
précipités , diffoluble dans une grande quantité
d'eau froide, étoit de la gélatine. L'auteur con-
clud de cette expérience que l'eau ja féparé du
fang un peu de bile très reconnoiffahle & de la
matière gélatineufe très-fenfible * ce qui confirme
une des idées des anciens médecins , que
la bile eft toute contenue dans le fang.
Le férnm féparé du fang par le repos , fe
coagule à 60 degrés du thermomètre de Réau-
mur j il fait enfuite monter le mercure très-
promptement , quoique plongé toujours dans le
bain-marie. Pendant cette coagulation, qui donne
au férum prefque tous les caractères du blanc
d'oeuf cuit , il s'en féparé une liqueur légèrement
trouble, qui fe prend par le refroidifle-
ment en une gelée tremblante , & qui n’eft en
effet qu’une diffolution de gélatine. Six parties
d'eau empêchent le férum de fe coaguler par la
chaleur j -8c ne lui font plus donner par l'évaporation
que des pellicules à fa furface femblables
à celles qu'on retire du lait. Moitié de fon poids
d’eau n'empêche pas fa coagulation ; en l'étendant
de deux parties d'eau , en le faifant enfuite
coaguler 8c ep évaporant la liqueur féparée du
coagulum , on obtient les fels qui y font contenus
, mêlés d'une petite quantité de gélatine 8c
d’albumine.
La caufe de la coagulation de l’albumine par
la chaleur, eft la recherche la plus importante
que le citoyen Fourcroy s'eft propofée , relativement
à cette liqueurs c’eft celle qui lui paroif-
foit devoir fixer le plus fon attention , i caufe
de l’intérêt quelle doit répandre fur tous les
phénomènes de l’économie animale. Voici les
obfervations 8c les faits qui l’ont conduit à cette
utile découverte. Le blanc d’oeuf fe durcit, à
la longue, par le conta# de l ’air ; un oeuf gardé
fe durcit plus vite qu’ un oeuf frais, 8c on fait
«u'il abforbe de l’air $ la fixation de l’oxigène
dans l’albumine s’eft donc préfentée à fon efprit
comme la caufe de fa coagulation. Les expériences
qu’il a faite* dans cette vue ont confirmé
fon foupçon, en prouvant que l’addition du calorique
favorife cette fixation , comme elle favo-
rife l’oxidation des métaux. C ’e ft. ainfi que les
acides , en échauffant la liqueur albumineufe , \
en opèrent la coagulation s c'eft ainfi qu’en
abforbant le calorique par l’addition d'un car- !
bonate d'où l’acide carbonique fe dégage et?
gaz , les acides n’opèrent point eecfè coa- !
gulation. Cette explication fimple faifoit en- !
tendre comment un pus épais fe formoit par Je i
conta# de l’air ; mais U falloir de plus trouver !
un fait dire# qui prouvât cette fixation de l’oxigène.
Le férum du fang mêlé avec l’oxide rouge
de mercure a donné ce réfultat : en quelques
heures l'oxide a noirci en perdant une portion de
foi) o^igène ^ le . férum s’eft épaiffi, s’eft coa-
. gulé, & eft devenu très-folide , comme s*il avoir
été cuit au feu.
Dix parties de ce liquide , avec une partie
d’acide nitrique, à 50 degrcs de l'aréometre,
diftillées à l’appareil pneumato - chimique, ont
donné beaucoup d’acide carbonique , un peu de
gaz azote , du gaz nitreux 8c de l'acide pruffique
qu’on a recueilli dans l’eau, La formation de ce
dernier acide a donc lieu par l'a#ion de celui
du nitre fur les fubftances animales , comme la
formation des acides végétaux; & en admettant
le changement d’équilibre dans les principes de
çes matières , on voit que l'oxigène de l’acide
du nitre contribue dire#ement à opérer ce changement..
