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dans le plus grand détail à l'article de l'air, on
a du trouver tous les faits'relatifs à cette com-
buition ; il feroit donc fuperflu de répéter ce
qui a ete expofé dans cet article. Je me contenu-
terai de rappelier ici i ° . que ioo parties-xl’acide'
carbonique , font formés à très peu de chofe près
de 72 parties de carbone 8c de'28 d’oxigène j 2.0.
-•que quoique l'air vital en diiïolvant le carbone
& en le condenfant par l'effet de cette diffolu-
tioiij ait lailfe dégager du calorique (fc de la
lumière qu on apperçoit fi clairement dans la
combuftion du charbon j il refie cependant affez
de ces dîffblvans dans la nouvelle combinaifon
pour ia maintenir'dans l'état de gaz., malgré la
deniite prelque double de celle de l'air vital
qu'elle a acquife.
Mai''tenant, cju'on ajoute à cette hifteire de la
combuftion du-charbon'& de la converfîon tiu car-
Mw, acide carbonique par fa conibinaifon avec
1 oxigene, l’attraélion très-forte que cesdsux fub-
tances* carions & 1'oxigène, exercent l’une fur l’autre
i qu’on obferve que le carbone eft fufceptible
d enlever le principe acidifiant à prefque tous les
corps connus, qui le contiennent ; que c’ell pour
cela qu il decompole par affinité fimple , &■ à l'aide
d une température plus ou moins élevée y
les acides fulturique, nitrique, phofphorique , ar-
féniquq. j tunftique , molybdique ,- les oxides
métalliques ; on reconnoitra qué dans toutes ces
opérations il ne forme .par lui-même qu’une feule
& même combinaifon , l’acide carbonique , qu'il
tend, pourainfi dire, à la former dans tous les
cas , ,& qu’il femble que tous ces effets fe bornent
cette çonverfion en acide. Une fécondé
réflexion vient tout naturellement fe lier à,la première
; c’eft que l’acide carbonique doit être
un des compofés les plus ,foliées 8ç les plus dif-
, fl cils, s à détruire , . pui/que l’attraêlion de .l’oxigène
pour le carbone :efl la plus forte qu’on con-
noiffe ; auffi les cl'iimiftesi ont-ils .prefque: tous
penfé jufquüci, que l’acide carbonique étoitindé-
compofable, & qu’ôn ne pourroit jamais le con-:
Jioitre par la décompofition ou en faire l’ahalyfe ,,’
en leparer les principes. Je nue fouviens moi-mè--
me de cette aflertion qui étoit fondée fut toutes
les expériences, connues jufqu’à l’année dernière
175>i, pour faire concevoir le carbone-.
Si , difois-je dans mes leçons, on trouvoit le
moyen de décompofer .l'acide carbonique eu lui
enlevant l’oxigène, fi les affinités connues nes’op-
pofoient pas à l'efpérancèd‘y parvenir., fi enfin l’on
découvroit un corps qui eut plus d’affinité que Je
carbone .pour .l’oxigèn'e , on pourroit alors obtenir
ce dernier principe, \e carbone, à part 5 alors on le
conroirroit dans l'état de pureté , on pourroit
en étudier toutes les propriétés. Cette dé-
compofition qu’il n’étoit .pas '.permis : dei.foup-
çonner poflïbl.e par le.jeu des attrapions Amples,
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I 3 Ce^f,n^ant trouvée depuis par le jeu des
attractions doubles. Le phofphore chauffé avec
les carbonates alcalins & terreux-, fe convertit
en phofphates , & le- carbone eft féparé ; on reeon-
noit ici dans les baies terreufes & alcalines une'
difpofante qui follicite la décompofition
de 1 acide carbonique , en vertu de la tendance
avec laquelle Tàcifie phofphorique fe porte vers
ces büfes î fans cette affinité difpofante, la dé-
cosnpofition ne pourroit pas avoir lieu, carie
phoiphore a moins d'affinité avec l'oxigène que
n en a le carbone , puifque nous employons le
charbon pour décompofer l'acide phofphorique
,r®* /Le rapport de ces attrapions 8c de ces
