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école ou pour fes ouvrages , le fyftême qui lui
paroiffoit le plus favorable à l'explication des
faits qui étoient venus à fa cennoftfance.
Telle étoit la vacillation des efprits , lorfque
Bergman publia en 1783 fa differtation fur les
précipités métalliques. On y voit dans un premier
paragraphe , qu'il avoit pour but de re-
connoîtte ce qui fe paffoit dans les diffolutions
métalliques, que l'examen de leurs précipités ,
& fpècialemeni leur poids , lui paroilfoit propre
à procurer cette connoiffance j dans un fécond
paragraphe , il examine rapidement ce qui
fe pane dans la diffolution. des métaux par les
acides ; le nitreux lui paroît le plus fort dans fon
aétion fur ces corps , & les acides organiques lès
plus foibles j le zinc & le fer les plus attaquables
des métaux , l'or & le platine les plus réfiftans.
La perte d'une certaine quantité de phlogiftique ,
& non de trop 3 eft néceffaire pour fàvorifer la
diffolution > la chaux noire de manganèfe n'eft
attaquée qu'autant qu’on ajoute des corps phlo-
giftiques ; la chaux blanche au contraire s'y dif-
fout facilement. Il y a effervefcence jufqu'à la
deftruétion du plus petit fragment du métal ; le
fluide élaftique qui fe dégage eft toujours du
gaz nitreux quand la diifolution fe fait avec l'acide
du nitre , qui en abforbe fou vent unè grande
uantité 5 les acides vitriolique & muriatique
égagen* du gaz inflammable du zinc , du fer &
de l'étain ; avec d'autres métaux il.fe développe
ou du gaz acide fulfureux , ou du gaz acide muriatique
3 il fe produit aulfi de la chaleur en proportion
de la rapidité & de la malfe de l'opération
5 les chaux métalliques ne donnent point de
gaz pendant leur diffolution, ou elles donnent de
l'acide aérien ; chauffées fortement, elles donnent
de l'air vital & du gaz acide fulfureux 3 ou
nitreux ou phlogiftique 3 fuivant leurs acides.
Quelques métaux 3 tels que l'o r, le platine 3 le
cuivre, le fer , le nickel & le cobalt colorent
leurs dilfolutions ; toutes les autres font blanches
; la manganèfe trop déphlogiftiquée donne
une coulèur p®urpre aux acides, vitriolique &
muriatique.
Le troifîème paragraphe eft deftiné à l'explication
des phénomènes décrits dans le fécond ;
c'eft le plus détaillé , le plus long & le plus important
de tous ceux qui compofent la djffer-
tation , parce que Bergman y développe fa doctrine
fur les gaz. Aucun métal ne pouvant être
attaqué par les acides 3 tant qu'il conferve tout
fon phlogiftique , le but de la diffolution eft d’en
écarter une partie. L’acide nitreux eft celui qui
eu enlève le plus ; il en privé même le foutre
qu’il convertit en acide vitriolique. Nous ob-
ferverons que Bergman femble ici ne tenir aucun
compte de la préfence de l’air vital dans
l’acide du nitre 3 & de fa précipitation dans le
(oufré, déjà prouvée auparavant par Lavoilïer
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dans plufîeurs mémoires , mais' nous verrons plus I
bas que cette omiffion très-fréquente dans b
théorie de Bergen an, eft en quelque forte fuppléé© I
par une autre opinion. L'aétion'déphlogiftiquante I
de l’acide nitreux eft tellement forte 3 qu’ il rend I
fouvent les métaux , & fur-tout le fer , l'anti- I
moine,1'étain indiffolubles > auffi eft-il néceffaire I
de l'affoiblir en l'étendant d'eau. L'acide vitrio- I
lique doit être bouillant pour agir fur l'argent I
& le mercure 3 & pour en féparet le phlo^if- I
tique ; l'acide muriatique eft pourvu lui-même de I
phlogiftique dans fon état ordinaire j ainfi il doit I
attaquer foiblement les métaux ; fous forme ga- I
zeufe il fe furcharge de phlogiftique. Quand il I
elt déphlogiftiqué 3 découverte que Scheèle avoit , I
déjà faite quelques années auparavant, comme I
nous le verrons à fon article 3 il attaque tous I
