
i p p f ü l
c.
C a r b o n a t e . On nomme carbonate tout fel
compofé, formé par l’acide carbonique Jp une
bâfe cerreufe, alcaline, ou métallique. Ce genre
de fel n’a point de fynonymes dans le langage
de l’ancienne chimie, parce que l'acide qui lus
confHtue ,• & qui en détermine les caractères
génériques, étoit abfolument inconnu II n*v a
que vingt ans environ qu’on a découv rt l ’acide
carbonique, qu’on avoit nommé d’abord air fixe,
parce qu'avec la forme d’air qu’il fers.bloit présenter
conftamment, il etoit difficile de ne pas
croire qu’il ne dût pas fa principale effence à
ce fluide élaftique ; mais comme depuis cette
découverte on n’a trouvé que lentement & en
quelque forte par degrés , les combinaifons de
cer acide avec les bâfes; comme auffi les diverfes
propriétés qu'on y a reconnues , ont fait à diverfi-s
époques, changer les idées des chimiftes, le nom
de l'acide, carbonique ayant été fucceffivement
ceux d’acide méphytique, d’acide aerien, d’acide
crayeux , les carbonates ont eu pour fynonymes
les mots de méphytes , de craies, de terres
alcalis métaux aérés, &c.
Tous les carbonates comparés les uns arec
les autres, préfentent des propriétés communes,
qu’on y retrouve conftamment , & que je nomme
propriétés ou caraélères génériques. Ce font
elles qui doivent fixer notre attention dans cet
article, dont l’objet eft de traiter du genre entier
de ces Tels. Je dois faire obferver d’abord que
plufleurs de ces Tels exigent dans la nature , tels
que les carbonates d’alumine, de baryte , de
chaux., de zinc, de plomb, de fer & de cuivre}
que quelques-uns de ces carbonates naturels ou
natifs, forment des maffes confidérables qui font
partie des couches de la terre , comme les carbonates
de chaux, & qu’ils y ont une folidité ,
une tranfparence, une forme régulière que l’art
chimique ne peut pas leur donner en les com-
pofant par la réunion de leurs principes.
Les carbonates traites par le'calorique , & plus
eu moins chauffés , perdent leur acide , qui Ce dégage
fous la forme de ga z , en Ce fondant oit
fe diffolvant dans le calorique j mais ils digèrent
les uns des autres par Je plus où le moins de
facilité avec laquelle leur acide s’en fepare , il
en eft même qui , au plus grand feu connu ,
ne laiffent point échapper cet acide j tel eft Je car-
Chimie, Tome III,
bonate de baryte natif. Cette aétion du calorique
fur les carbonates rft fouvent employée en chimie,
<*u dans les arts chimiques, pour obtenir les baies
de ces fels, foit les terres feules & pures, foit
les métaux réduits.
Quoique plufieurs carbonates , & fur-tout ceux
à bafe d’alcalis, (oient très-diffo lubies dans l’eau;
le plus grand nombre n’a point, ou prefque
point de diffolubilité. Les carbonates terreux 8c
métalliques font pour la plupart infipides & in-
diflblubles: la nature, cependant, les transporte
les dépofe & les fait cryftaîîifer par le moyen
de l’eau ; mais il eft très-vraifembiâbîe que c'efl:
à la faveur de l ’acide carbonique qui rend ces
fels diflblubles , & qui donne même à l’art i’ef-
pérance d’atteindre quelque jour des procédés
naturels pour leur diffolution ScleurcryftaliifatiGn.
Les carbonates different des autres fels com-
pofés, & ne peuvent pas, comme la plupart
d'entr’e-ux, être nommés fels neutres ou moyens,
parce que l'acide très foi b 1© qui les constitue ne
mafque point entièrement les caractères ou les
propriétés des bâfes alcalines ou terreufes qui
en font faturées. C ’eft pour cela que dans les
I premiers temps de la découverte de cet acide,
j on n'avoit point confiiéré les terres , & fur-tout
j les alcalis qui le contenoient, comme des fels
compofés , mais feulement comme des terres 8c
des alcalis adoucis. Black s’étoit fervi de l’ex-
! preulon d’alcalis doux, & par corr.paraifon de ceux
j de magnéfie douce, & c tk en effet l’acide carbo-
nique en faturant les alcalis purs ou cauftiques ,
j détruit leur caufticité, diminue leur énergie au
I point de les empêcher d’agir fur les matières
animales ; mais il ne détruit, ou plutôt ne cou-
! vre point entièrement leurs propriétés alcalines ;
! leur faveur eft encore urineufe , quoique beau-
j coup plus foible ; ils verdifient les couleurs bleues
j végétales; il n’ efl donc pas étonnant qu’ils aient
{ été méconnus pendant long-temps, & qu’on les
j -ait regardés comme des alcalis.
• Les carbonates terreux &r alcalins chauffés fortement
avec la filice, perdent leur acide, 8c entrent
en combinaifon vitreufe.
| Prefque tous les acides étant plus fortÿ, ou.
1 ayant pour les bâfes alcalines , terreufes ou
A