
promptement par l'addition d’une plus grande
quantité d’eau. Je pris ces çryftaux bien plutôt
pour du fui fa te de chaux que pour le produit de
l’union du fer & de l’acide effayé, quoique la
defcription que M. Crell a donnée de la manière
de fe comporter de l’acide fébacique avec le fer
fe rapproche affez, de ce l’on vient de voir.
Une partie de cette diflblution ainfî étendue,
fut précipitée par la potaffe ; le précipité étoit
blanc, & le devint encore par l’ébullition. Ce
précipité fut diffous prefqu’entièrement par l’acide
nitrique, d’où il fut de nouveau précipité en
fulfate de chaux par l’acide fulfurique. Au feu
du chalumeau , il devint d’abord rouge, enfuite
noir à une plus forte chaleur, & fut attirable
à l’aimant, ce qui annonçoit qu’il y avoir un peu
de fer diffous; mais én même-temps il fe forma
encore une mafle blanche dans cet acide.
Pour acquérir une connoiffance plus parfaite
de fes propriétés, je le fis bouillir fur du fer qui
fut diffous avec eftervefcênce ; la diflblution
avoit une faveur aftringente ; mais elleréagiffoît
encore comme acide j par l’évaporation fur la
. flamme d'une bou g ie ,. il fe cryftallifa un fel
blanc qui noircit lorfqu’il fut expofé au feu du
chalumeau fur le charbon ( qui tenoit confé-
quemment l ’acide du fel de. cerife ) ; il devint
enfuite rougeâtre, il prit à une plus forte chaleur
une belle couleur de brique obfcure ; enfin' il fe
fondit en une fcorie noire attirable à l’aimant.
La potaffe ajoutée dans le-relie de la diffolu-
tion , y occafîonna un précipité ^ ’un vert pale
mêlé d’un peu de blanc. Cette couleur verte
parut fe conferver plus long-temps qu’elle ne le
fait ordinairement avec le fer; mais la.chaleur
la fit bientôt difparoître, & il'ne refta que la
couleur rouge que le fer pré fente communes
ment. De cette manière il n’y avoit encore rien
de certain fur la nature de F acide- qui étoit uni
à la chaux dans le fèl de jus de cerife, d’autant
plus que la liqueur ainfî précipitée donna, par
l’ébullition, un fel qui, fondu avec la pouffiere
de charbon, avoit une odeur fenfible de fuir
fure, & démont roi t conféquemment la préfençe
4\un peu d’acide fulfurique.
E x p é r i e n c e V,
Pour effayer s’il ne feroit pas poflible d’obtenir
cet acide pur & concentré par la diftillation,
je mis iy grains ( tî lot) de fel de jus.de cerife
l'ec dans une cornue tabulée de médiocre granr
«leur , & je verfai deffus environ moitié.diacide
fulfurique blanc 8c concentré ; cet acide acquit
peu à peu une couleur brunè, mais il n'attaqua
pas fenfîblement le fel avant qu’il fût chaud;
J1 ne paffa rien tarit qu’il n9y eut qu’une cha?
leur douce,'la eprnue fut placée en conféquencè
fur des cendres chaudes ; lé mélange devint de
plus en plus noir, & commença a fe gonfler;
alors if tomba une fumée grife & léchante dans
le récipient qui avoit été adapté dès le commencement
à la cornue. Je recueillis ces vapeurs
dans quelques gouttes d’eau qui a volent pafie en
même temps; mais il n’y eut pas moyen de les
laiffer augmenter, parce que le mélange étoit
prêt de s’élever dans le récipient, ce qui obligea
de retirer la cornue de deflus le feu. Après
que l’on y eut ajouté un peu d’eau , on continua
l’expérience jufqu’à ce qu’il parût s'élever de
l’acide fulfurique une fumée plus claire 8c plus
pefante.
