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di ver fes méthodes de la préparer. Après: avoir
obfervé que racide tartareux pur n'attaque ni
le métal ni le foie d’antimoine , qu'il ne diflout
qu'en petite quantité'de Safran des métaux y le
verre d'antimoine , l'antimoine diaphorétique ,
la matière perlée , 8c que la poudre d’Algafoth
eft la préparation antimoniale;-qui s'y diflout
en plus grande quantité 3 il a répété les mêmes
expériences avec le tartre tartarifé } ce fel n'a
pu diffoudre le foie d’antimoine 3 & il n’a même
obtenu avec leTafran des métaux que des lignes
de diflolution | très-équivoques j avec le verre
d'antimoine , le tartre tartarifé a donné un £el
en petites aiguilles J qui, chauffé fur un charbon
3 répandoit une fumée abondante , & qui a
laifle quelques grains de métal , ce qui n'arrive
point avec l’acide tartareux j l'antimoine diaphorétique
1 lui a pr’éfenté les mêmes phénomènes
que le Tafran des métaux : enfin avec la poudre;
d’Algaroth il a obtenu une diflolution beaucoup
plus confldérable .qu'avec le verre d'antimoine.
Il a examiné de même l’aétion; de la crème de
tartre fur les préparations antimoniales y & il
a trouvé que cet acide attaquoit plus efficacement
la poudre d'Algaroth que les autres antimoniaux.
D’après ces vues , il a publié deux
méthodes pour préparer un émétique fidèle &
Confiant. Il a pris pour bâlé-l'a poudre daiga-
roth 3 celle qui a été précipitée pat l'addition
de l'eau diftiilëe au beurre d'antimoine | il l'a
combinée avec la crème de tartre ou avec le
tartre tartarifé 3 ce quf* lui a donné deux for- .
mules différentes 8c deux, fels émétiques fur le f-
quels il n'a point ofé prononcer 5 il a renvoyé
à la. pratique pour décider de la préférence.
En 1774 il a donné une diflertation fur les
mines de, fer blanches , de minerts fe r r i albis 3
dont le but étoit de "rechercher la caufe fie la
fupériorité de l’acier qu'on obtenoit de ces ef- j
pèces de mines. Ce mémoire, regardé à jufte titre,
comme un de fas plus beaux ouvrages , attribue
la caufe cherchée à la manganèfe dont la quantité
dans les mines de fer fpathique va-quelquefois
jufqu'à trente, livres par quintal.
" La diflertation, fur le nickel , qui parut en 1775,
en oifre une hiftoire très - co mplette ■ Elle prouve eue ;
ç'eft un métal particulier , très-caffant 8c très-
difficile à fondre , différent de toutes les autres
par des propriétés diitinêtives , uni dans la na-1
ture au cobalt, à l’arfenic & au fer qii'il eft
très-difficile d'en féparer > il donne des moyens
de le purifier & de l'obtenir dans un état bien
différent de celui où les chimiftes l'avorent connu
jufques là 3 & particuliérement de celui que '
Cronftedt a voit retiré du kupfer-nickçh;-: {
f Les mémoires fur le platine 8c fur l’arfenic 3 \
publiés en 17773 ont également pour objet de
faire connoître les propriétés de ces deux naéc
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• taux 3 Sçdeles montrer autrement préparés- qu’on
ne l'avoit fait avant lui. Dans le premier > il examine
les précipités obtenus de la diflolution nitro-
muriatique de platine par l'alcali fixe végétal ÿ
1 alcali fixe minéral 3 l'alcali volatil 8c l'eau de
chaux > il indique les fels triples formés dans
cette oecafion la nature de la chaux 4e platine
précipitée 3 la propriété qu'elle a de fe fondre
au chalumeau en petits globules duétiies à l’aide
du feLmicrocofmique _4 8c fon exiflence çliftindLe, 8c féparee comme métal particulier différent de
tous les autres'} il obferve au refte en finiflant,
que le platine qu’on lui a donné n’a jamais été
exempt de fer j d’or 8c de mercure. Ladifferta-
tion fur l’arfenic contient des recherches fur
çe corps dans l’état de métal 3 fur fon état de
chaux j fur celui de mine, §s: [fur fes ufages 5
c’étoit particulièrement dans la vue de le con-
fidérer comme; minéralifateur , 8c de déterminer
jufqu’à quel point cette propriété lui con-
' venoit , que .cette diifertufion ayoit été'écrite*
On n’y trouve rien fur l’état acide de .cette,
fubftance que Scheèle avoir découvert deux ans.