les métaux , les déphlogiftiqué & les aifpofe à I
•la diffolution., en devenant acide muriatique or- I
dinaire. Nous reconnoîtrons plus bas que cette I
explication a été reconnue fauffe par Berthollet, I
qui a bien prouvé* quelques années après * que I
l'acide muriatique * au lieu de fè déphlogiftiquer I
fuivant les idées de Scheèle & Bergman * lorf- I
qu’on le diftiile fur des chaux métalliques , leur I
enlève la bâfe de l'air vital ; & au lieu d'en- H
lever aux métaux leur phlogiftique * quand on I
les traite par l’acide muriatique prétendu dé- I
phlogiftiqué * leur cède cette bâfe de l'air vital K
qui les brûle ou les calcine. Mais reprenons les I
idées de Bergman ; après avoir jeté un coup- I
d'oeil général fur les acides * il confidère les I
métaux. Ils retiennent fuivant lui leur phlogif- I
tique avec plus ou moins de force 5 dans la
calcination sèche * il y a deux forces qui conf- I
pirent pour dégager le phlogiftique 5 l'une eft
i’aétion du feu qui tend à le volatilifer, &
l'autre eft l’attra&ion par l'air vital atmosphérique.
Cependant ces deux forces confpirantes I
ne fuffifentpas pour décompofer l'or, le platine I
& l'argent, mais tous les autres cèdent à leur I
a&ion réunie. Le fer & le zinc qui tiennent I
lâchement à leur phlogiftique font les plus diffo-
lubles dans les acides; la calcination par le feu rend
les métaux diffolubles,mais pouffée trop loin, elle
s’oppofeà leur diffolutionjainfile feu aécompofe
les diffolutions > auffi l ’acide nitreux , le plus dé-
phlogiftiquant des acides, trouble-t-il les diffo-
latious muriatiques d'étain & d'antimoine. Quant
à la production des fluides élalliques par l’effet
des diffolutions des métaux dans les acides,
Bergman reconnoît ce phénomène pour la plus
grande difficulté qui exifte dans leur explication.
Pour la réfoudre , il demande à fes lecteurs
la permiffion de reprendre les principes d’un peu
plus haut, & de rappeller en peu de mots
dit-il, ce qu'il a appris , tant par fes propres
expériences que par celle des autres qu'il a répe*
tées dont une partie me paroît certaine & démon'
trée , dont l'autre partie n'eft encore que vraii
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femblable & peut-être confirmée, corrigée ou re-
jettée par de nouvelles recherches. 11 entre alors
dans d'affez grands détails fur les diyerfesefpeces
de fluides élaftiques; il donne un rapide expofe de
leurs principales propriétés > il les préfente
fous deux. divifions principales , les uns bien
connus fuivant lui dans leur compofition , &
les autres fur lefquels il eft encore permis à être
incejtain j il donne l’étiologie de leur formation,
de leurs analogies & de leurs différences 5
&r comme tout ce paragraphe eft un-expofé allez
complet de la théorie qu'il s’étoit formée fur
les découvertes modernes, nous croyons devoir
le configner ici prèfque tout entier, en nous fer-
vant de la traduction faite par Guyton , nous
n'inférerons pas cependant les notes faites cinq
ans après la differtation de Bergman. -
»5 On connoît maintenant plufîeurs variétés très-
diflinÇtes de fluides aériformes , & il y en a huit,
dont la compofition eft démontrée au point qu'il
ne peut refter de doutes à leur égard j ce font
des gaz que l'on retire des acides vitriolique,
nitreux, muriatique, fluoriquej acéteux , de
l'alcali & de l’hépar de foufre. Confidérons-les
féparément. ««
« L'acide vitriolique pur, pouffé à’un grand feu,
fe réfout en vapeur, mais par le refroidiffement,
elles retombent, & forment une liqueur acide
comme auparavant > mais fi l'on y ajoute quelque
fubftance chargée de phlogiftique qui puiffe
devenir libre , on obtient, à l'aide du feu , une
vapeur élaftique qui fe foutient au plus grand
froid, pourvu qu elle ne touche pas à l'eau.