A l ’ouverture des vaifleaux, on fentit une
odeur reffemblante à celle de l’huile devin mê^
lée d’un peu d’acide futfureux; la çoiyiue étoit
intérieurement couverte de fuie qui, après avoir
été brûlée, devint blanche, 8c laiffa du fulfate
de chaux : la liqueur du récipient étoit claire,
elle avoir un goût acide, mais foible. Je la fis
évaporer dans un vaiffeau de verre après y avoir
ajouté de la chaux ; de cette diflblution , j’obtins
un fel qui cryftallifa facilement, qui fe dif-
folvoit facilement dans l’eau, mais qui, au feu
du chalumeau , fe comportoit, pour la plus
grande partie, comme du fulfate de chaux.
L’évaporation des dernières gouttes donna une
mafle faline qui, au feu du chalumeau, devint
noire comme le fel de jus àe cerife. Ainfî, dans
cette expérience, l’acide fut altéré & détruit
prefque en totalité; ce qui prouve encore qu’il
eft different de l’acide fébacique.
E X P S R I E N C E V I.
On a vu que dans l’expérience II l ’acide
oxalique avoir féparé quelque partie du . fel de
jus de c e r ife j’y verfai goutte à goutte de la
diflblution de potaffe jufqu’à ce qu’il y en eût
par e:*çès, & qu’il ne fe précipitât plus de
chaux ; cette liqueur donna par l’évaporation
des çryftaux très-petits, durs fous les dents,
8c qui décrépitoient au feu, Ges çryftaux fe fon-
doient fur le charbon en une mafle noire qui
fe bourfouffloit, qui s’abforboit dans le charbon,
qui îaiflbit enfin une petite tache provenant
fans doute d’un peu de chaux qui y étoit
encore ; je ne remarquai" pas qu’il s’y formât de
fulfure. Les-çryftaux, vus à un très-bon mi-
crofcope anglois, paroiffoient la plupart confus;
quelques-uns cependant préfentoient diftinéte-
ment des.prifmes à quatre côtés, terminés obliquement
a un de leurs bouts, & tronqués net
de l’autre. Parmi un grand nombre d’irréguliers,
on en remarquoit un feul allongé, hexagone ,
dont les côtés fe terniinoient en pointe, abfo-
lument comme le fel que donne l’acide fébacique
faturé de chaux. Ce cryftal décrépita tellement
fur le charbon, qu’il me fut impoflible d'examiner
fi la bafe étoit calcaire ou alcaline. . Dans
le premier cas , fi figure pourfoit faire juger
que cet acide eft celui dufüif; dans le dernier, :
il en réfulteroit feulement que cet acide donne, j
avec la poràffe, la même cryftallifation que l’acide
fébacique avec la chaux. D’ailleurs, comme
il eft certain que l’alcali, tel qu’il fe trouve
communément, n’eft pas toujours en état de
précipiter toute la chaux, mais feulement pour
la plus grande partie, celui qui tient de l’acide
carbonique, le précipité l’opère aufli par double
affinité ; car fi l’alcali eft cauftique , il eft
inefficace pour précipiter la chaux, celle-ci ayant
plus d’affinité que la poraflfe pure avec l’acide
fébacique, avec plufîeurs acides végétaux, 8c
probablement avec l’acide de jus de cerife, ce
dont on aura plus bas un exemple. En attendant,
on peut conclure de-là que fi l’acide dont il
s’agit n’ eft pas celui du fuif, ce que quelques-
unes des expériences précédentes ne permettent
pas d’affirmer, il fe rapproche du moins beaucoup
de cette efpèce. Je me fuis déjà fuffifamment
expliqué fur ce fujet.
