutions de
cuivre dans les manufa#ures de toiles peintes.,
où l'on s’en fert quelquefois pour réfervér les
parties que 1j liqueur des cuves bleues ne' doit
pas pénétrer , en les imprégnant d’acétite de
cuivre 3 il y nuit 8c par fon oxide qui régénère
8c précipite le bleu, 8c par fon acide qui en-
leve la chaux à la diffolution. 11 eft bien évident
que l ’oxide de cuivre précipite 8c régénère l’indigo
de fon diffolvant par l’oxigène qu’il y porte',
au lieu de tendre à le lui enlever , comme le
fait l’oxide noir de fer, 8c par la tendance qu’ il
a avéè la chaux , avec laquelle il forme la cendre
bleue. Cela tient manifeftement àlafoible attraction
du cuivre pour l’oxigène.
Nous avons fait corinoître avec un détail affez
étendu le travail intéreffant du citoyen Hauf-
man fur l’indigo , parce qu’il eft le premier qui
nous fourniffe une application auffi remarquable
qu’utile de la théorie pneumatique à la formation
8c à l’emploi des couleurs végétales 3 8c
parce que , comme nous l’avons dit en commençant
cèt article, les faits -bien obfervés fur les
propriétés de cette belle matière colorante dévoient
avoir une influence immédiate fur les
progrès 8c l’aflurance de cette théorie. Les deux
autres genres de recherches que nous allons ana-
lyftr pour la fuite de la même an ée 1788,
nous conduiront à des réfultats femblables.
On trouve dans le Journal de Pkyfîquc du mois
de mai 1788 , un procédé pour obtenir de i’huils
en quantité des matières gommeufes 8c nuicila-
gineufes, par M. Wo.ulfe. Suivant ce chimifte,
l’inflammabilité de la’ gomme , du fucre , du
miel, 8cc. fembleroit annoncer que ces fubftan-
ces doivent contenir beaucoup d’huile, 8c cependant
elles ne fourniffent à la diftillation que
du phlegme , une liqueur acide 8c une trèsrpetite
quantité d’huile. Rouelle difôjt dans ifes cours
que l’acide de ces fubftances réagilîoit fur leur
huile pendant leur diftillation , 8c la changeoit
en charbon. Cette théorie , qui a paru vraifem
bl.ible à M. Woulfe , lui a fait croire qu’en dif-
çillant ces matières avec de l’alcali fixe ou delà
.chiux , il en obtiendroit une plus grande quant
pté d’huile, 8c cela fin a réi^fli. Voici les détails
qu’il donne fiir cette expérience, piquante
pour la do#rine pneumatique 3 comme nous lé
ferons voir après l’avoir décrite. *
> C n 1 m 1 z. Tome I I J,
La gomme arabique diftiiiée feule fournit du
phlegme , une liqueur acide , 8c une très-petite
quantité d’huile laquelle eft ép.iiffe , 8c ne pâlie
■ pas à traversfe filtre-. La liqueur acide rougit
la teinture de tournefol, 8c fait tffervefcence
avec le carbonate de potaffé.
La même gomme diflillée avec un quart de
fon poids d'alcali fixe du tartre , f urnit une
quantité affez confidérabîe d huile tenue , 8c qui
paffe_a travers'lé papier .à filtrer. La liqueur qui
monte avec n’eft nullement acide , car elle né
fait point efferve'çence^avec les carbonates alcalins,
8c n’altère en rien la t'eintu e de tournefol.
Ainfi l’acide de la gomme refte uni avec
l’alcali fixe 3 en leflivant le charbon , pu obtient
l’alcali qu’on poürrou ainfi faturer d’acide
de la gomine , en l’employant à différentes re-
prifes pour la même opération.. Le miel, traité
de même,. fournit copieufement de l’huile.
On fa it , continue M. W o u lfe , que les ma-
reres gommeufes font fort fujettes à bourfouf-
fler 8c à monter dans te difti'lation , 8c elles le
font bien plus , étant diftillée§ avec les alcalis
fixes.
Le bled 8c d’autres graines fembkbles , quoique
de la claffç des matières mucïlagineufes ,
fourniffent copieufement de l’huile par la diftillation;
mais ôn doit attribuer cela à la quantité
de matières terreufes qu’elles contiennent, ce
qui empêche Pa#ion de leur acide fur leur huile.
Aucune expérience n’eft plus d’accord avec la
théorie pneumatique , 8c n’ eft plus propre à lui
donner de la force aue ce fait anqouçé par M.
Woulfe. A l’époque où il La fait connoître,
Lavoifier avoit déji*pijblié fes expériences fur
les -principes des végétaux, 8c les données qu’il
en avoit tirées pour expliquer te nature des matières
végétales'. Voici comment il çoncevoit les
effets de la diftillation fur ces matières : fuivant
lu i , les produits qu’ elles fourniffent par le feu
n’y font pas formés^ tels qu’on les obtient ; ainfî
les végétaux ne contiennent ni eau , ni huile, ni
acide carbonique 5 ils font des compofés d’hydrogène,
de carbone 8c d’oxigène, des efpèces
d’oxides dans lefquels l’équiljbre ent>e les trois
çompofans doit ptre permanent jufqu’ à ce qu’ une
température fiipérieure à celle qui a coutume
d’ exifter dans notre atmofphèi'e , vienne les frapper.
Alors l’hydrogène 8c l’oxigène étant beaucoup
plus volatils que fe carbone , tendent à fe
dégager 8c à s ’unir enfemble , tandis qu’ une attraction
particulière exifte auffi entre l’hydropène
8c le carbone , entre le carbone 8c Toxigène j
j'ajoute que l’attra#ion du calorique pour chacun
de çes trois principes'en particulier, 8c pour
les quatre compofés binaires qu’ ils peuvent former
, c ’eft-à-dire, pour l’hydrogène carboné,
K k k k