
de l'aopareil. En le plaçant près d'un conducteur
ele&rique , l'étincelle paffoit facilement à
travers le tube î il y introduifoit , à 1’aidé d’un
fyphon, l'air qu’ il vouloir eLélrifer., ainfi que
les liquides , l’èau de chaux, la leffîve de por
taffe cauftique qu'il defiroit mettre en contaél
avec, ce gaz 3 celui-ci occupait le haut & la co.uir-
bure du tube ,1a liqueur alcaline divifëe en deux
petites colonnes au - de {Tus du mercure renfÈr-
moit le gaz. M. Cavemiish , en Faifant paflfer
dans i’appareil 5 mefures d’air vital mêlées à 3
d’air commun , ce qui faifoit 0,7 d’air vital &
0,3 de gaz azote , remarqua qu’il y avoit une
diminution prefqae totae 5 dans une première :
expérience il avoit mis 35 mefures de lelfive -alcaline
, 914 d'air vital & 416 de gaz azote ; dans ,
Une fécondé, 178 d’alcali, 48(30 d'air vital &
1920 de gaz azote 3 ces mefures ëtoient très-
petites en volume, puifque chacune ne repré-
ientoit que le volume d'un grain de mercure.,
Par la diminution le tournefol fut rougi, l’eau
de chaux fiturée lans être troublée & fans fe précipiter
par l’acide carbonique qu’on y ajoutoit
enfuite ; l’alcali cauftique rendoit cette diminution
encore plus rapide , & en l’ évaporant en-
fuite , M. Cavendish y reconnut, en faifant brûler
un papier fur lequel il l’avoit fait delTécher,
qu’il bruloit à h maniéré de celui qu’on a trempé
dans une diffolution de nitre 3 il vit que l’air
vital ifolé & le gaz azote feul, n’éprouvoient aucune
diminution par l’éle&ridté, que le même
mélange des deux dans les proportions indiquées
, n’étoit diminué que jufqu’ à l’époque de
la faturation de l’ alcali s il s’aflura encore par
l’expérience que le gaz azote étoit fufcepuDlé
de fe convertir ainfi en acide du nitre jufqu’a la
totalité de fa mafia , 8c .qu’il n’y avoit qu’un
cent-vingtième qui pouvoit y échapper 3 il trouva
’encore que l’acide formé constamment par cette
diminution des deux ga z , oxigèr.e & azote,
'étoit toujours à l’état d’acide nitreux. Il mit
donc ainfi la compofition de cet acide hors dç
toute équivoque 8c de toute incertitude , en
nous faifant connoitre fa nature.
A la même époque , en 178c , M. Van-
Marüm, célèbre phyficien hollanaois , publia à
Harlem la defcription de la grande machine électrique
du muféum de Teyler, & des expériences
qu’il venoit de faire avec ce nouvel inftru-
ment'î l’aélion de l’éleélricité furie gaz nitreux ,
appréciée déjà parle doéteur Prieftiey, n’ y fut
point oubliée. 3 pouces de giz nitreux tire par
1a diffolution du cuivré dans l’ acide du nitre,
elettrifés pendant iy minutes, furent réduits à
un pouce & demi 5 enfuite il ne rougifToit ni ne
diminuoit avec l’air atmofphériquè i il étoit entièrement
amené à l’état du gaz.dzote. 'M. Van-
Ma rum obferva qu'il s’étoit formé pendant'Té-
Icétfrfation une poudre qui deyenoit du précip’té
rouge par la chaleur j d'où il paroît évident
que le g z nitreux fortement éleclrifé, avoit
cédé fon oxigène au mercure , & avoit été réduit
en ,gaz azote par i’abforption du principe
acidifiant.
'C'eft d'après cès expériences que , dan$ la
nomencluure chimique , on prelênta l’azote
comme le radical de l’acide nitrique , 8c on «dif-
tingua fa combinaifon avec l’oxigène en trois
modifications différentes par la proportion de
leurs principes , ainfi que par l . urs propriétés
caraftériftiques, ravoir : ï'oxide nitreux contenant
le moins d’oxigène, &même trop.peu encore
pour être acide ou le gaz nitreux,-l’acide
nitreux qui en contient davantage , 6c qui eft
en vapeur rouge , enfîù l ’acidè nitrique dans
lequel l'azote eft entièrement faturé d’oxigène ,
& qui fe diftihgue par fa pefanteur , fa couleur
blanche 8 c Tes vapeuis également blanches.
Quelques doutes élevés parmi les phyficièhs
& l’importance même du fujet engagèrent M.