E x p é r i e n c e V I L
En précipitant à diverfes reprifes la diffolu-
tion par la potaffe, j’avois obtenu un fel neutre
qui conténoit l’acide à examiner. Ayant réuni
toutes ces liqueurs , je les fis cryltallifer, 8c
j’effayai de diftiller fans addition ; i l paffa avec
l’eau de cryftallifation une matière huileufe qui
là colora en jaune; il s’éleva, feulement quelques
gouttes qui avoient le cara&ère acide, &
ne laifierent après l’évaporation qu'un peu de
matière grafle qui, vers la fin, re doit l’eau
vifqueufe & tenace : avant cela j’avois tenté,
mais fans fuccès, d’y diflbudre de l’or. Le fel
ayant été mis dans U cornue , noircit dès le commencement
, & if s’en eleva en mente temps une
fumée légère ou vapeur qui fe dépofa fur les
parois eu récipient. A un plus haut degré de
• chaleur-, & par l’incandefcence , ce fel devint
blanc, 8c fe comporta comme de l’ alcali
pur. A l’ouverture des vaifleaux, il en forcit
line odeur âpre :& piquante , prefque fembla-
ble à celle que donne la diftillation du fuif;
mais les vaifîeuux ayant été réunis , puis ouverts
le lendemain, l’odeur fe trouva approcher
beaucoup plus de celle que répand F acide du
tartre quand on prépare des flux; ainfî, dans
la plupart de ces circonftsnces, on remarque
encore quelque refferablance de cet acide avec
l’acide du fuif.
N’ayant pu réuffir à me procurer Facide pur
par les procédés ci-devant décrits, je me déterminai
à employer d’une; autre manière la
petite quantité qui me reftoit de ce fel de jus
de cerife-y pour connoître plus parfaitement les
propriétés ae fon acide.
E x p é r i e n c e VI I I .
Je précipitai une diflblution de fel de jus
de cerife purifié avec de la fonde pure jufquJà
ce qu’il y en eût par excès ; il s’en fépara fur
le champ de la chaux en grande quantité, ' 8c
le tout fut jetté fur le filtre. La liqueur qui
paffa claire fut évaporée à plufîeurs reprifes ,
mais ne donna que difficilement des çryftaux.
A la fin, j’en ob.tins quelques-uns; enfuite toute
la diflblution devint prefque sèche ou épaifle
comme" du miel, 8c paroiffoic attirer l’humidité
de l’air. Ces çryftaux, vus au microfcope, éto'ient
ronds, terminés en pointes , d’une épaiffeur médiocre
, 8c à demi tranfparens , ou comme recouverts
de givre. Us noircirent au feu du chalumeau
, & s’abforbèrent dans le charbon fans
décrépite,r. Je ne connois que l’acide formique
8c l’acide laétique qui fe comportent de cette
manière avec la foude.
E X P É R I EN CE IX.
Une autre portion de la diflblution de fel
de jus de cerife purifié1 fut précipitée par le
carbonate ammoniacal (alcali volatil aéré) qui
en fépara de même de la chaux. L’ammoniaque
fe trouvant en excès, fut reprife par l’addition
de la même diflblution ; mais le nouveau fel neutre
ne voulut, pas le cryftalîifer avant que toute
la mafle ne fût devenue d’une confiftance fyru-
peufe 8c prefque' entièrement sèche ; alors on
y vit quelques cryftallifations en forme de végétations
difpofées ,en rayons ; lorfqüé cette mafle
eut été deflféchée fur le feu dans une capfuîe
de verre, elle attira l’humidité;de l’air. Si on
diftille lé jus de cérife nouvellement preffé &
fans addition d’aucune autre matière, le flt-gme
de cette diftillation fe comporte de la même
manière. Le fel obtenu par l’ammoniaque noircit
fur.lé charbon 8c fe volatilife en huilant une
tache, blanche caufée par un.peu dé chaux qu il
avoit retenu; c’eft ce, qui n’a pas lieu avec la
foude faturée de cet acide. Cependant la manière
dont il fe comporte avec l’ammoniaque
montre encore des propriétés qui reflembient
à celles de l’acide formique & de l’acide lactique.
E x p é r i e n c e X.
Lorfqu’on verfe de l’ammoniaque pure dans
la diflblution de fel de jus de cerife, il n’y a
point de précipité, quoique cet. alcali foit en
r excès; mais la plus petite goutte de carbonate'
ammoniacal occafionne fur le champ une coa