affinités combinées , la force relative qu'elles
exercent, & l'expofé des phénomènes qu'elles
- f ° nt naître , feront traités avec tous les détails
que cet objet important exige à l'article du phof-
phore. Il ne doit en être queftion ici que par
rapport a la feparajion du carbone. On aurort
pu croire que par l'effet de cette décompofition ,
on obtiendroit le carbone pur, & en effet à voir
la poudre noire très-fine qui réfulte êtes carbonates
de chaux 8z de fondé, qu'on a coutume
de traiter par-le phofphore , parce qu'ils favori-
fent la, decomponrion de l'acide carbonique *
on feroit tenté de croire que cette pouffière eft
le carbone pur j cependant l'examen que j'en ai
xiiit après l'avoir très - exactement leffivé avec
beaucoup d’eau froide & bouillante pour lé défia-
1er, m a prouvé qu'il étoit fortement lié avec
les phofphates formés par l'effet de la decom-
pofition même , & qu'il contenoit de l’hydrogène
ou de l eauj enfortequ'il eft rèvènu à la condition
de charbon. On peut donc croire a&uellement
qu il en eft du carbone comme de beaucoup d'autres
matièrës fimples , on ne peut point efpérer
de l'obtenir jamais dans ün état de pureté parfaite
$ dans le moment où il fe fépare d'un com-
pofé, dent'il fait partie , il rentre tout-à coup-
dans un autre j il abfqrbe tous les corps voifins^
: ij s’unit étroitement aux fais fixes qu’il trouve
à fa portée, il fe remet en charbon. Mais malgré
cerre difficulté qui me„ paroît auffi infurmonrable
pour ce corps uue pour plufieurs autres fubftances
naturelles, telles que l’azote l’oxigène, 8cc.
on peut toujours prendre le charbon fur-tout en
choififlant le plus léger & le moins impur, comme
s'il étoit du pur $ on peut au moins ifolér
par la penfée le carbone^m qui fait la plus grande
partie du charbon, delà malle du charbon même,,
comme il s'ifole ou fe fépare par les combi-
naifons 8c lur-tout par les combuftions du charbon
faites , foit dans l'air & avec l’oxigène aéri-
forme de l'atmofphèré , foit par- l'oxigène fixé
dans différents corps, & dont les compofés:
acides ou oxides, font tous ..déeompofés par le
carbone du charbon entier 5 de forte qu'il fe forme
conftamment de l'acide carbonique dans ces dé-
compofitidns.
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îî n*eft prefque pas douteux que l’efience du j
carbone foit d’être noir 5 il paroît même, que ce.
corps eft le feul de la nature, qui ait véritable- J
ment cetre couleur , 8c qui .pui fie la commuiquer
à d'autres ; toutes les matières végétales qui
bruniflent par le contaét de l'air , 8c qui prenaient
une nuance plus foncée par les progrès de la j
décompofition lente qu'elles éprouvent fousi'eau
ou dans des terres humides , comme les bois , ne
paflent aiufî au noir que parce que. leur charbon
y. .eft peu-à-peu mis en quelque. forte a découvert
ou a nud.i tons les réfîdu« des mêuvs ma-
tièresdiftiliées ou fortement chauffées, affeélent
auffi li cou!.. :r noire, parce que ”.le carbone qui
en Lit un des principes les moins altérables y
domine , &. fe trouve prefque mis à nu par ’l’action
du feu. Enfin , quelques métaux blancs par
eux mêmes, & particulièrement le fe r , prennent
auffi une couleur noire par leur combinaifon avec
le carbone \ t ’efl ce qu’on voit''■ dans .quelques
efpèces de fontes de fer & d’aciers, ll paroît donc
que la couleur noire , eft un des attributs eilen-
tiêls du carbone. , & qu'elle eft mêmè exclufive-
ment attachée à ce corps, pui (qu'il la préfënté
dans toutes les circônftances où il paroît être
pur, oç puifqu'il la'communique, à une foule
de fubftances dans la compofition defquels il
entre.