Le fang extrait du cordon ombilical d'un enfant
au moment de fa naiffance, 8c n’ayant point
encore fubi les altérations que l'air doit lui donner
dans les poumons de cet individu à mefure
qu’ii refpire , méritoit d'être foigneufement examiné
dans l’état a#uel dos connoiflances chimiques,
La petite quantité qu’on s’en eft procurée
n’a pu fuffire qu'aux obfervations & aux expé-
riençes fui vantes. Le caillot en étoit peu foliae;
le férum rougeâtre s’eft coagulé à 35 degrés du
thermomètre de Réaumur, mais il n’eft pas devenu
auffi foiide que celui du fang de boeuf ; une
grande partie eft reftée liquide ; il verdiffoit le
papier teint avec les fleurs de mauve. Le caillot
expofé à l’air n’a pris que difficilement, & dans
quelques points feulement, une couleur rouge,
pourprée , éclatante ; on n’en a tiré qu'un douzième
de fon poids de fibrine molle. L'eau dans
laquelle on a lavé le férum coagulé, n’a point
été troublée par l’eau de chaux , 8c paroifloit
ne contenir que très-peu d’acide phofphorique.
De ces effais l’auteur en conclud trois différences
entre le fang du foetus & celui de l'adulte ; i°. fa
couleur eft foncée, & ne devient que difficilement
pourpre à l’air j 2®. il contient très-peu de matière
fibreufe, 8c ce qui s’y coagule par le re-
froi différaient 8c le repos , femble fe rapprocher
plutôt de la gélatine j 30. il ne contient point
d’acide phofphorique. On peut croire que ces
différences tiennent à ce que le foetus n’a point
refpiré ; mais il faudra encore beaucoup d’autres
expériences pour bien apprécier les cara#ère$
diftin#ifs du fang du foetus d’avec ceux du fang
de l’adulte. C'eft ua des plus importans fujets de
recherches auxquels la chimie animale puiffe aujourd’hui
prétendre.
Les expériences fur la bile , qui font partie
du travail dont on rend compte ici , ont particuliérement
pour objet l’a#ion de l'acide , muriatique
oxigéné fur cette liqueur , 8c l'examen
de fa partie huileufe ou réfineufe. C ’eft fur du
fiel de boeuf qu'on a opéré. On v voit que
l’acide
facide muriatique oxigéné , coagule la bile , en
féparé d’abord la portion d’albumine qui y eft
contenue, -& altère la nature de fa matière huileufe
par l’oxigène qu’il y porte. Un acide fim-
pie mis après le premier dans le fiel devenu
blanc, y forme un précipité fans couleur; ce-;
lui-ci, qui eft compofé de la matière huileufe
de la bile , -eft concret , fe délaie 8c fe diffout
même dans l’eau chaude , dans l’alcool, dont i l ;
convertit une petite potion en éther.; la diffo-
lution alcoolique n'.eft plus précipitée par l'eau ,
mais feulement par les^ acides ; on obferve la'
même chofe fur un précipité de bile fait par les
acides ; on le diffout dans une grande quantité
d’eau. On ne eonnoît donc pas encore bien la
nature de la matière unie à là fonde dans la bile'
de boeuf, puifque , d’après, cette diflblubilité,
elle ne paroît pas être une huile bien prononcée.
Il eft très difficile ».de brûler Sc de réduire
en cendres le charbon de la bile; il refte noir
longtems après avoir perdu par la voiatilifation
la portion de foude qu’il contient.
En évaporant l ’urine humaine, il s’en dégage
de l’ammoniaque, 8c il s'y met à nud de l’acide
phofphorique. Un peu de phofphàte d'ammoniaque
s évaporé en même tems , puifque le;;
produit de l'urine, diftfllée contient un peu de
phofphàte avec excès d’ammoniaque. En gardant
de l’urine à moitié évaporée , 8c qui alors eft
fortement acide , il •s’y forme promptement de
l'ammoniaque qui farure fon acide , 8c qui eft
en excès. Il fuit de ces expériences , que , pour
connoître exa#ement les proportions d’ammoniaque
8c d’acide phofphorique contenues dans
l’urine humaine , il ne faut pas avoir recours à ’
l’évaporation ; mais à l’addition de l’eau d e 1
chaux, qui détermine par le précipité la quantité
d’acide phofphorique, 8c de l'acide muriatique
| qui par la quantité de muriate diffolu-
bie 8c féparable par l’ alcool qu’il fournit, donne
celle de l’ammoniaque.