auparavant,
En 1779,3 il, s’occupa dès mines de . zinc ,
S objet très-peu connu.» même encore aujourd'hui
des minéralogiftes., Après ;,a.vpir décrit les propriétés
du zinc à l’état métallique & à celui de
chaux » il le confidère minéralifé par l'air fixe
8c l’acide vîtrio)iquer , puis par le foufre j il
traite fur-tout de la fauffe galène ou de la blende,
des variétés que cette mine préfente } il montre
dans celle-ci la préfence du fer 8c du quartz,
il attribue à la chaleur & au phlogiftique,combinés
la propriété phofphorique que, plufieurs
blendes • préfentent. Au refle il laifle voir partout
l'importance d’étudier cet objet avec plus
de foin qu'on ne l'a fait jufqu'ici } 8c pour entendre
la vérité comme l'importance de cette
propofitton qui fort de toutes parts du travail
de Bergman , il fuffirà de rappeller ici que le
zinc 3 dont l'ufage eft aujourd'hui fi répandu
: dans les ans 3 & que les Indiens 8c les Chinois
favent depuis très-long-temps féparer de fa mine,,
n’eft connu parmi nous fous fa forme métallique
que depuis 1721 , époque à laquelle Henckel le
retira de la calamine. Bran.dt en 1735', Swnb
en 1742 , 8c Margraf en 1746 ont fucçeffi veinent
perjjeàionné cette découverte', 8c peu de chimiftes
a voient fait-quelques travaux ou trouvé
quelques faits utiles depuis cette époque jufqu'tu
1 7 7 9 V °û Bergman, entreprit fes recherches.
En 1780 il publia un mémoire fur le cobalt,
le nickel,. le platine & la manganèfe comparés
dans leur précipitarion ; il fait d’abord ojaferver
que ces quatre métaux avoient été examinés pour
la: première fois en Suède ., 8ç diftingués foi-
gneufemenr par' des expériences, exactes dans et
pays. Il décrit enfuite les phénomènes que ces
quatre métaux lui _ont prélentés dans leur précipitation
> il conclut fur-Dont de la non-précipitation
du nickel, du cobalt 8c 'de la manga-
nèfe par le zinc , que ces métaux , très-difficiles
d'ailleurs à féparer d'avec le fer , ont la plus
grande analogie avec lu i} que cependant ils ne
paroiffent pas être de la meme nature:-fa con-
clufîon au refte eft encore embarraffée d'incertitudes
, & l'on voit qu’il manque à cet égard
une foule de connoiflances fur les propriétés de
ces métaux.
En 1781 Bergman mit au jour quatre differ-
tations fur les matières métalliques ; l’une fur
l’étain fulfuré T où il fait connoître les combi-
naifons peu examinées encore de ces deux fub-
ltance.s, 8c une efpèçe d'or maffif natif de Sibérie'}
l'autre fur une. combinaifon du fer avec
l'étain qu'il compare à la fydérite ; les deux autres
fur l ’analyfe du fe r , & fur la càufe de la
fragilité du fer caftant à froid. Ces deux ouvrages
font parmi les plus diftingués de ceux
que nous devons à Bergman. En fuivant une
méthode analogue à celle que les géomètres nomment
é l im in a t io n ou e x c lu s io n , il a fait une longue
fuite d’expétiences, pour déterminer fi la
caufe de cette fragilité. dépendoit de la nature
du métal ou d'un corps étranger qui lui fût
uni j & il en a conclu qu'elle étoit due à une
fubftance nouvelle qu'il en a féparee par les acides
fous la forme . d'une chaux blanche , & qu i! a
nommée fy d e r um en latin. Il pènfoit que cette
fubftance étoit un métal particulier } nuis les
chimiftes ont trouvé depuis que c'étoit un com-
pofé d’acide phofphorique & de fer } mais s'il
a commis une erreur fur ce point, on n'oubliera
jamais qu'il a fixé l'attention des chimiftes fur
cette matière unie au fer. Son analyfe du fer eft
un véritable chef-d'oeuvre ; il falloit un génie
auffi ardent, uni à une fineffe d’efprit auftl remarquable
, & à une patience infatigable, pour
imaginer -le plan des expériences qui en font la
b.afe, pour en exécuter l’enferoble, & pour en
djfpofer tous les développemens. Les préjugés
«es maîtres de forges ont été attaqués avec un
grand fuccès dans cet ouvrage ; les différences
de la fonte , du fer forgé, de l’acier ont été
pour la première fois appréciées, 8c la,préfenco
de la plombagine dans la fonte & l’acier trouvée
& prouvée par une méthode rigoureufe. Tout
y à été entrevu -fur les diverfités des fers par
rapport à leurs qualités & à leurs ufages } la proportion
différente d’air inflammable fourni pendant
leur diflolution dans l’acide fulfurique , la
quantité & la nature des fiibftances indiffoates
ou précipitées par cet acide doivent être ram
gées parmi. les plus belles, &ftés plus ingénieufes
juyentions de l’analyfe chimique dues aux modernes..