La fixité & l’infufibilité font encore deux propriétés
qui pourroîent être regardées comme inhérentes
à la nature du carbone 5 car il les a dans un
dégré très-marqué. En effet, du charbon chauffe-
dans un appareil bien dos expofé pendant des
temps très-longs à une température exceftlvement
élevée, comme.dans un fourneau de verrerie ou
dans un four à porcelaine- dure , refte fans altération
; & eft retiré enfuite après avoir été refroidi
avec autant d’inaltéi\.bilité qu’il en avoit
avant d’avoir été chauffé. SI l’on répété cette
expérience dans des appareils diftiliatoires , dans
des cornues de grès , terminées par des tubes &
des cloches pleines deau ou de mercure, on
retirë à la vérité du gaz hydrogène carboné dé
la plupart des charbons, &. de quelques - uns
même une certaine quantité de gaz acide carbonique
mêlé au gaz hydrogène carboné j enfuite
le charbon a perdu de fon poids. Mais pour peu
qu’on entendè la marche de la théorie moderne ,
on conçoit, que cela ne tient point à la nature du
carbone ,. mais .bien à l’hydrogène mêlé avec lui,
comme jë l'ai déjà dit ', ou même à l’eau interpolée
entre fiés molécules:, & qui eft décompo-
féeen brûlant un peu de carbone, fi l’on ocirvoit
avoir du carbone pur , & l’expofer fcul à l'aéîion
du calorique ,* on ne lui feroit éprouver aucune
efpècë d’aiiération 5 & on eft en effet conduit à
ce nifoimement par la divei-fité des phénomènes
ue présentent les charbons., .& par la quantité
e gaz.Hydrogène 8c d'acide carbonique toujcurs
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plus grande dans les charbons les plus impurs
que, dans ceux qui s'éloignént moins de la natiive
du carbone.
Il eft vrai qu*en rapprochant enfuite cette propriété
de celle que pré lente le carbone d'abforber
dans ietat.de charbon les gaz & l'eau atmolphé-
rique, de s’en imprégner , de devenir plus denfe
8c plus lourd par cette abfbrption , on trouve
qu'il dépend évidemment de fa nature de pouvoir
le m ni ces produits par le feu , puifqu'il dépend
d'elle abiolument d’en faire naître les caufc-s &
d’ en loger les matériaux entre fes molécules,
C'eft ainfi qu’en mettant du charbon chaud dans
l’air atmofphérique', dans l’air vital, dans le gaz-
azote , au-defïus du me route dans des cloches de
verre ; on voit ces’ gaz diminuer dans les vaif-
feaux , 8c le charbon s'élever avec le mercure,
& abforber évidemment plufieurs fois fon volume
de ces corps gazeux. On peut même en féparer
ces corps 8c en mefurer le voiume abforbé, en
reprenant les charbons lorfque la diminution de
volume des fluides dans lesquels on les avoit
expofés eft arrêtée , 8c en1 les plongeant dans de
l’eau, 6r fous des cloches pleines de ce liquide.
La furface des charbons fe couvre bientôt de
j bulles qui augmentent peu-à-peu de volume- ,
8c qui fe raffëmblent au-deffus de l'eau. Un
■ examen fait fur le champ prouve que ces gaz
j font les mêmes que ceux- dans lefquels les charbons
a voient - été tenus dans la première expérience.
Le même phénomène fé préfente dans
le gaz hydrogène : on le voit paffer en quelque
forte dans lé charbon , & fe condenfer entre
fes molécules ; il eft extrêmement rapide dans
les gaz ammoniacal & acides , le charbon
. les abforbé, les condénfe avec une célérité
qui étonne. Le charbon fixe une grande quantité
dé ces derniers-, 8c ne les lai fie. enfuite
dégager que lentement à l’air. Dans ce:î fin gu !i ères
combinai fous , le tii fu du charbon :eft louvent
comme ramolli , il perd fa qualité fènere fa
folidité j fes molécules femblent être enveloppées
d’un^ liquide gras, elles finifieiit par"
n’avoir plus qu'une légère cohérence , 8c elles
s’eOrafent fou? le doigt 3 on diroit c[u elles tendent
è fe quitter 8c à s'écarter entr’elles , au
point de contrarier une grande adhérence avec
les molécules gazeufes fixées, & à donner l'idée
d’une diflojùtion dans les ga z , qui femble être
le terme ou la fin du phénomène. Auffi con-
noît-on beaucoup de cas ,ou les gaz tiennent
8c-emportent du carbone en diffblution ; telles
font t'outes les expériences dans lefqueîles il fe
dégage des fluides..élaftiques, provenant de la
décompofition par le feu, ou fpontanée, de toutes
les madères végétales ou animales, dont le
carbone eft un des principes les plus abondans.
Mais cette diffblution du carbone dans les gaz ,
qui eft l’extrême de l’aétion diilolvante que ces
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