Le fél fufible entier obtenu par une première
criftallifatîon de l’urine humaine , c’eft-à-dire le
mélange de phofphates de foude 8c d’ammonia- 1
que , d’un peu de muriate de foude 8c d’une ;
matière extra#ive brunâtre , confervé. pendant
plufieurs années dans un bocal de verre recouvert
d'un fimple carton , a répandu une odeur de rnufe
ou d’ambre gris très-fenfible. En effayantde le purifier
par la diffolution 8c la criftallifation , les
deux phofphates s’unifient en fel triple , 8c l’on
n’obtient pure qu’une portion de phofphàte de
foude, qui étant furabondante à la formation
de ce trifule, fe retrouve dans la derniere partie
de la diffolution. A mefure qu'on obtient des
levées de criftaux du fel triple, la -proportion
de phofphàte ammoniacal y diminue;1 ce dernier
s'évapore fpontanément, 8c laiffé à la fin le
Chimie Tome III.
phofphàte de foude prefque pur. L'un 8c l’autre,
ifolés ou unis en fel triple, verdiffént égalerai-.nt
le fyrop de violettes. Le fel fufible entier féparé
de l’ urine humaine par la première criftallifation
, contient par cent parties:
D ammoniaque -19.
De foude 24.
D’acide phofphorique 32,
D’eau 2y.
Les calculs de la veffie humaine examinés avec
foin dans le cours du lycée de 179© s outre les
faits déjà décrits par Scheèle 8c Bergman, ont
préfenté les nouveaux réfultats fuivans. La diffolution
de quelques-uns dans l’eau , rougit fenfi-
blement le papier teint avec le tournefol. Dif-
tillés dans une cornue par un feu bien ménagé ,
ils donnent un liquide blanc, une portion d'acide
Ethique fublîmé en criftaux lamelleux , bril-
lans , un peu de carbonate d’ammoniaque crif-
tallifé , 8c quelque peu de fluides élaftiqu'es ,
mêlés de gaz azote , de gaz acide carbonique 8c
de gaz azote. On n’obtient pas d huile ; il .refte
dans la cornue un charbon très-noir , très-di-
vifé , très-abondant. Le produit liquide a l'odeur
d’amandes amères 8c la-faveur âpre qui cara#é-
rifent l’ acide poiffigu-3 > il contient aufli du pruf-
fiate 8c du carbonate d’ammoniaque ; il précipite
ou il colore en bleu les diffolutions de fer ou
les oxides de ce métal féparés des acides 8c
encore humides. La petite quantité d ammoniaque
qui fe forme dans cette diflillation , ainfi
que i’ abfence de l’huile ; le peu d’acides carbonique
8c lithique que l'on obtient, en même
tems que l’on a beaucoup de charbon pour ré-
fidu, prouvent que l’acide lithique^ ou la pierre
de la veffie contient peu d’hydrogène 8c d'oxi-
gène , 8c beaucoup de carbone. Il fer oit fort in-
téreffant de déterminer exa#sment les proportions
des principes de cet acide natif de la veffie
humaine , fi peu diffoluble , fi criftalHfable , 8c
fufceptible d’ une fi grande condenfation quand
il fe dépofe fous la forme de calcul criftallifa
en couches, qu’il ne laiffe prefque point d’ef-
pérance à l'art de pouvoir le détruire dans la
cavité véficale, 8c de trouver conféquemmsnt
un véritable lithontriptique.
Le travail fur les matières animales } entrepris
au cours du lycée de 1790 , eft terminé par
l’examen comparé de plufieurs matières huile
ufes 8c graffes dont il a déjà été parlé précédemment.
Trois fubftances analogues, favoir :
la matière ciro-adipeufe des cadavres convertis
en gras , la matière criftalline 6c huileufe extraite
des calculs biliaires par l’alcool , 8c le
blanc de baleine pur avec lequel les deux premières
ont- tant d’analogie , ont été comparafStmÊÊÊÊÊÊÊi