On fait combien les réfokats de Berg-
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man ont fervi aux recherches de Berthollet ,
Monge 8c Vanderrnonde fur la différence de la
fonte du fer & de 1 acier, & l’on peut les rer
garder' comme un préliminaire qui a guidé les
pas des phyficiens français dans cette brillants
carrière.
Le mémoire far les antimoniaux fuîphurés de
aniim oniaü bu s f.d p h u ra tis , écrit en 1782 , donne
les' différences qui exiftent entre f antimoine, le
verre & le foie d’antimoine, le foutre doré &: le
kermès minéral 5 on y voit que ces différences
proviennent de l ’état du métal plus ou moins
calciné & de la quantité refpeétive de foufre.
Cent parties d’antimoine crud contiennent
(^74 de métal 8c 0,2(5 de foufre , de kermès
0,52 de métal calciné 8c 0,48 de foüfre, de
foufre doré b ,2j diT métal moins calciné , 8c
b,7j de foufre. Il admet de plus dans le kermes
8c le foufre doré une certaine quantité de gax
hépatique qui ne fe trouve point dans l’antimoine
crud.
De toutes les diftertations de Bergman fur les
madères métalliques, il n'y en a pas qui foient
auffi générales dans leur vue , 8c auffi rappro chées
de .l'objet qui nous occupe , que celles qui
ont pour titre d e p r& c ip i ta t i s m e t a l l i c i s , 8c ' d e
d i v e n â q u a n t ita te p k lo g i f i i in m e ta lU s . La pre-*
mière a été publiée en 1780, 8c là fécondé en 1785
celle-ci n'a paru que quelques mois avant la
mort, & c’eft le fruit d'une des dernières penfées
de cet homme iîluftre. C'eft dans le premier de
ces deux ouvrages qu’on trouve cdnfignée la
plus grande partie des opinions 8c des. théories
de "Bergman fur les nouvelles découvertes des
gaz. Il eft donc néceffaire que nous eh rendions
un compte plus détaillé 8c plus exaél que nous'
ne l'avons fait à l'égard du -plus grand nombre
de fes autres differtâtions , parce que celles-ci
n'a voient qu'un rapport très-indireef avec l'objet
qui nous occupe , 8c ne tenoient que très-
peu à la révolution dont no;-s voulons efquiffec
les traits.
Rappelions ici, pour mieux faire faifir les idées
de Bergman, qu’en 1780 la plupart de celles
de Lavoifîer , 8c tout ce qui appartient à fa théorie
, excepté la grande découverte.de la nature
de l’eau, étoient déjà propofées par cet iîluftre
chimifte , 8c connues de tous les phyficièns de
l'Europe , mais que l'aflentimeiu de ceux - ci
n'avoit point encore donné de poids n: de fanc-
ticn à cette théorie pneumatique-Cette époque
eft donc de quelques années antérieure à celle
où. le concours & l’accord des chimiftes français
s’eft réuni pour adopter la marché & confolidef
la bâfe de la doéirine pneumatique. C'étoit celle
où toutes les idées anciennes , chancelantes &
ébranlées dans leur fondement permetteient à
chacun 8c de propofer Sc d’adopter > pour foa