Cavendish a répéter fa belle expérience àda fia
de l’année 1787 3. elle le fut en préfence de
MM. Banks , Élagden , Fordyce , Heberden ,
Watfon , Dolfuff , J. Hunter & Macie, tous
hommes diftingués par leurs connoiffances , &
faits pour bien juger des phénomènes & des
réfultats d’une tentative aufti déiicate. M. Gilpin,
également connu par fes lumières & fon exa&;-
tude dans les recherches phyfiques , fut chargé
du foin & de la conduite de cette expérience ,
dont l'authenticité étoit deftinéé à diiïiper tous
les nuages qui pouvoient couvrir encore l’exactitude
de fés réfultats. L’appareil fut le même
que la première fois , l’air vital provtnoit du tur-
bifh. m in é r a l ou de l’oxide de mercure jaune,
préparé par l’acide fulfurique; Le 6 décembre
1787, on introduit dans le tube recourbé 280
mefur-es de potaflVliquide 3 le gaz oxigène ayant
été mélangé d’un tbrs de fon volume de .gaz
azote , & l’air Commun ayant été en moindre
quantité que dans les premières expériences,
M. Gilpin fut obligé d’ajouter de tems en tems
de l’air commun , à mefure qu’il s’ apercevoir
que l’abforption fe rallentiffoit par le défaut de
gaz azote. C’étoit en rai fon de l’incertitude où
M. Cavendish avoit été laiffé par fa première
expérience fur l’exaéte proportion des g a z ,
8c parée qu’il s’<étoit feulement convaincu que la
quantité d’air vital devoit excéder celle de gaz
azote , que cette manière d’opérer étoit devenue
néceffaire"3 l’addition de l’air atmofphé-
rique étant très-facile à faire au moyen d’un
petit fyphon , il avoit encore été engagé par - là
à forcer la dofe d’air vital. On remplit plufieurs
fois l ’appareil dans le cours de l’expérience qui
dura ju(qu’ au 29 janvier 1788 5 8 c comme à cette
époque il avoit été employé plus de fluides élaftiques
que h portion d’alcali ‘contenue dansTap-
pareil ne pouvoit en abforber le produit con-
denfé 3 on s’arrêta B', & on examina foigneu- .
frnient le réfuitat de l’êleftrifati-on. On avait
fait paffer 9290 mefures d’air du réfervon- dans
Jg tube recourbé, &'en dîfférens tems % j i me- :
fuies d'air commun , -ce qui I n S H
10162 mefùres , dont. *6968 étoieht air vital
& 3194 d’ait commun. Il rèftaic encore 900 me-
’futes après l'expérience,, ce qui annonçait qu il
n’y en avoit eu que ' ÿ i ü ' id’abfotbéès par j éleari-
fation, quantité plus grande que èéllë qui ,
d’après les premières expériences „ -étoit necef-
faire pour faturer l’alcali employé. L’appareil
défait , on verfi l’alcali dans une capfule -de
verre , on lava bien 'Le :tube -avec dè J eau dii- ^
rillée , & on fit évaporer tpute la liqueur au,,
iain .de fable 5 mais comme elle étoit mêlée de
mercure s il fut impoffible de déterminer exactement
la quantité du fei. L’acide fulfurique
.jeté fur une portion de ce refidu , endégagea des
vapeurs rouges d’acide nitreux , coipme cela a;
lieu avec le nitre chauffe. Une autre .portion fut
diifoute dans l’eau , elle avoit la faveur nauféa-
honde des diffolutions mercurielles ; le carbonate •
de potaffe y donm un precipic.e rougeâtre 5 un
papier trempé dans cêtte diffolution , féche,
.préfenta en brûlant de's fcintillations manifeftes 5 ■,
un morceau de cuivre poli plonge dans Ja^ li- ,
queur , yprit un enduit blanc mercuriel. Lotis
ces tffais prouvèrent fans répliqué que Ls fluides :
élaftiques s’étoient combines en fe c.ondenfant,
& avoient formé'de,l’acide du nitre , qui s e-,
toit uni avec l’alcali & avec le -.mercure ; la
liqueur étoit un mélange de nitrite de potaffe & -
■ denitrite .de mercure avec un peu d oxide de
ce métal. Si l’on fe figure que jes 6780 mefures
de gaz employées dans la première expérience , :
n’avoient produit qu’à-peu-près un grain & demi .