C'eft le gai vitriolique qui peut être en entier
abforbé^ par l'eau , & après cela l'union du
phlogiftique devient fi foible , qu'il fe diffipe
infenfiblement, & qu'il ne refte plus que de
l’acide vitriolique ordinaire. Ainfi nous voyons
que cet acide uni à une fuffifante quantité
de principe inflammable , prend la forme ga-
zeuze ».
« L’acide nitreux fubit la même métamorphofe,
Bc d'une manière encore plus fénfible & plus
intime. Que l'on y jette, par exemple , un petit
morceau d’argent, il s’élève de la liqueur une
infinité de bulles qui, étant recueillies ^donnent
le ga% nitreux, . Les molécules •acides Ve-
nant | fe charger d'une fuffifante . quantité de
phlogiftique à la fur face du métal , prennent
la forme élaftique, occupent plus d'efpaee , tra-
verfent la liqueur en vertu de là^ légèreté qu'elles
ont acquife , fe pouffent les unes les autres
des mêmes points. L'acide nitreux fe fature
avec plus d'avidité qtie les autres; «c’eft po.ur-
SJioi le gaz produit , ne s'unit pas à l'eau,
& laiffe à peine appercevoir les caractères acides.
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Ces obfervations fynthétiques s'accordent parfaitement
avec i'analyfe 3 ca r , fi le gaz vient
à rencontrer de l'air v ita l, celui-ci ayant encore
plus d’ affinité avec le phlogiftique , il
l'enlève à l'acide qui recouvre fa première
forme ».
« Le gaz nitreux varie un peu, en ce qu’il
prend non-feulement la quantité de phiogiltique,
néceffaire pour mafquer fes propriétés acides ,
mais quelquefois au-delà. Je m'en fuis affuré
par plusieurs expériences , il fuffira de citer ici
la decompofition du gaz hépatique par le gaz.
nitreux ».
* L’acide muriatique préfente d'autres phénomènes;
il recèle en lui-même du phlogiftique ,
& par fon moyen il, eft fufceptible de prendre
ta forme élaftique, fous laquelle on le nomme
gai muriatique 5 il eft permanent tant qu'il n’eft
pas en contait avec l'eau , mais dès qu'il vient
a la toucher, il reprend, comme le gaz vitriolique
fa forme acide ordinaire. Le phlogiftique
s'y trouvant naturellement , il n'eft pas néceffaire
de lui en fournir d'ailleurs 5 mats de même
que le gaz nitreux , le gaz acide jnuriatique
étant raréfié, s'empare avec avidité d’une plus
grande quantité de phlogiftique ».
« Lorfque cette portion de phlogiftique qui
fe trouve naturellement dans l'acide muriatique
eft diminuée à un certain point , il donne un
a.utre fluide élaftique d'un roux obfcur , ayant
une odeur particulière d'eau régale chaude im-
mifcible à l'eau, ou du moins en très-petite
quantité , & qui redevient acide muriatique ordinaire
, en reprenant une dofe fuffifante d»
phlogiftique. Je luppofe qu’on a vu , répété 8c
médité les expériences ayp.c la chaux noire de
manganèfe. & l’arfènic blanc , qui donnent la
vraie explication de ces phénomènes. On ne
fait pas encore s’il n’y a pas d’autres moyens
d’obtenir Xacide muriatique déphlogiftiqué ».
cc L‘acide fluorique tient du phlogiftique, il n’ a
donc pas beioin qu'on lui en fourniflè d’étranger
, pour lui faire prendre la -forme gazeufe 5
ce gaz fe diftingue facilement des autres par
la propriété de coiroder le verre , lorfqu'il eft
; chaud «.
c« L’acide acéteux tient auffi naturellement du
\ phlogiftique ; & par cette raifon , il tournit un
fluide elaftique , lorfqu'il eft convenablement
; privé d'eau ; on le nomme alors gai acide
; acéteux ».
« Tous les fluides élaftiques dont il a été fait
mention , parciffent n'étre autre chofe ;que des
acides eux-mêmes qui ont pris plus de voluma