de nitre , on doit confidérer que les. 9262 me- ;
fures condenfées dans celles-ci, ne doivent avoir
produit que près de deux grains de cefel , & ce- ;
pendant cette quantité a fuffi pour y démontrer
par l’acide fulfurique la préfence de l’acide nitreux
,. à la vérité très-reconno;ffable , & il ré- ;
fuite de cette comparaifon des deux expériences, <
que la dernière doit confirmer finguliërement !
la précédente , pu’fque dans celle-ci la feule
preuve de la préfence du nitre avoit été tirée
de la fcintiliation du papier ,, tandis que la vapeur
nitreufe & fon odeur fi diftin&e en ont
pofitivement affuré la nature dans le fécond effai 3
& les chimiftes inftruits fentiront bien qu’un feul
.grain d’acide nitrique formé , & reconnu exac- |
tement, équivaut a la formation d’une quantité j
beaucoup plus confidérable , laquelle > plus frap- 1
pante pour le commun des hommes, n’aroute- i
roit rien à la folidité 8 c à l’évidence des preu-
ves fournies par cette expérience. Suivons en- |
cure M. Cavendish dans quëlques autres détaîls
cia mémoire que nous <atta!y(bns. Il renwr-
que qu’outte l’alcali fatucé ^ la quantité de gat;
•employée étant fupétieure i celle que î’alcaii
atirrtit ettigée, une .partie de l’atide. a du dif-
foudte du mercure > & eti effet, la faveur métallique
5 ie précipité obtentt par l’alcali & ia
1 -coloration 'du cuivre en hlatic ai'ont laiifé aucun
. douté''à'beit-égard. Bans là continuité de l’-ex-
, périefice ,. rien n’a tfaic connnttre i ’iépoque; où
ia potaffe commença â être faturée-; « i '4 |ap-
i. vier I’abfotptionétfflit très-lente; niais h quan-
!| tiré de gaz abforbée- n’étant que de 4,840 rr.e-
i fures, ne correfpôndant pas a ce que l’alcali
| pouvoit en abfotber, cela dépendait manifefte-
i ment du défaut de gaz azote ; suffi recommenè
ça-r-ere par l’addition d'air atmofphérique. Le
R f iv e iV S , M. Gilpin obferva ftir le mercure
une couché blanchâtre qui fembloit annoncer k
faturation delà potaffe & h réaétion ded’acide
'fur le mercure ; il y avoit alors 6840 mef«r«s
de gaz abforbées , quantité un peu fupérienreù
-celle indiquée par M. Cavendish pour la fatit-
rationde la potaffe i mais comme il étoit ptr-
fuadé , d’après fes propres effais , que. l’abforp-
| tion cefferoit entiériment, ou au moins qu’elle
diminuerbit notablement auflitôt que la potaffe
-feroit fatiirée, il penfoit qu’il falloit continaer
l’éleàtifatibn TÜfqu'â l’inllant où i’abforptioh
n’auroit plus lieu. Mais la réaétion de l ’acide
fur le mercure avoit dû modifier ces réfultats ,
& c’étoit i cette réaétion, prévenue dans la
première expér'ienoe par une plus e ta été proportion
entre les dofes de gaz & l’alcali que
te -.oit -une obfervation faite par M. Gilpin. A
la fin d é 'l’opération ,a i avoir remarqué un matin
qu'il y avoit eu pendant ia nuit une abfo’ p-
tion de 110 mefures dans l'appareil, quoique
l’éleétrifation eût été interrompue. M. Çaven-
dish reconnut que cela .dépendoit de ce. que
l’acide excédant à la faturation de l’alcali réa-
ciffant fur le mercure , ta liqueur retèncit le gaz
nitreu-k produit par cette réaétion, S c la vapeur
nitreufe dégagée par l’acide fulfurique , a confirmé
cette ingênieufe explication.
Quelque folemnelle que fût dans cette fécondé
expérience 1a formation de l’acide du n tre par
la combinaifon des gaz azote & oxigène conden-
fés à l’aide de l’étincelle éleétrique ; quelque
forte 'que fût la conviétion qu’elle porta'dans
réfprit des habiles' phyficiens anglois qui eti
furent témoins ; comme cettè expérience avoit
préfenté un peu de différence d’avec la première,
M. Cavendish crut devoir la répéter encore
, & M. Gilpin fe chargea une féconde fois
de la fuivre & de la conduite. On ’difpofa les
chofes de maniéré que l’alcali pût abforber tout
l’acide formé & n’en laiffât point, ouquetrès^
peu , qui put agir fur le mercure, afin de moins
embarraifer le réfuitat .:. 183 mefures de potaffe